mercredi 28 juillet 2010
Vers le papier ?
posté à 21h14, par
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Un mois pour souffler, s’aérer les méninges, comploter et préparer la version papier. Loin du net, loin du vampire quotidien A.11. Jusqu’à fin août, le site clapotera donc dans les limbes, éteint pour une pause estivale. Mais si on hiberne, c’est aussi pour revenir plus affutés, canines étincelantes et griffes lustrées. Bref : un petit mois, et puis on passe méchamment aux choses sérieuses. Boum.
Bientôt deux ans qu’on mitonne Article11, qu’on s’acharne à publier un article quotidien contre vents (gueules de bois) et marées (pannes d’inspiration). Parfois, le plus souvent même, ça roule comme sur des roulettes, et faire vivre le site est un réel plaisir, quadrature bien huilée. D’autres fois, ça grince un peu, ça gène aux entournures, il faut passer en force. Il y a des billets plus précipités que d’autres, certains dont on est moins fiers, des textes qu’on aurait préféré laisser mijoter plus longtemps si ce n’était ce petit chronomètre grignoteur de neurones ânonnant « ce soir à 23 h 59 au plus tard, il faut qu’il y ait un billet sur le site ». De cette contrainte fixée dès le départ (un billet quotidien, sauf jour du seigneur), on a tout lieu de se réjouir : des bras cassés de notre trempe ont besoin de se fixer quelques contraintes s’ils ne veulent pas s’abandonner à la paresse caractérisée. Et pourtant, parfois, rarement mais quand même, c’est un peu difficile2.
Rien de plus normal, après tout. Tant que l’on fonctionne de manière artisanale, au carburant humain, il ne peut que y avoir des phases avec et des phases sans. Généralement, on se débrouille (magie) pour que nos phases de démotivation ne coïncident pas, pour que si Ubi déprime, Lémi rayonne, si JBB gît au fond du trou, Ben décolle, si Juliette est ensevelie sous les contingences, Quadru déboule, et ainsi de suite. Mais ce n’est pas toujours si simple. Ce sera d’ailleurs un des grands défis de la version papier : maintenir la motivation à fond les ballons, envoyer du steak qu’il pleuve ou qu’il vente, qu’il canicule des neurones ou qu’il frisquette moralement. Que chaque nouveau numéro soit marqué du sceau du yahou collectif, de l’enthousiasme glapissant. On se l’est tous promis : pas question de se bouffer le nez autour du projet, de tirer grise mine à chaque échéance en se bourrant de tranxène pour compenser. D’autant qu’en passant au papier, on s’offre une autre échelle temporelle : au lieu de penser au jour le jour, on aura le luxe d’aviser mois par mois (en ce qui concerne le papier, en tout cas), de pouvoir prendre un tantinet de recul.
Bref, avant le grand saut dans l’incertitude papier (horizon octobre, si tout roule joyeusement), on s’est dit qu’il serait bienvenu de s’accorder un moment pour recharger les batteries. Que si l’on ne voulait pas mourir à la tâche, au champ d’honneur du stakhanovisme article11ien, il fallait relâcher la pression un moment, courir batifoler une dernière fois avant la grande explication. Pour certains, ce sera jet-ski et université d’été du PS ; pour d’autres, mots croisés d’ultra-gauche et tricotage ; pour les derniers, canotage avec Ana Karina et dynamite devant l’horizon marin… Chacun rivé à sa passion, une dernière fois avant l’hallali-rentrée.
À l’heure où d’admirables confrères/compadres de lucha se retrouvent sous le feu de la loi, on ne voudrait pas s’absenter trop longtemps. Qu’on ne soit pas oubliés, que nous aussi on écope d’un procès incessamment sous bientôt. Question d’honneur. Du coup, on ne s’interrompt qu’un mois, jusque fin août, ce genre. Et déjà, on peut te promettre qu’à la rentrée, Article11 glapira méchamment dans les parterres, TNT style.
En ce qui te concerne, ami lecteur, on te souhaite de roucouler au soleil en plaisante compagnie et d’oublier un moment les grisailleries de l’époque. On va avoir besoin de toi en pleine forme dès la rentrée, conscription A.11 oblige. Hop, joyeuses (f)estivités et à très bientôt.
1 Tu l’auras reconnu de toi même, sagace lecteur, mais on précise au cas où un cinéphobe se serait glissé dans la salle : les images de ce billets sont tirées de Pierrot le fou, de Godard.
2 Ainsi de ces deux dernières semaines où, une fois n’est pas coutume, nous n’avons pas respecté le Contrat de confiance Darty-style paraphé par l’équipe A.11.