C’était mercredi à Londres, sur le trajet d’une manifestation contre le triplement des frais universitaires : des milliers de jeunes s’en sont pris au siège du Parti conservateur, l’investissant et procédant à de menues dégradations. Une action d’autant plus jubilatoire qu’elle a été assumée - en un texte publié hier - par une partie des organisateurs de la manif. Traduction.
Ne boudons pas notre plaisir. Même s’il n’est guère dans les habitudes de ce site de publier des pétitions signées de dirigeants étudiants, celle-ci (traduite ci-dessous) mérite qu’on fasse une exception. Les responsables de syndicats étudiants britanniques (y compris les organisations spécifiques de lesbiennes-gay-bi-transgenres et de blacks) - auxquels se sont adjoints des intellos, dont Naomi Klein, des dirigeants syndicalistes et une députée du Green Party - y appellent en effet à conserver l’unité du mouvement après la grosse manifestation du 10 novembre à Londres contre le triplement des droits d’inscription à l’université. Ils affirment en particulier leur soutien aux personnes arrêtées après l’occupation du siège du Parti conservateur et la « casse » qui l’a accompagnée.
Le parallèle avec la France est ici particulièrement marquant : imagine-t-on les zombies de l’Unef appeler à soutenir les « casseurs » ou présumés tels ? Aucun risque... Eux préfèrent cadenasser les manifestations, faire donner leur service d’ordre à la moindre occasion, puis condamner par communiqué toute « violence » éventuelle.
Dernier point frappant, l’évocation par les auteurs de ce texte des mouvements en Grèce et en France. Une référence donnant le sentiment que l’Europe de la rébellion n’est plus une utopie hors de portée.1
Si vous avez - vous aussi - aimé les images de cette révolte, et les déclarations qui l’ont accompagnée, sachez que le mouvement lancé en Grande-Bretagne ne va pas s’arrêter là : d’autres manifs et « actions directes » sont prévues dans quinze jours. D’ici-là, certains préviennent : « Vous n’avez encore rien vu. »
Nous avons besoin d’unité
« La manifestation nationale de mercredi organisée par le NCUS/UCU2 qui a mobilisé 50 000 personnes a été une magnifique démonstration de force en réponse aux attaques sauvages des conservateurs et démocrates contre l’éducation. Les tories veulent opérer d’énormes coupes, introduire des droits d’inscription de 9 000 livres et des coupes dans l’EMA (système de financement des études N.d.T.). Ces attaques vont fermer les portes de l’éducation supérieure et de la formation continue à des générations de jeunes.
Durant la manifestation, plus de 5 000 étudiants ont montré leur détermination à défendre l’avenir de l’éducation en occupant le quartier général du parti conservateur et sa cour pendant plusieurs heures. L’humeur était à la gaieté, avec des slogans, des chants et des feux. Mais 32 personnes au moins sont maintenant arrêtées, et la police et les médias semblent sur le point de lancer une chasse aux sorcières condamnant des manifestants pacifiques présentés comme « criminels » et « violents ».
On fait beaucoup d’histoires pour quelques vitres cassées durant la manifestation, mais les vrais vandales sont ceux qui mènent une guerre contre notre système éducatif.
Nous rejetons toute tentative de caractériser l’occupation de l’immeuble
Millbank comme minoritaire, « extrémiste » ou non-représentative de notre
mouvement.
Nous saluons le fait que des milliers d’étudiants ont voulu envoyer aux
Tories le message que nous nous battrons pour gagner. Les occupations sont une longue tradition établie dans le mouvement étudiant, et devraient être défendues. C’est ce genre d’actions en France et en Grèce qui ont été une inspiration pour beaucoup d’ouvriers et d’étudiants en Grande-Bretagne, confrontés à une énorme attaque contre l’emploi, les prestations sociales, le logement et le secteur public.
Nous sommes aux côtés des manifestants, et de quiconque subit une répression à cause de la manifestation. »
Intermède musical
1 Note Article11 : il nous reste à nous mettre au diapason : n’y a t-il pas un siège de parti politique rue de la Boétie ?
2 Note du traducteur : « officer », ça veut juste dire qu’ils occupent des fonctions dirigeantes dans le syndicat. NUS : Syndicat étudiant national. NEC : Comité nationale exécutif. ULU : Syndicat de l’université de Londres. UCU : Syndicat des universités et « colleges » - enseignement supérieur, rien à voir avec le collège français.