samedi 25 avril 2009
Le Cri du Gonze
posté à 12h47, par
18 commentaires
Le 11e jour, Dieu créa le Rock. Et il vit que cela était bon, que tout de suite on s’emmerdait moins. Bien sûr, il y avait des inconvénients (Phil Collins et les solos de Satriani), mais globalement, l’ambiance était plus détendue. Pour faire bonne mesure, Dieu décida de mettre une dernière touche à son œuvre : il priva de cerveaux toutes les apprenties rock-star. De ce jour, ce monde est parfait.
Sid Vicious se concoctant des fix avec l’eau croupie des toilettes du club 100,
Lou Reed se confectionnant une superbe coiffure un jour d’ennui, tout rasé avec une croix gammée en surplomb,
G.G. Allen balançant sa merde sur le public pour souligner son propos (plutôt acerbe, le propos),
les membres de Led Zepelin sodomisant leurs groupies avec des thons (oui, le poisson) de belle taille,
Jim Morrisson sortant popaul sur scène pour épater la galerie (facile à épater, la galerie),
Lemmy (chouette nom) de Motorhead déclarant « Si Motorhead s’installait à côté de chez vous, votre pelouse mourrait »,
Mick Jagger anobli par la Reine d’Angleterre et tellement fier de son nouveau titre (Lord Jagger, ça claque...)
Jerry Lee Lewis brûlant son piano pour que son successeur sur scène, tête d’affiche, ne puisse le surpasser,
Elvis faisant de très sérieuses démonstrations de karaté sur scène pour épater son public,
…
La liste est interminable. L’idiotie a toujours été indissociable du rock (au sens large du terme), personne ne le niera. D’ailleurs, l’idée même du rock s’est épanoui sur la figure du crétin magnifique, du sauvage sans cervelle. Un beau jour, Elvis s’est mis à faire l’andouille au Ed Sullivan Show, tricotant des jambes comme un dératé, mimant si bien l’acte sexuel qu’on se contenta par la suite de le filmer au dessus de la ceinture, de peur qu’il ne transmette sa maladie par images interposées. Ses successeurs se sont rués à sa suite, avec plus ou moins de talent, chacun confectionnant sa petite panoplie d’idiotie, violente et hurlante, guimauve et ambivalente, de cuir ou de froufrous, le choix était large, les kids indulgents.
Impossible de tous les dénombrer, ces idiots du rock1. Alors, il faut bien se concentrer sur ceux qui surent le mieux en jouer, en firent une arme de guerre. C’est subjectif, bien sûr. Et je te vois venir, alors je te préviens : t’as qu’à de faire ta propre liste si t’es pas content.
Iggy, l’idiot en chef
L’idiot en chef, évidemment, personne ne le contestera, c’est Iggy. Lui même en était parfaitement conscient et nomma ainsi son meilleur album sans les Stooges, (The Idiot, donc). Iggy le survivant, celui qui n’aimait rien tant que se faire tabasser par du Hells Angels, que Bowie ramassa à la petite cuillère et qui a toujours su être plus crétin que les autres. On a tout dit sur l’Iguane, ses prestations scéniques de mongolien épileptique, ses talents de Noureev post-moderne. Pas grave, j’en rajoute une couche.
C’est sur scène, évidemment, qu’il a toujours donné son meilleur. Un petit exemple entre mille avec cette très vacillante interprétation de « The Passenger » (certains, des jaloux à n’en pas douter, murmurent qu’il lui arrivait de prendre de la drogue…) :
Dans d’autres circonstances, il n’a pas démérité non plus. Peu importe l’écrin, Iggy a toujours fait l’idiot, magnifiquement. Et quand un certain Yves Mourousi se pique de l’interviewer pour le compte de la télé française, l’iguane en profite évidemment pour faire son show crétin et diablement sensuel :
De l’idiot intello ou apparenté
D’abord, on ne nomme pas impunément son groupe Père Ubu, surtout si on est ricains : connaître Alfred Jarry n’est pas vraiment un signe de conformisme au modèle du crétin rock type Iggy. Et puis, qu’on ne vienne pas me dire que les gémissements et autres piaillements de David Thomas ne sont pas tous droit sortis d’un rêve arty à la Dada. Pas grave, ça reste idiot quand même.
Dans le même registre, en plus cinglant, on écoutera avantageusement le premier groupe de nick Cave, le justement nommé Birthday Party (à noter, sur cette version du très rieur « Junkyard », le fait que Nick Cave employait alors le plus beau bassiste du monde, tout de cuir et de chapeau de cow-boy vêtu, ondulant avec une grâce toute particulière).
Les racines du crétinisme rock
J’ai déjà évoqué Elvis, je fais pas en refaire des tonnes2. Par contre, impossible de ne pas évoquer Chuck Berry, l’inventeur du célèbre « Duck Walk » (danse des canards version rock) capables de chorégraphies aussi débiles que classieuses (voir la fin de la vidéo) et usant ici d’une imagerie rock particulièrement stupide :
Le meilleur pour la fin. La plus belle tête de crétin du rock’n’roll, Jerry Lee Lewis. (un type capable de nommer une chanson « les grosses couilles de feu » (Great balls of fire) - que ces minables d’ACDC plagièrent en beauté avec « Big Balls » - ne pouvait que tenir la tête de palmarès). Ici une version de « Whole Lotta Shakin Going on ». Notez la chorégraphie capillaire digne des plus grands :
Ps : la semaine prochaine, un numéro spécial de Public Image Unlimited intitulé, de l’idiotie en punk (et Iggy c’est pas punk ? me demanderez vous. Et je vous répondrais de quitter la salle). Alors tous les connards qui comptaient venir beugler parce que Les Ramones étaient bien les plus crétins du monde, ne venez pas crier à l’injustice. Pas encore en tout cas...