ARTICLE11
 
 

mardi 14 décembre 2010

Invités

posté à 22h29, par Germinal
25 commentaires

Lignes de fuites
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Ils ne sont pas nombreux, les projets qui parviennent à secouer l’ordre du monde sans faire couler le sang. En mettant à nu les mythes fallacieux fondant les démocraties occidentales, Wikileaks fait trembler bien des cliques bureaucratiques et firmes capitalistes. C’est peut-être là, écrit Germinal, un pas décisif vers « l’émergence d’une prise de conscience organisée ». Analyse.

À l’heure où l’animateur principal de Wikileaks est interrogé par la police britannique autour d’une sombre affaire sexuelle impliquant une féministe suédoise, c’est-à-dire au moment où les États, leurs « Justices » et leurs services semblent avoir remporté une bataille contre l’information libre, il est sans doute opportun de rappeler quelques éléments.

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1. L’arrestation de Julian Assange est sans doute contre-productive. Quelle que soit la validité des accusations portées à son encontre, force est de constater que cette opération ressemble tellement à une machination que cela fait du tort aux États qui en ont après lui pour les révélations de Wikileaks.

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2. Les dernières révélations de Wikileaks n’en sont pas vraiment. Dans leur ensemble, elles sont simplement des validations officielles de choses que l’on savait déjà, et c’est donc bien cela qui gêne les États : le fait que leurs vrais-faux secrets soient publiquement validés, plus encore que le fait que leurs secrets de polichinelle soient désormais sur la place publique.
Quel est l’unique effet concret de ces révélations ?
L’impossibilité de continuer à affirmer des vérités officielles, à produire au kilomètre des contre-vérités flagrantes en espérant que quelqu’un les tiendra pour exactes. Le seul véritable changement induit par les révélations de Wikileaks est la sanction désormais définitive du fait que le public croit de moins en moins ce que disent dirigeants de la planète. Il est désormais officiel que toutes les déclarations officielles sont vraisemblablement vides de toute vérité. Chacun le savait déjà, mais c’est désormais vérifiable et validé.

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3. Ce que révèlent les révélations de Wikileaks, c’est moins les faits mis au grand jour que les réactions des uns et des autres. Les seuls personnages qui s’énervent et nient la véracité des révélations sont des dirigeants de pays sous-développés et autoritaires (Turquie, Iran, etc.), qui peuvent encore espérer s’appuyer sur l’ignorance et l’analphabétisme pour convaincre quelques-uns de leur partisans. Les dirigeants occidentaux, et au premier chef, ceux des Etats-Unis, s’en sont immédiatement pris à la prétendue irresponsabilité des animateurs de Wikileaks, et non à l’exactitude de leurs informations. On peut donc en déduire, en toute logique, que l’essentiel de ce qui a été révélé est exact. Et que ce qui pose problème, c’est le fait de valider l’exactitude de ce que chacun imaginait auparavant - c’est-à-dire que les USA traitent le reste du monde comme un champ de manœuvres, jouent les uns contre les autres et se contrefichent du prétendu « droit international » qu’ils brandissent par ailleurs en toute occasion.

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4. Le problème que posent les révélations de Wikileaks, au gouvernement étasunien, ainsi qu’à tous les dirigeants occidentaux et à ceux qui les soutiennent, qu’ils en tirent bénéfice en fin de compte ou non, c’est celui de la publicité du pouvoir. Quelle importance peut bien avoir un secret dont le contenu est déjà plus ou moins connu de tous ? Pourquoi y a-t-il un tel scandale du point de vue des États dans le fait de révéler la véracité de ce que chacun savait confusément ?
C’est bien là l’enjeu. Wikileaks a fait sauter le couvercle du secret d’État. Or ce qui pose problème, ce n’est pas le fait que ce qui était jusque-là secret fut mystérieux, mais le fait justement que ce qui était mis au secret n’a rien de mystérieux ou d’incompréhensible. Mise à part l’énormité de la masse de révélations, rien dans ce que Wikileaks a rendu public n’est au-delà de la capacité de compréhension du commun des mortels occidentaux. Et c’est là le danger, c’est cela qui fait peur aux gouvernants : il n’y avait rien de mystérieux dans le pouvoir des États, et c’est désormais officiel. Il y avait des choses cachées qui confirmaient des choses que chacun pouvait lire dans son journal, et c’est tout.

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5. Si les secrets des gouvernements n’ont rien de mystérieux, s’il faut simplement quelques équipes de journalistes, voire des groupes de simples citoyens volontaires pour mettre en forme les informations en question et les rendre accessibles à tous, alors c’est que le principe même sur lequel s’appuient les gouvernements occidentaux depuis deux siècles environ est un mensonge, et c’est cela que les gouvernements et leurs supporters ne supportent pas. Wikileaks révèle que les démocraties occidentales sont bien moins démocratiques qu’elles ne l’affirment. Et qu’elles mentent sur la nécessité du secret en politique, et sur la nécessité de la spécialisation du pouvoir. Chacun peut s’approprier le sens des révélations de Wikileaks et se faire un point de vue, et c’est cela qui est scandaleux pour les élites sur lesquelles est appuyé le pouvoir en Occident.
Un exemple bien français de cette réaction se trouvaitdans l’article introductif du « Libé des philosophes » (Libération du jeudi 2 décembre 2010), sous la plume d’Élisabeth Roudinesco. Après avoir étrillé maladroitement la « dictature de la transparence », elle en vient à lâcher le fond de sa pensée qui veut « rétablir l’équilibre entre la nécessité du secret, sans quoi aucun État de droit ne saurait exister, et la nécessité d’une certaine rigueur de l’information ». Les élites occidentales qui ont partie liée avec les États ont précisément ce rôle, entre autres : construire, reproduire, en un mot sacraliser le secret qui est au cœur du pouvoir. Il leur faut justifier le fait que les démocraties, fondées par la volonté des masses qui s’étaient appropriées les idéaux des Lumières, se comportent comme les pires régimes féodaux et dictatoriaux dans certains domaines. Les intellectuels sont là pour fournir les arguments qui servent à faire avaler le fait qu’il y ait des limites à la démocratie et à la transparence, à justifier le secret autour des manipulations et autres barbouzeries.
Tout cela s’appuie sur des évidences de géomètres dont le fonctionnement est assez redoutable. Il suffit de prendre l’exemple du nucléaire civil pour voir à quel point l’acceptation du secret est à la fois profondément anti-démocratique et complètement intégrée aux mœurs des démocraties occidentales. Puisque c’est dangereux et connecté à l’appareil militaro-industriel, alors il est bien normal que tout cela ne soit pas sur la place publique, et que ce soit l’affaire de spécialistes qui ne rendent compte à presque personne, c’est évident. C’est bien ce genre d’évidence qui justifie de manière circulaire la spécialisation du pouvoir.
Wikileaks vient de porter un des plus grands coups à cette logique. Et les zélateurs du pouvoir, pris de relative panique, ne reculent devant rien pour défendre les gouvernements, comme le prouve un autre syllogisme du même article de Roudinesco publié dans Libération : «  Bien entendu, cette dictature de la transparence possède deux facettes, l’une positive, l’autre négative. Grâce à elle, les crimes commis par les États peuvent être révélés en temps réel à l’opinion : actes de torture, bavures militaires, crimes, viols, etc. Mais à cause de cette dictature, toutes sortes de discours délirants peuvent se déguiser en énoncés rationnels : négationnisme, complotisme, divulgations de rumeurs, etc. ». Il est très impressionnant de lire ici que la transparence imposée par Wikileaks, dont on a vu qu’elle porte sur des éléments vérifiables et validés par les gouvernements eux-mêmes, puisse d’une façon ou d’une autre apporter du crédit à des théories comme le négationnisme. On serait bien plutôt tenté de penser que c’est le culte du secret entretenu par les États et leurs zélateurs qui donnait jusque-là du grain à moudre aux imbéciles complotistes. Notons au passage que tout ce qui se dresse contre les États risque à un moment ou un autre d’être accusé de faire le jeu du négationnisme, accusation suprême. Et en lisant que « à cause de cette dictature, toutes sortes de discours délirants peuvent se déguiser en énoncés rationnels », difficile de s’empêcher de penser aux accusations actuellement portées contre Julian Assange.

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6. Les révélation de Wikileaks portent un coup sévère aux mythes qui structurent l’édifice des démocraties occidentales depuis leur fondation. Elles sont appuyées sur l’acceptation tacite de l’auto-limitation collective du pouvoir de chacun. Les États qui ont succédé aux « anciens régimes » leur ont repris leurs polices, leurs armées et leurs diplomaties, et surtout leur séparation du pouvoir. Sur la base de consensus immensément plus larges qu’auparavant car issus de révolutions populaires, ils se sont institués (et pas forcément de manière aisée, cela a pris un siècle dans l’hexagone) en représentants de la volonté de chaque peuple. Des transformations énormes ont eu lieu dans ces circonstances nouvelles, et elles s’appuyaient entre autres sur un partage bien plus large du savoir et de la décision. Mais le centre de l’organisation du pouvoir, sa séparation d’avec les masses, la légitimité de sa capacité à entourer de secret son action, ses débats, etc., tout ceci a en fait peu évolué depuis la construction des États modernes, avant les révolutions guidées par les Lumières. Le scandale créé par les révélations de Wikileaks, c’est celui-là, c’est le dévoilement, définitif et validé par la vérifiabilité de chaque élément, du pouvoir dit « démocratique » et de sa profonde faiblesse. Quelques cliques bureaucratiques dominent le monde pour le compte de conglomérats capitalistes, les unes et les autres étant de moins en moins discernables, et continuent de le faire parce qu’une majorité d’occidentaux pensent comme on le leur a appris, et comme on le leur répète à longueur de journée entre deux spots de pub pour EDF et un produit alimentaire frelaté, que c’est bien ainsi, que c’est le bon équilibre, l’État de droit. On vote tous les quatre ou cinq ans pour une nouvelle équipe de « spécialistes » à qui des experts feront des rapports, et tout ira pour le moindre mal.
C’est donc le fait que ce cirque tragique, car il aboutira à terme à la barbarie et à la destruction de la planète, soit encore un peu plus révélé aux occidentaux qui pose problème aux États. Wikileaks fait partie de ce qui pourrait rendre possible l’émergence d’une prise de conscience organisée et active, dont le but serait de renverser la domination d’une minorité de salauds et d’imbéciles sur le monde, c’est un des moments d’une possible révolution démocratique. Et à ce titre il importe de soutenir l’action démocratique de Julian Assange, quelle que soit la véracité de ce dont on l’accuse par ailleurs.


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 15 décembre 2010 à 00h15, par un-e anonyme

    La Turquie n’est pas un pays sous-développé, ni l’Iran. D’ailleurs on ne dit plus « pays sous-développés », ça fait trop raciste. On dit « pays en développement », c’est plus « politiquement correct » ;)

    • mercredi 15 décembre 2010 à 09h23, par Arthur

      C’est marrant, j’ai pensé exactement la même chose à propos du sous-développement affirmé de ces deux pays. Et puis, avec des taux d’alphabétisation de l’ordre de 85 % ou 90 % (source : Unicef), on ne peut pas dire non plus que ce sont des hauts lieux d’ignorance crasse et d’inculture, connaissant un peu l’un de ces deux pays, je peux dire que c’est même tout l’inverse.

      De même, si la démocratie turque est incontestablement autoritaire, la théocratie iranienne est une dictature féroce : ce n’est pas exactement la même chose.

      Le reste de l’article me semble être, hélas ! à l’avenant... Article XI nous a habitué à mieux.

    • mercredi 15 décembre 2010 à 11h10, par Lionel

      Le thème de l’article n’est cependant pas la détermination de l’état de « sous développement » d’une Nation...
      En revanche, la mise en perspective de ces publications avec une possible prise de conscience et de réappropriation de la démocratie, la mise en cause de la ( trop ) célèbre collaboration de la psychanalyse ( une certaine, devrais-je dire ) par l’entremise de sa prêtresse au système capitaliste me parait au contraire tout à fait intéressant !
      Le débat porte tout naturellement sur la légitimation du secret d’État et je suis convaincu que Me Roudinesco qui nous a depuis longtemps habitués à la défense des causes perdues et du mensonge ( Le livre noir de la psychanalyse et ses attaques contre Onfrey... ) doit se sentir bien mal dans ses bottes !

      • mercredi 15 décembre 2010 à 15h59, par Un mot ou deux

        Peut-être que ce n’est pas le thème mais il faut rappeler que les mots sont importants. Et sans dire qu’on va forcément dans le racisme en utilisant pays sous-développé ou en voie de développement ou même sauvage ou primitif tant qu’on y est, on est là dans une qualification ethnocentrique, basée sur des évaluations et des référents des sociétés pas seulement intégrées dans le système capitaliste et de l’économie de marché, mais qui revendiquent ce modèle de développement (ha tiens, on retrouve ce mot polysémique).
        Les mots sont importants et les idées qui sont mobilisés avec le sont autant...

      • jeudi 16 décembre 2010 à 02h05, par thé

        Pour sûr que ce n’est pas le thème, ni le propos, et que, bien sûr, le débat porte sur la légitimation du secret d’Etat ; mais, n’empêche, ces mots sont malvenus, on en attend d’autres de votre part. Vous avez vu ? Ils se sont tous engouffrés dans cette brèche ouverte, qui de l’analphabétisme, qui du féminisme
        Il suffit de presque rien



  • mercredi 15 décembre 2010 à 12h05, par ZeroS

    Je trouve que la partie avec des présupposés sur ce que penseraient certains États de leurs « populations analphabètes » (même symboliquement) est absolument méprisante. Par ailleurs, ça dénote une méconnaissance totale de la société turque et iranienne.

    Petits retours historiques : sans les hordes d’analphabètes (même si le concept n’existait pas), les bourgeois ne se seraient pas imposés lors de la Révolution française. La conscience politique ne passe pas par la capacité à lire. En 1933, les Allemands étaient un peuple éminemment civilisé, et c’est d’autant plus effrayant.

    Aussi, il est probable qu’un pays comme la France ait moins d’analphabètes mais autant - sinon plus - d’abrutis. Et pour le dire franchement, Wikileaks n’a rien appris à personne et ne changera absolument rien à la donne.

    Si les choix géopolitiques des puissances occidentales sont ce qu’ils sont, c’est bien qu’une partie non négligeable des populations de ces pays (nous les premiers) tire son confort de rapports de dominations non transparents. Une partie même de ces populations trouvent ces politiques pragmatiques et légitimes. A chaque sortie du Canard enchaîné, il devrait y avoir des émeutes.

    Cela fait 40 ans que des intellectuels comme Tariq Ali ou Noam Chomski mettent à nu de fausses-vérités sur l’impérialisme américain. Les partis communistes et centrales syndicales occidentaux faisaient peu ou prou la même chose avant les années 60, et rien n’a changé. Seule la violence de la Seconde guerre mondiale et la Guerre froide a permis de rebattre un temps les cartes, en faveur de politiques plus sociales. Par défaut. Il n’a pas fallu 20 ans pour que le complexe État-Capital se remette en marche, sauvagement.

    C’est notre capacité à nous mobiliser et à prendre d’assaut toutes les dimensions de ce complexe qui changera la donne, sans attendre quelques contre-vérités évidentes.



  • mercredi 15 décembre 2010 à 12h38, par Rank

    Je pense que les féministes, les homosexuels, les Kurdes, les Juifs, les ouvriers et plein d’autres minoritaires pourront témoigner du fait que la Turquie et l’Iran ne sont pas au même niveau de développement social, individuel ou autre que les pays occidentaux... Et les deux États sont bien autoritaires.

    • mercredi 15 décembre 2010 à 14h45, par un-e anonyme

      Oui tu as raison. Les féministes, les homosexuels, les juifs, les kurdes, les ouvriers, sans parler des africains et nord-africains ou des rroms, sont vraiment très bien vus dans notre beau pays développé non-autoritaire. Quant à notre niveau de développement social, individuel, etc, je me demande si on peut parler de développement... ou alors c’est du développement à l’envers, de l’enveloppement ?

      • mercredi 15 décembre 2010 à 17h06, par un-e anonyme

        De l’enveloppement, comme les Etats-Unis, ce gros pays bien enveloppé à l’image (d’Epinal) de ses habitants. L’Europe est en voie d’enveloppement.

    • mercredi 15 décembre 2010 à 15h07, par un-e anonyme

      « Wikileaks fait trembler bien des cliques bureaucratiques et firmes capitalistes »

      faut pas les sur-estimer.

      Faut jamais oublier qu’on a affaire à des abrutis qui ne connaissent que le rapport de force.

      • mercredi 15 décembre 2010 à 16h01, par HN

        Hum... Y a des fois, il vaudrait mieux être aveugle/sourd. Concernant les féministes...

        Droit de vote des femmes en Turquie : 1934 (2 dates sur wiki, j’ai pris la plus récente par zèle)

        Droit de vote des femmes en France : 1944

        En effet, pas le même niveau. C’est juste qu’ils sont au-dessus... :-)

        Je crois avoir lu qq part que les femmes sont plus nombreuses dans l’enseignement supérieur en Turquie ou en Iran, voire les deux. A confirmer, j’ai pas trouvé de statistique là dessus.

        Après, est-ce qu’on leur demande de payer leur loyer en nature comme ça se fait couramment avec les étudiantes en France, je ne sais pas trop...

        Et concernant le social, vu la marche arrière en burn sans regarder derrière que le Sarko nous fait faire (bien lancée par ses prédécesseurs), on va pas tarder à être en dessous vu la croissance qu’ils nous mettent dans les dents. En tout cas pour les turcs, il me semble.

        Toujours regarder un dernier coup dans le miroir avant de parler de pays sous-développés.
        A fortiori quand il s’agit de la Turquie et de l’Iran.

        Cdlmt

        • mercredi 15 décembre 2010 à 20h23, par Floréale

          Tout d’abord, « Article XI » n’est pas vraiment l’endroit idéal pour parler de féminisme.

          Ensuite, le féminisme mis à toutes les sauces surtout quand ça n’a rien à voir, c’est un fait éminemment masculin.

          Les domaines où les femmes sont nombreuses sont dévalorisés, c’est bien connu, en Turquie ou en Iran comme ailleurs sans doutes.

          L’exemple du droit de vote des femmes en Turquie est un argument massue typique de l’antiféminisme ordinaire des milieux de gauche islamophiles qu’on trouve souvent sur le net.

          Il valait très certainement mieux être une femme sans droit vote en France qu’avec en Turquie en 1934.
          Vous avez sans doute la mémoire courte, ou alors vous n’étiez pas encore né, mais Yol, ce n’est pas en 1934, ni en 1944, mais en 1982 en Turquie. Et aujourd’hui encore, il vaut mieux être une femme en France qu’en Turquie, pour ne pas parler de l’Iran.

          • jeudi 16 décembre 2010 à 02h52, par thé

            Non, Article XI n’est pas le lieu idéal
            Mais y a-t-il un lieu idéal ou idéalisé où parler des femmes ?
            Le sujet n’était pas le féminisme : pourquoi votre venue ?
            En dehors de votre facilité à hurler sur le web, pensez-vous avoir un meilleur sort, allez, je vais dire soeurs, oui, avez-vous un meilleur sort ?
            Oui, le droit de vote n’est pas tout
            On s’en tape ; voter pour qui
            De tous temps, ça n’a été qu’illusion

          • jeudi 16 décembre 2010 à 10h16, par HN

            L’exemple du droit de vote des femmes en Turquie est un argument massue typique de l’antiféminisme ordinaire des milieux de gauche islamophiles qu’on trouve souvent sur le net.

            Voilà c’est donc ça ! Je dois être un « antiféministe ordinaire des milieux de gauche (je dirais même gauchistes) islamophiles (voire même islamo-gauchistes tiens) »...

            Je me disais aussi, tout ce pus qui se forme sous mes aisselles quand j’en entend parler, ça devait bien avoir une explication... Pour le traitement par contre, à part tabasser une femme voilée, vous préconisez quoi ?

            Pardon pour mes sarcasmes, mais quand on est décrété antiféministe islamomachintruc comme ça pour pas un rond, ça mérite un peu de foutage de gueule et de recul.

            Cdlmt

          • jeudi 16 décembre 2010 à 10h17, par HN

            Tout d’abord, « Article XI » n’est pas vraiment l’endroit idéal pour parler de féminisme.

            Il faut donc que je trouve un milieu autorisé où on s’autorise à penser et fissa.



  • mercredi 15 décembre 2010 à 15h39, par HN

    Je ne vois pas trop l’utilité de préciser l’engagement féministe de la personne accusant Assange (il y avait 2 victimes il me semble), mais concernant cette affaire de viol, j’ai entendu dire que la législation suédoise en matière de viol est assez particulière : http://actu.voila.fr/actualites/documents/2010/12/09/la-loi-suedoise-sur-le-viol-element-cle-de-l-affaire-assange_611869.html.

    En gros, c’est le missionnaire ou la taule : « Et enfin de »coercition illégale« pour avoir utilisé tout le poids de son corps sur elle lors d’une de leurs relations  ».

    Quant à l’article de Libération, en voici une petite descente en flèche pour compléter la vôtre : http://www.acrimed.org/article3499.html.

    Cdlmt



  • mercredi 15 décembre 2010 à 16h50, par Rank

    Et à part le débat sur confort comparé de la vie au Proche-Orient et en Occident, quelqu’un a lu le texte ? Il ne me semble pas que ce soit un plaidoyer pro-occidental...

    • mercredi 15 décembre 2010 à 17h07, par un-e anonyme

      Oui, mais quand les mots puent on a le droit de faire la grimace...

      • mercredi 15 décembre 2010 à 21h50, par Raoul

        Voilà une analyse fouillée, pensée, pertinente et prometteuse. Une ligne de fuite perspectiviste renouvelée. Oui, ça nous change des lignes de cuite des médias de nasse qui nous tombent dessus comme l’assommoir. Vous m’aurez compris au delà de la métaphore, du bon mot et de l’esprit de fête. Je ne parlais que du vin mauvais.

        Superbe démonstration. Un bon millésime ! Oui, avec une telle pensée étayée nous ne pouvons qu’apporter notre soutien à Julien Assange qui aux dernières nouvelles va crécher encore cette nuit en prison et j’en ai bien peur pour encore de longues nuits. L’instrumentalisation de l’affaire sexuelle est un foutu paravent. Oublier de téléphoner à sa partenaire sous prétexte d’avoir baisé un soir sans capote avec une autre est bien évidemment un péché capital puni de la mort léthale par injection, cela va de soi n’est-ce pas ?

        Au pays de la reine Victoria à barbe, on ne saurait plus longtemps tolérer un tel affront. Au delà du fait que cette simple accusation fleure la CIA à plein nez, il est étonnant comment l’instrumentalisation du « féminisme politique » est porté sur les fonds baptismaux de la réaction planétaire. Julien Assange, un sale macho mythomane violeur de femme ? Quel bad trip !

        Il est vrai que depuis le scandale de la pipe que Monica Lewinsky a faite à Bill Clinton pendant que ce dernier faisait bombarder les populations civiles Irakiennes, nous savions à quoi nous pouvions nous attendre...



  • jeudi 16 décembre 2010 à 09h16, par cultive ton jardin

    On croit généralement que maintenir un fait secret, c’est le cacher à presque tout le monde. En réalité, on observe souvent que le secret est CONNU de presque tous. Maintenir le secret, c’est « seulement » interdire d’en parler publiquement. Et ça, c’est énorme, car ça permet à chacun d’entretenir la fiction sans paraître immédiatement ridicule et/ou odieux.

    C’est exactement ce qui se passe avec les « révélations » de Wikileaks : tout le monde le savait, mais voilà qu’on en parle, et ça, c’est terrible.



  • jeudi 16 décembre 2010 à 10h29, par emcee

    Ce billet n’apporte rien de nouveau, sauf des clichés et des a priori qui servent à justifier le propos, à savoir que Julian Assange, en révélant ces dépêches, a accompli une « action démocratique » (de grande ampleur, d’ailleurs, puisqu’il s’agissait de tous les pays occidentaux).

    Exemples :

    Une « sombre affaire sexuelle impliquant une féministe suédoise » : dire que celle qui porte plainte est « féministe », alors que ce n’est pas ce qu’il en ressort dans d’autres articles, qui parlent plutôt de « milieux anticastristes financés par la CIA », n’est pas innocent, car il implique que si elle n’avait pas été « féministe », elle ne se serait pas plainte pour si peu. Les mots ont un sens, les sous-entendus aussi.

    Que la plainte ait été montée de toutes pièces, c’est possible, mais, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de jugement, donc, je ne vois pas comment on peut s’appuyer sur cette hypothèse.

    « Ces »pays ’sous-développés’ … : cela a été contesté par ailleurs et j’adhère à ce qui a été dit. De même, « pays en voie de développement », est également une appréciation toute occidentale, plus hypocrite, c’est tout.

    « … qui peuvent encore espérer s’appuyer sur l’ignorance et l’analphabétisme pour convaincre quelques-uns de leur partisans » : là aussi, une affirmation qui ne se fonde sur rien que sur une intime conviction ... et des préjugés bien entretenus par la propagande occidentale.

    Dire que la Turquie et l’Iran sont des « régimes »autoritaires« , soit. Je voudrais tout de même rappeler que ce sont des républiques (laïque, qui plus est, pour la première). Alors que veut dire cette appréciation »autoritaire«  ? Qu’est-ce qu’une »démocratie autoritaire" ?

    Quant à dire que ces deux pays ont été parmi les seuls à « s’énerver et à nier la véracité des révélations », il eût été fort bien venu de nous donner la source, parce que dans le flot d’informations et de commentaires, je n’ai relevé que le fait qu’ils disaient qu’il y avait eu « manipulation », ce qui est différent, me semble-t-il.

    Ensuite, tout le web vibre de ces « révélations » qui n’en sont pas (puisque c’« est déjà plus ou moins connu de tous »), mais qu’en est-il de la population ? A-t-elle seulement entendu parler de Wikileaks ? On a pensé à interroger les voisins et la famille ?

    Et par qui le grand public a-t-il été informé ? Par la source elle-même et les milliers de câbles en anglais ? Par le Monde, qui a sélectionné ce qu’il voulait publier et éviter de fâcher les autorités ? par les médias audio-visuels qui s’appliquent à étouffer tout ce qui pourrait gêner le pouvoir ?

    Il me semble qu’à partir de là, et en donnant l’exclusivité aux grands médias occidentaux, propriété de grands groupes privés, peu prompts par nature à informer la population, Assange n’a pas atteint l’objectif qu’il s’était assigné.

    Je suppose que pour les prochaines révélations, il rectifiera le tir.

    Dernier point : Pourquoi donc Assange est-il en prison ? Pourquoi ne veut-on pas le libérer sous caution, comme l’indique la loi ? Et si c’était pour le protéger ? Après tout, l’idée ne serait pas plus sotte et grenue que d’autres hypothèses basées sur des postulats subjectifs.

    Alors, si personne ne sait vraiment rien des motivations d’Assange et des autres protagonistes, il me semble que s’en tenir aux faits avérés serait raisonnable en l’état actuel des choses.

    Attendre et voir venir à qui profite tout ça, en fin de compte.

    Voir en ligne : des bassines et du zèle



  • jeudi 16 décembre 2010 à 11h12, par Germinal

    Wow ! Je ne m’attendais pas à une telle avalanche de réactions et surtout pas centrées sur deux éléments périphériques du texte... En me relisant, je pense que j’aurais dû modifier ces parties pour éviter ces messages éruptifs, car visiblement ces détails ont empêché pour certains la lecture du texte. Je pense que les autres lecteurs auront vu que ces éléments sont aux mieux des évidences, au pire des raccourcis ou des citations de ce qui circule actuellement (« une féministe suédoise »), mais que l’essentiel du texte n’est pas décidément pas là. Mon idée était de proposer quelques éléments critiques sur la situation « démocratique » des sociétés occidentales dites « développées », ou « avancées », où l’activité politique et intellectuelle radicale est infiniment plus possible que dans les autres, et pour autant assez peu développée, entre autres raisons à cause d’idéologies consternantes en circulation. Sur vingt et un messages, trois seulement dont celui précédant immédiatement ma propre réponse discutent le fond du texte...

    • jeudi 16 décembre 2010 à 13h27, par un-e anonyme

      OK, Germinal

      « La diplomatie mondiale ? Lâcheté, partouzes et excès de testostérone »

      ref : Mediaprt

      ça résume ce paradoxe.



  • jeudi 16 décembre 2010 à 22h04, par Gilles Delouse

    Le secret, ça favorise les gens vicieux. La transparence, ça favorise les vertueux.

    C’est sans doute ça qui les gêne tous, là-haut...

    Voir en ligne : Poisson Rouge



  • dimanche 19 décembre 2010 à 16h26, par ZeroS

    L’affaire Wikileaks n’a-t-elle pas eu des antécédents historiques ? Des révélations tonitruantes sur les incuries de nos démocraties ont-elles déjà réellement affaibli franchement les élites ? Un peu, certainement.

    Avoir conscience que tel comportement dissimulé est mal est-il agir ? Une démocratie radicale ne peut pas se passer de transparence, mais la volonté de transparence à l’excès et en apparat ne peut-elle pas être aussi l’argument fort en faveur d’une réaction sécuritaire et d’une veille permanente profondément liberticide ?

    Tout dépend certainement de la mesure avec laquelle on apprécie le vivre ensemble, de l’éthique avec laquelle on agit et de la valeur d’usage des biens communs que l’on accepte de partager.

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