vendredi 11 septembre 2009
Médias
posté à 17h39, par
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Un véritable traumatisme, un effroyable coup du destin : RTL, station exemplaire s’il en est, se trouve frappée par l’ignoble pandémie porcine. Alité et à l’article de la mort, son présentateur vedette, Christophe Hondelatte, a dû se résoudre à prendre une semaine de congés maladie. Une information de première bourre, qui a logiquement fait la une des médias. Ça, c’est de l’info !
Je fais une petite chronique hebdomadaire sur la radio libre FPP, le jeudi à 12 h 30. Comme je ne recule devant rien, je te la copie-colle ici. Note que si tu es très courageux, tu as même la possibilité d’écouter l’enregistrement audio. Hop !
Je ne sais pas pour vous.
Mais je trouve ce début de mois de septembre un chouïa triste et morne.
Déplaisant, simplement.
Déjà, et pour être honnête : après les vacances, je ne voulais pas revenir vous dire cette chronique hebdomadaire.
Vraiment pas.
Non pas que je ne sois pas content de revoir Jezabel1, ses petits seins et sa voix à faire fondre les slips.
Non pas - aussi - que je ne sois pas enchanté de pouvoir déblatérer quelques insanités en totale liberté une fois par semaine, l’ivresse du direct, la pression de ces centaines de milliers d’auditeurs à l’écoute - vous, oui vous.
Je disais donc : tout ça, Jezabel, vous, ça me met plutôt en joie.
Et les locaux de FPP aussi, je suis jouasse d’y remettre les pieds.
Alors : me demandez-vous avec anxiété, d’où vient cette petite boule de contrariété qui m’opprime le stomac et me pèse sur le cœur, donnant un léger goût d’amertume à cette rentrée radiophonique qui - sinon - avait tout pour être guillerette et joyeuse, youp-là-là-boum ?
D’abord : je vous remercie d’avoir posé la question.
Et ensuite, que je vous explique : je crois que je suis jaloux.
Je m’en suis rendu compte en lisant les dépêches consacrées à une information de première bourre, essentielle, majeure, fondamentale.
La nouvelle, c’est que Christophe Hondelatte, journaliste vedette de RTL, est malade, frappé par la pandémie, qu’il a choppé H1N1, qu’on lui a refilé un arrêt maladie d’une semaine et que je ne suis pas tout à fait sûr de pouvoir survivre sans sa douce voix, ma préférée sur une radio apôtre du bon goût et qui compte un nombre si incroyable de talent qu’à côté le Parti socialiste fait figure de médiocre écurie intellectuelle,c’est dire ;
en passant, je remarque qu’entre la peste bubonique de Hondelatte et la mort de Sim - si vite décédé qu’on le surnomme désormais Sim Fast - , RTL n’est pas vraiment à la fête en ce moment, de quoi se demander si une abominable malédiction ne pèse pas sur cette glorieuse radio, j’en tremble, ce serait vraiment infâme.
Christophe Hondelatte a donc H1N1, nous révèle, en grand titre et entre autres médias, Le Parisien ;
et on notera en passant combien les médias sont à la fête avec l’épidémie : comme elle est censée frapper tout le monde et n’importe qui - même les journalistes, c’est incroyable - , ceux-ci n’ont plus à sortir de leur rédaction pour réaliser leurs sujets et on voit se multiplier les articles façon : « machin-truc, secrétaire-dactylo stagiaire au sein de notre rédaction, 3e étage, bureau 105 b, porte du fond, raconte sa grippe porcine, un témoignage émouvant et profond, la pandémie comme vous ne l’avez jamais lue » ;
et machin truc, secrétaire-dactylo stagiaire au sein de la rédaction, 3e étage, bureau 105 b, porte du fond, de tartiner cinq pages sur ses poussées de fièvre, le masque qu’elle doit porter, ses difficultés à rouler de gros pâlots à son amoureux avec - c’est dur de passer la langue à travers le tissu - et la façon dont tout les autres membres de la rédaction la matent avec méfiance et l’évitent, de peur de chopper H1N1 ;
du grand, du vrai, du bon journalisme, donc, de celui qui vous met sur les rangs pour le Pulitzer tout en vous permettant de ne pas vous remuer le cul.
Bref, reprenons : Christophe Hondelatte a la fièvre et Le Parisien souligne, en évoquant les mesures prises contre la pandémie par RTL, que « les sept studios de la station sont régulièrement nettoyés. »
Avant d’expliquer que « chaque intervenant dispose de ses bonnettes personnelles pour coiffer le micro qu’il utilise ».
C’est là que je proteste.
Que je m’insurge.
Et que je vindicative.
De un, et puisqu’il faut faire la comparaison avec RTL, FPP n’a pas sept studios, mais un seul, et je doute honnêtement qu’il soit régulièrement nettoyé ; peut-être une fois par mois à tout casser, mais davantage ça me laisserait comme deux ronds de flan ; c’est d’ailleurs tout l’inconvénient des lieux en autogestion, y a pas de femme de ménage, personne ne nettoie rien mais la responsabilité de la saleté est collective.
De deux - et c’est bien pire - j’ai beau regarder le micro sous toutes ses coutures, par au-dessus, par en-dessous, de face ou de profil, j’ai beau le scruter en long, en large et en sous-cutané, je ne vois aucune bonnette pour le coiffer.
Il est là, vaguement menaçant, sans rien pour recouvrir la feutrine, le truc est totalement nu, inquiétant.
Et je crains fort qu’il soit un véritable nid pandémique, l’équivalent d’un joyeux parc d’attraction pour un virus qui, de postillons en coups de langue, de bouffées d’haleine fétide en renvois avariés, se reproduit gaiement et contamine toute le monde.
Peut-être même qu’en ce moment où je vous parle, là, tout de suite, à cette seconde précise, une saloperie de bactérie de grippe porcine est en train de prendre son élan sur ce fichu micro sans bonnette, qu’elle se ramasse sur ses petites jambes, qu’elle bondit magnifiquement, toute en impulsion et en extension, qu’elle se rattrape in-extremis à mes poils de barbiche, qu’elle s’y balance un peu, accrochée d’une main façon Indiana Jones, qu’elle remonte difficilement le long du poil, qu’elle parvient à mon menton, qu’elle souffle un grand coup et reprend sa respiration, qu’elle atteint mes lèvres et, hop, qu’elle rentre à l’intérieur de ma bouche, pousse un grand cri de jouissance et fait pipi partout sur ma langue, histoire d’être sûre de m’avoir contaminé dans les grandes largeurs.
Je ne doute pas, alors, une fois que je serai mourant au fond de mon lit, infecté et tremblant, à l’article de la mort et réclamant désespérément ma dose de Tamiflu, donnez-m’en un peu, juste encore un peu, que FPP fera un super sujet, façon machin-truc, chroniqueur stagiaire bénévole à l’essai chez nous, a choppé H1N1, on vous propose un témoignage émouvant et profond sur la pandémie vue de l’intérieur.
Mais voilà : moi, je ne veux pas souffrir.
Et je veux encore moins mourir pour la seule et unique raison que FPP a choisi de faire des économies de bout de bonnettes et s’est refusée à foutre des protections amovibles sur ses micros, c’est trop con.
C’est dit : je me casse à RTL, bordel de merde.
Christophe, mon amour, attends-moi, j’arrive !