mardi 7 octobre 2008
Le Charançon Libéré
posté à 09h59, par
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Elle a décidé de prendre le taureau par les cornes, de taper du poing sur la table et d’agir avec fermeté. Qu’on se le dise : Laurence Parisot supprime les parachutes dorés pour les patrons incompétents ! Prête à tout pour faire respecter cette décision, la patronne du Médef se propose même d’inscrire l’interdiction… dans un code de bonne conduite. Sûr que les patrons voyous doivent trembler…
Partout, son monde s’effondre.
Les traders s’affolent et se rongent les mains, après s’être mangés ongles et doigts ; bientôt, ils se dévoreront les jambes et disparaîtront corps et biens, ne laissant derrière eux qu’un vague halo de peur et beaucoup de mauvaises odeurs.
Les banquiers courent en rond comme des lapins rendus fous, yeux devenus rouge vifs à force de fixer leurs portefeuilles vides, s’interpellant les uns et les autres en quête de ces liquidités qu’ils ne dénicheront pas plus que leur camarade d’Alice au Pays des Merveilles ne réussissait à trouver le temps juste.
Les patrons se prennent mutuellement le pouls, s’auscultant les uns les les autres avec gravité et compoction en une sarabande sans fin, aussi pressés qu’inquiets de découvrir chez les autres ce vers qui est déjà dans leur fruit.
Les autorités monétaires n’en peuvent mais, se contentant de signer des chèques à tire-larigot avec tellement de zéros au bout que traders, banquiers et patrons sont convaincus qu’ils finiront pas se révéler de bois.
Bref : la crise, le krach, l’effondrement final.
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Dans ce sauve-qui-peut général, il faut rendre gloire à Laurence Parisot.
Louer son sang froid.
Et célébrer son sens tactique.
Tant la sainte-patronne du Medef ne se laisse pas gagner par la panique.
Reste droite dans ses bottes.
Et poursuit ses petites magouilles en forme de défense de ceux qui l’ont choisie comme berger.
Comme si de rien n’était.
Et toujours décidée à agiter les mêmes miroirs aux alouettes.
La classe…
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Hier donc, Laurence Parisot se faisait chevalier blanc.
Annonçait qu’elle mettait fin aux parachutes dorés.
Et présentait un texte, largement repris dans la presse, interdisant à un patron ayant échoué de toucher une indemnité de départ.
Une bonne chose ?
Oh oui.
Bien sûr.
Génial !
Si ce n’est qu’il ne s’agit que d’un code de gouvernance, dont l’application sera soumise au bon vouloir des intéressés.
Et que Laurence Parisot freine des quatre pattes et du museau devant l’éventualité d’en faire une loi, affirmant doctement : « Chacun sait que dans ce domaine, pour être efficace, mieux vaut éviter toute législation. La loi a toujours eu des conséquences qu’on ne prévoyait pas au départ, qui aggravent la situation. »
(Sic…)
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Plutôt de se demander comment la loi pourrait aggraver la situation en matière de parachutes dorés…
Avec une loi, les patrons incompétents toucheraient encore plus de pépètes ?
Et que de souligner combien un code de gouvernance, attrape-gogos auquel personne ne croit, ne changera rien à la situation…
MédiaPart le démontrait il y a quelques jours avec un excellent article sur les parachutes dorés que Sanofi vient de décider d’accorder à son patron sur le départ et à celui qui le remplace, alors même que le groupe a lancé un plan social de 927 licenciements.
Démissionnaire, Gérard Le Fur a reçu un parachute doré de 2,7 millions d’euros, le versement d’une clause de non-concurrence de 100 000 euros par mois jusqu’en décembre 2010 et le maintien d’un salaire de 50 000 euros par mois pendant trente mois. Quant au nouveau patron, Chris Viehbacher, il peut se targuer d’un salaire confortable (1,2 millions d’euros de rémunération fixe), d’un prime de bienvenue de 2,4 millions d’euros et de 65 000 actions gratuites (soit 3,1 millions d’euros).
Des cadeaux effectués alors même que le débat sur les parachutes dorés, relancé par Nicolas Sarkozy, battait son plein, que le capitalisme débridé n’avait jamais été autant remis en question et que le groupe licenciait à tout-va… Autant dire qu’un code de bonne conduite aura autant d’efficacité qu’une cautère sur une jambe de bois tant ces gens-là se fichent de la morale et de la bienséance comme de leur première action Eurotunnel…
On se contentera de noter que cette nouvelle sortie de Laurence Parisot prouve combien la dame n’a rien compris à ce qui est en train de se passer.
Perfide baratineuse qui pense que les mêmes mensonges, ressortis à intervalles régulières, peuvent encore avoir une quelconque efficacité.
Et bien piètre analyste, qui imagine qu’une ou deux mesurettes suffiront à endiguer la colère et la vindicte populaires contre ces excès d’un capitalisme débridé que plus personne ne peut prétendre ignorer.
Du vent !