Il y a des débats avec lesquels il faut mettre le plus de distance possible, loin, très loin, surtout quand ils sont lancés sur ordre du chargé de pouvoir de l’oligarchie française, organisés par l’une de ses talonnettes ex-socialaud, et supervisés par les préfets. Des débats qu’on ne peut approcher qu’avec une focale inversée, distanciée. Plus Français que lui ? Oh que non. Encore heureux...
J’aime la langue française, cette aristo corsetée serré par Boileau, dressée sous la férule de précepteurs sévères comme le Cardinal de Retz, Bossuet, Racine, Saint-Just ou Chateaubriand, mais fort sensible déjà aux odeurs fortes d’un Balzac ou d’un Zola, aux exagérations lubriques d’un Hugo et qui n’est jamais aussi belle que quand elle se donne aux expériences médiumniques de quelques exaltés (Roger Gilbert Lecomte, Desnos, Artaud), aux tripotages canailles d’un boutiquier haineux (Céline), aux caresses énervantes d’un inverti (Proust), aux brutalités lyriques de cet autre pédé de Genet, quand elle s’abandonne aux assauts fougueux de quelque métèque, roumain (Panaït Istrati), polonais (Malaki, dit Malaquais) ou haïtien (ils sont tant, d’Alexis à Dalembert, de Depestre à Trouillot), ou libanais (Vénus Khoury-Ghata, car cette langue aime tous les sexes, Amin Maalouf et tant d’autres encore) ou Nord’Af. Notre langue est une aristo à l’incandescence de ses moyens quand elle se défait des rigidités de son vocabulaire, de ses raideurs syntaxiques, de son « bon français », pour coucher avec le jardinier occitan ou breton dans la position de « la truie qui doute » (Duneton). J’aime le parler français de Beckett, de Cioran, de Césaire, de Malcolm de Chazal, de Milan Kundera, de Mohamed Dib, de Kateb Yacine, de Jonathan Littel, d’Appolinaire. J’aime tant le français que je le violente à longueur de traductions, pour rendre la voix de mes auteurs italiens préférés.
J’aime la Provence quand elle ressemble à la Toscane, pas quand elle se vautre dans sa provençalité aïolesque, j’aime Marseille quand elle tourne le dos à Paris et regarde vers Naples, la Grèce et les Indes (voir le magnifique Histoire universelle de Marseille, aux éditions Agone). J’aime le Périgord où l’on mange des chocolatines, pas des pains au chocolat, où les enfants sont des petiots et les sacs en plastique des poches. J’aime Lille parce que ça sent la Belgique, Strasbourg parce que ça ressemble à l’Allemagne, et les hauteurs de Nice à la Ligurie. J’aime la Révolution française et la Commune de Paris où grouillaient les subversifs étrangers, Louise Michel fraternisant avec les kanakes, l’aspirant Maillot qui passa aux fellaghas avec une cargaison d’armes, et tous les beaux déserteurs des guerres coloniales. J’aime les Français de l’Affiche rouge.
Sinon, l’idée que j’aurais quelque chose en commun avec la France des Badinguet, des Thiers, des Pétain et des Maurice G. Dantec, le nazi sous LSD (voir sa dernière bouse de suprématiste blanc)… Que j’appartiendrais à quelque chose qui m’unirait, quoi que j’en aie, au vil Besson, au bouffon BHL, à l’immonde Faurissondieudonné, à la racaille Sarkozy, à la France des flics baveurs, des éditocrates décerveleurs, des garçons de café les plus odieux de la planète, des digicodes et des panneaux Decaux… non, vraiment, non…
Votre France, j’en ai strictement rien à cirer.