ARTICLE11
 
 

vendredi 5 février 2010

Politiques du son

posté à 09h10, par Juliette Volcler
75 commentaires

Le son comme arme [4/4] : le son du pouvoir & les résistances sonores
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L’arme non létale présente pour nos élites l’avantage admirable de pouvoir servir aussi bien sur un champ de bataille que dans les rues des villes : on amorce un premier décryptage pour de futures contre-attaques. Et puis l’objet de ce long article sur le son comme arme n’ayant pas pour objectif de t’abattre mais plutôt de te donner la gnaque, on s’intéresse à quelques premières formes de résistance sonore.

Un article en 4 parties : 1. aspects techniques de l’audition & infrasons - 2. les fréquences moyennes & la musique - 3. les hautes fréquences & ultrasons - 4. le son du pouvoir & les résistances sonores. Et voilà le pdf de l’article complet.

Le son du pouvoir

Ces applications dans la vie quotidienne d’armes initialement développées pour le champ de bataille, caractérisent précisément, selon le chercheur Georges-Henri Bricet des Vallons, une « dualité civile-militaire qui siège au coeur du concept de non-létalité ». Dans « L’arme non létale dans la stratégie militaire des Etats-Unis : imaginaire stratégique et genèse de l’armement »1, Bricet des Vallons évoque l’apparition de ce concept dans les années 1960 et 1970 aux Etats-Unis, « dans un contexte marqué par l’émergence des masses contestataires et des mouvements de défense des droits civiques ». Il en reprend la généalogie à la fois judiciaire (le National Institute of Justice, d’abord intéressé par le « développement d’armes incapacitantes destinées au contrôle des populations civiles, carcérales notamment »), énergétique (département de l’Energie), policière (American Correctionnal Association et National Association of Sheriffs) puis militaire.

La notion de non létalité est ainsi devenue « centrale dans la réflexion militaire sur les conflits asymétriques et la guerre urbaine » - les conflits asymétriques étant ceux qui opposent des forces dont l’organisation, les objectifs, les moyens et les stratégies diffèrent : « présence permanente du média dans le conflit, multiplication des conflits urbains prolongés (Palestine, Liban, Somalie, Côte d’Ivoire, Irak, Afghanistan), dilution de la distinction sémiologique entre militaire et civil, combattants et non-combattants, militaires et paramilitaires... » Pour le chercheur, la caractéristique commune de ces conflits, qui tendent à devenir le « modèle stratégique dominant », est « bien celle de la guerre donnée comme système de contrôle transversal et continuum de force ».

A travers le développement de ces armes non létales, on assiste donc à une mutation de la guerre, qui se veut « propre », et totale : il ne s’agit plus d’éliminer, mais de neutraliser et de contrôler. Bricet des Wallons cite Foucault, sur la biopolitique : « La mise en place [...] de cette grande technologie à double face – anatomique et biologique, individualisante et spécifiante, tournée vers les performances du corps et regardant vers les processus de la vie – caractérise un pouvoir dont la plus haute fonction désormais n’est peut-être plus de tuer mais d’investir la vie de part en part. »2 Et les armes non létales, acoustiques en particulier, favorisent cet « investissement de la vie de part en part », en court-circuitant notamment les oppositions possibles : tout comme la musique rendait la torture socialement plus acceptable, les armes soniques sont « media-friendly », elles passent bien dans les médias : « d’un point de vue politico-militaire, [un tel système d’armes non létales] fournit un argument pour légitimer des opérations qui n’auraient pu l’être avec des armes conventionnelles, tandis que d’un point de vue tactique, il offre aux décideurs sur le terrain une option supplémentaire d’intervention. »3 Cette nouvelle typologie d’armes favorise simultanément le business : les Etats-Unis ont par exemple vendu des LRAD à la Chine4, en dépit de l’interdiction de vente d’armes à ce pays5 depuis le massacre de Tian’anmen en 1989, parce que le constructeur les définit, techniquement, comme des « dispositifs acoustiques » et non comme des « armes ».

Une autre qualité de ce type d’armement pour le pouvoir, est qu’il ne laisse aucune trace visible après usage - pas besoin de nettoyer les rues de la ville après une bataille sonique, et pas besoin non plus de s’inquiéter de protestations de la part des victimes : on peut prouver une blessure causée par une matraque ou un tazer, bien plus difficilement celle d’un LRAD (ou d’un Mosquito). On peut démontrer une nuisance visible, beaucoup moins celle que seule une partie de la population perçoit. L’invisibilité de l’énergie « incapacitante » envoyée par ces armes, voire, dans le cas des infrasons et des ultrasons, l’impossibilité de prendre conscience de leur usage (puisque l’oreille ne les détecte pas), en font également des armes insaisissables, immatérielles et quelque peu mystérieuses. La difficulté à appréhender ces armes, ainsi que la masse de rumeurs conspirationnistes et de constructions paranormales qu’elles suscitent, sont autant d’atouts en leur faveur : cela brouille les informations à leur sujet, et alimente l’effet psychologique dont elles bénéficient.

Les armes soniques sont des armes totalisantes, au sens où elles envoient des ordres qu’on ne peut pas contester : sur le moment, il ne s’agit que d’obéir à la dispersion exigée par le pouvoir, ou à l’interdiction d’accès à une zone donnée. Non seulement aucune espèce de discussion n’est envisageable (il y a une frontière sonore infranchissable), mais aucune contestation n’est possible sur le moment – elle ne peut être que différée, ou se situer sur un autre terrain. Totalisantes, elles le sont également au sens où l’écoute est collective6 : on peut choisir ce qu’on regarde, mais c’est tout le groupe qui partage le même environnement sonore. L’arme sonique brise le collectif et renvoie chacun à son individualité : se protéger, fuir. Elle joue, de manière plus violente, le même rôle que les mobiliers urbains qui visent à individualiser, endiguer et orienter les flux rendus obligatoires : la machine ne tolère aucun blocage, aucun arrêt, aucune gratuité. Les réappropriations et les contournements restent à inventer.

« Un geste sonore passionné » : résistances & contre-attaques

Si les résistances dans la rue à ces armes soniques sont encore à imaginer, il existe quelques premières formes de réponse du côté des businessmen et, surtout, des artisans du son. Dans la série commercialo-ludique, peu après l’apparition des « Mosquitos », était mise en circulation une sonnerie pour téléphone portable du même nom7, basée sur les mêmes fréquences (mais à un niveau sonore très bas, et pour de brèves périodes, donc non douloureuses), que seules les jeunes oreilles peuvent entendre (et donc ni les profs ni les parents). Mais on pourrait difficilement, en termes de contestations, se satisfaire de la capacité du libéralisme à tout absorber et recycler.

« Mosquito », c’est également le titre qu’a donné Olivier Toutlemonde au documentaire sonore (écoutable en ligne) qu’il a consacré au boîtier en 2008. On y entend un échange kafkaïen entre des personnes gênées par les hyperfréquences du Mosquito illégalement installé par une banque d’Ixelles8, en Belgique, et des policiers qui ne les entendent pas et restent incrédules. Au-delà de l’information qu’il transmet sur ce dispositif et sur son impact quotidien, c’est à travers l’usage que lui-même fait du son que le documentariste contre-attaque : à une utilisation sécuritaire et excluante de quelques fréquences, il oppose une création sonore.

Le collectif franco-britannique Battery Operated, qui réunit des artistes vidéo, sonores et multimedia, fait, lui un travail de veille et de contre-information sur les armes soniques. Le projet, baptisé S.P.I.R.A.W.L. (Sound Proofed Institute Researching Acoustic Weapons Logistics, Institut insonorisé de recherche sur la logistique des armes acoustiques), est un documentaire web qui mêle sur différents supports des données brutes sur les armes sonores, et une analyse politique sur leur développement : « Les champs sonores audibles sont cartographiés, gérés, contrôlés, comme le sont les territoires physiques. Mais les fréquences inaudibles constituent une zone libre. Et cette zone libre fait aujourd’hui l’objet d’une surveillance chaotique, sans aucune considération éthique, ce qui n’est pas sans rappeler la « conquête » de l’Ouest américain. C’est dans ce paysage sonore que nous situons notre documentaire et que nous partons à la recherche des frontières que colonisent tranquillement les militaires et les forces de police à travers l’usage d’armes soniques. »

Le collectif espagnol Escoitar, notamment animé par l’anthropologue Chiu Longina et le musicologue Juan-Gil López, a également produit un très riche travail, toujours en cours, sur les armes soniques : une pièce sonore, d’abord, « Sonic Weapons »9, qui déroule une histoire sonore des différentes armes acoustiques (alarmes, hautes fréquences...). L’objectif de cette pièce est double : « D’une part, alerter l’auditeur sur un problème, l’usage du son et de l’audition comme moyens de contrôle, et d’autre part, produire un geste sonore passionné pour défendre les sons et pour exercer sa liberté. » Le site d’Escoitar consacré aux armes soniques développe par ailleurs une base de ressources sur ces armes, et sur les effets du son en général. Enfin, Escoitar fait également des installations et des performances, et réalise des ateliers publics autour des « technologies de contrôle social qui se servent du son pour exercer un pouvoir, une domination, un contrôle, et pour attaquer ou se défendre ». La partie théorique de ces ateliers vise à « réfléchir sur le rôle historique du son et de la musique dans ces mécanismes de contrôle social », et la partie pratique à « écouter la ville les oreilles grandes ouvertes (...), localiser les dispositifs sonores urbains capables d’exercer un pouvoir et un contrôle (...) et cataloguer et cartographier ces mécanismes sur une carte publique. »10 Escoitar travaille ainsi à dévoiler et décrypter les utilisations policières du son, et à développer un usage critique et créatif. Si le pouvoir entend « investir la vie de part en part », on oeuvrera à ce que la vie continue de lui échapper. Dans le domaine sonore comme ailleurs.



1 Georges-Henri Bricet des Vallons, « L’arme non létale dans la stratégie militaire des Etats-Unis : imaginaire stratégique et genèse de l’armement » (Cultures & Conflits n°67, automne 2007)

2 Foucault, Histoire de la sexualité

3 Bricet des Vallons, op. cit.

4 David Hambling, « US Sonic Blasters Sold to China » (Wired, 15/05/2008)

5 Embargo appliqué par l’Union Européenne et les Etats-Unis, non sans quelques désaccords comme en atteste ce dossier de la Mission des Etats-Unis auprès de l’Union Européenne, « Chinese Arms Embargo »

6 Voir, sur ce caractère collectif de l’écoute, Noel García López, « Alarmas y sirenas : sonotopías de la conmoción cotidiana » dans Espacios sonoros, tecnopolítica y vida cotidiana (pdf, Orquesta del Caos, 2005) - on reviendra dans cette rubrique plus précisément sur cet important dossier

7 http://www.teenbuzz.org/fr/

8 La commune d’Ixelles a interdit les Mosquito : Hugues Dorzee, « Faut-il bannir les ultrasons anti-ados ? » (Le Soir, 26/04/2008)

9 également téléchargeable sur http://www.archive.org/details/alg052

10 Escoitar est déjà en train de produire une carte sonore de la Galice (qui ne porte pas spécifiquement sur les dispositifs acoustiques de contrôle) : http://www.escoitar.org/


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 5 février 2010 à 11h41, par monicrob1

    Very haute qualite comme serie, quoiqu’un peu decue par la partie resistance... Concentree sur les detournements artistiques de ces armes sonores. Cela dit les ’forces de l’ordre’ doivent bien avoir des moyens de se proteger... Genre petits bouchons bloquant specifiquement les dites frequences... tout en laissant passer les ordres. Le cas echeant un marche a saisir pour les ingenieux du son....

    • vendredi 5 février 2010 à 11h58, par Juliette Volcler

      merci :) - c’est que des résistances, il n’y en a pas trop pour l’instant, parce que les armes sont nouvelles : dans le domaine du travail industriel, il existe des casques antibruits qui permettent effectivement de filtrer certaines fréquences, mais au niveau d’intensité du Lrad c’est par exemple assez peu efficace... tout ce que j’ai trouvé, en termes de parade, c’est un seul témoignage sur la manif anti G20 de Pittsburgh, où apparemment le conseil de « hurler » circulait, pour rendre le son moins douloureux - mais je ne sais pas 1. si réellement ça peut être efficace, et 2. je n’ai pas trouvé de confirmation sur ce témoignage ; d’autres évoquent la possibilité de se balader en manif avec des sortes de « miroirs soniques » pour renvoyer le son à l’expéditeur, mais une fois encore, ça reste à l’état de fantasme pour l’instant et je doute un peu de l’applicabilité

      pour les actions artistiques, je les trouve importantes, à la fois pour le travail de veille et d’info sur ces armes, et également pour l’aspect activisme sonore - elles rejoignent un mouvement plus large, d’écologie acoustique, qui est né dans les années 1970 mais qui se redéveloppe aujourd’hui, on y reviendra dans cette rubrique

      • samedi 6 février 2010 à 14h13, par desartsonnants

        Si je peux me permettre une remarque, R Murray schaeffer parlait (et parle encore), d’écologie sonore et non d’écologie acoustique. La différence peut paraître minime mais néanmoins, l’écologie acoustique connote plus une écologie d’ordre technique (isolation, matériaux, capotage, design sonore des moteurs et autres réduction de bruits) alors que l’écologie sonore comprend aussi toutes les relations sociales, les formes esthétiques voire au-delà de tout cela une pensée philosophique, au sens large et si possible non excluant du terme.

        GM

        http://desartsonnants.over-blog.com

        NB : Je profite aussi de ce commentaire pour saluer l’éminente et militante activiste des radios libres, ou indépendantes, ou autres, enfin celles qui ne participent pas à une pensée unique radicalement formatée et donc dévastatrice.

        • samedi 6 février 2010 à 17h19, par Juliette Volcler

          très bonne et utile précision, j’ignorais cette distinction - vous n’entendrez plus que le mot « sonore » dans ma bouche (enfin, sous mon clavier...) !

        • Salut à toi, sieur Gilles ! Désolé de te contredire ici, mais il me semble que Raymond Murray Schaffer parle indifféremment d’écologie acoustique – ou plutôt (puisqu’il est anglophone) d’acoustic ecology – et d’écologie sonore, ou sound ecology. D’ailleurs, Schaffer n’est-il pas l’un des fondateurs du World Forum for Acoustic Ecology ? Pour l’avoir lu et entendu, je crois que les deux termes sont sensiblement équivalents dans son esprit. Que cela ne nous empêche pas de leur conférer des valeurs – ou au moins des sensibilités – différentes, si l’envie nous en prend ; car Schaffer n’est ni l’alpha, ni l’oméga de ce vaste champ... en friche, délaissé, contourné... mais il y aurait tant à dire là-dessus !

          Matt *

          PS à Juliette : merci et (encore) bravo pour cette belle série d’articles !

          • mercredi 10 février 2010 à 08h32, par Gilles Malatray

            Matt,
            Sans vouloir polémiquer là où ce n’est pas nécessaire, il me semble qu’à l’origine, The tune of the world parlait plus sound qu’acoustic, les origines musiciennes de MC en étant certainement pour quelque chose. A Lyon, il y a quelques semaines, je n’ai pas vraiment entendu MS parler de Sound Acoustic, si ce n’est effectivement pour citer le Forum mondial.
            Mais surtout, si l’on francise les expressions, il faut que nous restions vigilants sur leur signification au travers du filtre culturel de la langue. L’écologie sonore semble bien être le terme largement accepté pour définir le mouvement post Schaférien dans sa globalité, y compris esthétique. Par contre, l’écologie acoustique se retrouve plus chez les chercheurs de l’université du Maine, du CSTB...
            Quand aux valeurs, on peut évidemment les frotter à d’autres interprétations, y compris celles parfois éloignées des conceptions assez dichotomiques de MS.

            GM
            http://desartsonnants.over-blog.com

            PS : Bravo pour le projet d’écologie culturelle et le n° spécial paysage sonore.

            • jeudi 11 février 2010 à 09h28, par Juliette

              héhé, un beau débat de spécialistes ! d’autant plus honorée que je serai bien incapable d’y participer pour l’instant, mais je vous promets de me préparer pour de futures joutes : The tune of the world attend sagement sur une pile que je me remette des hautes fréquences...

            • jeudi 11 février 2010 à 14h32, par matt

              Je suis d’accord avec toi, notamment sur la signification actuelle en français des termes « écologie acoustique » et « écologie sonore » (même s’il y a des divergences d’interprétation selon les gens). Je voulais surtout pointer leur équivalence originelle... :-)

              Notons aussi que ces termes n’ont pas vraiment une bonne image parmi ceux qui s’intéressent aujourd’hui aux questions du son dans l’environnement. On s’en est bien rendu compte en préparant le numéro 4 de Wild Project : pour de nombreux chercheurs et/ou artistes sonores, tout cela est trop connoté « Schaffer & compagnie » et ça ne les intéresse plus. C’est ce que laisse d’ailleurs entendre Cédric Peyronnet au début de son interview dans cette même revue, peu ou prou.

              Et on peut les comprendre lorsqu’on écoute parler Schafer : lors de la soirée parisienne du 12 janvier au Réfectoire des cordeliers, à l’occasion de la Semaine du son, quelqu’un interrogeait le compositeur en lui demandant s’il changerait quelque chose à son bouquin The Tuning of the World s’il devait le réécrire aujourd’hui. Réponse de Schafer, en gros : à part le titre de la traduction française, je ne changerais rien.

              Je rappelle que ce livre a été publié en 1977... et sa pensée, ses recherches n’ont pas évolué en trente-trois ans ? On peut se poser la question.

              Bon, désolé Juliette, je crois qu’on a bien dévié du sujet de départ de ce forum...

              Bien amicalement,

              Matt

              • jeudi 11 février 2010 à 19h04, par Juliette

                Bon, désolé Juliette, je crois qu’on a bien dévié du sujet de départ de ce forum...

                pas de souci, tout le monde est le bienvenu :) - d’autant que ça ouvre des pistes fort intéressantes

              • dimanche 14 février 2010 à 19h54, par un-e anonyme

                Là nous sommes bien d’accord.
                MS a d’ailleurs fait une assez pitoyable intervention à Lyon, et l’adjectif est faible. De plus, ses conceptions, bien que novatrices à l’époque, ne crachons pas dans la soupe, sont aujourd’hui à relativiser et élargir, et c’est bien normal..
                Mais arrêtons de polluer les résistances sonores par le canal sono-écologique, et là c’est un comble, ou tout au moins un sacré paradoxe.
                En tout cas cette tribune autour du pouvoir des sons ouvre moult pistes et débats à creuser, merci Juliette.

                Gm

                Voir en ligne : http://desartsonnants.over-blog.com



  • vendredi 5 février 2010 à 12h25, par /jmj

    Salut,

    M’est avis que cela doit faire plus de 25 ans que certains artistes travail sur cette problématique.

    Il manque une cinquième partie : « les sons du langage » parce que on utilise aussi une modulation spécifique du son afin de modifier le comportement des personnes voire même de leur inculquer des idées qui ne leur appartiennent pas. Il semblerait même que cette technique, très vieille, utilise une technologie spécifique appelée, aujourd’hui, communication. Ce qui m’amène à ces questions :

    Existerait-il une réelle créativité communicative qui ne serait pas réductible par le biais d’une conception ingénieuse au fonctionnement d’une machine ?

    La machine (ou la mesure) doit-elle être la preuve de la connaissance ?

    En conséquence est-ce que la recherche d’une connaissance ne peut être autre chose que la description du fonctionnement d’une machine afin de prouver la connaissance ?

    Autrement dit si on utilise de manière intentionnelle un son (dans le cadre d’une arme non létale par exemple) cela veut-il dire que la machine fabriquée pour utiliser un type de fréquence est la preuve que nous avons la connaissance de l’utilisation du son ?

    • vendredi 5 février 2010 à 12h42, par Juliette Volcler

      M’est avis que cela doit faire plus de 25 ans que certains artistes travail sur cette problématique.

      sans aucun doute - j’ai cité quelques exemples parmi les plus récents, mais de fait il pourrait y en avoir de multiples autres parmi les artistes sonores, les musiciens, les acousticiens...

      Il manque une cinquième partie : « les sons du langage » parce que on utilise aussi une modulation spécifique du son afin de modifier le comportement des personnes voire même de leur inculquer des idées qui ne leur appartiennent pas.

      vastes et combien intéressantes questions ! d’autant que les publicitaires s’intéressent beaucoup au neuromarketing...

      dans le style, il y a aussi une interview assez édifiante ici à propos de « la construction d’un programme informatique qui permettrait de modifier l’expression d’une phrase »

      • vendredi 5 février 2010 à 13h38, par /jmj

        vastes et combien intéressantes questions ! d’autant que les publicitaires s’intéressent beaucoup au neuromarketing...

        Cela me rappelle les conclusions assez intéressantes de John Gittinger (tristement célèbre pour avoir tenté de manipuler le cerveau des gens) qui finalement affirmait que ce qu’il avait cherché était une illusion, un fantôme. Ce qui a fait échoué toutes ces tentatives de manipulations est l’extrême complexité du cerveau.

        Cela ne m’étonne pas que l’on tente de faire croire que tout est parfaitement contrôlable à partir du moment où on le mesure. C’est continuer à croire que le problème de la finitude des mesures n’est pas un problème, que la science ou les outils scientifiques utilisés à des fins commerciales transforment l’humain en une sorte de machine périodique qui répèterait les mêmes opérations dans un temps donné et selon certaines conditions dans une société qui s’occupe d’assouvir les désirs inconscients des gens à travers le capitalisme et dont la seule activité politique est le vote. Par la même occasion, il y a dénigrement de ces outils scientifiques et les gens qui les fabriquent.

        En somme le neuromarketing utilise les outils de la science pour dire que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest. La science pour vendre du géocentrisme... Pourquoi pas. Reste à prouver si la réduction de l’être humain à une mesure occulte réellement l’inconscient ou permet de le maîtriser.

      • samedi 6 février 2010 à 11h21, par desartsonnants

        Le neuromarketing que vous citez fort justement étant lui-même souvent associé à des techniques dites de « marketing sensoriel », où odorat, vue, toucher, goût et audition sont convoqués pour bâtir des méthodes de ciblage aussi efficaces que pernicieuses.

        GM

        http://desartsonnants.over-blog.com



  • vendredi 5 février 2010 à 14h05, par Soisic

    Une série au final très très intéressante.
    Merci pour ce travail de qualité, aux multiples références et qui nous en met plein les oreilles !

    • vendredi 5 février 2010 à 15h41, par Karib

      Merci à Juliette Volcler pour cette série d’articles passionnants de bout en bout. Et merci à jmj pour les questions qu’il (ou elle) introduit, car au-delà des nouveaux outils de répression que constituent les armes non létales, se pose effectivement le problème des multiples techniques de conditionnement (la muzak des supermarchés n’en étant que l’aspect le plus carricatural) dont on peut se demander, effectivement, si par leurs comiques prétentions scientifiques elles ne redécouvrent pas, ébahies, « que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest. » La grossièreté des techniques de manipulation mentale baptisées « thérapies cognitivo-comportementalistes » tendrait à prouver qu’il ne suffit pas d’éradiquer un symptôme pour éradiquer l’inconscient, et que le furet du désir sait encore se faufiler dans les interstices des machines à décerveler.

    • vendredi 5 février 2010 à 16h11, par Juliette Volcler

      @ Soisic : merci pour l’appréciation - faut remercier ces tarés d’Article XI surtout, qui n’ont pas été rebutés par l’idée d’une rubrique sonore... disons que cette première série était l’occasion d’amorcer le travail autour des questions son & politique, bien stimulée en cela par la lecture de mediateletipos ou des impressionnants weird vibrations

      @Karib : « que le furet du désir sait encore se faufiler dans les interstices des machines à décerveler » - un seul mot : yéééé !

      Bien d’accord aussi avec jmj : « reste à prouver si la réduction de l’être humain à une mesure occulte réellement l’inconscient ou permet de le maîtriser. » - il y a un fantasme du contrôle, plutôt qu’un contrôle réel (même si, je ne vais pas faire dans l’angélisme, le sentiment d’oppression est réel aussi...), comme disait une femme à propos du mur entre le Mexique et les Etats-Unis : « ils peuvent augmenter le mur de 2 mètres, on augmentera nos échelles de 3 mètres »



  • vendredi 5 février 2010 à 21h12, par SL

    donc en fait maintenant on peut plus se regrouper, s’émouvoir, ni gagner dans la rue ?

    • samedi 6 février 2010 à 08h37, par Juliette Volcler

      une amie me disait un peu ça, qu’il faudrait inventer d’autres manières de (se) manifester, que le bon vieux rassemblement à l’ancienne, ça allait au XIXe, mais qu’aujourd’hui ça devenait impraticable, ultra-balisé, inefficace

      laisser les rues aux flics, ce n’est pas très satisfaisant pour autant... ni laisser le pouvoir décider que l’ensemble des lieux de notre vie quotidienne sont des champs de bataille



  • vendredi 5 février 2010 à 23h49, par un-e anonyme

    Mhhhoui... j’suis pas sûr que ça soit une si bonne idée.

    Quand il y aura des images de « manifestants », en grand nombre, à quatre pattes en train de vomir, ou à genoux en train du saigner du nez, ou allongés pris de convulsion... les gens qui vont voire ça vont croire que les « forces de l’ordre » ont utilisé des armes chimiques, biologiques ou radioactives ! Quelque chose qui n’est pas visible à l’œil nu, il n’y a rien de pire. Ça n’aura de limites que la limite de l’imagination des gens. Vous pourrez mettre tous les « reporters » que vous voulez, pour faire une démonstration que ça ne serait soi-disant « pas dangereux » ou « pas mortel »... la majorité des gens continuera de croire à son idée.

    Les « forces de l’ordre » feraient mieux d’utiliser, je ne sais pas moi... des tartes à la crème ? :-)

    • samedi 6 février 2010 à 08h41, par Juliette Volcler

      les gens qui vont voire ça vont croire que les « forces de l’ordre » ont utilisé des armes chimiques, biologiques ou radioactives !

      le pire c’est que souvent les armes non létales sont employées dans toute leur diversité : sur une même manif, il y a effectivement non seulement des armes soniques, mais des armes chimiques etc. (comme en Géorgie récemment)

      Les « forces de l’ordre » feraient mieux d’utiliser, je ne sais pas moi... des tartes à la crème ? :-)

      héhé, ouaips, on aura du répondant :D



  • vendredi 5 février 2010 à 23h50, par fred

    initialement développées pour le champ de bataille

    Pourquoi ne pas quitter ces champs de bataille, ces contre-sommets ?
    Ils ne deviennent que pièges ou nasses propices aux fichages et interpellations.

    se regrouper, s’émouvoir, ni gagner dans la rue

    Regagnons les bois et les campagnes, imaginons un espace propice à accueillir celles et ceux qui se mobiliseraient, une fois n’est pas coutume, pour quelque chose.

    • samedi 6 février 2010 à 01h04, par Sébastien C., facteur d’orgues.

      +1 pour les félicitations à accorder à la qualité de cette série d’articles et aux « tarés » d’Article XIX qui, décidément, ont tant et tant de choses à nous apprendre.

      Mais +1 000 000 à ce dernier commentaire de Fred qui rouvre enfin le domaine des possibles et qui, à l’assourdissement des techniques, répond par le silence du dos tourné, ce seul échappatoire qui ramène à la différence de l’Autre pour ne pas refuser le conflit du Soi.

      Bienvenue dans le silence du plateau de Millevaches.

      • samedi 6 février 2010 à 08h48, par fred

        à Sébastien C., facteur d’orgues.

        Bienvenue dans le silence du plateau de Millevaches

        Ne risque-t-on pas déranger ce silence, si quelque drôle était pris par l’envie singulière de venir y goûter ?

        • samedi 6 février 2010 à 10h10, par Sébastien C., facteur d’orgues.

          C’est que nos mots sont réducteurs pour définir notre verbe commun. En effet, il est plusieurs silences : celui de la musique de la neige qui, au moment ou votre serviteur tape ces lignes, tombe en symphonie fantastique, et celui des fréquences inaudibles qui sont assourdissantes et volontairement destructrices. Sachons ne pas nous tromper de partition pour accueillir les envies singulières des drôles dont les papilles gustatives s’amouracheraient de désir. Puisqu’il est acquis que la richesse des cœurs est inversement proportionnelle à celle du climat, le craquement du feu dans le poële ou la cheminée ne saura être troublé de l’entrebaillement de la porte qui vous fera passer.

          Une des premières réflexions du patois Limousin que les vieux du coin ont appris à l’étranger que je ne suis plus est « chabat’z d’entrar », soit, en bon français : « Finissez donc d’entrer ».

           ;-)

          Voir en ligne : http://smcj.free.fr

          • samedi 6 février 2010 à 17h56, par fred

            à Sébastien C., facteur d’orgues.

            Peut-être que la neige aura fondue, le temps que je puisse prendre quelques jours pour venir vous visiter.

            J’étais certains d’avoir déjà croisé les écrits d’un facteur d’orgue sur plume de presse ;-)

      • samedi 6 février 2010 à 08h52, par Juliette Volcler

        Bienvenue dans le silence du plateau de Millevaches.

        oh que oui, facteur d’orgues, j’y ai goûté une fois, et rencontré effectivement de multiples personnes qui se battent pour quelque chose : c’est un bel espace que vous construisez là

        • samedi 6 février 2010 à 11h08, par Sébastien C., facteur d’orgues.

          [...] c’est un bel espace que vous construisez là

          Merci à vous. Mais ce n’est pas le seul endroit de France et de Navarre ; dans la lutte que nous avons en commun, n’oubliez pas l’espoir ; il est aussi nécessaire qu’évident par l’abondance de sa multiplicité. Il nous faut prendre comme arme le temps, celui-là-même que l’adversité nous refuse en nous le faisant croire perdu. N’oubliez pas non plus que ce sont souvent des Déserts que naissent les terres-promises. _ 

          Plus haut, par vous-même :

          [...] laisser les rues aux flics, ce n’est pas très satisfaisant pour autant... ni laisser le pouvoir décider que l’ensemble des lieux de notre vie quotidienne sont des champs de bataille

          C’est donc à nous de les déplacer, d’inventer autre chose, par exemple dans les bois (quelle que soit leur forme). Et quand le Peuple finira par avoir suffisamment faim pour s’insurger, sans qu’on est besoin de pousser plus avant ce à quoi le pouvoir s’attache, peut-être considérera-t-il alors le prix de ses concessions à la toute-puissance ; c’est à ce moment-là qu’il faudra savoir démontrer le domaine des autres possibles et il ne tient qu’à nous de continuer à nous y attacher. _ 

          Plus bas, toujours par vous :

          [...] actuellement on ne peut que lutter contre une énorme machine [...] commencer réellement, à ce niveau microscopique, la vie qu’on veut.

          Au contraire de ce voudrait nous faire entendre l’énorme machine, la vie n’a jamais été que microscopique, donc abondante et diverse ; imaginer le contraire me semble céder par ignorance à l’oppression. Bien sûr, il est possible d’accumuler les détails (et la multiplication des actions locales n’y manque heureusement pas), mais cela résout finalement peu de choses face à l’asservissement du quotidien... Ce sont les circuits-courts qui re-signifient les individus et allègent l’asphyxie du discours et c’est donc bien parce que les fréquences que vous nous avez si pédagogiquement démontrées sont effectivement inaudibles qu’il est urgent de recommencer à twitter, moins sur le Net (dont il ne faut quand même pas oublier l’avantage et les capacités), que dans le silence des bois qui magnifient le verbe (et non le mot) par leur capacité d’entrer en résonance, au delà-même de ce que nous pouvons, encore, seulement imaginer.

           :-)

          • samedi 6 février 2010 à 11h33, par Juliette Volcler

            N’oubliez pas non plus que ce sont souvent des Déserts que naissent les terres-promises.

            j’avoue me méfier un peu des terres promises, je les préfère sauvages ;)

            C’est donc à nous de les déplacer, d’inventer autre chose

            oui ! c’est d’ailleurs notre force, cette capacité à imaginer, et à vivre : c’est quelque chose à quoi le pouvoir est radicalement étranger

            Au contraire de ce voudrait nous faire entendre l’énorme machine, la vie n’a jamais été que microscopique, donc abondante et diverse.

            bien d’accord !

    • Pourquoi ne pas quitter ces champs de bataille, ces contre-sommets ? Ils ne deviennent que pièges ou nasses propices aux fichages et interpellations.

      C’est vrai, et c’est dommage, c’était un extrement bon moyen de « recruter », une sorte de propagande par le fait, en fait.

      Regagnons les bois et les campagnes, imaginons un espace propice à accueillir celles et ceux qui se mobiliseraient, une fois n’est pas coutume, pour quelque chose.

      ...répond par le silence du dos tourné, ce seul échappatoire qui ramène à la différence de l’Autre pour ne pas refuser le conflit du Soi.

      Entre (1) attaquer frontalement, (2) ne rien faire, ignorer, ou (3) participer, ca reste actuellement une bonne direction à prendre, sinon la meilleure, bien que difficile à mettre en place, pour des questions de financement et de connaissances à acquerir, par exemple.

      • samedi 6 février 2010 à 08h56, par Juliette Volcler

        Entre (1) attaquer frontalement, (2) ne rien faire, ignorer, ou (3) participer, ca reste actuellement une bonne direction à prendre, sinon la meilleure, bien que difficile à mettre en place, pour des questions de financement et de connaissances à acquerir, par exemple.

        questions financements, et alternatives, il y a eu une bien intéressante rencontre récemment...

      • samedi 6 février 2010 à 10h22, par Sébastien C., facteur d’orgues.

        c’était un extrêmement bon moyen de « recruter »

        Il est d’autres endroits. Le Web n’est pas des moindres ; mais il en est bien d’autres : sachons ne pas manquer d’imagination.

        Face au délire de testostérone, attaquer frontalement est clairement hors de portée. Ne rien faire ou ignorer impose l’inhibition de l’agir, donc la dépression et le mal-être du Soi. Tourner le dos ne veut pas dire de ne pas participer, mais simplement changer de logorrhée et, justement, imposer au pouvoir l’absence de bataille, celle-là même qui justifie l’insignifiance de son identité.

        De manière un peu solennelle qui assume son (léger) ridicule, n’oublions-pas le témoignage des anciens : « Résister c’est créer ! Créer c’est résister ! ».

    • samedi 6 février 2010 à 08h48, par Juliette Volcler

      Pourquoi ne pas quitter ces champs de bataille, ces contre-sommets ?

      oui - ce qui est gênant c’est que le pouvoir finit par étendre son territoire jusque dans les moindres interstices, et par nous faire déserter (par rendre déserts) des lieux qui sont les nôtres

      pour quelque chose

      bien d’accord : actuellement on ne peut que lutter contre une énorme machine, et soutenir ensuite les ami-e-s qu’elle a chopé - mais on pourrait répondre par une multiplicité d’actions locales, commencer réellement, à ce niveau microscopique, la vie qu’on veut

      • samedi 6 février 2010 à 12h55, par /jmj

        @juliette

        mais on pourrait répondre par une multiplicité d’actions locales, commencer réellement, à ce niveau microscopique, la vie qu’on veut.

        C’est ce que nous on fait depuis 5 ans dans notre petite ville de 30 000 habitants avec un local alternatif et autogéré (nous ne sommes pas du tout anars surtout pour éviter les querelles de chapelle qui finissent par tout bousiller mais on s’inspire de bon nombre de leurs idées pour le fonctionnement de ce local et, aussi, pour éviter le côté « laisser faire » qui, dans la gestion quotidienne d’un local, obligerait toujours la même personne motivée à tout faire ; les autres attendant que cela se fasse. Au contraire, nous sommes une communauté d’une douzaine de personnes qui travaillent ensemble de manière coordonnée).

        Ce qui fait que nous avons un local convivial où des gens qui ne peuvent pas s’exprimer ailleurs viennent le faire chez nous. Une expérience microscopique qui touche 160 personnes dans notre ville avec des horizons très différents mais cela fonctionne.

        • samedi 6 février 2010 à 13h02, par Juliette Volcler

          et on peut passer vous voir ? faut pas hésiter à m’laisser l’adresse :)

          • samedi 6 février 2010 à 18h13, par fred

            oui - ce qui est gênant c’est que le pouvoir finit par étendre son territoire jusque dans les moindres interstices, et par nous faire déserter (par rendre déserts) des lieux qui sont les nôtres

            on pourrait répondre par une multiplicité d’actions locales, commencer réellement, à ce niveau microscopique, la vie qu’on veut

            dans le silence des bois qui magnifient le verbe (et non le mot) par leur capacité d’entrer en résonance, au delà-même de ce que nous pouvons, encore, seulement imaginer.

            Sans laisser tomber les luttes et les multiples initiatives constructrices d’un idéal au jour le jour, il serait peut-être motivant pour toutes et tous de se retrouver et s’inscrire dans un « pour les Millevaches » ?

            • samedi 6 février 2010 à 18h26, par Juliette Volcler

              héhé, fred, serait-ce que tu te proposerais d’organiser le premier grand meeting intergalactique d’Article 11 sur le plateau ? (c’est les tauliers qui vont être surpris !) :D

              • dimanche 7 février 2010 à 14h48, par fred

                à Juliette

                 :-))

                tu te proposerais d’organiser le premier grand meeting intergalactique d’Article 11 sur le plateau

                Autant il est utile d’utiliser les nouvelles technologie pour communiquer et échanger, autant il est important de rencontrer l’autre ou les autres. Pour moi ça passe beaucoup par là. J’ai besoin de « voir » la(e)e porteu(r)se d’idée. C’est un réflexe instinctif, primaire...
                On peut effectivement partir sur l’idée d’un « meeting », mais il faut ensuite pouvoir se rencontrer en cercle plus petit . Je l’ai encore constaté hier soir aux Épines en parlant avec un petit bout de femme dont les yeux pétillent encore de mille feux . Nous avons échangés sur le doc de Pierre Carles « Ni Vieux Ni Traîtres ». Elle m’a donné son avis, un éclairage qui fait que maintenant j’ai une toute autre vision du film. Rien ne remplace l’échange en tête à tête.

                c’est les tauliers qui vont être surpris !

                Loin de moi l’idée de vouloir surprendre qui que ce soit...

                « Mais ce ne serait pas la première fois que des parents découvriraient après-coup ce qu’ils ont toujours préféré ignorer : les talents cachés de leur progéniture » A. Brossat

                • dimanche 7 février 2010 à 15h24, par Juliette

                  Autant il est utile d’utiliser les nouvelles technologie pour communiquer et échanger, autant il est important de rencontrer l’autre ou les autres.

                  oh que oui !

                  Loin de moi l’idée de vouloir surprendre qui que ce soit...

                  au contraire, c’est très bien : je ne pensais pas que les armes soniques allaient déboucher sur ces mutliples échanges :D

                  • dimanche 7 février 2010 à 17h47, par fred

                    au contraire, c’est très bien : je ne pensais pas que les armes soniques allaient déboucher sur ces multiples échanges :D

                    « L’affaire de T. »a été pour moi le nouveau déclencheur qui a permis d’affirmer et de préciser ce que je n’avais pas encore réussi à formuler et à affirmer « politiquement » toutes ces dernières années...ou à assumer.
                    Sans « Goldene Hackenkralle », je ne serais (peut-être) pas en train de poster sur A11.



  • dimanche 7 février 2010 à 06h21, par Pirate

    Le pouvoir n’a pas eu besoin d’armes sonores ces dernières années pour maitriser les grandes messes contestataires. Le constat semble déjà partagé sur la portée toute symbolique de ces grands rassemblements, alors quelle différence d’avoir quelques uniformes en moins en face ? Les pèlerins auront toujours de belles images à partager sur leurs blogs, des militants brandissant l’étendard du parti-qui-n’est-pas-un-parti, des babas tendant l’autre joue malgré leurs bobos, des silhouettes noires se reflétant sur leur 300€ de vitrine brisée, des teufeurs se déhanchant au rythme de lointaines grenades assourdissantes, tout un chacun alternant les rôles selon son bon vouloir et son ouverture d’esprit. Le symbole, le plaisir et la vie de ces évènements seront toujours présents. L’efficacité toujours pas. Alors pas de quoi en faire tout un fromage.

    Et pour les manifestations plus traditionnelles me direz-vous ? Ca dépend de la tradition. A quoi bon investiraient-ils dans de nouvelles armes pour maitriser des manifestants déjà si bien disciplinés, faisant le tour du pâté de maison selon un chemin bien balisé, où paradoxalement les services d’ordres en arrivent à rappeler aux promeneurs du dimanche qu’ils ne sont pas obligés de marcher sur les trottoirs. Ya plus de pavés ya plus de plage. Reste bien les débats et le pastaga, et encore.

    Inventer de nouvelles formes de luttes ? On l’entend depuis longtemps celle-là, mais de ce que j’en ai vu, ça consiste surtout à ajuster le plan marketing pour créer de nouveaux buzz médiatiques. C’est rigolo, mais c’est du spectacle, toujours du spectacle.
    Alors fuyons tous dans les bois ! Histoire de perdre toute prise sur le monde. Oh je ne dis pas que c’est inutile. De là à y voir une solution, surement pas, fantasme né du désespoir. S’isoler dans un coin paumé, en comptant bien souvent sur le capital accumulé, les dernières aides sociales de l’Etat, la fortune de parents bourgeois, et la production extérieur pour tout ce qui n’est alimentaire... Ce peut être pratique pour appuyer matériellement ceux qui luttent de l’intérieur, pour s’aérer l’esprit, ou pour le troc avec d’improbables usines autogérées. Ca ne va guère plus loin.

    Pas besoin de réinventer la roue, on peut renouer avec les fondamentaux. Avoir une prise sur le monde au lieu de parader. Une manifestation ? Qu’elle soit sauvage, et qu’on soit sauvage ! Gueuler oui, mais en bloquant les flux. Casser oui, mais systématiquement. Une grève menée sans l’espoir fou d’autogestion est une grève sans horizon. Le sabotage, le pillage, la rébellion et l’expropriation, ce sont nos armes, nous n’avons aucune raison de nous en priver. Fantasme révolutionnaire, très certainement je le reconnais. Il faut cependant savoir ce que l’on veut : implorer le pouvoir ou attaquer le pouvoir. Les derniers du CNR ont beau appeler à l’insurrection « pacifique », ils n’en rappellent pas moins que « créer c’est résister » est indissociable de « résister c’est créer ». Pratiquons ce que le pouvoir appelle violence, contre les flux, les marchandises, les structures et la morale.

    Dans ces conditions là, disons que les canons soniques n’éteignent pas les dynamites. Ils peuvent tirer sur une foule, tirer sur un petit groupe, pas sur de nombreux groupes isolés, hors des zones contrôlées. De quoi ne viendrait à bout le courage, la détermination et la décentralisation ?

    • dimanche 7 février 2010 à 11h39, par Juliette

      Je partage une bonne partie de ton analyse - notamment sur le fait que les armes soniques ne changent pas fondamentalement la donne : c’est la poursuite d’une logique amorcée depuis longtemps. Et depuis longtemps on ressasse les mêmes volontés d’inventer autre chose, mais ça n’en finit pas de s’enliser.

      Pour l’éclosion d’une sauvagerie inventive, mille fois oui. Pas élitiste, pas héroïque ou romantique, pas du genre qui fonce tête baissée dans les pièges du pouvoir. Mais du style résolument vivante.

    • dimanche 7 février 2010 à 13h41, par /jmj

      Salut,

      Je ne crois pas que la fuite dans les bois soit une bonne solution pour la seule raison que nous sommes dans une « démocratie » de masse. L’échec des militants, et je m’inclus dedans, est que nous ne savons nous penser en terme de masse. Trouver des solutions alternatives qui concernent quelques personnes est largement insuffisante et ce n’est qu’un cache misère histoire de se dire, c’est bien ça marche.

      Mais que faire de la soixantaine de centrales nucléaires françaises qui produisent de l’énergie en masse ? Que faire des militaires dont le métier est de tourner la clef et d’appuyer sur le bouton puis de se tuer ensuite ?

      Ou alors attendons-nous un scientifique génial qui nous trouve la solution ? Mais alors, c’est la science, le savoir, la connaissance qu’il faut protéger absolument des tentations commerciales non pas soi.



  • mercredi 10 février 2010 à 18h04, par Karl-Groucho Divan

    SaLuBoNjOuR & mErCi pour cette excellente série !

    Yamaha est (ou était, je ne sais où ça en est) détenteur DU brevet génial pour un « tuner » modulation de fréquence. Ce système (modulation de fréquence) nécessite une onde porteuse pour véhiculer les fréquences modulées que nous écoutons avec ravissement. Problème : à l’arrivée, il faut virer cette onde porteuse qui autrement parasiterait absolument l’audition des programmes. Tous les récepteurs ont donc une batterie de filtres. Ceux-ci filtrent fatalement aussi une partie de l’onde portée. Pas chez les petits malins de la marque citée. En effet, dans les récepteurs qu’ils fabriquent est installé... un émetteur qui diffuse l’exacte onde négative de l’onde porteuse : celle-ci se trouve ainsi mathématiquement annulée. Certains fabricants de bagnoles travaillaient à un moment sur un dispositif du même genre pour obtenir le silence seyant aux haut de gamme (des capteurs analysent les bruits parasites qui sont « gommés » par l’émission quasi instantanée de leur onde inverse). Peut-être y a-t-il des recherches à effectuer dans ce sens, mais difficilement accessibles à nous autres, clampins lambda (et de toute manière resterait un léger décalage dans le temps...)).

    Sur John C. Lilly (qui a aussi bossé avec Hoffmann (« synthétiseur » du L.S.D), & avec Richard Feynman, Robert Milliken, Buckminster Fuller, Aldous Huxley, Alan Watts, R. D. Laing, Fritz Perls, etc.) : l’isolation sensorielle a été (après les dauphins !) son terrain de recherche. La théorie en vogue à l’époque était qu’un cerveau ne recevant « rien » n’émettait « rien ». Poussant sa recherche, il est finalement arrivé aux conclusions inverses. On doit encore trouver d’occase un bon bouquin là-dessus : « Le vaisseau d’isolation sensorielle — une révolution dans la recherche sur le cerveau », Dr Paul Gérôme, Éditions Sand, 1985. Il y a eu un mouvement de mode là-dessus, aidé (!) par un article dans « Actuel » 2e manière. Passé cet effet de mode, il est devenu très difficile de pratiquer le caisson. Mais n’enfermons pas Lilly dans le seul côté négatif de l’isolation sensorielle. le résultat de ses travaux se situe finalement à l’exact opposé de la torture blanche. Pour qui lit l’anglais, une recherche sur panet (avec ixquick !) devrait être féconde.

    Millevaches (supplément touristique gratuit & hors sujet) : c’est dans ce revigorant quartier (celui de l’affaire de T. ! Tiens, tiens) qu’on trouve aussi le monument aux morts de Gentioux (Creuse). Un môme en biaude, en sabots et en fonte soigneusement ripolinée, le poing levé, à côté de l’inscription « Maudite soit la guerre ». Un monument qui a attendu son inauguration un certain temps.

    La suite (LES suites... Agir autrement, enfin réinventer, chercher, trouver...) de cette série me fait d’avance frétiller les neurones (enfin, bon, celui qui me reste) et dresser l’oreille !

    Encore merci en tout cas.

    • jeudi 11 février 2010 à 09h23, par Juliette

      hé bien, très intéressantes précisions ! le brevet de Yamaha ressemble fort à la manière dont fonctionnent les casques antibruit actifs, qui ne se contentent pas de « faire tampon » avec la source sonore, mais en annulent la fréquence en lui superposant le signal inverse - avis aux constructeurs de casques très très actifs anti-LRAD...

      quant aux recherches de Lilly, merci pour la référence, je vais m’y plonger ! ne pas l’enfermer dans l’aspect torture blanche : oui, d’autant plus que j’ignore dans quelle mesure il était au courant que ses recherches sur les navigateurs solitaires seraient exploités par la CIA dans un tout autre cadre...

      • jeudi 11 février 2010 à 14h07, par Karl-Groucho Divan

        « avis aux constructeurs de casques très très actifs anti-LRAD »,

        ouïe-mêêê...

        Je n’avais pas assez réfléchi avant de citer Yamaha, puisque les forces du désordre usent de vacheries qui ne s’adressent pas qu’aux oreilles (dans le cas des infrasons). Là il faudrait un équipement aussi lourd (c’est le mot, hu hu) que le leur, en face du leur.

        L’heure du leurre ? Ne fait-on pas finalement leur « jeu » en bouffant de l’énergie là-dessus ? Ne faut-il pas les laisser tout seuls avec leurs sales gros lourds jouets, pendant que nous serons ailleurs, inventant d’autres modes d’action ?

        Garder l’initiative, insaisissables...

        • jeudi 11 février 2010 à 19h09, par Juliette

          Ne fait-on pas finalement leur « jeu » en bouffant de l’énergie là-dessus ?

          si, bien d’accord, d’autant qu’on sera toujours en retard d’une technologie... p’t’être des casques très actifs au sens où ils diffuseraient des sons beaux ou critiques ou les deux ;) - et puis des choses à inventer pour ne pas laisser les rues aux canons hurleurs...

          Garder l’initiative, insaisissables...

          yeah !

          • vendredi 12 février 2010 à 14h57, par un-e anonyme

            Bonjour,

            Est-il possible que vous mettiez un exemplaire du dossier « Le son comme arme » à disposition en fichier .pdf ?

            Bien cordianlement.

          • dimanche 14 février 2010 à 15h03, par Karl-Groucho Divan

            Garder l’initiative, insaisissables...

            En s’éloignant du çon, pour y revenir.

            Une autre (forme d’) action.

            Faire ses provisions.

            Pour deux ou trois mois (gare au scorbut, choisir komyfô).

            Au jour dit (reste à...) chacun chez soi, et on attend, le temps qu’il faut, que tombe ce système ennemi.

            Se contenter de tenter dans une région ou un pays est une garantie d’échec suivi de répression féroce.

            À creuser.

            Et voilà le çon et la radio (et Julieeeeette !) de retour : il n’y aura plus d’internet valable dans ce plan-là.

            Ni de téléphon.

            Reste la bonne « vieille » radio hertzienne.

            Problème, ça fonctionne que dans le sens descendant. Comment faire « remonter » ?

            On creuse ?

            • dimanche 14 février 2010 à 17h23, par Juliette

              yééé, un poème ! ça m’fait rougir tiens :D

              on creuse : ouaips, et comment ! les propositions sur ce forum ne sont pas tombées dans l’oreille de sourds (on en a causé lors de la dernière picole, euh, réunion de rédaction, pardon), quoiqu’on sache pas trop comment s’y prendre pour l’instant

              • mardi 16 février 2010 à 13h50, par Karl-Groucho Divan

                Eh !
                On creuse ?

                C’est bien pour finir par arriver un peu à savoir comment tenter de s’y prendre, que, etc.

                Perso, je suis dans la lointaine (quoique. 1 h de Paris, mépadoné) province.

                Sans caca-strophisme, si on attend que ce soit trop tard, eh ben, tenez-vous bien, cherpubik, il sera... trop tard !

                Nous nous sommes confortablement con ditionnés à la facilité internet, mais qui tient les manettes ? Cépanouh. & à kidonk « appartiennent » les teuyaux ? Cépazanouh..

                On revendiquait « l’outil de production aux travailleurs » (vaste sujet de discussion, revendiquer de s’ex ploiter soi-même ?), mais nulle part je ne voit passer de questionnement sur les réseaux de « communication » (gaffe à ce terme... Ce n’est pas le bon. Ou pas dans n’importe quel sens... me(R)dia non plus n’est pas le). Bon « les réseaux de (...) aux “citoyens” ».

                Nous sommes (presque, hein ?!) dans la situation de résistants velléitaires usant des réseaux que nous prêterait la PropagandStaffel. Euh... Non, non, pas de point Godwin, pas de. Juste une attentive & pointilleuse observation de la situation, patapon (« Créer c’est résister, résister c’est créer » (C.N.R.), absolument. Et je dirais même plus, « Résister se conjugue au présent » (Lucie Aubrac)).

                La question se pose aussi de débattre au grand jour (croiser et tisser un max de liens et d’énergies... Y compris nos (très trop) chères grandes zoreilles), ou, au risque de s’appauvrir et de virer parano et sans garantie de laisser lesdites grandes zàlaporte, une certaine clandestinité ?

                Je pense qu’il y a des attitudes intermédiaires ni parano, ni irresponsables, mais efficaces (sipossib).

                Bref (façon de parler) « On creuse ? »



  • mercredi 17 février 2010 à 13h01, par fred

    quoiqu’on sache pas trop comment s’y prendre pour l’instant

    en tout cas tiens nous au courant !

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