ARTICLE11
 
 

jeudi 6 mai 2010

Entretiens

posté à 14h35, par Ubifaciunt & JBB
38 commentaires

Jean-Luc Porquet : « Défendre le rêve porté par les résistants »
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Les Jours heureux ? Un film de Tati ? Une chanson de Trenet ? Perdu, il s’agit du programme du Conseil national de la Résistance, mis en application dans l’immédiat après-guerre. Un acte fondateur du modèle social français, attaqué sans relâche depuis 30 ans, encore davantage depuis l’élection de Sarkozy. Pour évoquer ce véritable travail de démolition, entretien avec Jean-Luc Porquet.

L’an passé, ils étaient 4 000, réunis sur le plateau des Glières pour dire - sans bannière politique ni drapeau - leur rejet des valeurs sarkozystes. Manifester leur opposition aux présidentielles tentatives de récupération sur l’héritage de la résistance. Et souligner leur volonté de ne pas rester passif face aux coups de butoir incessants que la majorité au pouvoir et les milieux d’affaire assènent au modèle social français.
Cette année, ils remettent ça, rassemblement organisé le dimanche 16 mai par l’association Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui1. Une « manifestation » qui s’inscrit dans un cadre plus vaste, patient et minutieux travail de fond mené par les membres de l’association pour préserver et rappeler l’héritage du Conseil national de la résistance. Ainsi de Walter, retour en résistance, film réalisé par Gilles Perret autour de la figure de l’ancien résistant Walter Bassan2. Ou du livre publié récemment par l’association à La Découverte, ouvrage collectif conduit par un journaliste du Canard Enchaîné, Jean-Luc Porquet.

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L’ouvrage est bref, efficace et percutant. En moins de 200 pages, il revient sur l’application dans l’immédiat après-guerre des Jours Heureux, texte programmatique rédigé en 1944 par le Conseil national de la Résistance (CNR) et qui a très largement irrigué le modèle social français. Et détaille précisément les coups qui lui sont ensuite portés de tous côtés : politiciens de droite et de gauche, financiers, assureurs, banquiers, grands patrons, tous soucieux de prendre leur revanche. De ravager, - « avec une furie qui n’exclut pas une certaine méthode », pour reprendre les mots d’Alexandre Dumas - le système de Sécurité sociale et celui des retraites, de rogner les services publics, de mettre à bas toute idée de secteur bancaire public, de multiplier les privatisations, d’œuvrer à la déréglementation financière, d’asservir la presse au capital, etc… Bref, de laminer tout ce qui, de près ou de loin, représente une quelconque entrave à ces marchés qui se piquent de gouverner nos vies.

Qui mieux que Jean-Luc Porquet, coordinateur de l’ouvrage, pour en parler ? Nous avons rencontré ce journaliste rappelant avec une jolie verve - dans le livre comme dans ses chroniques au Canard - que « face à cette entreprise de démolition systématique, il faut imaginer des voies nouvelles et de nouvelles résistances ». Le mieux, c’est de lui laisser la parole…

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Ce livre, il vient d’où ?

En mai 2009, je me suis rendu au rassemblement des Glières : ce fut une journée vraiment magnifique, avec des gens formidables. La veille déjà, j’avais été convié à une grande tablée, me retrouvant en compagnie des anciens résistants Stéphane Hessel, Raymond Aubrac et de l’écrivain John Berger. Stéphane Hessel - au passé de héros, résistant, arrêté par la Gestapo, déporté - était juste en face de moi, et cet homme de 93 ans faisait preuve d’une vivacité impressionnante, avec quelque chose de juvénile, d’optimiste. Une telle présence – héroïque et engagée – ne s’oublie pas, surtout quand elle se double d’un enthousiasme que beaucoup d’entre nous ont perdu.

Le lendemain, nous étions 4 000 personnes à participer au rassemblement. Le temps était magnifique. Juchés sur la petite plate-forme d’une camionnette, Stéphane Hessel, Raymond Aubrac, Alain Refalo (l’un des premiers enseignants « désobéisseurs ») et le psychiatre Michaël Guyader ont donné à entendre des interventions aussi brèves que fortes. Hauteur de vue, combativité, absence de complaisance : c’était impressionnant. Et puis, il n’y avait pas ce côté boutiquier où chacun arrive avec son petit autocollant, sa petite banderole, son officine à défendre : les organisateurs avaient demandé aux participants de venir sans tract, sans l’appareillage habituel du militant. Bref, il y avait quelque chose de très fort, de vivant.

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Ça vous a regonflé ?

Exactement ! J’en ai fait un papier pour Le Canard, dans lequel j’évoquais le texte des Jours Heureux, le programme du Conseil national de la Résistance. Après la publication de l’article, un copain m’a dit : « Les Jours Heureux, je ne connaissais pas du tout. Il faudrait rééditer le programme du CNR. » Ça m’a fait réfléchir. S’il était inutile de rééditer un texte de dix pages qu’on trouve facilement sur le net, ça valait par contre le coup de le remettre en perspective, de raconter cette journée, cette résistance face à une imposture criante. J’ai pensé que ça pourrait donner un bouquin que j’aimerais lire. Je suis donc allé voir les membres de l’association Citoyens Résistants d’Hier et d’Aujourd’hui, pour leur proposer de publier le programme, de lui apporter un éclairage historique – comment il a été écrit et mis en actes - , puis de montrer comment les principaux points ont été (ou sont en voie d’être) sabordés méthodiquement.

Ils ont accepté l’idée. Ne restait plus, alors, qu’à choisir un éditeur - ils ont préféré un éditeur avec du répondant, qui déborde du réseau militant et puisse proposer une grande diffusion, à un petit éditeur engagé : ça a été François Gèze, de La Découverte. Lui et moi avons contacté des journalistes ou historiens susceptibles de participer à l’ouvrage - en l’espèce Emmanuelle Heidsieck4, qui a écrit le très intelligent roman Il risque de pleuvoir, François Ruffin5, Martine Orange6, qui a une puissance de travail et de synthèse impressionnante, et l’historien Olivier Vallade. Ensuite, ça a été très vite, ça s’est enchaîné : en trois mois, le bouquin était fait.

C’est un ouvrage qui montre bien, dans la lignée de la réflexion de l’historien Nicolas Offenstadt, tout le travail qu’il faut mener contre la récupération des symboles et pour le respect de l’histoire...

Oui, et c’est finalement un peu grâce à Sarkozy - il faut lui dire « merci » pour cela. En ce qui me concerne, le déplacement présidentiel aux Glières m’a permis de retrouver le programme du CNR ; je connaissais son existence, mais j’avoue qu’il ne me parlait pas spécialement, que j’étais un peu passé à côté.
Il m’a donc permis de réellement découvrir ce texte court, concis, programmatique, ce texte issu d’un rêve, d’une vision, écrit dans des conditions terribles, au péril de la vie des auteurs, lesquels y disent l’essentiel de ce pour quoi ils se battent. Cela lui donne une force et une émotion qui nous parlent toujours, soixante ans plus tard.

Il faut aussi se rendre compte que tout ce qu’on appelle le modèle social français est - en grande partie - issu de ce petit texte : il n’a pas été seulement une vue de l’esprit, il a eu une réelle portée. Et en même temps, c’est une source d’une certaine pureté, d’une pureté originelle dont on rêve tous un peu, qui ne soit pas embrouillée par les querelles de partis et de boutiques.

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Vous croyez que c’est pour ça que le sujet semble dans l’air du temps, que les gens s’y intéressent ?

Oui. Il n’y a plus de grands penseurs, d’intellectuels contemporains apportant réellement de la vie et de l’espoir – à moins de croire que le maoïsme à la Badiou ou L’Insurrection qui vient en sont porteurs ! Face à ce désert, on cherche quelque chose de lumineux dans l’histoire, une pensée pour se ressourcer.

Vous plaisantiez un peu avant en « remerciant » Nicolas Sarkozy. Et c’est vrai, il arrive à ressouder les gens contre lui. Ce qui revoie à cette déclaration très connue de Denis Kessler, où il invite à « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance » 7. Comment peut-il l’énoncer aussi ouvertement ?

Il faut rappeler que cette déclaration date d’octobre 2007, soit quatre mois après l’élection de Sarkozy et qu’on était alors en pleine Sarkomania. Il venait d’être élu triomphalement - c’était l’époque bling-bling, celle du yacht de Bolloré ou du « nouveau » 14 juillet. Et il pensait vraiment être l’homme d’une totale rupture, pouvoir tout changer parce qu’il n’y avait plus personne en face et que la gauche était carbonisée.

C’est vrai que c’est finalement formidable qu’un homme comme Denis Kessler ait révélé la cohérence du projet sarkozyste. Il s’est senti suffisamment en position de force pour dire : « Ce qu’on va faire, c’est casser 1945. » C’est la même chose pour un Sarkozy, à la fois complètement brouillon et maître de l’enfume : c’est sa mise à nu qui est intéressante.

Pour le côté « enfume », il y en a une très bonne illustration dans le discours de Sarkozy à Versailles, quand il se présente comme « l’héritier » du Conseil national de la Résistance8. Il passe son temps à dire le contraire de ce qu’il fait…

C’est une tactique que je crois directement héritée de Le Pen. J’en parlais dans un livre, sorti juste avant l’élection de Sarkozy, un ouvrage nommé Le Petit Démagogue9. J’y reprenais en partie un travail que j’avais réalisé lors de l’écriture d’un livre sur Le Pen (Le Faux Parler ou l’art de la démagogie, paru en 1992), où j’essayais de comprendre pourquoi ça marche, pourquoi son discours séduit tant de gens. Je voulais mettre à jour les ficelles de son discours démagogique, les « recettes » auxquelles il avait recours.
Quand j’ai vu grimper le Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur, la ressemblance m’a paru évidente : ce sont les mêmes techniques, les mêmes ficelles, le même enfumage que ceux de Le Pen. Les mêmes simplifications, la même outrance, les mêmes dénégations du réel. La même tentation autoritaire, les mêmes pulsions. Le karcher, les voyous, la racaille…
C’est pourquoi j’ai repris mon bouquin de l’époque, que j’ai entièrement réadapté et reconstruit autour de Sarkozy. Le livre, Le Petit Démagogue, met donc en avant cette analogie des techniques. Sauf que l’élève a dépassé le maître, que Sarkozy a réussi là où Le Pen a échoué. Pour moi, ça a été une surprise : je ne pensais pas que ça allait fonctionner à ce point, que reprendre tous les vieux trucs crapuleux et crapoteux de Le Pen –à commencer par cette récupération des victimes, pour aller pleurer auprès d’elles et promettre la punition des voyous - pourrait s’avérer si payante. Mais il a réussi son hold-up, il est parvenu à récupérer tout l’électorat de Le Pen en reprenant ses ficelles.

Mais ça ne suffit pas à tout expliquer. Quelle explication trouvez-vous à l’attitude si indécente de Sarkozy quand - par exemple - il se rend aux Glières10, ce comportement malvenu et déplacé qui se répète chaque année ? Il le fait exprès, il n’a aucune hauteur de vue, il ne connaît rien à l’histoire ou ses symboles ?

Je crois qu’il n’est tout simplement pas cultivé et qu’il n’est pas à la hauteur. Même les gens de droite s’en inquiètent, et notamment les patrons du CAC40… Il faut ici rappeler la façon dont il parle de sa fonction : quand il évoque son passage à l’Intérieur, il dit : « J’ai tué le job pour dix ans » ; et même la fonction de président de la République, il en parle comme d’un job. Quant à son ambition post-présidentielle, elle se résume à « faire de la thune ».
Bref, il y a un côté rase-moquette. C’est pourquoi l’homme censé incarner la République se permet, dans le lieu hautement symbolique des Glières, qui est une nécropole nationale, de parler de foot et de Carla : il ne se rend même pas compte qu’il ne devrait pas…

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Mais ce qui est très étonnant, c’est que cette scène se répète finalement d’une année à l’autre12. Personne, dans l’entourage du président, n’essaye de le cadrer ?

C’est d’autant plus étonnant que, cette année, Franck Louvrier, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, avait fait le déplacement avec lui aux Glières : on aurait pu imaginer qu’il l’empêche de déraper… Je crois, en fait, que Sarkozy a un côté incontrôlable, comme Le Pen. Ce sont des gens qui ne vivent que dans la provocation, la transgression, et qui la revendiquent sur le mode : « Je le fais, et je n’en ai rien à fiche que ça puisse vous choquer. Je vous ai bien eu, je suis le président, je peux tout me permettre. » Il y a à l’évidence un côté sale gosse.

Vous disiez tout à l’heure que les patrons commençaient à s’inquiéter. Ils devraient surtout lui être très reconnaissants, non ? La très large majorité de ses réformes profitent d’abord au patronat…

En partie, seulement. Parce que ces « cadeaux » sont faits de manière si voyante et provocatrice que c’en devient gênant. Que cela fédère un front de contestation. Que jamais un président n’a été autant haï. Et que ça n’aboutit pas toujours ; sur les retraites, par exemple, ce n’est pas sûr qu’il aille aussi loin qu’il le voudrait…
Il n’a pas tout à fait les mains libres. Il proclame partout qu’il va tout casser. Évidemment, il a déjà bien cassé, mis à bas des acquis sociaux, beaucoup privatisé. Mais par rapport au programme évoqué par Denis Kessler (l’alignement de la France sur le fonctionnement anglo-saxon, le remplacement des retraites par des fonds de pension), les résultats sont finalement limités. Et puis, il y a eu le krach !… Tout le programme de Sarkozy – dénoncer le public en permanence, promouvoir le privé et les fonds de pension – est contredit par les faits : il ne peut plus l’appliquer complètement. D’autant qu’une résistance se fait jour, qui ne vient pas des partis ni des syndicats.

C’est le cas du rassemblement des Glières : celui-ci a pour but de rétablir une certaine réalité, de démonter l’imposture de Sarkozy, de montrer que l’héritage de la Résistance signifie quelque chose et qu’on ne peut impunément s’en emparer. Il y a là un vrai combat. Surtout que tous les députés savoyards sont UMP et que ce rassemblement les dérange énormément. Ça les titille, ils rêveraient de trouver un prétexte pour l’interdire, pour faire en sorte que Sarkozy fasse en toute sérénité son œuvre de récupération mémorielle.

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Copyright : FSD74

Ou de mettre au même niveau les deux célébrations des Glières, celle de Sarkozy et celle de l’association…

Bien sûr. Il y a un mois d’ailleurs, à Annecy, l’association avait organisé un débat sur l’instrumentalisation de l’histoire, avec la brillante historienne Sophie Wahnich et Suzette Bloch, petite fille de Marc Bloch qui a publié une tribune de protestation dans Le Monde quand Sarkozy s’est mis à citer Marc Bloch13 Lors du débat, une personne du public a protesté : « Vous rejetez la récupération de l’histoire par Sarkozy mais vous faites la même chose aux Glières. » Sophie Wahnich a été très brillante dans sa réponse, expliquant – en résumé - qu’il y avait plusieurs types de mémoire : il faut distinguer la mémoire institutionnelle de vénération, où l’histoire est dans le formol, la mémoire de récupération – celle de Sarkozy - et la mémoire d’interpellation, où l’histoire doit pouvoir être explorée, interrogée. En ce dernier cas, c’est totalement légitime de dialoguer avec elle. Il y a ainsi une manière de se servir de l’histoire et une autre de servir l’histoire.

Est-ce à dire que nous pouvons nous considérer comme « en résistance » ?

C’est une question intéressante parce qu’elle renvoie à la légitimité du mot. Sur ce point, les membres de Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui sont très clairs. Notamment parce qu’ils comptent dans leurs rangs Walter Bassan, un homme qui a été déporté à Dachau pendant plusieurs mois, un vrai Républicain qui ne se paye pas de mots, quelqu’un d’intègre, droit, solide, qui est le premier à s’être indigné lorsqu’il a appris la venue du candidat Sarkozy aux Glières en mai 2007. Lui et Stéphane Hessel l’affirment, il est légitime pour les citoyens de 2010 d’employer le terme de « résistance », de se revendiquer de l’esprit de Résistance.

A l’origine, les membres de l’association n’étaient pas eux-mêmes certains de pouvoir utiliser ce terme renvoyant à des combats héroïques, à des milliers de morts, à une situation historique bien particulière. Ils ont pris conscience qu’ils le pouvaient à force de discussions et de prises de paroles d’anciens résistants - à l’image de l’Appel des Résistants de 2004 soulignant combien il est légitime aujourd’hui de défendre le rêve porté par les résistants. Il était essentiel que des gens ayant vécu cette époque donnent un brevet de légitimité aux résistants d’aujourd’hui, qu’ils leur disent : «  Vous avez le droit de faire cela. Ce n’est pas une usurpation, parce que vous êtes dans le droit fil des valeurs que nous défendions. »

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Il y a donc une filiation. Stéphane Hessel le dit très clairement, expliquant que l’action de RESF est aujourd’hui l’une des choses les plus importantes qui soient. Dans l’appel de 2004, les anciens résistants mettaient, eux, l’accent sur le combat à mener contre la mainmise des médias de masse ; dans leur esprit, celle-ci renvoie directement à la France occupée, quand il n’y avait aucune liberté de la presse, mais seulement de la censure, du contrôle et de la propagande.
Bref, il ne s’agit pas de dire « on entre en résistance » avec de grands roulements de tambour. Mais juste de dire qu’on résiste au sarkozysme.

Faut-il souhaiter que cette résistance se fédère ?

Qu’elle se fédère ? Pourquoi donc ?
J’ai été assez marqué par Jacques Ellul, à qui j’ai consacré un livre il y a quelques années14. Lui disait qu’il ne fallait pas rentrer en politique, que ça ne servait à rien de dépenser son énergie à essayer de faire la conquête de l’appareil du pouvoir. Il avait d’ailleurs inventé, dans les années 30, ce slogan largement repris ensuite : « Agir local, penser global. » Il était convaincu qu’il fallait changer les choses à un petit niveau, en s’associant avec des amis. C’est évident : on fait davantage de choses en agissant sur des problématiques proches qu’en s’inscrivant dans un parti. Une position qu’on retrouve dans le texte admirable de Simone Weil15, Note sur la suppression générale des partis politiques, qui date lui-aussi des années 30.

Ça nous ramène aussi au programme du CNR : il y a eu, à l’époque de sa rédaction, un débat pour savoir qui allait le rédiger. Ne devaient y participer à l’origine que les mouvements de résistance, et non les partis politiques. Mais De Gaulle a finalement décidé qu’il était important d’associer les responsables des partis à cette réflexion, parce que ça lui donnait une forme de légitimité auprès des Anglais et des Américains, enclins à croire que la résistance n’était composée que de rebelles incontrôlables noyautés par les communistes.

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Vous ne pensez pas qu’il y a une forme de nostalgie improductive dans le fait de trop célébrer un programme vieux de soixante ans ?

Je crois d’abord, ce que je disais tout à l’heure, que c’est le signe du manque actuel de grandes figures, de grandes idées, de grandes valeurs, de gens sachant leur donner une forme et un élan. C’est le signe que l’époque est assez vasouillarde.
Mais je ne pense pas du tout que s’y référer soit signe de nostalgie. Bien au contraire ! Nous avons souvent tendance à penser que notre situation est catastrophique, si ce n’est désespérée ; nous sommes dans le désastre – écologique et social - , l’époque n’est pas vraiment joyeuse et l’imaginaire plutôt sombre. Dans cette ambiance noire, il est bon de revenir sur une époque qui l’était réellement, sur une situation pour le coup vraiment désespérée. Eux étaient sous la botte nazie, face à un régime facho, confrontés à une collaboration massive, à une propagande d’enfer… et pourtant, ils ont été une poignée à maintenir la flamme, à tenir bon. S’ils ont réussi, rien ne nous empêche de faire de même. Je partage, comme beaucoup, une vision plutôt sombre de notre époque. Mais justement : c’est important de prendre un peu de recul, d’avoir un point de vue un peu éloigné historiquement. S’éloigner de notre époque permet de la surplomber un peu.
En tout cas, cela me paraît utile. Certains – par exemple les gens de l’Encyclopédie des nuisances, que j’apprécie beaucoup– ont dit un jour que, face au désastre total auquel nous sommes confrontés, il valait mieux cultiver son jardin, se retirer. Ils sont ensuite revenus sur cette tentation, car ce n’est pas tenable. Il nous revient de trouver la force de faire autre chose que cultiver notre jardin. Je crois que ce texte peut y contribuer.

Même si on peut émettre quelques doutes quant au modèle qu’il promeut ?

Bien sûr ! Tout ce qui a été appliqué à la suite du programme du CNR (les retraites, la sécu, les nationalisations) a marché en grande partie grâce aux Trente glorieuses : le modèle social progressiste mis en place à la suite du programme du CNR s’est beaucoup construit grâce à la croissance. Donc, grâce à la dégradation de l’environnement et de nos conditions de vie. C’est la grande question, si ce n’est la critique, à porter aux Jours heureux : comment pourrait-on reformuler ce texte aujourd’hui ?

Le texte qui clôt l’ouvrage, rédigé par les membres de l’association, rappelle que nous ne sommes plus du tout dans les mêmes conditions qu’en 1944. Cela avait encore un sens à l’époque d’avoir ce rêve de nationaliser l’énergie, de lancer des grands plans étatiques, de s’appuyer sur les mines, le charbon, de croire que nous allions tous tirer profit des fruits du progrès. Aujourd’hui, la situation a changé, nous ne pouvons plus nourrir les mêmes rêves consistant à partager ensemble les bénéfices de la croissance.
Mais il ne faut pas caricaturer ce texte en le présentant comme l’œuvre de citoyennistes, d’amis du progrès, de la bureaucratie et de la machine étatique, ou de gens faisant trop confiance à l’État pour garantir les libertés publiques. Nous sommes tous pleins de contradictions. L’idée est juste d’essayer d’en avoir le moins possible et de rester cohérent. Justement, Les Jours heureux ont cette force : ils rappellent l’existence de valeurs qui sont toujours vives aujourd’hui : la société dont nous rêvons est toujours une société où, au minimum, « les grandes féodalités financières » ne dirigent pas l’économie, où les travailleurs sont associés aux décisions concernant leur entreprise, où chacun peut avoir accès à des soins de qualité (la Sécu), où toute personne âgée a droit à une retraite correcte, où existe un service public digne de ce nom. Toutes propositions que contenait ce programme. A nous d’aller plus loin.



1 L’association a concocté un programme sur deux jours, avec des projections et conférences, en sus de la marche proprement dite. À consulter ICI.

2 Tu peux consulter ICI l’entretien que Gilles Perret avait accordé à A11.

3 Photo piquée ICI. Que son auteur, à qui je n’ai rien demandé, en soit remercié.

4 Journaliste à MiroirSocial.com.

5 Rédacteur en chef de Fakir et reporter pour Là-Bas si J’y suis.

6 Journaliste à Médiapart.fr.

7 Voici la déclaration complète, issue dans un éditorial de Denis Kessler dans le magazine Challenge du 4 ocotbre 2007 : « Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »

Denis Kessler n’a pas été le seul à l’énoncer aussi ouvertement. En janvier 2008, l’homme d’affaires Charles Beigbeder, patron de Powéo, l’a fait aussi, ce que relevait Jean-Luc Porquet dans sa chronique du Canard. En voici un extrait : « Et puis la semaine dernière, Charles Beigbeder a remis ça. Dans une tribune au JDD (27/1), le pédégé de Poweo a affirmé, l’air de rien, que selon lui le rapport Attali permettrait enfin d’en finir avec cette France « qui continue à vivre sur un modèle fondé en 1946, à partir du programme du Conseil national de la Résistance ». Tiens, tiens. Lui et Kessler, même combat. Charles Beigbeder, le prototype du jeune loup moderne. L’homme qui veut tailler des croupières à EDF en vendant de l’électricité privée aux Français. »

8 Il s’agit d’un discours prononcé le 22 juin 2009, devant le Congrès : « Le modèle républicain reste notre référence commune. Et nous rêvons tous de faire coïncider la logique économique avec cette exigence républicaine. Ce rêve nous vient, pourquoi ne pas le dire, du Conseil National de la Résistance qui, dans les heures les plus sombres de notre histoire, a su rassembler toutes les forces politiques pour forger le pacte social qui allait permettre la renaissance française. Cet héritage est notre héritage commun. »

9 Aux éditions La Découverte.

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10 Ce qui a valu à Sarkozy d’être surnommé L’homme qui rit dans les cimetières par Le Canard. Tu peux consulter la chronique de Jean-Luc Porquet, consacrée à la visite de Sarkozy en 2008, ICI. Et visionner un extrait du film de Gilles Perret (Walter, retour en résistance) ICI, images qui montrent toute l’indécence du comportement présidentiel.

11 Image tirée du film de Gilles Perret, Walter, retour en résistance.

12 Une constance dans l’injure et l’indécence que Jean-Luc Porquet résumait ainsi, en l’une de ses chroniques au Canard : « Le plus fort, c’est que l’insistance de Sarkozy y est pour beaucoup. Deux tours avant le second tour de la présidentielle, il s’invite en grande pompe avec ses copains UMP sur le plateau des Glières, haut lieu de la Résistance, où 105 maquisards ont été massacrés par les nazis. De la pure récupération politique. Un an plus tard, il remet ça et se comporte en parfait goujat dans l’enceinte du cimetière où sont enterrés les maquisards, rigolant et lançant des vannes (Le Canard, 26/3/08). Le 30 avril dernier, il en rajoute une louche : pour sa venue aux Glières, le flicage est digne d’une expédition risquée à La Courneuve… »

13 Les vidéos des interventions de Sophie Wahnich et Suzette Bloch sont consultables ICI.

14 Il s’agit de Jacques Ellul, l’homme qui avait presque tout prévu, aux éditions du Cherche Midi.

15 Non, pas la femme politique, l’autre

16 Image piquée chez Probe.


COMMENTAIRES

 


  • « Aujourd’hui, la situation a changé, nous ne pouvons plus nourrir les mêmes rêves consistant à partager ensemble les bénéfices de la croissance. »

    Je dois être un archéo, un attardé, car je fais toujours ces mêmes rêves...

    • Ce qu’il veut dire, c’est qu’on ne peut plus tabler sur la redistribution des richesses à venir et qu’il faut penser à partager ce qu’il y a déjà, plutôt que ce qui ne viendra qu’à grand prix. Ca a pas mal d’implications au niveau des structures économiques, l’air de rien. La croissance des trente glorieuses permettait de tabler sur le fait qu’en cinq ans, les salaires réels pouvaient augmenter énormément du seul fait de la multiplication des richesses, produits comme capitaux. Ce qui n’est plus le cas.
      On ne peut pas attendre le gâteau suivant pour équilibrer le partage, quoi.
      La droite en déduit qu’il faut arrêter de partager puisqu’il n’y a moins de nouveau gâteaux, déduisons qu’il faut leur piquer les parts qu’ils mettent de côté, pour les mêmes raisons.

      • @ LANCIEN : en fait, ce n’est pas de partage des bénéfices dont il ne faut plus rêver. Mais de baser celui-ci sur une croissance mortifère pour notre environnement et nos modes de vie.

        @ kaos : tu l’as beaucoup mieux expliqué que moi, merci bien.

        « déduisons qu’il faut leur piquer les parts qu’ils mettent de côté, pour les mêmes raisons. »

        Exactement !



  • Je vous lis tous les jours et c’est toujours aussi intéressant fouillé et subtile. Merci Article11 et Ubifaciunt et JBB en particulier.

    Je ne l’ai pas vu dans vos sources alors je le rajoute : le programme du CNR.
    Lisez-le, c’est pas bien long, bien rédigé et très instructif.

    Une petite citation :
    « 3) Afin d’exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l’établissement d’un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d’occupation ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l’armistice par les gouvernements de l’axe et par leurs ressortissants, dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable ; »

    (Inaliénable... mais Sarkozy ne doit pas savoir ce que ça veut dire.)

    Aujourd’hui, il suffit de remplacer l’« axe » par la « finance capitaliste », « l’occupation » par la crise et « l’armistice » par le sauvetage des banques (avec des prêts entre 0 et 1% sans contrepartie voir des participations directes aux capitales (BNP), par comparaison la Grêce aura par le FMI des prêts à taux supérieurs avec des conditions drastiques de casse des acquis sociaux).

    • jeudi 6 mai 2010 à 20h03, par dr maboul référent

      et l’établissement d’un impot progressif sur les bénéfices de l’immigration etc , on dirait que le propos marche aussi dans ce sens ! curieux !

      • jeudi 6 mai 2010 à 21h10, par Big Brother

        et dans les jours heureux, tout le monde pourra apprendre à jouer un instrument de musique
        et celui qui apprendra le piano, on lui tapera pas sur les doigts.

      • vendredi 7 mai 2010 à 10h48, par Dr Maboul

        Et pour les majors du disque :
        « Un impôt progressif sur les bénéfices du piratage... »
        Ca marche aussi.

        Vous êtes encore en train de souligner mes raccourcis foireux monsieur mon référant. Que ferais-je sans vous ? ;)

        Mais ne trouvez-vous pas que ça fasse un beau programme de gauche cette réappropriation de biens par l’Etat ??

        @Big Brother : Quelle bonne idée !!! Ca nous changerait un peu de nos politiques qui ne font que nous jouer du pipeau !

        • @ Dr Maboul : c’est cool si ça t’a plus. Mais c’est Jean-Luc Porquet qu’il faut remercier :-)

          Clair que ça colle parfaitement pour le paragraphe. Maintenant, faudrait mettre la main sur quelques caches d’armes datant de la 2e Guerre mondiale pour metre ça en application.

          @ dr maboul référent : ouais, ça doit pouvoir fonctionner avec pas mal de trucs.

          @ Big Brother : moi, je choisis la grosse caisse. J’ai toujours rêvé de taper comme un boeuf....

          @ Dr Maboul : « ne trouvez-vous pas que ça fasse un beau programme de gauche cette réappropriation de biens par l’Etat ?? »

          L’idée est sympa, ne serait-ce que parce qu’elle signifie en ôter la propriété à ceux qui ont actuellement la haute main dessus. Après, dans la pratique, j’aurais plutôt tendance à mettre l’Etat à bas. Anarchie, autogestion et toutes ces sortes de choses.... :-)



  • je cherche un covoiturage pour m’y rendre ou un transport collectif au depart de REnnes, saint-malo oou Paris ...

    • Pardonnez la dissonance...

      Certes, j’éprouve le plus grand respect pour un homme comme Stéphane Hessel, et je comprends bien comment, en ces temps de détricotage des acquis sociaux, le programme du CNR pourrait avoir des allures de quasi paradis.

      Quoique...

      Quoi que...

      Si l’on ose prendre quelque distance avec les figures imposées de l’héroïsme, si l’on a le mauvais esprit de chercher à voir un peu au-delà, de chercher à comprendre ce qui se jouait à cette époque entre les forces sociales en présence, on ne peut plus se contenter de reprendre tel quel le discours du CNR de façon acritique.
      Période de refondation de l’Etat et du capitalisme au lendemain des gigantesques destructions de la Deuxième Guerre mondiale, la Libération a vu l’alliance touchante du capital et du travail sous la houlette d’une classe bourgeoise encore sonnée par les mauvais choix collaborationnistes d’une partie d’entre ses membres et d’un parti « communiste » (sic), instrument docile de la politique étrangère de l’URSS, pour qui il n’était pas question de s’en prendre de façon radicale au capitalisme et à son Etat, mais seulement d’assurer en son sein la place du prolétariat.
      A cette époque, du fait des nécessités vitales de la reconstruction ("produire, produire, produire, s’écrie Maurice Thorez, lyrique) le salariat se trouve en position relativement favorable pour exiger quelques miettes supplémentaires. Des miettes substantielles, je n’en disconviens pas, mais des miettes quand même. Et lorsque certains gourmands lorgnent un peu trop sur le gâteau, le ministre socialiste de l’Intérieur, le dénommé Jean-Luc Mélanchon, euh.... pardon, Jules Moch, se charge de leur rappeler, par le biais de l’armée et de ses fusils, qu’il y a des limites à la gourmandise.
      Le programme du CNR se présente donc comme ce que pouvait obtenir comme aménagements à sa condition un prolétariat relativement puissant et bien organisé. Mais ce programme de compromis arrangeait également la classe dominante qui avait besoin de moderniser son Etat et de se débarrasser d’une fraction archaïque et inadaptée de son appareil productif. Il faudra attendre encore une quinzaine d’années pour le gaullisme se débarrasse une bonne fois pour toutes du dernier boulet : l’empire colonial, et son plus beau fleuron, l’Algérie.
      Au risque de passer pour un gâte-sauce, je voudrais donc rappeler que ce programme du CNR n’est en rien révolutionnaire, qu’il n’annonce en rien l’abolition du capital et du salariat, la réappropriation de nos vies, la sortie des « eaux glacées du calcul égoïste », mais au contraire le renforcement de la domination capitaliste et étatique par le truchement de la collaboration de classes.

      • vendredi 7 mai 2010 à 11h43, par Big Brother

        à Karib
        JL Porquet a aussi travaillé sur la pwofitation, je veux dire le mouvement du LKP en Guadeloupe

        et un philosophe guadeloupéen s’interroge :
        S’agit-il de lutter contre les profitations ou bien de construire une société sans profitation ?

        donc, je dirais plutôt, aussi, don’t look back, en effet.
        et partons de cette interrogation puisque à notre époque en France, on a au moins la chance de ne pas crever de faim complètement.

        contrer leur méthode sur le lieu de travail même où on résiste le mieux quand on arrive encore à supporter, évidemment, avec une méthode qui n’exclut pas une certaine furie ( et non l’inverse)
        ps :
        cf le témoignage même de l’employé brûlé dans la banque grecque / Jura Libertaire transmis par SQ.BB

      • @Karib : Tout ce que tu dis est juste, mais faudrait pas oublier que c’est l’époque où le capitalisme, en France, a eu un visage presque humain, puisqu’il tenait effectivement une bonne part de ses promesses d’amélioration des conditions de vie. C’est aussi l’époque (jusque dans les années 60) où les Etats-Unis eux-même se permettaient de taxer à hauteur de 90% la plus haute tranche d’imposition. Bref, l’âge d’or de la sociale-démocratie industrielle et de sa nécessaire petite-bourgeoisie salariée.
        Mais comme tu dis, ça n’était pas un paradis révolutionnaire, et les années 68 ne sont pas arrivées par hasard. Si c’est clair qu’on ne peut pas en faire un idéal, on peut mesurer la distance qui nous sépare de cette époque où le règne du Capital était très différent, mais de toute façon, certainement pas reproductible à notre époque.

        • @ Raoul : je ne pourrai m’y rendre et ne peux donc pas t’aider (à part avec ce site-là). Mais : bonne chance.

          @ Karib : tes objections sont bien vues, et le tableau historique est très joliment dressé. Je suis même absolument d’accord sur tout, sauf que...

          Sauf qu’il ne s’agit pas tellement de chanter le modèle du CNR. Enfin... sans doute que si, un peu - au moins dans le cas des auteurs (même si Jean-Luc Porquet devance certaines de ces critiques dans la dernière partihe de l’entretien) ou de l’association. Disons plutôt qu’il ne s’agit pas seulement de ça. Mais qu’il s’agit surtout - au moins dans mon cas - de pointer l’oeuvre de démolition, l’instrumentalisation de l’histoire, la grande revanche du patronat et des milieux d’affaire (même s’ils l’avaient initié depuis lontemps et grignotaient ce qu’on appelle acquis sociaux comme moi des pistaches avec mon rosé). C’est là, dans ce miroir inversé des saloperies libérales (largement initiées par la gauche des années 80), que le programme du CNR m’intéresse : il est un très bon thermomètre de la façon dont nous nous faisons avoir.

          Dernier truc : je suis un grand sentimental, j’aime bien l’idée de « résistance ». :-)

          Et aussi :

          « Au risque de passer pour un gâte-sauce, je voudrais donc rappeler que ce programme du CNR n’est en rien révolutionnaire, qu’il n’annonce en rien l’abolition du capital et du salariat, la réappropriation de nos vies, la sortie des »eaux glacées du calcul égoïste« , mais au contraire le renforcement de la domination capitaliste et étatique par le truchement de la collaboration de classes. »

          Je m’incline avec force (si, si, c’est possible...).

          @ Big Brother : « avec une méthode qui n’exclut pas une certaine furie ( et non l’inverse) »

          Oups...
          Là, je m’en remets à Ubi. C’est lui le spécialiste des citations qui pètent leur mère.

          @ kaos : eheh, on est plutôt sur la même ligne :-)



  • vendredi 7 mai 2010 à 09h57, par AffreuxSale

    « (...)l’époque n’est pas vraiment joyeuse et l’imaginaire plutôt sombre. »

    Merci de nous apporter cette (petite mais Ô combien indispensable) éclaircie.

    Ca « regonfle », exactement !

    Voir en ligne : http://affreuxsalebeteetmechant.20m...



  • Il y a bien que Article Xi qui pouvait nous donner l’immense joie de recevoir l’indispensable Jean-Luc Porquet. Putain que cela fait du bien ! Merci, merci, merci....



  • « le modèle social progressiste mis en place à la suite du programme du CNR s’est beaucoup construit grâce à la croissance ».
    C’est largement le processus inverse qui s’est produit. L’Etat s’est donné les moyens (monétaires, bancaires, industriels principalement) de stimuler et maintenir la croissance. De même, les réformes sociales ont permis une distribution primaire des revenus bien plus efficace que par le passé.
    Il ne faut pas tiquer à l’idée de prendre les prescriptions économiques et sociales du programme du CNR au pied de la lettre.
    Le préambule de notre constitution, élément supérieur de notre droit positif en porte encore la marque : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ».
    Les outils essentiels sont inscrits noir sur blanc, d’une façon claire et concise.
    La lutte la plus urgente passe par la défense intransigeante de nos retraites et certainement pas en noyant ce combat sous une masse de revendications floues et molles.

    • samedi 8 mai 2010 à 12h12, par Big Brother

      le LKP , c’était pas revendications floues et molles mais précisément amalgame dans les revendications.
      et donc des revendications contradictoires, tonton...

      ceci dit, la manière dont le mouvement syndical doit-être conduit est posée.



  • Ben je ne sais pas trop quoi dire, sinon encore merci à vous deux pour cet article et pour le lien...

    Encore beaucoup de nouvelles infos et de livres à lire ...

    Même les gens de droite s’en inquiètent, et notamment les patrons du CAC40

    C’est un signe qui ne trompe pas, mais qui sera Le Brutus ?

    il ne se rend même pas compte

    C’est à ça qu’on le reconnait !

    la résistance n’était composée que de rebelles incontrôlables noyautés par les communistes

    le rebelle a appris à dénoyauter ...

    Eux étaient sous la botte nazie, face à un régime facho

    Dans ce sens, les temps étaient plus difficile mais « l’ennemi » était facilement identifiable ... Ce qui passait avant pour de la barbarie est maintenant montré comme une action humanitaire et « nécessaire » pour la survie du souchien (CRA etc...)

    Alors ?
    « What now » comme dirait Marcellus ?

    La question est et reste, pour moi comme en Grèce à la lumière des évènements de mercredi, de cette nécessité de devoir jouer avec la « limite » entre résistant et terroriste, cette « limite » qui est imposée chaque jours par la répression et le jugement « rendu » sous le grand mot de justice. Car c’est le jugement qui triomphe de nous ...

    Est-il seulement permis se réfugier aux Glières pour pouvoir rêver le temps d’un week-end et passer les 363 autres jours à attendre ? On en discutera là-bas ?

    Voir en ligne : Narodniki

    • Désolé, camarades, je crois que nous ne faisons pas les mêmes rêves. Car à vrai dire, le programme du CNR ne me fait pas du tout, mais alors pas du tout rêver.
      J’ai vécu une grande partie de ma vie dans ce rêve réalisé, et il me fait furieusement penser à cette « Belle Epoque » qui n’était belle que pour certains.

      Ne voyez vous pas la contradiction qui peut exister entre ce rêve de « capitalisme à visage humain » et celui d’un autre monde, en creux dans la dénonciation bien venue du saccage de la planète qui a été si bien mise en valeur sur ce site même ?
      Comment ironiser, à juste titre, sur le politicien Jean-Luc Mélanchon, et caresser ensuite, l’oeil attendri, son programme politique ? Comment se réclamer du meilleur de l’anarchisme et du marxisme, étriller avec bonheur, comme vous le faites si souvent, la fausse contestation, la récupération mollassonne des luttes radicales, et lorgner en même temps vers le capitalisme régulé par l’Etat, puisque c’est à cela que se réduit le programme du CNR ?
      J’ai le sentiment que la casse décomplexée (comme ils disent) de tout le système de protection sociale, l’apologie vulgaire des fondamentaux du capital (le fric, la consommation ostentatoire, le matérialisme le plus grossier), tout cela donne tellement envie de vomir, qu’on en vient à trouver presque désirable ce qui existait avant, à savoir une phase du capitalisme où l’Etat avait su imposer un minimum de protection sociale pour parer à toute velléité de contestation sociale, et diriger l’investissement vers le capital dit « productif. »
      Car à bien y regarder de près, le discours latent derrière le « rêve du CNR », c’est bien ce que développent les authentiques réformistes d’ATTAC, du Parti de Gauche et des derniers lambeaux de stalinisme qui respirent encore sous la forme du PCF : opposer un « bon » capital, productif, orienté vers l’industrie, et un « mauvais » capital, orienté vers la spéculation financière.

      Or il s’agit là d’une illusion. Et d’une illusion qui peut se révéler tragique dans la mesure où elle pourrait permettre de canaliser des luttes dirigées contre le capitalisme, contre l’exploitation, vers l’impasse utopiste d’une possible réforme du capital. Car il faut bien se rendre compte qu’il n’y a nulle contradiction entre capital dit « productif » et capital dit « financier », ce sont là deux faces de la même fausse monnaie, deux moments d’un même processus de valorisation du capital.

      Ici même, sur Article XI, un agronome radical disait fort justement que les gens croient à tort que Peugeot fabrique des voitures, alors que Peugeot fabrique avant tout de l’argent. La voiture n’est qu’un moment évanescent, éphémère, d’un processus de valorisation du capital. L’important est que l’Argent A devienne, après valorisation, A’, et que le processus se poursuive éternellement sur une base à chaque fois élargie.
      Evidemment, cette folie rencontre une série de limites, dont la dernière apparue : la destruction irréversible de la nature.
      C’est donc tout ce processus qu’il s’agit de briser. C’est la production de notre vie, y compris dans sa dimension symbolique confisquée par l’imaginaire du capital qu’il s’agit de retrouver.

      Socialisme ou barbarie, la vieille alternative reste plus que jamais d’actualité, et nul troisième terme, capitalisme régulé, utilement productif, à visage humain, ou que sais-je encore, ne peut plus faire diversion.

      • samedi 8 mai 2010 à 13h44, par Big Brother

        à Karib

        quel fataliste tu fais

        reprends le canard enchaîné de ce mercredi
        un message clair

        crise financière :
        Les Grecs aux Européens :
        « Nous ne sommes pas...vos têtes de Turcs ! »

        donc déjà
        Mésyé !
        Pa fè jé épi tèt an mwen !

      • samedi 8 mai 2010 à 14h34, par Juliette

        J’ai le sentiment que la casse décomplexée (comme ils disent) de tout le système de protection sociale, l’apologie vulgaire des fondamentaux du capital (le fric, la consommation ostentatoire, le matérialisme le plus grossier), tout cela donne tellement envie de vomir, qu’on en vient à trouver presque désirable ce qui existait avant, à savoir une phase du capitalisme où l’Etat avait su imposer un minimum de protection sociale pour parer à toute velléité de contestation sociale, et diriger l’investissement vers le capital dit « productif. »

        Bien d’accord avec toi, Karib, je n’aurais pas mieux dit sur le programme du CNR, et je concorde avec ta discordance, même si j’apprécie tout autant la lecture hebdomadaire de Jean-Luc Porquet que celle d’Article11 (ho c’est pas parce qu’on est potes qu’on va pas discuter hein)...

        Qu’il soit très nécessaire de ne pas laisser réécrire l’histoire et de lutter contre le phagocytage de toute idée, indépendamment de ce qu’elle signifie, par la communication politique et commerciale, c’est certain, et c’est un travail qui a été admirablement conduit, notamment, par le Cvuh. Mais ce ne sont pas des idéaux, des grands sentiments, des héros, qu’il nous faut, et ce retour plus qu’insistant, en ce moment, aux symboles (encore un truc dont on se passe) de la Résistance, est davantage le signe qu’on n’arrive pas à penser le présent et à agir sur lui. Etre vigilant-e-s sur les déformations et les piétinements de l’histoire qu’opèrent nos élites avec une splendide assurance, mille fois oui, mais avoir recours à cette histoire comme à un espoir, une solution, un grand rassemblement oeucuménique-et-citoyen dans la grisaille environnante, ça me laisse assez sceptique... L’époque n’est pas vraiment joyeuse et l’imaginaire plutôt sombre, sans doute, mais il faudrait qu’on aille chercher la fête dans l’avenir plutôt que dans le passé.

        • samedi 8 mai 2010 à 14h40, par Juliette

          nb : comme je ne commente pas souvent les articles, ici ou ailleurs, j’ajoute quand même que ouais ouais c’est vachard de ne commenter que ce avec quoi on n’est pas d’accord, mais enfin vous pouvez imaginer tout ce que j’ai pu applaudir des deux mains par le nombre faramineux de mes non-commentaires ;)

          • samedi 8 mai 2010 à 16h24, par Big Brother

            ah ! enfin un bon spéculateur !

            mon nez renaît.

            • lundi 10 mai 2010 à 10h12, par JBB

              Yep. Désolé d’être à la bourre ; Adoncques :

              @ fred : « On en discutera là-bas ? »

              C’est mal barré. On devait y aller, et puis ça se goupille mal. Tu nous raconteras ?

              @ Karib : encore une fois (ça doit devenir lassant), je suis on-ne-peut-plus-d’accord (si, si, ça s’écrit comme ça) avec ce que tu dis. Mais :

              « J’ai vécu une grande partie de ma vie dans ce rêve réalisé »

              Je ne veux pas répondre à sa place. Mais je crois que ce qui fait rêver Fred est plutôt cette camaraderie-fraternité d’un combat courageux et désespéré (je sais : écrit comme ça, ça fait un brin Malraux dans sa pire période), soit celui de la résistance, que la réalisation technocratique qui en est plus ou moins issue après-guerre. Bref : je crois que vous ne parlez pas de la même chose.

              « Comment ironiser, à juste titre, sur le politicien Jean-Luc Mélanchon, et caresser ensuite, l’oeil attendri, son programme politique ? »

              Outch…

               :-)

              Il y a un décalage, c’est sûr. Je dirais qu’il tient - chez moi - à deux choses - histoire de justifier l’évidente contradiction. De un, je peux être sentimental, irrationnel et impulsif : l’absence de ligne et la volonté de s’ouvrir amène forcément à des contradictions, au moins chez moi (mais ça, je le vis plutôt bien). De deux, je ne crois pas caresser avec tendresse un programme politique social-démocrate (ou pas trop) ; mais je pense pouvoir trouver dans le sort qui lui a été fait ces trente dernières années une clé d’explication du monde actuel. En somme : il ne s’agit pas tant de chanter le passé, mais de comprendre pourquoi notre présent est encore pire que celui-ci.

              « J’ai le sentiment que la casse décomplexée […] donne tellement envie de vomir, qu’on en vient à trouver presque désirable ce qui existait avant, à savoir une phase du capitalisme où l’Etat avait su imposer un minimum de protection sociale pour parer à toute velléité de contestation sociale, et diriger l’investissement vers le capital dit »productif.«  »

              Il y a de ça, sans doute. Mais aussi tout simplement une volonté de déchiffrage.

              Et puis, est-ce parce que ce n’était pas si bien avant qu’il faut accepter qu’ils le détruise, ce modeste avant ? Exemple, le modèle de retraite mis en place après-guerre n’est pas mon idéal politique, mais je suis prêt à me mobiliser pour qu’ils ne le réduisent pas à néant. Parce que ce sera pire ensuite.

              « Socialisme ou barbarie, la vieille alternative reste plus que jamais d’actualité, et nul troisième terme, capitalisme régulé, utilement productif, à visage humain, ou que sais-je encore, ne peut plus faire diversion. »

              Là-aussi, j’approuve, comme les deux paragraphes de ton commentaire qui précédent. Si ce n’est une question : faut-il souhaiter passer par le pire pour arriver au meilleur ? Faut-il souhaiter qu’ils cassent d’abord tout, pour que nous ayons une chance de voir advenir ce que nous espérons tous ?

              @ Juliette : nul besoin de justification, camarade :-)

              Au contraire, il n’est rien de plus souhaitable que le débat. Rien de mieux que des commentaires soulignant de possibles erreurs, des contradictions : c’est comme ça qu’on avance. Ou au moins : c’est comme ça que j’avance. Ça me fait réfléchir et évoluer. Bref, c’est bueno.

              En plus, il n’y a pas là de surprise : tu m’as déjà fait part de tes réticences sur le sujet, et je dois dire que je les trouve plus que convaincantes : c’est cohérent et bien vu. Je crois, d’ailleurs, que c’est quelque chose qui me fait un peu défaut : je resterai toujours un peu incohérent, parfois fluctuant.

              D’ailleurs, là :

              « Mais ce ne sont pas des idéaux, des grands sentiments, des héros, qu’il nous faut, et ce retour plus qu’insistant, en ce moment, aux symboles (encore un truc dont on se passe) de la Résistance, est davantage le signe qu’on n’arrive pas à penser le présent et à agir sur lui. »

              Je m’incline. Tout autant que quand tu invites à trouver « la fête dans l’avenir ». Là est - réellement - la seule chose que nous devrions faire. Mais parfois, on prend des chemins de traverse, on folâtre, on s’égare gentiment. Au fond, c’est un plaisir, aussi, celui d’apprendre et de se perdre un brin. Jusqu’à ce que trois bouteilles de rosé nous remettent d’aplomb. Nostalgiques, parfois ; mais freaks toujours, bourdel !

               :-)

        • dimanche 9 mai 2010 à 18h49, par fred

          à Juliette

          un grand rassemblement oeucuménique-et-citoyen dans la grisaille environnante

          A mon avis cela va un peu plus loin que ça ...

          Perso, je ne vais pas aller aux Glières comme d’autres vont faire une génuflexion devant une sainte relique ...

          Perso, j’ai envie de lâcher, le temps d’un weekend, le clavier, les réu d’antirépression, les mouvements de soutien au dernier embastillé, par ce que j’ai envie de voir et de rencontrer des « gens de base » que je ne croise pas tout les jours et qui disent merde à tout l’appareil de récup « résistants - déportés - ancien combattant - commémoration - mort pour la France » ... et sincèrement, ce n’est pas pour aller un blanc-seing en bas d’un livre ou pour me targuer d’avoir serré la main de Walter Bassan ou d’un autre résistant de 39-45.

          Le Nico est venu en caresser son électorat de base en Alsace, à Colmar, résultat des élections régionales obligent, pour « réparer une injustice » faite à ses yeux à l’Alsace et à la Moselle annexées entre 1940 et 1945 et évoquer le sort des incorporés de force, dixit Le Point ...

          « Les ’malgré-nous’ ne furent pas des traîtres mais au contraire les victimes d’un véritable crime de guerre »

          Cette propension qu’on a ici en Alsace à se mettre au garde à vous et à claquer des talons, ça me gonfle ... j’ai besoin de prendre l’air ... et je ne suis ni traître, ni victime ... ni vieux ;-)

          • lundi 10 mai 2010 à 15h02, par Juliette

            @ fred

            Perso, j’ai envie de lâcher, le temps d’un weekend, le clavier, les réu d’antirépression, les mouvements de soutien au dernier embastillé, par ce que j’ai envie de voir et de rencontrer des « gens de base » que je ne croise pas tout les jours et qui disent merde à tout l’appareil de récup

            oui je comprends bien ça, la nécessité de se retrouver autour de quelque chose de positif, mais autant l’idée évoquée il y a un ou deux mois sur ce site de se retrouver sur le plateau des mille et une vaches me bottait, autant la résurgence plus qu’insistante des références au CNR comme si c’était là notre ultime horizon politique me laisse un peu rêveuse

            @ JBB

            Au fond, c’est un plaisir, aussi, celui d’apprendre et de se perdre un brin. Jusqu’à ce que trois bouteilles de rosé nous remettent d’aplomb. Nostalgiques, parfois ; mais freaks toujours, bourdel !

            hé hé, la divagation c’est tout à fait bien, et de une ça prouve qu’on n’est pas des machines, et de deuze fort heureusement qu’il y a des dissonances, des affinités non partagées, sinon qu’est-ce qu’on se ferait chier

            Freak power ;) !

            • lundi 10 mai 2010 à 20h31, par fred

              à Juliette

              sur le plateau des mille et une vaches me bottait

              ben tu sais, pas de soucis, je met juste cap à l’ouest et on se retrouve aux milles vaches un weekend, et c’est quand tu/veux vous voulez/pouvez, le 15/05 ou un autre. En fait pas besoin de grand tralala ... un point de rencontre suffit !

              notre ultime horizon politique

              J’espère le poursuivre sans jamais l’attraper, comme Theodoros !

      • « Désolé, camarades, je crois que nous ne faisons pas les mêmes rêves. Car à vrai dire, le programme du CNR ne me fait pas du tout, mais alors pas du tout rêver. »
        Nan mais pas de malentendus, l’Etat-providence est en phase de décomposition et c’est pas sa défense ou sa reconstruction qui m’intéresse. Le compromis du CNR a structuré toute notre époque et ça serait quand même pas mal de faire le tri entre ce qui venait de notre bord, et les limites qu’imposaient l’exercice d’un compromis (défavorable, en plus).

        Je ne suis pas nostalgique et je hais particulièrement l’omniprésente apologie de l’industrie réelle face à la finance délirante, et tout le projet fordiste/stalinien (selon le bord) qui va avec.

        Bref, on partage les même cauchemars.

      • Ceux de droite opposés à ceux de gauche dans un texte qui appelle à la rescousse les mannes de la résistance !!!
        Vous n’écoutez pas Juppé, Emmanuelli, Balladur, Strauss-Kahn, Chirac et Huchon qui disent la même chose : un programme en trois points : « Moi,moi,moi » à faire aboutir par emplois fictifs, Urba,Karachi, Mnef, le Japon et l’emploi de Madame. C’est à dire le fric ! Pour entrer dans un parti il faut trouver des sponsors du côté des mutuelles ou sur le trottoir du Fouquets.
        Droite et gauche:même programme, même fric
        A quand une politique délivrée du fric : des candidats locaux qui n’ont pas besoin d’avions de campagne, pas de sondages pourris (par celui qui paye) ou d’affiches dont tout le monde se fout.
        Plus de partis et des campagnes avec seulement l’argent de l’Etat.
        De Gaulle a essayé et ce fut Le Troquer ou....Papon. Alors parler de droite et gauche et appeler la résistance à la rescousse...les derniers qui l’ont vécue se marrent
        Lisez le bouquin du secretaire de Moulin « Alias Caracalla » et vous verrez comment un maurassien , catho intégriste, antisémite a participé au sauvetage de ce qu’il restait de la France avec ses « copains » communistes. ça c’est de l’histoire. Alors Sarko, la droite, la gauche : des nains !
        Porquet a du pain sur la planche pour expliquer qu’il faut un gros casse-pipe (il n’est pas loin ) pour réformer avec des anarcho-résistants de droite ou de gauche e aimant l’ordre et l’humanité



  • dimanche 16 mai 2010 à 20h46, par Sourire

    « Les jours heureux » pour qui ? Pour les Algériens, en tout cas, ce furent des jours malheureux au cours desquels l’ armée et les milices coloniales ont montré que seuls les blancs européens étaient dignes de la liberté.
    Aujourd’hui, les enfants de ces populations colonisées vivent ici et le même regard se porte sur eux avec les mêmes qualificatifs attribués, naguère, à leurs ancêtres.
    Cette nostalgie des « jours heureux » suppose-t-elle l’ appel à reconstruire l’ union sacrée face à un adversaire que seraient les tenants du libéralisme débridé et dans le même temps destinée à mater les descendants de colonisés et à contenir leurs aspirations à plus de justice ?
    Liberté, égalité, fraternité bla bla bla j’ t’ embrouille.

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