ARTICLE11
 
 

samedi 4 décembre 2010

Entretiens

posté à 14h19, par JBB
28 commentaires

Hacène Belmessous : « Le pouvoir sarkozyste mène une guerre à deux faces dans les banlieues, une guerre totale »
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C’est une guerre déjà commencée, un conflit de basse intensité à qui il ne manque plus grand chose pour exploser vraiment - défilé des soldats entre les immeubles et crépitement des armes automatiques. Envoyer l’armée dans les banlieues ? Le pouvoir sarkozyste y songe sérieusement. Un scénario détaillé par Hacène Belmessous dans Opération banlieues. Entretien.

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Un livre pour dire une « guerre totale ». Celle que le pouvoir entend conduire contre les quartiers populaires - qu’on les nomme banlieues ou même cités. Perspective guerrière pointant à l’horizon, planant sur les barres et les immeubles : c’est le conflit qui vient.

Une guerre ne se lance pas du jour au lendemain, elle se prépare ; moitié au grand jour, sur les estrades politiciennes et dans les médias, moitié au secret, sur les terrains d’entraînement militaires et dans les plans de bataille. Une guerre se donne d’abord les conditions d’une apparente légitimité, pour gagner une part (si ce n’est la totalité) de la population à sa cause. Elle se forge dans les esprits autant que se gagne sur le terrain.

L’ouvrage d’Hacène Belmessous s’intitule Opération banlieues1 - mais c’est le sous-titre qui résume parfaitement ce livre aussi remarquable qu’inquiétant : Comment l’État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises. L’histoire d’une martiale montée en puissance, les habitants des quartiers populaires dans le viseur. Eux à qui on intime d’aimer la France, au risque sinon de devoir la quitter - l’identité nationale pour grossier rappel de cette injonction à toujours baisser la tête et se sentir étranger. Eux qui voient les rares opérations de rénovation de leur habitat menées au prétexte de l’ordre - bailleurs, municipalités et policiers dressant ensemble les plans de ces immeubles pensés pour faciliter la contre-guérilla urbaine2. Eux qui subissent cette police de combat, portée aux nues par Nicolas Sarozy et créditée de tous les pouvoirs - à tel point que l’auteur établit un parallèle avec la police nationale israélienne. Eux qui ne croient plus - bien obligés - à ces miroirs aux alouettes qu’on leur agite, le plan Espoir Banlieues de Fadela Amara pour dernière mouture3. Eux - enfin - qui voient se profiler la certitude, à court ou moyen terme, d’une intervention militaire, soldats chargés de « pacifier » leurs quartiers.

C’est là la trame d’Opération banlieues : le pouvoir - Sarkozy, ses hommes de confiance et nombre d’oiseaux de malheur avec eux, idéologues ou affairistes de l’armement - met ses petits soldats en ordre de bataille, ne rêvant que de les lâcher sur les banlieues. Les (prétendus) experts de l’ordre y songent depuis longtemps et les militaires et gendarmes y sont entraînés, désormais rompus à l’art de la guérilla urbaine. Surtout, les textes le permettent : depuis 2008 et la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale4, un « contrat 10 000 hommes » prévoit la mise à disposition par les armées, « à la demande de l’autorité politique, lorsque des situations graves frappent le territoire national », d’un contingent d’autant de militaires. « En clair, si Nicolas Sarkozy le décide, l’armée de terre interviendra dans les cités françaises », résume Hacène Belmessous. Il l’explique plus longuement ci-dessous. Entretien.

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Votre livre – c’est assez marquant – se lit tout seul, presque comme un roman...

J’y tiens beaucoup. Lorsqu’on écrit, que l’on soit chercheur ou essayiste et quand bien même le propos produit une analyse théorique, il faut éviter l’abondance de paradigmes. Gardons cela pour les rapports de recherche. Globalement, d’ailleurs, j’estime que les chercheurs écrivent plutôt mal – il suffit de lire des thèses, elles sont souvent mal rédigées – alors qu’ils devraient justement effectuer un sérieux effort pour être compris, c’est-à-dire faire en sorte que leur pensée soit plus claire. Nombreux sont ceux qui ont des idées et enrichissent utilement le débat, seulement, ils ne sont pas toujours audibles parce qu’ils pêchent par manque de clarté dans l’écriture. C’est dommage.

Cela dit, je ne suis pas, loin de là, toujours satisfait de ce que j’écris. Pourquoi ? Je pense qu’un livre n’est jamais totalement fini même si certains sont plus aboutis que d’autres. Opération banlieues, par exemple, possède sans doute une cohérence d’ensemble, mais il aurait peut-être mérité un chapitre supplémentaire sur Villiers-le-Bel, une commune qui a souffert durant plusieurs mois de l’état d’exception sarkozyste. On y retrouve en effet le scénario de l’inacceptable décrit dans mon livre : les conditions dans lesquelles pourraient se dérouler une intervention de l’armée dans les banlieues y semblaient réunies.

Les deux – ordinaire d’exception et probabilité de l’envoi de l’armée - sont liés ?

Bien sûr. Quand on m’interroge sur la probabilité de cette intervention militaire, je rappelle toujours qu’il existe deux fronts : le front sécuritaire mais aussi le front social – ce dernier étant tout aussi diabolique car difficile à cerner, donc à démasquer. Il faut évidemment s’intéresser à la dimension sécuritaire, mais ce serait commettre une grave erreur que de ne pas se pencher sur le processus de dégradation de la vie sociale et citoyenne dans ces territoires.

C’est finalement une guerre à deux faces que mène le pouvoir sarkozyste dans ces lieux ; c’est pourquoi je parle de « guerre totale  ». Il y a l’aspect spectaculaire, mais aussi son pendant invisible – cette guerre faite aux associations, menée contre tous les leaders émergeant sur ces territoires ou les voix contestatrices. Je cite par exemple dans le livre le cas de cette association, l’Afev5 : le collectif agit réellement sur le terrain et fait un travail reconnu, mais personne n’en parle ni ne connaît la qualité de ses interventions. Ce constat est révélateur du fait que l’idéologie sécuritaire de Nicolas Sarkozy a tout balayé.

De sorte qu’un fatalisme prédomine dans ces territoires. Non pas que les gens soient résignés mais ils estiment que les choses sont jouées. La rénovation urbaine, censée prolonger la politique de la ville menée entre 1975 et 2003, a fait table rase des fondamentaux de ce dispositif - je pense entres autres à cette idée noble d’y injecter du droit commun pour y créer les conditions d’égalité réelle avec les territoires valorisés de la République. La diatribe néolibérale, et son discours guerrier et brutal, a gagné la bataille de l’opinion. Tous les débats nationaux qui ont émergé ces dernières années dans l’espace public tournent autour de ce qui se passe en banlieue. Le voile ? La banlieue. L’identité nationale ? La banlieue. La déchéance de la nationalité ? La banlieue. La crise sociale, les difficultés budgétaires ? La banlieue – ces quartiers qui coûtent chers aux travailleurs français, n’a cessé de répéter Nicolas Sarkozy. La crise morale du pays ? La banlieue - la France crèverait à petits feux de ces territoires. Les banlieues populaires sont aujourd’hui le point de crispation du mal français.

Le plus grave : face à cette dérive guerrière, face à la croisade sarkozyste pour « nous » débarrasser de « la racaille », il n’y a pas grand-chose, peu de réelle contestation. Qui manifeste pour la construction de logements sociaux dans sa commune ? Pas grand-monde. Qui se mobilise pour que les banlieues aient droit à une vie sociale et culturelle digne de son nom ? Personne. Qui s’engage auprès de leurs habitants pour qu’ils ne soient plus les minorisés de la République ? Toujours personne, ou presque. Au fond, ces territoires arrangent tout le monde. Les banlieues, c’est trente ans de bouc-émissaires.
C’est la raison pour laquelle je dis que leurs résidents sont fatalistes : ils savent bien que – politiquement – les choses n’évoluent pas favorablement. À la limite, si demain Nicolas Sarkozy décidait d’une intervention militaire dans ces cités, cette résolution serait vécue de manière fataliste.

Mais ce qui est nommé « émeute », en 2005 ou à Villiers-le-Bel en 2007, est aussi un acte politique, une façon de reprendre la main...

C’est au moins vrai pour ce qui est des évènements de l’automne 2005. J’en ai d’ailleurs été surpris, mais c’est l’un des faits essentiels qui ressort des premiers entretiens que j’ai menés sur le sujet dans le cadre d’une recherche sur les effets des politiques publiques décidées après les émeutes de 2005 : beaucoup de ceux qui travaillent sur place – je pense aux adultes, qu’ils soient éducateurs, enseignants, responsables associatifs, voire même certains élus – disent avoir été déçus par le fait que ces révoltes se soient arrêtées sans avoir abouti politiquement.

Du reste, dans ces mêmes entretiens, les habitants des quartiers concernés n’analysent pas ces émeutes sous l’angle racial ou ethnique, contrairement à ce qui avait été avancé par une grande partie de la classe politique ou des grands médias. Il n’y voit pas non plus la manifestation d’un désir d’égalité, comme lors des émeutes urbaines qui s’étaient déroulées dans les années 1980 dans l’est lyonnais, ou celles d’octobre 1990 à Vaulx-en-Velin. En 2005, on se trouve en présence d’une profonde revendication politique, à ceci près qu’elle ne se connaît pas de meneur. C’est d’ailleurs ce qui a perturbé ces grands médias : ce « mai 68 des banlieues » s’est joué sans leader charismatique - d’où l’impossibilité de faire rentrer l’événement dans des grilles d’analyse normalisées. C’est un phénomène si complexe que nombre d’observateurs ont eu tendance à le réduire à un état primitif, à nier sa réalité. Et la réalité, c’est qu’il s’agissait d’émeutes de pauvres et d’exclus - je ne parle pas là des gamins qui y ont participé, pour qui c’était plutôt l’occasion de défier l’autorité, mais plutôt des adultes.

Si ces troubles n’ont pas vu l’apparition de leaders politiques, c’est parce que toute émergence de la chose politique – au sens large – a été totalement annihilée dans ces quartiers. La responsabilité de la gauche est ici écrasante, à commencer par les promesses non tenues de 1981 : droit de vote des étrangers et ré-injection du droit commun dans ces territoires. Ces trente dernières années, la gauche s’est cantonnée à une approche socio-humanitaire et compassionnelle, menant ici et là une politique quasi néocolonialiste (j’emploie ce terme à dessein), considérant ces territoires comme lui étant acquis. Elle n’a pas compris que « la banlieue rouge » n’était plus qu’un lointain souvenir. La classe ouvrière a été remplacée par le lumpenproletariat – des individus minorisés, aplatis, relégués dans ces lieux où personne ne veut aller. Cette gauche s’est révélée incapable de répondre aux attentes de ces individus ; résultat, on en a vu les premières manifestations dès 1990 avec les émeutes de Vaulx-en-Velin, puis en 1995 avec une petite frange se radicalisant dans la foi. L’islamisme a ainsi opéré dans les quartiers d’habitat social à la manière du Front national avec les blancs pauvres : il a fait écho à un processus de désocialisation et de « désindividuation ».

Enfin, dès la fin des années 1990, la dynamique méritocratique – c’est-à-dire cette idée selon laquelle si vous voulez vous en sortir, on va vous en donner les moyens - a dévitalisé ces quartiers. Un tel discours ne se place pas dans l’optique d’une réelle politique de la Ville, laquelle ambitionne en théorie de remettre à niveau ces lieux et de donner plus de chances à ceux qui en ont le moins. Au contraire, même : on a donné un peu à ceux qui avaient déjà un peu.

Ce n’est pas nouveau, mais il y a là une responsabilité écrasante de la gauche...

La gauche a tué toute émergence d’une citoyenneté politique dans ces territoires ; c’est la raison pour laquelle elle est aujourd’hui considérablement gênée par ce qui s’y passe et qu’on n’entend plus que son versant sécuritaire. Parce que la gauche de gouvernement travaille d’abord pour les classes moyennes, un électorat finalement très conservateur – les « bobos » affichent des valeurs généreuses et solidaires, mais quel « bobo » place son enfant dans un établissement de ZEP (Zone d’éducation prioritaire) avec la crainte, considère-t-il, de sacrifier son avenir ? Quel « bobo » résidant dans du logement social de standing accepte d’avoir pour voisin une famille en difficultés ? Entre les discours de générosité et le réel, il y a un monde.

Je crois qu’après l’échec de 2002, cette gauche de gouvernement a fait le constat qu’elle n’avait plus rien à attendre de ces territoires. Elle estime, à tort, qu’ils lui ont coûté l’élection présidentielle. Elle les a donc abandonnés à leur sort sarkozyste, d’autant plus facilement qu’elle s’est désidéologisée – le seul parti idéologique actuel est celui de Nicolas Sarkozy. Quand elle parle de ces quartiers, elle en parle en terme de valeurs, et non d’idées. Or, si les valeurs sont importantes en politique, elles n’engagent à rien et surtout elles ne font pas une politique.

Le plus inquiétant finalement, c’est qu’il n’existe plus de porte-voix pour contester la police de combat mise en place par le pouvoir actuel, celle qui intervient dans ces quartiers, ou pour contrer les élus réduisant à néant le pacte social – par exemple Jean-François Copé à Meaux, lequel est en train de modifier radicalement la sociologie de sa commune. Avez-vous entendu la gauche lors de la première lecture de la loi sur la déchéance de nationalité ? Est-ce que les gens se sont mobilisés en masse pour dénoncer une position politique qui vise avant tout les quartiers populaires ? Il n’y a eu personne ... Sémantiquement, Nicolas Sarkozy l’a déjà emporté.

Dans les années 1980 était développé l’argument suivant : ces quartiers vivent mal parce que leur architecture est criminogène. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on entend ? Ces quartiers vivent mal parce que la culture de leurs habitants est criminogène. Percevez-vous le basculement ? Cette approche culturaliste est suspecte, dangereuse même – je pense notamment à ce livre récemment paru, Le Déni des cultures, qui a fait beaucoup de bruit : postuler que le facteur culturel est décisif revient en réalité à dépolitiser les enjeux. C’est la politique qui fait sens et donne corps au droit commun. Quand on pointe du doigt des individus, quand on met en avant leurs référents culturels pour les prétendre inintégrables, on se trompe lourdement.

L’auteur a beau prétendre avoir une vision objective des choses, ça ne trompe personne ...

Et pour cause ! Et puis, qu’est-ce qu’une vision objective des choses ? Des journalistes en sont réduits aujourd’hui, quand ils vont enquêter dans ces quartiers populaires, à payer les services de fixeurs, comme le faisaient les reporters de guerre en Bosnie ou actuellement en Irak. Quant aux chercheurs, je note qu’un certain nombre d’entre eux ont besoin de médiateurs pour travailler. La réalité, c’est qu’on ne sait réellement ce qui se passe dans ces territoires. Prétendre les comprendre au travers d’un discours déjà normé est une grossière erreur.

Et puis, d’où vient cette approche culturaliste ? De l’extrême-droite, qui a toujours prétendu que ces « gens-là » ne sont pas intégrables et que l’islam n’est pas compatible avec la société française. L’idée a ensuite essaimé. Rappelez-vous ce numéro de la revue Panoramiques qui titrait en 1997 : « L’islam est-il soluble dans la République ? », un exemplaire réalisé en partenariat avec L’Événement du Jeudi. A l’époque, ces « observateurs » se demandaient si l’islam est soluble dans la République, aujourd’hui les mêmes se demandent si ces individus sont solubles dans la République. Interroger la solubilité de ces acteurs sociaux – en clair, peuvent-ils faire de bons Français ? -, c’est déjà répondre à la question. Et cela revient à dépolitiser une question éminemment politique : qu’est-ce que la France a fait de son triptyque ? Je crois que nous connaissons tous la réponse ...

La victoire des culturalistes augure finalement d’une perspective mortifère, celle que le chef de l’Etat envoie demain l’armée dans les quartiers populaires en s’appuyant sur un facteur déclenchant – le plus évident étant la mort de policiers dans les banlieues. Le terrain a été « intellectuellement » labouré, et les conditions d’une intervention militaire sont désormais prévues par les textes : depuis que la loi de programmation militaire a fait en 2008 de la défense et de la sécurité nationale un ensemble homogénéisé, Nicolas Sarkozy est désormais en capacité d’envoyer la troupe dans ces territoires,

C’est l’axe majeur de votre ouvrage. Mais celui-ci est loin de se limiter à l’aspect militaire des choses...

La vraie question qui travaille mon livre est celle-ci : comment a t-on pu laisser les choses se développer ainsi et aller aussi loin ? Davantage qu’un ouvrage sur l’intervention possible de l’armée en banlieue, il s’agit en réalité d’un livre sur l’état de déliquescence de la vie politique française et sur la dévitalisation de notre vie démocratique. De sorte qu’un homme – Nicolas Sarkozy - peut demain, au nom d’une idéologie dangereuse et réactionnaire, créer les conditions d’une guerre civile. C’est surtout cela qui m’importe.

Je ne suis pas le seul ... Un journaliste m’a demandé pourquoi mes interlocuteurs gendarmes ou militaires s’exprimaient ouvertement dans ce livre alors qu’ils sont, pour une bonne part, tenus à un devoir de réserve. La réponse ? Je crois qu’ils sentent que quelque chose est en train de leur échapper. Ils ont compris que nous nous trouvons dans un environnement régressif sur le plan démocratique : les vigilances s’émoussent, la démocratie s’effondre, le seuil de tolérance aux banlieues de la société française a fortement baissé ... Bref, les conditions sont réunies pour que le pire ne soit plus incertain.

Et eux, gendarmes et militaires, en ont conscience ?

Bien entendu. Quand je les interrogeais, c’était toujours sur un même mode. J’avançais des hypothèses et leur demandais : est-on toujours dans le registre du possible, du probable ? Parmi les officiers que j’ai rencontrés – tous s’affichant loyaux et républicains -, aucun n’a été surpris par mes questions sur l’imminence d’une intervention dans les banlieues ; ils la craignent et la rejettent, mais le fait qu’ils aient répondu ouvertement à mes interrogations montre que quelque chose est en train de se jouer. Je note là une forme d’homogénéité des positions. Dans une société française qui s’est politiquement anémiée et radicalisée, le corps militaire, j’y inclus la gendarmerie nationale, se sent isolé. Peut-être qu’ils s’expriment, justement, parce qu’ils pensent qu’ils ont tout intérêt à le faire.

Quand bien même les militaires s’initient à la guerre urbaine et à sa réversibilité (soit cette idée que ce qui est pratiqué sur un théâtre extérieur des opérations peut aussi être pratiqué sur le territoire national), je crois qu’un tabou demeure. Ces officiers de l’armée de terre savent que pour rendre possible l’envoi de la troupe dans les banlieues, un facteur déclenchant, basé sur l’émotion, sera nécessaire – le plus favorable étant, encore une fois, la mort de policiers dans une cité. Nicolas Sarkozy n’engagera pas de militaires parce qu’il l’aura décidé d’un claquement de doigts ; il lui faudra d’abord créer les conditions du pire. D’évidence, le facteur émotionnel sera le plus opérant. C’est justement ce que craignent ces militaires ; comment pourraient-ils contester leur intervention dans de telles conditions ? Je pense que ceux qui s’expriment dans le livre prennent leurs marques face à une telle éventualité.

C’est d’ailleurs l’un des éléments surprenants du livre : je n’aurais pas cru que les militaires puissent faire preuve d’une pareille réticence ...

Ces militaires – encore une fois, je parle des officiers, pas des hommes de troupe que je n’ai pas interrogés – sont marqués par l’histoire. Ils m’ont souvent fait cette observation : « Si on nous envoie sur le terrain, c’est pour mitrailler : c’est notre travail. Est-ce bien cela qu’on attend de nous ?  » ; ou encore : « Si nous on y va, ensuite il n’y a plus personne...  » Ils ne trouvent pas rassurant ce continuum sécurité intérieure / défense nationale imposé par Nicolas Sarkozy et ne souhaitent pas être entraînés dans ce processus régressif. S’ils acceptent par exemple d’apprendre à Sissonne (Aisne), ce vaste champ de manœuvre destiné à « travailler » des stratégies de guerre urbaine, la technique du contrôle des foules pour les opérations en Afghanistan, ils renâclent à l’idée de le pratiquer un jour à La Courneuve ou à Villiers-le-Bel.

Reste que ces militaires sont soumis à des ordres. Depuis la nouvelle loi de programmation et l’intégration du Conseil de défense au Conseil de défense et de sécurité nationale, la décision de leur mise en action sur le territoire national appartient au chef de l’État. En clair, si Nicolas Sarkozy le décide, l’armée de terre interviendra dans les cités françaises. Voilà à quoi risque d’aboutir ce développement cynique et redoutable de la guerre sécuritaire et sociale dans les banlieues françaises ...



1 Publié à La Découverte.

2 L’ANRU, agence nationale de rénovation urbaine, est le bras armé de l’État en matière de remodelage des quartiers populaires ; elle disposait, pour l’exercice 2004-2008, d’une enveloppe de 30 milliards d’euros. La même agence, explique Hacène Belmessous, « a signé une convention avec le ministère de l’Intérieur pour « associer » la police nationale aux projets de rénovation urbaine ».

3 Hacène Belmessous écrit : « (...) L’inspiration prophétique du terme « Espoir Banlieues » visait surtout à frapper l’imagination des populations concernées. En évacuant la réalité de ces quartiers (chômage, discriminations, précarité sociale, misère économique), il faisait en quelques sorte appel à une rhétorique religieuse. La cause de « l’échec » de trente-trois ans de politique de la ville ? Elle n’aurait pas parlé à l’âme de ces habitants. Le postulat initial d’Espoir Banlieues tient de l’oracle : il s’agit moins de mettre de l’argent sur la table, de multiplier les moyens humains et les dispositifs de « discrimination positive » que de préparer ces individus à retrouver l’espoir de s’en sortir (...). Ce langage de propagande s’inspire d’une vieille technique américaine de persuasion des foules : les vérités négatives d’aujourd’hui sont cachées par les figures positives de demain. »

4 Glissement sémantique très révélateur : ladite publication ne s’intitulait jusque-là que Livre blanc sur la Défense.

5 Créée en 1991, cette association « mobilise des étudiants bénévoles dans des actions d’accompagnement individualisé de jeunes en difficulté » et ambitionne «  de créer un lien entre deux jeunesses qui ne se rencontrent pas ou peu : les enfants et jeunes des quartiers en difficulté scolaire ou sociale et les étudiants ». Son site est ICI.


COMMENTAIRES

 


  • Pour appuyer le constat de la mise en place d’une « politique quasi néocolonialiste » par la gauche socialiste, je voulais évoquer l’existence de cette pratique clientéliste. Certains jeunes triés sur le volet qui répondent à des critères précis, en échange d’un emploi dans la fonction publique territoriale ou d’état, doivent, en plus de prendre leur carte au parti ou dans un syndicat proche du parti, servir d’intermédiaires entre les élus PS et la population qu’il s’agit de contrôler.
    La position de ces obligés n’est pas sans rappeler celle des « évolués » durant la période coloniale. Les partis de droite applique également cette vielle recette qui maintient les quartiers dans l’exclusion.



  • Le 17 octobre 2010,dans le cadre l’emission Parlons Net Rue 89 avait interrogé le General Desportes, ancien patron du Collège Interarmées de Défense (ancienne Ecole de guerre), au sujet du livre de Belmessous.
    Il y declarait :
    " L’Etat doit éviter cela le plus longtemps possible. Pour deux raisons : la force armée est l’ultima ratio de la nation et doit le rester. Si un gouvernement doit utiliser l’armée, c’est qu’il est acculé et c’est une preuve de faiblesse absolument époustouflante.

    Et je ne peux pas penser qu’une nation comme la France n’ait pas d’autres solutions que d’utiliser son armée dans ce cas-là.

    La deuxième raison, c’est que l’armée, c’est l’armée du peuple. Il n’y a pas d’armée qui soit efficace si elle n’a pas le soutien de la nation. Et donc, si l’armée s’engage dans les banlieues, forcément il y a de la casse, parce qu’on ne peut pas utiliser l’armée autrement qu’avec ses moyens.

    Mais alors c’est une partie de la nation qui lutte contre une autre partie de la nation. On est dans quelque chose qui ressemble à une guerre civile et ça, ce n’est pas bien. Il faut éviter cela au maximum, mais on est très loin de ça en France… »

    http://www.rue89.com/2010/09/18/le-...

    Je colle aussi le lien vers la vidéo de l’emission Parlons Net où il est essentiellement question d’Afghanistan mais à partir de la 27 ème minute Le general aborde l’intervention de l’armée dans les quartiers.

    http://www.dailymotion.com/video/xe...

    Voir en ligne : http://http://www.rue89.com/2010/09...

    • Et tu trouveras encore un article dans la revue « Assault de novembre-décembre 2010 » Le génie dans le combat urbain...

      + voir lien ci-joint

      amitiés

      • @ spleenlancien : merci pour le lien.
        On retrouve là les réticences - chez les officiers et dans l’éventualité d’une opération militaire intérieure - sur lesquelles revient largement Hacène Belmessous.
        Entre les lignes, aussi, on sent bien qu’il n’est certain qu’on en soit « si loin que ça ». Il dit : « Il faut éviter cela au maximum. » L’éviter au maximum, c’est déjà reconnaître que ce n’est pas gagné.

        @ fred : hop, j’ai supprimé ton lien, il ne marchait pas. ICI, c’est bon :-)

        Et merci pour le document, je vais me plonger dedans.



  • Le 3 décembre ?

    L’ANRU dans le texte :

    Ils avaient pensé installer des cerisiers du Japon tout le long des allées... Du style cité balnéaire Anglaise ! ... Est-ce que tu crois qu’ils l’ont fait ? ... Est-ce que tu crois qu’il l’ont fait ? [Non] ... Si si ! Ils l’ont fait mais ils se sont arrêté là et c’est ça qui est dommage... C’était de la poudre aux yeux... Ils ont jeté de la poudre aux yeux. Les gens ont, les gens ont dit oui... Mais non !
    Moi j’ai été observateur, j’ai remarqué qu’il s’étaient arrêté...
    REGARDE ! Qu’est-ce qui te choque la première fois que tu vois ça ? La première chose qui te saute aux yeux ? Les briques ! C’est les briques rouges ! [Ouais heu...] Et le rouge c’est la couleur de quoi ? Le rouge c’est la couleur du sang, le rouge c’est la couleur des indiens, c’est la couleur de la violence ! Hein ? Alors que le fléau de notre société, et tout le monde s’accorde à le dire, est la violence, ils vont te foutre des briques rouges ! Mais le rouge c’est aussi la couleur du vin mon vieux, et vin, qui dit vin dit pots-de-vin ! [Ouais] Parce que tout ça c’est magouilles et compagnie, c’est politico euh... Je-ne-sais-pas-trop-quoi mais tu vois ça c’est des histoires de fric ! Et ça, ça me désole hein... Attention tu... Tu vas n’importe où avec ta caméra...
    Les gens, ils aimeraient pouvoir s’arrêter et dire : tiens quel beau par-terre... quelle magnifique asymétrie... oh et quelle belle tonalité de brique ...mais on ne leur donne pas l’occasion non plus alors ils préfèrent rester devant leurs téléviseurs et c’est dommage ...
    Moi, personnellement si j’avais dû concevoir ce genre de choses, j’aurais vu une habitation, tu vois, de plein pied... Avec de grands parterres très aérés, un peu à la Franck Lloyd ! Typiquement dans l’esprit des habitations Japonaises, parce que ces gens là malgré tous leurs défauts avaient compris beaucoup de choses, hein !

    amitiés



  • Hors sujet :

    Sacré coup de galurin du Canard enchainé pour Article 11 dans « votre journal m’intéresse »

    J’en profite pour m’adresser au Directeur de la publication d’Article 11 papier:vous ne faites pas un « spécial courrier lecteur » sur le site Article 11 ?
     × Moi qui m’intéresse à l’architecture des gares,j’ai trouvé l’article de Julia Zortéa excellent.C’est un petit bijou d’intelligence et d’observation.Je ne voyais pas la « gare du nord » de cette manière.

    • J’ai le sentiment d’un renouveau du site web après une période subreptice de sommeil.

      @ HUBERT :

      Je pense que tu apprécieras toute la profondeur et l’intelligence du travail de Julia Z. lorsque tu articuleras les deux chroniques à venir sur le sujet (n°2 et 3) qui sont des compléments indispensables au premier. Chut ! Je n’en dis pas plus.

      @anonyme (1er commentaire) :

      Je viens de déterrer un anthropologue communiste italien mort à l’orée des années 60, Ernesto Di Martino. Il a été sensiblement réhabilité dans ce milieu universitaire en France dans les années 1990, mais n’a jamais été compris car il a toujours eu une approche transdisciplinaire de ses objets (anthropologie, ethnologie, histoire, sociologie et surtout psychanalyse) qui déconcertait les chapelles académiques établies.

      Son principal objet d’étude fut les pratiques religieuses dans le Sud de l’Italie. Il analyse la manière dont l’Italie bourgeoise, positiviste, du Risorgimento et catholique orthodoxe a construit une figure de l’Autre intérieur - l’Italie méridionale, pauvre et aux rituels quasi-païens. Il sort de la dichotomie dominant-dominé et du biais d’analyse du dominant, pour développer une analyse proche des subaltern studies, avant l’heure, en renversant l’asymétrie, et en nettoyant l’Occidentalisme latent des recherches passées. D’une certaine façon, il propose des outils d’analyse originaux pour appréhender la culture populaire et les conditions socio-économiques contingentes en lui accordant une certaine autonomie et en refusant la dichotomie proposée par le dominant pour en faire un « Autre » incompréhensible, voire un « ennemi intérieur ».

      • dimanche 5 décembre 2010 à 13h55, par ZeroS

        En conséquence, je pense que les études dites « postcoloniales » sérieuses devraient s’intéresser à ce gars-là.

      • @ZeroS

        Je te remercie pour les références indiquées qui m’invitent à préciser mon propos initial.
        Il n’était pas de soutenir le point de vue selon lequel la réalité politique des quartiers populaires se résumerait dans l’opposition dominants/dominés (masse indifférenciée et manipulable à merci)mais bien plutôt de souligner l’existence d’une pratique clientéliste dont l’objectif pour les élus, en collaboration avec la police, est de disposer de relais au sein de polulations qu’ils entendent contrôler. Ces intermédiaires issus des « quartiers » ont un rôle ambigu. Ils se trouvent le plus souvent dans une position inconfortable voire impossible. A certains égards, ils peuvent apparaitre comme un analyseur des relations entre l’état et la société occupant ces espaces de relégation. Lorsque le pouvoir ne parvient plus à s’appuyer sur ses relais, par choix ou par nécessité, il ne lui reste plus que la force brute exercée par la police actuellement et, probablement, par l’armée à l’avenir comme le montre Hacène Belmessous.

        • @ HUBERT : « Sacré coup de galurin du Canard enchainé »

          Oui, c’est cool. :-)

          « vous ne faites pas un »spécial courrier lecteur« sur le site Article 11 ? »

          On en a pas encore. Mais je pense qu’on fera bientôt un billet revenant sur les gentilles marques de soutien et d’attention, ainsi que sur les critiques reçues. Et sinon, y a pas loin de 200 commentaires (positifs et négatifs) sous le billet annonçant la sortie en kiosques : c’est un peu comme une rubrique courrier des lecteurs, non ?

          « j’ai trouvé l’article de Julia Zortéa excellent. »

          Oh que oui. C’est à suivre, d’ailleurs, comme l’explique (parfaitement) ZéroS.

          @ ZéroS : :-)

          (Rhâââ... Mais comment fais-tu ?)

        • @ anonyme :

          Il n’y avait dans mon message aucune critique. J’ai seulement réagi au terme néocolonialiste. Finalement, la pratique clientéliste fait parfaitement référence à la situation coloniale où une partie de l’administration reposait sur des cadres issues de colonies (je pense au témoignage d’A. H. Bâ dans L’étrange destin de Wangrin).

          C’est amusant puisqu’on retrouve les mêmes pratiques dans le secteur associatif institué, où les élites circulent des têtes de réseau aux administrations d’État...

          • Je pense qu’avant les prochaines élections présidentielles ; une manipulation de grande envergure aura lieu pour sonner l’hallali contre « la lie de la société, celle qui mange halal ». C’est comme cela que les media main stream ont présenté pendant des décennies les descendants de colonisés.
            Ces descendants de français musulmans comme on les appelait à l’époque qui sont la véritable cible.
            La guerre est civilisationnelle a éructé cet auguste présidentissime.
            L’émigration doit être choisie selon des valeurs, les prétendues valeurs républicaines...
            Qui ressemblent de plus en plus à Travail(ler plus pour gagner plus), (une) Famille (en or) et (l’hymne de la) Patrie (ne peut être hué impunément)
            Lorsqu’un jeune UMPiste clame que la politique de Laval n’était pas si mauvaise que ça, on comprend en filigrane que bientôt il y aura une exposition sur les Mahométans comme il y avait jadis une exposition sur les Juifs et que le synarchisme remplacera bientôt le syndicalisme.
            Les provocations verbales de certains soutiens inconditionnels à la politique sioniste dans les media français qui font des rapprochements capillotractés sur la guerre en Afghanistan, en Irak, en Palestine ... et les prétendus territoires perdus de la République préparent à coup de bélier l’opinion publique qui « se gratte les test..ules devant un sketch de Laurent Ge..a »
            Rappelez vous les cris d’effraies de pseudo publicistes qui déversent leur haine du musulman fantasmé sur les chaînes de service public. « On n’est pas couché »
            La haine viscérale est tourné essentiellement vers les rejetons de colonisés rejetés de part et d’autre de la mer Méditerranée et c’est ceux-là qu’on pacifiera à coup d’armes létales et non-létales, mais infligeant des blessures irréversibles lorsque l’impensable se produira.
            Un savant remix d’épisodes style gang des barbares bis teinté de Villiers-le-Bel et assaisonné d’assassinat ciblé de Khelkal.
            Et ça la ménagère de moins de 50 ans dont on a fidèlement nourri le temps de cerveau disponible d’images à tuer le coeur le regardera à la télé en 3D en THX, en mangeant des pop(ular) corn(ed beef).
            Le vocabulaire guerrier que l’on entend ces derniers temps n’est pas anodin.
            A défaut de gagner la guerre d’Afghanistan, l’auguste présidentissime entendra gagner la guerre contre la « racaille » et ce ne sera pas à coup de karcher.
            Mais la jeunesse française toute confession et idéologie confondue n’est pas dupe et comme elle a su utiliser les outils technologiques modernes pour contrer la police en 2005 et 2007, elle utilisera sa créativité pour contrer avec sa ruse fut elle insignifiante face à la violence monopolistique de l’Etat, les desseins en forme de papillons mortifères de l’auguste présidentissime et de ses sbyres.

          • @ ZeroS

            Pas de souci. Une relance comme la tienne dans la discussion est toujours constructive.

            amitiés

            José

          • La référence à Hampâté Bâ est intéressante mais elle peut aussi présager d’un avenir plus complexe, puisque ses mémoires (je n’ai pas encore eu l’occasion de lire Wangrin) montrent aussi comment ces intermédiaires coloniaux se sont progressivement autonomisés, malgré les obstacles régulièrement mis à leur auto-organisation, et ont pu aussi jouer un rôle que les autorités coloniales ne souhaitaient pas forcément leur accorder au départ.



  • J’avais vraiment beaucoup misé sur Sarkozy et ses tendances autoritaires, sécuritaires mais je ne pensais pas qu’on en arriverait si vite à une situation aussi médiocre qu’un scénario de Besson...

    La caricature de l’homme politique a été largement dépassée par la réalité. En comparaison de Mr Hortefeux, les dialogues des politiques de « Banlieue 13 » sont encore light.

    On se rapproche plus des ripoux rencontrés dans « La Haine ».

    Cdlmt

    • En parlant de références cinématographiques, ceux qui joueront les indiens ressembleront plus aux extraterrestres de District 9 de Peter Jackson ; sauf qu’à la fin, ils ne pourront pas s’échapper en vaisseau spatial.
      Pour ce qui est des cow-boys je les voie plus dans le genre orange mécanique mais en encore plus violent et plus armé.



  • un peu de neige sur le feu

    l’aspect plus « architectural » à écouter encore 2 semaines, le même Hacène :

    http://www.franceculture.com/emissi...

    =

    http://www.franceculture.com/player...



  • Un très bon article qui rejoint en partie nos appréciations sur les questions de sécurité à l’IRC (cf blog). Notre approche est géostratégique.

    Deux objectifs sous-jacents sont poursuivis autour de la « politique du chiffre » :
     × la « guerre civile », plus ou moins larvée, une sorte d’exutoire offert à la population pour que le pouvoir puisse s’absoudre pour partie de ses fautes... qui rejoindrait la même approche que sur la scène internationale !
     × la mise à bas de la République, l’objectif poursuivi depuis plusieurs décennies par nos élites, en fait un patriciat face à la plèbe, en lien direct avec la construction européenne... Celui-ci est vraiment l’objectif principal !

    Cependant, quand plusieurs spécialistes mentionnent un traitement du problème (sur un plan sécuritaire) en moins de 6 mois, ils soulignent en passant tout le caractère manipulatoire de da démarche UMP-Sarkozy. A relever également que rien n’indique que les Français accepteraient quelque extension que ce soit au pays entier ! Il n’ y a d’ailleurs pas les forces de sécurité nécessaire pour une telle politique, il faudrait alors s’appuyer sur des forces supplétives, des milices... On en a toutefois les prémices avec les polices municipales, les sociétés privées de sécurité... Donc clairement il y a une course contre la montre qui se joue en ce moment !!!

    http://www.la-france-contre-la-cris...

    Voir en ligne : la mise à bas de la République



  • Un bémol dans ce concert de louanges ?

    « Parce que la gauche de gouvernement travaille d’abord pour les classes moyennes, un électorat finalement très conservateur – les « bobos » affichent des valeurs généreuses et solidaires, mais quel « bobo » place son enfant dans un établissement de ZEP (Zone d’éducation prioritaire) avec la crainte, considère-t-il, de sacrifier son avenir ? Quel « bobo » résidant dans du logement social de standing accepte d’avoir pour voisin une famille en difficultés ? Entre les discours de générosité et le réel, il y a un monde. »

    L’auteur du livre ne devrait pas généraliser. Les classes moyennes, ce n’est pas que « les bobos ». Les classes moyennes, comme tout le monde, elles veulent que ça aille bien pour elles. Est-ce cela, être conservateur ? Et à mon avis, les bobos, ça ne réside pas dans du logement social, mais plutôt dans du logement privé intra-muros.

    Pourquoi cette permanence chez certains de la gauche radicale, à voir tout en noir et blanc quand il peut y avoir du gris ? Pourquoi disqualifier tout un électorat au prétexte que le PS n’est plus socialiste depuis 83 ? Pourquoi toujours « la gauche radicale contre le reste du monde » ?

    Tout l’article est intéressant, mais ces propos sur les prétendus « bobos » qui refusent de mettre leurs enfants en ZEP (parce qu’évidemment c’est idéal, une ZEP !), versent dans la caricature.

    • jeudi 23 décembre 2010 à 15h18, par ZeroS

      Le terme « bobo » est un piège linguistique et un anti-concept sociologique élaboré par, David Brooks, un journaliste américain libéral.

      L’emploi du mot bobo n’est pas le seul apanage de la gauche radicale, mais aussi de personnes que l’on classerait comme telles, de fervents militants de la droite et de l’extrême droite. Potentiellement, tout le monde est le « bobo » de quelqu’un d’autre. Hassan Belmessous est certainement lui-même un bobo.

      Un article très clair sur l’usage de ce terme est paru. Il remet les points sur les « i » :
      http://cybergeo.revues.org/index766.html



  • Lundi 13 décembre 2010, 11h20 : « Faim de lyre »...

    « ...à faire circuler sans modération, ni tapis de prière en tous lieux de l’espace (public) poubelle-hic&nunc »...
    Vous remarquerez qu’Hacène Belmessous se livre, dans cet entretien à une critique de l’approche du livre « Le Déni des Cultures » de Hugues Lagrange (que j’ai lu, moi), que j’entends bien (lisibilité des ouvrages de chercheurs en général, « maladresse » dans l’opportunité du battage médiatique fait au livre, et sur le fond, dissocier ceux qui, des immigrés considérés, seraient « intégrables » de ceux qui ne le seraient pas, de par leur « spécificité culturelle », qui est une "vieille Lune de la Commission Marceau-Long [ Commission nationale à l’Intégration à la nationalité française] de 1983...).
    Si l’on peut prêter à Hugues lagrange son peu de sens critique sur ce que signifie aujourd’hui « l’objectivité » en matière de comparatisme statistique, on ne peut lui reprocher l’accent qu’il met sur les traitements différents par les services sociaux, les municipalités et les services de police, « des mères (célibataires ou pas) maghrébines et sud-sahéliennes » (qui serait une désinence de la notion ancienne d’« enfant à risque », en usage dans les années 50...) pour repérer, cibler et isoler dans le processus de régularisation lui-même, les « maillons faibles des bandes » systématiquement l’objet d’un préjugé patriarcal et ostracisant de la part de la bien-pensance et des pouvoirs publics, politiques inclus.
    Cette observation touche au « grand silence ambigü » de toutes les « politiques de la Ville » depuis 1983, venant d’une formation sociale qui ne prévoit rien (c’est sa « Culture » de normes en matière d’habitat) lorsqu’une famille africaine rejetée et aux abois se présente avec 8 enfants, ou « le calvaire » pour les « filles-mères »...
    De celà, Hacène (dont je n’ai pas lu le livre) n’en dit rien sur le fond dans son interview...

    KLetaGR



  • mercredi 12 janvier 2011 à 10h22, par un-e anonyme

    « Je te souhaite que ta loi retombe sur ton père, ta mère, ta femme, tes enfants, et toute ta postérité. Et maintenant avale ta loi. » — A. Artaud.

    Là ne s’agit pas de s’en contenter.
    Les lois LOPSSIs sont des lois scélérates, certes, mais elles s’attaquent à quelque chose de plus profond : la mémoire historique.

    Un arrière-goût de tout ce que les régimes autoritaires ont concocté de meilleur.

    Mais nous ne nous arrêterons pas là, ce n’est pas au nom de quelque idéal de liberté républicain ou démocrate que nous désirons nous lever.

    Au nom de rien d’ailleurs.

    La haine totale de ce monde totalitaire suffit à nous accrocher à la moindre intensité de résistance pouvant naître.

    Mais nous ne nous arrêterons pas là non plus. Nous combattons sans défendre mais combattons avec certains horizons en tête : celui de voir un jour sans Travail, sans Propriété, sans Misère, bref tout ce qui a dicté les grandes insurrections ouvrières du siècle dernier…

    Nous sommes une histoire perdue cherchant à se retrouver en ces temps effacés :

    Mieux que partout, la France a réussi à ménager l’oubli chez ses sujets, non seulement l’oubli de ce pourquoi elle règne encore, cette France, mais l’oubli qu’il existe des ailleurs, d’autres notes, d’autres couleurs que le gris bétonné et le noir fumeux.

    « C’est une époque bien carabinée » disait un camarade et c’est véritablement vrai. Tout a faillit ici, pourtant tout semble encore fonctionner. Là, se dévisage le capitalisme : il n’a besoin que de notre consentement soumis pour exister. Il ne lui faut même plus inventer quelques bonheurs qui tiennent, des merveilles qui font espérer. Il ne lui faut, désormais, plus que perfectionner ses outils policiers.

    Lui-même se l’avoue lorsqu’il met en scène sa critique : « Le monde est pourri, vous avec, restez sage » relaye le Spectacle.

    Puisque le monde dérive, pourquoi ne pas dériver lentement avec lui. C’est ce qu’ON voulait nous faire croire.

    Hélas, le meilleur des mondes n’a pas encore triomphé !

    « C’est un beau moment, que celui où se met en mouvement un assaut contre l’ordre du monde […] Voilà donc une civilisation qui brûle, chavire et s’enfonce tout entière. Ah ! Le beau torpillage. »

    Il nous faut retrouver la mémoire, une mémoire tactile, celle des armes, de l’émeute, de la résistance matérielle. Il nous faut des réflexes, il nous faut se mettre d’accord une bonne fois pour toute : « faire apparaitre dans la pratique une ligne de partage entre ceux qui veulent encore de ce qui existe, et ceux qui n’en voudront plus ».

    En temps de guerre, ceux qui prétendent échapper à celà sont ceux qui ont déjà choisi un camp : celui de l’engagement le plus total dans le désengagement. Celui de rejouer les mêmes échecs en se disant que cela fonctionnera un jour.

    Ce sont eux, les véritables amnésiques. L’amnésie est une position bien confortable en ce monde, elle permet de s’ancrer léthargiquement dans un espoir messianique. Un espoir qui n’a pas fini de faire vivre et de laisser mourir…

    « Diverses époques ont eu ainsi leur grand conflit, qu’elles n’ont pas choisi mais où il faut choisir son camps. C’est l’entreprise d’une génération, par laquelle se balaient les empires et leurs cultures. Il s’agit de prendre Troie ; ou bien de la défendre. Ils se ressemblent par quelque côté, ces instants où vient se séparer ceux qui combattront dans les camps ennemis, et ne se reverront plus. » — Guy Debord.

    Dimanche 26 décembre 2010.

    Faire apparaitre dans la pratique une ligne de partage :

    http://juralibertaire.over-blog.com...

    http://juralibertaire.over-blog.com...

    http://www.occupiedlondon.org/blog/...



  • Hum, intéressant...

    Mais que vont bien pouvoir faire 10 000 pauvres petits soldats contre des millions de sauvageons surarmés ? (lol) Plus sérieusement, sarko doit bien en rèver éveillé la nuit, à n’en plus dormir mème le jour, sur un yacht ou dans un palace, au vu de la « hechma » qu’il s’est tapé au val d’argent ! Devant tout le monde, en plus, il y avait la télé ! Un désir de vengeance personnel exacerbé par un ego surdimensionné ? Ou bien un ordre de bataille travaillé en « douce » depuis longtemps par un bien plus gros poisson que cette écrevisse malade ? Ca fait bien longtemps que les politiques usent et abusent de procédés perfides dans les cités à la veille d’élections entre-autres, notamment à la grande borne ou aux tarterets...Mais qu’ils se méfient, il y a des lances-roquettes dans les cités ! Ils sont malades ou quoi ? (lol) Vraisemblablement, pour qui connait les « grands-ensembles », nous savons que ce sont des lieux splendides de mixité ethnique et que quand nous voulons, nous savons ètre solidaires, mème si les médias perfides à la solde des marchands d’armes, tendent à les diaboliser à outrance. Eh oui ces crétins en sont à ne plus savoir quoi faire pour obtenir du « sensat’ », ils sont prèt à nous faire croire qu’on vend de la came dans la tec’ (lol). Ces territoires, ces soit-disant zones de non-droit, que les politiques fantasment de re-conquérir, ne sont pas autant à l’abandon que l’on voudrait bien le croire. Tout simplement par le fait que des gens y vivent, des ames y ressentent, des larmes y coulent, des rires y retentissent et surtout, des ètres y communient avec Celui qui ne laisse jamais tomber ses serviteurs, quand bien mème le démon manipule à dessein les masses de brebis égarées...
    Que la Paix soit sur nous tous...

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