vendredi 26 septembre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 10h45, par
21 commentaires
C’est De Gaulle et Marx qu’on ressuscite ! Debout face à la crise, capitaine qui feint de tenir bon la barre, Sarkozy peut jouer à l’homme providentiel sauvant le pays et au gauchiste dénonçant les excès du capitalisme. Un rôle en or, doublé d’une jolie chance à saisir : en lui donnant l’occasion d’effacer son ardoise, le crash est le meilleur allié du président. Chouette !
C’était lui ?
Un autre ?
Pour l’instant, je ne suis encore sûr de rien.
Mais je préfère vous dire que je nourris de grosses réserves sur l’identité de l’individu qui a prononcé le soi-disant discours présidentiel, hier à Toulon.
Très grosses, les réserves.
Vraiment.
Un autre que Nicolas Sarkozy à la tribune ?
Peut-être.
Je pencherais pour un simple sosie.
Mais il pourrait aussi s’agir d’un clone, d’un homme dont la figure a été chirurgicalement modifiée ou d’un illusion d’optique habilement créée.
Bref : ce ne serait pas notre président.
(Vous me direz : ça ne change pas tellement…)
Et j’ignore encore s’il faudrait y voir la main de l’opposition, l’action d’une puissance étrangère hostile, la patte des gauchistes ou un complot islamiste.
Mais je commence à penser qu’on s’est fait manipuler dans les grandes largeurs.
Comment j’ai eu la puce à l’oreille ?
Ben… c’est un rien simple, quand même.
Passe encore que le prétendu Nicolas Sarkozy appelle à la fin des parachutes dorés : ça avait été l’un de ses axes de campagne, voilà plus d’un an et il n’y nulle incohérence à ressortir régulièrement de la naphtaline une promesse non-tenue, tant que les électeurs n’y voient que du feu et qu’ils continuent à braire en choeur, façon chien de Pavlov, à chaque fois qu’on leur ressort le même drapeau rouge.
Mais sur le reste du discours, l’usurpation paraît flagrante.
Tant celui-ci semble avoir été rédigé par Marx et Engels un matin de gueule de bois.
Et que j’invite à « tourner la page du capitalisme financier ».
Et que je propose d’en finir avec « les spéculateurs », les « responsables du désastre » et le « désordre des monnaies ».
Et que je suggère de « refonder le capitalisme ».
Et que je constate que « le marché qui a toujours raison, c’est fini ».
Et que je me fasse prophète altermondialiste en notant qu’une « certaine idée de la mondialisation s’achève avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir ».
Sans déconner…
Qui pourrait vraiment croire que Nicolas Sarkozy, partisan de la libre entreprise sauf à favoriser les riches et les puissants, s’est transformé ainsi, en quelques jours, en un adepte de la régulation financière et en un contempteur du capitalisme débridé ?
Hein ?
Sauf…
Il reste une possibilité que le Sarkozy de Toulon ait été le vrai, l’authentique, le seul.
Hypothèse impliquant que le bonhomme soit si opportuniste et dénué de constance qu’il peut muter de pied en cap en l’espace d’un instant, prêt à dire tout et son contraire.
Et qu’il ait surtout conscience de tenir la chance de sa vie dans cette crise qui s’abat sur la France comme la vérole sur le bas-clergé.
Enorme coup de pouce du destin façon redistribution des cartes.
Qui efface l’ardoise de cette politique menée en dépit du bon sens et au profit des plus riches.
Et l’exonère de toute responsabilité quant à la situation dramatique du pays.
« La crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d’achat… », a feint de prévenir le meneur de revue en se frottant les mains.
Avant d’annoncer une accélération des réformes.
Pourquoi se gêner ?
Si ça tourne encore plus mal, ce sera la faute à la crise.
Et à ces salauds de spéculateurs.
Au bûcher !