mardi 4 novembre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 11h45, par
12 commentaires
La ridicule affaire de la poupée vaudou aura au moins permis cela : nul n’ignore plus que le meneur de revue présidentiel n’a aucun humour, tare qui vient s’ajouter à tous ses autres défauts. Mieux : l’affaire aura aussi offert au conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, l’occasion de se présenter en chantre des libertés. Ou bien… Mince… Aurais-je mal compris ?
Il vient de m’arriver un truc de fou !
Que je vous raconte…
Je me réveille ce matin : normal.
Je baille deux-trois fois : normal.
Je me traîne jusqu’à la machine à café : normal.
Je me regarde vite fait dans le miroir : normal.
Je lance l’ordinateur : normal.
J’allume une cigarette : normal.
Je commence mon tour d’horizon des sites d’actus : normal.
Je bois quelques gorgées de café et grimace parce qu’il est trop fort : normal.
De site en site, je finis par arriver sur celui du du Nouvel Observateur : normal.
Je maugrée dans ma barbe, l’esprit vide et les neurones fatigués, rêvant de retourner me blottir dans le lit : normal.
Je consulte, pas si réveillé que ça, un article traitant d’Henri Guaino : normal.
Je le survole rapidement, ne lisant qu’une phrase sur trois ou quatre : normal.
Je tombe sur une déclaration de Guaino, « Où va notre société de liberté si ce genre de choses deviennent banales ? », et je me sens en accord avec lui : pas normal.
Mais alors : pas normal du tout.
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Bon… je n’en suis pas resté là.
J’ai repris l’article à la base, me concentrant pour le lire en entier et n’en rien rater.
Et j’ai vite constaté que le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et moi-même ne pensions pas à la même chose.
De très loin, même.
Que je vous dise…
Henri Guaino ne faisait pas, avec cette phrase, allusion à l’incroyable manie procédurière développée par le présidentiel meneur de revue.
Chef d’Etat qui a décidé d’attaquer tous azimuts et de faire instruire des procès contre tous ceux qui pourraient lui manquer de respect.
Qu’il s’agisse de militants pointant son côté pétainiste ou moquant son langage de charretier.
D’un jeune SDF pas très malin qui lui avait envoyé un mail insultant depuis un cybercafé et qui a été retrouvé après de très sérieuses investigations policières.
Ou d’un gadget rigolo, jeu permettant aux plus acharnés de ses détracteurs de se défouler en donnant des coups d’aiguille à une bête figurine.
Non.
Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy faisait ici référence à l’inconduite de la justice française, qui avait osé débouter le président.
Il s’indignait de ce qu’elle ait autorisé la poursuite de la commercialisation de la poupée vaudou à son effigie.
Il se scandalisait de ce que le juge n’ait pas fait droit à la demande présidentielle, motivée par un pseudo « droit à l’image absolu et exclusif ».
Et il s’énervait même, disant combien « il est parfaitement incongru, scandaleux, moralement inacceptable (...) qu’on puisse trouver un juge pour dire que ça n’atteint pas la dignité de la personne ».
Avant de terminer, donc, sur cette saillie ridicule : « Où va notre société de liberté si ce genre de choses deviennent banales ? »
(Hein ?)
(Je vous le demande…)
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Plutôt que de constater combien Henri Guaino est résolument un abruti fini, pas même capable de respecter l’obligation de silence qui lui est faite sur une décision de justice pour laquelle le chef de l’Etat a fait appel.
Et de noter que le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy n’hésite pas à faire pression sur la justice au nom d’une notion de « liberté » qui lui est totalement inconnue.
Je me contenterai de relever que, finalement, je ne suis pas du tout d’accord avec lui.
C’est déjà ça : mon matin est sauvé…