jeudi 22 mai 2014
Entretiens
posté à 20h04, par
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Compagnon de route de familles rroms et manouches dans le Val d’Oise et ailleurs, Jean-Pierre Dacheux est l’auteur de divers ouvrages sur ces populations, et notamment de « Roms de France, Roms en France » (coécrit avec avec Bernard Lamotte). Dans cet entretien, il revient ici sur les fondamentaux des cultures Rroms et dégomme les stéréotypes associés à une culture complexe, en mouvement.
Cet entretien a été publié dans le numéro 15 d’Article11
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Définition « romanipen » : concept qui caractérise les valeurs culturelles rroms, une philosophie de vie pratique et non écrite. On pourrait aussi parler de « rromanitude ».
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Les moments de rencontres, de frictions et de tensions entre Rroms et gadjé1 sont multiples. Les premiers questionnent en effet nombre de nos certitudes. Sur nos façons d’habiter et de nous déplacer, sur le concept de propriété, sur les normes qui nous encadrent et sur l’économie capitaliste qui régit nos vies. Les Rroms nous invitent ainsi à repenser la cohabitation avec tous ceux dont les modes de vie bousculent l’ordre et les règles établis. Et qui, de fait, se trouvent violemment exclus et marginalisés.
La lecture de la thèse du philosophe Jean-Pierre Dacheux2, compagnon de route de familles rroms et manouches dans le Val d’Oise et ailleurs, permet de préciser quelques idées sur nombre de lieux communs. Ses propos ouvrent des pistes de réflexion philosophique et politique pour comprendre un univers complexe, en mouvement, et pour réfuter les simplifications et réifications racistes.
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Épineuse(s) dénomination(s)
« À Bruxelles ou Strasbourg, au sein des institutions européennes, on emploie officiellement les mots « Rom’’3 et »Tsigane’’4 pour qualifier la quasi-totalité des collectivités de culture tsigane. L’emploi du premier tend à effacer progressivement l’usage du second. Cette utilisation n’est peut-être pas tout à fait juste, mais elle est devenue politiquement correcte. La grande majorité des Tsiganes français, que je nomme aussi Rroms de France (Manouches, Gitans, Sinté, etc.), ne se qualifient pas ainsi. Souvent, ils ne savent pas qu’ils sont appelés comme ça par les institutions européennes, les associations de soutien et le monde universitaire.
- Les photopraphies illustrant cet article sont toutes signées Yves Leresche. Elles sont extraites du livre « Rrom », consacré aux populations Rroms de Roumanie (2002).
Dans mon travail de thèse, j’ai utilisé « Rrom ». Et parfois « Tsigane ». Pour moi, les deux sont synonymes : l’essentiel est d’arriver à être compris. Le terme ’’Roms’’ est un endonyme5, adopté en 1971 par l’Union romani internationale (URI) et beaucoup plus utilisé en Europe de l’Est que de l’Ouest. Et ’’Tsigane’’ est un exonyme6 formé par les gadjé. Pour la graphie, j’ai choisi de retenir le double « r », comme le propose le linguiste Marcel Courthiade7 : cela peut en effet correspondre à une manière de prononcer le terme à l’est du continent.
Les mots sont importants. Et leurs usages, en fonction des locuteurs et interlocuteurs, jouent un rôle stratégique autant que politique. Toute écriture est un compromis où se révèle le rapport entre celui qui écrit et celui qui est le sujet de l’écriture. Tant qu’un mot n’est pas totalement défini, tant qu’il évolue dans sa graphie autant que dans ses sens, il recouvre une réalité humaine vivante et mouvante. »
Mobile-Rroms ?
« Il existe différents modes de vie chez les « non-gadjé ». En France, ceux qui sont le plus attachés à la caravane sont les Manouches et les Yéniches. Ils lui portent même un culte, en référence à la verdine8 d’antan : elle est le symbole même de la possibilité de vivre libre. Cette liberté absolue de se fixer ou de s’en aller quand ils le veulent ou s’ils le veulent irrite la sensibilité d’élus souhaitant que la cité fonctionne dans un cadre stable. L’absence de stabilité définitive heurte notre façon de penser, d’autant que les intéressés ne s’expriment pas d’une façon définitive sur le sujet. Les quiproquos avec les gadjé sont donc permanents. Ceux qui ne les connaissent pas diront : « Si ce sont des voyageurs, qu’ils voyagent ! Qu’ils ne nous embêtent pas à rester à côté de nous alors que nous ne le voulons pas ! » Et voilà qu’ils stationnent deux semaines, trois semaines, un mois, voire plus... Qu’est-ce que c’est que ces voyageurs qui ne voyagent pas ?
La distance posée par les Tsiganes envers les gadjé leur permet de ne pas être instrumentalisés et de laisser planer des doutes et des mystères. Cela alimente les forces d’attraction ou de répulsion autour d’eux. L’ensemble dessine un monde non uniforme, difficile à comprendre et qui en même temps les protège.
Les concepts de « voyageur » et de « sédentaire » ne sont pas fixes. Les Tsiganes vivent leur mobilité de façons différentes selon le contexte social et historique dans lequel ils sont plongés. En France, au fil du temps, ils furent qualifiés de « vagabonds », de « bohémiens », puis officiellement de « nomades » entre 1912 et 19699. Actuellement, la loi les désigne comme « gens du voyage », expression impropre et anhistorique, bien qu’eux-mêmes se nomment souvent « voyageurs ».
Lorsque des Manouches séjournent en divers endroits par périodes de quelques semaines ou quelques mois, leur mobilité est une « sédentarité mobile ». Elle suppose essentiellement la possibilité de s’arrêter quelque part. Malheureusement, l’entendement commun veut que tu sois mobile ou sédentaire. Pas les deux. En caravane, tu dois bouger ; sans caravane, tu dois mener la même vie que les gadjé.
Ceci étant dit, la majorité des Rroms d’Europe est sédentaire. Les Gitans installés à Perpignan ou en Espagne habitent par exemple souvent en ville, en appartement. Sur le territoire français, environ un tiers des 250 à 450 000 Tsiganes vivent en habitat mobile. Cette forte proportion est une particularité de notre pays, on la ne retrouve pas ailleurs en Europe.
Avant, on associait la roulotte à la pauvreté. Aujourd’hui, pour se déplacer en caravane, il faut pouvoir acheter de l’essence, posséder un permis E10 et disposer d’une voiture assez puissante pour la tracter. Pour être mobile, il faut donc avoir un certain niveau de vie. Conséquence : le temps de la mobilité vécue avec des caravanes se contracte, car les obstacles réglementaires et économiques se font de plus en plus nombreux.
- Yves Leresche, Roumanie
En Europe, les mobilités des Tsiganes et leurs motivations, comme celles des réfugiés et des fuyards, questionnent en pratique le droit à vivre où l’on veut, à l’orée d’un siècle marqué d’un intense contexte de circulation. Pendant longtemps, nos sociétés ont cru à une permanente stabilité. Mais dans le désastre économique que nous traversons, ça ne marche plus. La façon qu’ont les Rroms d’appréhender la vie dans la cité, qui est faite de mobilité et de stabilité, et non de mobilité ou de stabilité, est donc d’une extrême actualité. L’être humain est quelqu’un qui bouge et qui se repose, qui circule et qui s’assied : cette question concerne donc tout le monde. »
À l’encontre de la propriété
« Aujourd’hui, il n’y a plus de sols libres. Dans le passé, il existait des aires publiques. Les « communaux » étaient ainsi des espaces où l’on pouvait élever des animaux appartenant à plusieurs familles. Ces territoires n’étaient pas possédés par un propriétaire unique. Et par ailleurs, il était aussi possible de se poser librement dans certains lieux ; c’est aujourd’hui de moins en moins le cas. Les campeurs ne peuvent par exemple plus bivouaquer n’importe où comme il y a quarante ans.
À une certaine époque, le lien entre ruralité et « tsiganité » était plus étroit parce qu’il y avait des échanges de services. Des activités économiques étaient partagées avec les milieux ruraux. Les Tsiganes élevaient ainsi des chevaux pour des paysans qui n’en avaient pas le temps. Ces derniers leur vendaient les chevaux, puis leur rachetaient un an plus tard lorsque les Tsiganes repassaient avec les animaux en bonne santé. L’éloignement des mode de vie des gadjé ruraux et des Tsiganes a mis fin à ces échanges.
Comme la libre utilisation du sol n’existe plus, les Tsiganes n’ont d’autre choix que de s’installer ’’de force’’. Ils mettent ainsi à mal nos repères. Ils n’entrent pas dans nos cadres juridiques, qui sont devenus des habitudes et révèlent une idée de la propriété qu’ils ne comprennent pas.
Les Rroms ne se sont pas installés dans la propriété de manière pratique et conceptuelle. Certains ne se gênent pas pour nous rappeler que nous sommes fous de vouloir acheter la terre, posséder un sol. Une vision des choses qui évoque celle du chef Seattle lançant au gouvernement américain en 1854 : « La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. » En fait, les Rroms nous portent une critique philosophique terrible. Comment vivre l’hospitalité si tout le monde a sa part de sol sur laquelle on ne peut pas pénétrer ?
En Occident, nous avons développé l’idée qu’une famille réussie doit forcément posséder sa maison et son jardin. L’American way of life... On nous a inculqué qu’il fallait avoir une boîte aux lettres et qu’il était normal d’être enregistré et tracé. Sauf que c’est uniquement possible pour ceux qui bénéficient d’un certain niveau de vie.
Sous nos latitudes, le concept d’ancêtre considéré sous l’angle de la transmission du patrimoine est vieux de cinq ou six cents ans. Il diffère largement de celui qui a cours dans un certain nombre de pays du monde, où on parle d’ancêtres non pour évoquer ceux qui possédaient la Terre mais ceux qui l’habitaient. Le droit de vivre quelque part et le droit de s’approprier une terre au profit de sa seule famille sont complètement incompatibles. Cette appropriation n’est pas acceptable pour la majorité des Tsiganes, même si certains sont par ailleurs propriétaires. »
- Yves Leresche, Roumanie
À travers les cadres géopolitiques traditionnels
« L’exemple des Rroms en France révèle toutes les contradictions européennes. Au fond, ils posent cette question : qu’est-ce que l’Europe ? Eux vivent à plein l’élargissement politique d’une Europe dans l’Europe, puisqu’ils sont partout. Ils posent la question de l’européanité autrement qu’en terme de fédération d’États-nations. C’est pourquoi ils constituent un hiatus pour les politiques. Parce qu’ils s’affirment comme nation sans territoire, même si la plupart n’envisagent pas le problème en termes théoriques. Certains intellectuels rroms affirment ainsi : « Nous sommes des Européens parce que nous vivons en Europe et nous ne sommes pas des Européens parce que nous n’appartenons pas à un État de l’Union européenne. » Ça met en chantier nos concepts politiques traditionnels.
À l’inverse, les Rroms de France rencontrent une difficulté particulière. Ils ont revendiqué le droit d’être considérés français comme les autres. Or, en devenant français comme les autres, tu deviens peu ou prou « nationaliste ». D’ailleurs, certains Rroms de France protestent parfois contre les Rroms d’Europe de l’Est : « Ils viennent chez nous ! » De telles réflexions n’ont généralement pas cours ailleurs en Europe. Elles résultent en bonne part de la différence de niveau de vie.
Quoiqu’il en soit, l’idée des gadjé selon laquelle il existe un monolithisme rrom est erronée : ils vivent de manières différentes bien qu’ils aient quantité de points communs, comme la langue et l’histoire. Les Rroms d’Europe sont un bel exemple d’européanité vraie : une population qui a vocation à vivre sur le même territoire, mais pas vocation à vivre sur le même territoire de la même façon. Avec ce flot de nuances, il y a de quoi nourrir les confusions, les fantasmes et les haines qu’on connaît et qu’on retrouve partout. »
Pour (sur)vivre, à l’économie
« Certains Rroms d’Europe de l’Est expliquent qu’en France on trouve encore des produits réutilisables ou consommables dans les poubelles, contrairement à la Roumanie. Pour vivre dans un pays, ils ont besoin qu’il y ait des déchets récupérables. Tous les problèmes d’une certaine « écologie de vie » se trouvent posés là : vivre sur et avec les déchets, pour pouvoir mieux vivre. Beaucoup de Rroms survivent ainsi grâce à l’exploitation de nos gâchis. Ils questionnent de facto les aberrations de notre économie. Et lorsqu’ils s’introduisent dans une déchetterie, quitte à se faire poursuivre par le personnel de surveillance, c’est parce qu’ils peuvent y trouver des objets que les gadjé ont abandonnés. Il en allait différemment avant, quand ces objets étaient déposés sur le trottoir, librement récupérables. Mais maintenant, ils sont ramassés par des entreprises comme Veolia, qui passent des accords avec les municipalités pour s’arroger le monopole de leur reconversion.
Les Rroms, français ou pas, s’installent en marge des villes parce qu’ils ont besoin d’être à la fois dedans et dehors. Dedans, parce qu’ils y trouvent des clients. Dehors, parce qu’ils disposent ainsi d’espaces pour mener des activités qui ne fonctionnent pas en cœur de ville.
Beaucoup sont artisans, commerçants. Ils travaillent à leur compte, déclarés ou non. Très peu, par contre, sont employés d’usine ou salariés, astreints à des horaires : ils veulent garder leur liberté dans le travail. Certains sont bien installés dans la vie économique : ils élaguent, nettoient les toits, achètent des voitures qu’ils revendent ou pratiquent l’art du cirque. D’autres mènent des activités de récupération, sur le mode Emmaüs : collecte, tri, réhabilitation, vente, etc. Ils ont de multiples occupations qui ne sont pas insérées dans l’économie capitaliste.
Ils affirment souvent ne pas vouloir être des « commis », notamment pour les gadjé. Pour eux, le commis n’est pas seulement le larbin, c’est aussi l’esclave. L’esclavage hante l’inconscient de la culture tsigane, même si tous n’ont pas forcément entendu parler de la servitude qui les a concernés en Roumanie entre les XIVe et XIXe siècles. Celle-ci a pris fin en même temps que l’esclavage transatlantique, en partie parce que certains étudiants roumains francophones de la Sorbonne ont rencontré Victor Schœlcher, avant de devenir des élites et responsables politiques dans leur pays.
Bien que leurs activités, souvent à la marge, dérangent et les excluent, les Rroms ne sont pas moins consommateurs que les gadjé. Ils s’adaptent en réalité aux sociétés qu’ils traversent, non sans ambivalence. Mais ils résistent aussi au monde des gadjé parce qu’ils savent que celui-ci a plus d’influence sur eux qu’eux n’en ont sur lui. Lorsque des Manouches s’installent sur un parking de grande surface et qu’ils garent leurs véhicules près de la porte d’entrée, ils n’ignorent pas que ce sera vécu comme une forme de provocation. C’est une façon de rappeler qu’ils refusent de se plier au contrat civil des gadjé. »
- Yves Leresche, Roumanie
Résister en existant
« Le Figaro écrivait il y a quelques mois que de droite comme de gauche, les maires ne se sortiront pas ’’du problème des Rroms en France’’. Le sous-entendu était clair : pour échapper au piège qu’ils sont censés tendre, il faudrait se départir de leur présence. Il y a plusieurs manières de se débarrasser de quelqu’un : l’éloigner, l’enfermer, le tuer ou... l’intégrer.
Lors de la préparation de ma thèse, j’ai voyagé dans plusieurs pays. À chaque fois, on me répétait : « Ils n’ont qu’à s’intégrer ! » Je me souviens d’un théologien orthodoxe, rencontré à Iasi en Roumanie, intelligent et sympathique, qui n’avait aucun doute : « Travaillons ensemble à faire que les Rroms deviennent comme nous, et nous n’auront plus de problèmes avec eux. » Cette conception de l’intégration-assimilation est une façon de les absorber culturellement. L’anthropologue Pierre Clastres parlait à propos de ce processus d’ethnocide.
En France, les Tsiganes résistent toujours à l’école, moteur de l’unification monoculturelle du pays à partir de la IIIe République. Alexandre Romanès, directeur du cirque du même nom, conteste ainsi l’école pour deux raisons. D’une part, il critique la façon dont on y apprend. Et d’autre part, il critique l’école elle-même. Il dit non seulement qu’on y apprend mal, mais aussi qu’on n’y apprend pas. C’est-à-dire que l’essentiel de ce qu’on doit savoir de la vie n’est pas enseigné à l’école. À quoi s’ajoute le risque d’adopter le mode de vie des gadjé, d’être acculturé. En conséquence, beaucoup de Tsiganes ne lisent pas et n’écrivent pas, ce qui contribue à entretenir leur opposition farouche à l’administration, aux « papiers ».
De nombreuses obligations administratives n’intéressent pas les Rroms. Cette défiance renforce leur sentiment de liberté, mais motive les contraintes qui leurs sont imposées. En France, de manière symptomatique, beaucoup ne conservent aucun papier. Certains perdent régulièrement leur pièce d’identité, d’autres peinent à ouvrir leurs droits sociaux, rares sont ceux qui votent, etc. L’absence d’adresse fixe et définitive les éloigne encore plus de ces obligations.
Malgré tout, le processus d’intégration se poursuit. Les Tsiganes y résistent tant bien que mal. Leur immense défiance vient du fait que les gadjé sont vus comme dangereux, même les meilleurs, même ceux qui les comprennent et les aident. Parce qu’au fond, ils les aident avec l’espoir qu’ils deviennent comme nous. Ils nient leur mode de vie, et cette négation produit du racisme. Les Rroms, « étrangés » de l’intérieur, bousculent notre uniformité culturelle. »
1 En langue rromani, le gadjo est l’autre, les gadjé sont les autres : ceux qui ne sont pas rroms.
2 Les interpellations tsiganes de la philosophie des Lumières, université de Paris VIII, déc. 2006, accessible en ligne. Par ailleurs, Jean-Pierre Dacheux est aussi l’auteur, avec Bernard Lamotte, de Roms de France, Roms en France, publié en 2009-2010 aux éditions du Passager clandestin.
3 Soit « Homme, être humain » en rromani.
4 Probablement du grec byzantin « athinganos » : « qui ne touche pas » ou « qui ne peut pas être touché ».
5 Mot indigène.
6 Mot étranger créé à l’extérieur du groupe ainsi qualifié.
7 Marcel Courthiade a proposé un alphabet rromani standard, qui a été adopté par l’URI en 1990.
8 Type de roulotte utilisé par les Tsiganes du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle.
9 Période durant laquelle a été en vigueur le carnet anthropométrique.
10 Nécessaire pour les véhicules à doubles essieux.