jeudi 30 avril 2009
Le Charançon Libéré
posté à 14h47, par
34 commentaires
Ça devient lassant. Pas un jour sans que Val ne dégaine une nouvelle fourberie, sans qu’il ne se plonge avec délice dans la bassesse la plus flagrante. Quasiment le jour où sa nomination à la tête de France Inter est confirmée, Charlie Hebdo chourave à son concurrent, Siné Hebdo, l’idée d’une pétition contre le délit de solidarité. Mesquin et bas. Dans la lignée Val, quoi.
La radio libre FPP m’a gentiment proposé de faire une petite chronique hebdomadaire, le jeudi à 12 h 30. Comme je ne recule devant rien, je vous la copie-colle ici. Innovation (on est moderne ou on l’est pas…), les plus audacieux d’entre vous peuvent même écouter le fichier audio. Hop !
Bonjour à toutes, bonjour à tous.
Je ne sais pas si ça s’entend.
Mais je suis tout tremblant et en sueur.
Frissonnant et effrayé.
Aux abois, carrément.
Je vous vois venir : ce n’est pas la grippe aviaire-porcine-mexicaine.
Et je ne suis pas malade, du moins pas encore.
Non, si je tremble ainsi, c’est que je viens de croiser une figure de haut, très haut rang dans les couloirs de FPP.
Qui m’a regardé un brin en-dessous, l’air méchant et manipulateur.
Et que je me demande si le bonhomme, qui enchaîne les succès professionnels ces temps-ci, n’aurait pas été nommé nouveau directeur d’antenne sur la radio, le bougre s’y entendant à étendre son pouvoir sur les ondes.
Il faut que j’avoue : j’ai un peu manqué de réflexe quand il a passé la porte d’entrée.
J’aurais dû lui sauter sur le râble, mais j’ai été un peu impressionné par ses dents qui rayaient le parquet.
Effrayé par la tête de Siné en réduction - sur le mode Jivaro - qu’il portait en sautoir autour du cou.
Calmé par la carte tricolore - façon agent spécial en entrisme politique et agitation mensongère - qu’il brandissait d’une main comme un flingue symbolique.
Effarouché par le petit portrait de Sarkozy qu’il affichait à l’épaule, avec le grade afférent de colonel élyséen.
Et dégoûté par le tee-shirt « Shoot all the musulmans, fucking motherfuckers » qui enserrait son torse musclé de cadre dynamique dans le vent.
Bref, je n’ai rien fait.
Et je le regrette, tant je n’aurai sans doute plus guère d’occasion de dire à Philippe Val ce que je pense de sa morne existence et de son parcours douteux.
Il me reste une consolation : croiser les doigts pour que d’autres à France Inter aient plus de courage que moi.
Et osent s’attaquer à leur nouveau patron, celui dont l’hebdomadaire Télérama a confirmé hier la nomination, sur ordre de Sarkozy, et qui reçoit là une juste récompense pour de longues années passées au service de la réaction molle et de la pensée droitière.
Hochet bien mérité après des centaines d’éditos dans Charlie n’ayant pour d’autres objectifs que de faire passer des vessies de droite pour des lanternes de gauche.
Qu’il s’agisse de conspuer les pisses-froids qui estiment - les salopards - que le droit au blasphème est une fort belle chose, sauf s’il ne consiste qu’à provoquer uniquement les musulmans, encore les musulmans, toujours les musulmans
De dénoncer - avec tout le zèle du nouveau converti aux sirènes du marché - l’arriération des gens de gauche qui ne considèrent pas que le néo-libéralisme est la forme la plus aboutie de la lutte des classes.
De traiter en moins que rien les opposants au Traité constitutionnel européen, lors du référendum de 2005.
D’’injurier l’extrême-gauche et les altermondialistes, assimilés à des « hitléro-trostkistes » - ce sont ses mots - qui ne rêveraient de rien d’autre que réaliser cette alliance rouge-brun qui fait bander Philippe le soir quand il s’endort, dans son lit à baldaquins.
De colporter les pires rumeurs et les plus infâmes mensonges sur le lumineux Noam Chomsky, régulièrement traîné dans la boue et traité de « négationniste » pour un malentendu malheureux datant des années 1970.
De prendre la défense de Jean Sarkozy, jusqu’à virer le vieux Siné, pilier de Charlie Hebdo, pour une chronique qui ne faisait que copier-coller des propos tenus par le président de la Licra dans Libération et qui évoquait la conversion au judaïsme de l’héritier présidentiel.
Ou - enfin - de ramener les utilisateurs d’internet à des crétins congénitaux chantres du totalitarisme le plus aigu : « Internet, c’est la Kommandantur du monde ultra-libéral », a écrit Philippe Val un jour où la verve l’habitait encore plus que de coutume, avant d’ajouter un peu plus loin : « Internet offre à tous les collabos de la planète la jouissance impunie de faire payer aux autres leur impuissance et leur médiocrité. C’est la réalité inespérée d’un rêve pour toutes les dictatures de l’avenir. »
Bref, les salariés de France Inter sont très mal barrés.
Tandis que ceux de Charlie, qui travaillent pour un journal qui a désormais perdu toute crédibilité et qui a vu plonger - avec le lancement de Siné Hebdo - ses chiffres de vente, vont peut-être pouvoir souffler un peu.
Même si… il n’est pas sûr que « souffler » soit dans leur intention, les bougres ayant passé tant de temps avec Philippe Val qu’ils sont sans doute irrécupérables.
Et définitivement perdus pour l’humanité.
A preuve le coup pendable.
Lamentable.
Et scandaleux qu’ils viennent de réaliser sur le dos des sans-papiers et de ceux qui luttent contre le délit de solidarité, l’infamie légale menaçant d’emprisonnement toute personne venant en aide à un clandestin.
La rédaction de Charlie Hebdo ayant volé - littéralement - à celle de Siné-Hebdo un projet de pétition qui était arrivé dans leur boîte mail par erreur, faisant preuve d’une bassesse incroyable.
Croyant griller la politesse à un concurrent, ils ont seulement prouvé qu’ils n’avaient ni éthique ni morale.
Tristes pendards qui estiment que des combats politiques majeurs ne sont qu’une façon de faire parler d’eux et de réaliser des ventes.
Charlie, donc, est paru hier, après avoir modifié à la hâte son chemin de fer pour y intégrer cet appel .
Et on n’y verra rien d’autre qu’un opportunisme de très mauvais aloi.
Ainsi que la preuve définitive qu’il n’est rien de bon à attendre de ce journal, que Philippe Val soit aux manettes ou pas.