ARTICLE11
 
 

vendredi 4 décembre 2009

Le Charançon Libéré

posté à 14h22, par Lémi & JBB
39 commentaires

Tarnac, again
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Joli pied de nez et classieuse façon de reprendre la main. On ne va pas tourner autour du pot : on a aimé la belle déclaration d’insoumission qu’ont fait paraître ceux de Tarnac dans Le Monde. On a eu envie de l’écrire, n’en déplaise à ces puristes et auto-proclamés gardiens du temple qui n’ont jamais de mots assez durs pour dénoncer d’imaginaires compromissions.

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À lire (ici), plaisir sincère. A relire itou. Ni chapelles, ni coups bas. Ni démission ni posture messianique. Un camouflet et une révolte sincères : Il n’y a pas besoin de se croire au-dessus de la justice pour constater qu’elle est en-dessous de tout, écrivent-ils. On le pense aussi. Trop de dégoûts, depuis trop longtemps.
Ce n’est plus affaire d’adhésion théorique, d’embrigadement, juste de bon sens. Ceux-ci restent debout, provocants. Et il faut, à défaut d’en faire bêtement des modèles, reconnaître l’audace de leur position. Ceux qui se disaient insoumis sont passés à l’acte, c’est déjà assez rare pour être souligné.

À trop avoir entendu, lu, discuté, ce qui déconnait dans le Comité Invisible et leur opus, à trop avoir délaissé ce qui au départ faisait sa consistance – une communauté certes faillible mais dévouée à la concoction d’un ailleurs politique, imaginative et agissante – on en oubliait le message premier, l’incitation à la révolte primaire, nécessaire. Ta chapelle nous emmerde, proclamait-on, incertains : trop d’élitisme abscons, de prétentions intellectuelles, de dogmatisme distillé par des suiveurs borné. Et pourtant, au final, il faut reconnaitre que ta chapelle emmerdante est stimulante, qu’elle remue en vrac cet égout dont on ne sait que faire, à part le critiquer encore et toujours, disque rayé. Elle gratte, dérange, provoque. Il n’est qu’à voir comment le pouvoir en place la traite pour comprendre qu’elle est tout sauf insignifiante.

La désertion. Voilà ce qu’ils décident, les terroristes. Quel plus beau mot ? Refus pur et simple, fuite avec les honneurs, sans fuite. Nous ne chercherons pas à nous cacher, disent-ils. Simplement, nous désertons le juge Fragnoli et les cent petites rumeurs, les mille aigreurs misérables qu’il répand sur notre compte devant tel ou tel journaliste. Refus digne. « I would prefer not to », répétait en boucle Bartleby, fuyant les usages du monde. « Je refuse de répondre », scandait Dashiell Hammett à ses juges, répétant encore et encore combien la lourde machine du maccarthysme ne saurait réduire sa détermination. Toujours, ils ont raison, ceux qui rendent publique et argumentent leur ligne de fuite quand la machine s’acharne sur eux, quand l’effrayant Barnum se déchaîne.

Nombreux sont ceux qui moquent le goût de la tribune médiatique des - appelons-les ainsi - Tarnaciens. Qui trouvent (à juste titre) que la cellule invisible ne l’est pas tant que ça, à force de multiplier les prises de parole spectaculaires. Et qui fustigent le choix d’un ex-prestigieux quotidien - information de référence pour un vieux Monde toujours debout - pour abriter leur coups de sang et de colères. Et quoi, il ne faudrait pas se servir des médias dans la guerre sourde qui se joue là ? Ne pas se compromettre avec ces « journaflics » que certains - embarqués dans une rhétorique fleurant bon les absurdes jambisations1 de la fin des années 1970 - considèrent pis que pendre ? Ne s’exprimer que par tracts et brochures ?

Balivernes.

Les purs nous fatiguent, qui guettent dans la plus infime reculade de ceux osant prendre quelques risques le reflet de leurs propres doutes. Les intransigeants nous rebutent, gens qui scrutent le moindre signe de compromission et se soucient tant de trahison qu’ils ne voient pas combien ils marchent seuls, sans relais ni amis. Les dogmatiques nous horripilent, rats de bibliothèque du mouvement scrutant toute phrase et pesant chaque mot pour mieux déceler un infléchissement du discours comme preuve ultime de parjure. Intellectuels dévoyés, médiocres ayatollahs de la juste révolution, donneurs de leçons à la petite semaine et autres gardiens du temple et du dogme… on en a soupé, de vos préceptes et de vos ordres.

Panache. Flamboyance. Audace. On ne demande rien de plus. De la vie, bordel ! Ceux qui la refusent, qu’ils se revendiquent autonomes, révolutionnaires ou au contraire thuriféraires du régimes, nous emmerdent tout autant. Leur semblable mépris pour les faiblesses du genre humain, leur goût commun pour la grisaille et l’embrigadement ne nous inspirent que bâillements et lassitude. Ni leur révolte, ni leurs insurrections n’existent, puisqu’eux ne sont pas capables de rire ni de pleurer, de danser ni de chanter. « If I can’t dance, it’s not my revolution. » Emma Goldmann rirait bien de ces prêtres ennuyeux, Saint Just qui n’en ont pas le talent mais dispensent, avec un sérieux désespérant, leurs mauvais points comme autant de passeports pour l’échafaud. La Fédération anarchiste en a récemment fait les frais, sa librairie (Publico) taguée par des activistes jugeant plus urgent de fustiger quelques camarades dans l’erreur que de s’en prendre directement au système qui nous broie2. Comme s’il s’agissait de prouver combien notre camp sait être ridicule et suicidaire, sans relâche, obstinément.

Cela devrait être évident pour chacun disposant d’un cortex cérébral à peu près en état de marche : les autonomes - disons, ceux qu’on regroupe arbitrairement sous ce mot - ne feront pas la révolution. Jamais. La grande révolte, si elle vient un jour, ne sera pas celle d’une avant-garde élitiste, biberonnée aux pompeux philosophes et aux citations latines. L’insurrection - puisque tout le monde n’a que ce mot-là à la bouche, fantasme d’un monde meilleur se parant d’une violence très romantique - ne s’est jamais fomentée dans quelques recoins de bibliothèque, ni n’a été menée par quelques thésards en mal de sensations fortes.
Justement : c’est de cela, de ce vernis d’irréalité intellectuelle, de cette absurde prétention philosophique et de cette ridicule pompe doctrinale que se débarrassent les Tarnaciens au fil de leurs interventions publiques. Ils descendent de leurs hauteurs, bien obligés. Goûtent à cet arbitraire qu’ils n’avaient fait que renifler de loin. En rabattent et s’affinent. On préfère.
Que veux-tu ? Quand tout ne devient plus qu’affaire d’ego, de ligne partisane, de positionnement, on recule, on s’écarte. La ligne est mortifère, tue l’élan. Tiqqun flirtait souvent avec ça, dogmatique et élitiste3, tout comme certains passages de L’Insurrection qui vient. La désignée « mouvance autonome » itou. Trop de staliniens intellectuels, d’anarchistes proclamés édifiant des barrières et refusant le dialogue pour poser une seule vérité, la leur, indiscutable et obtuse.

Les autonomes - disons : ceux qu’on regroupe arbitrairement sous ce mot - ne feront pas la révolution, donc. Mais ils pourraient être l’aiguillon d’une juste révolte. Ils seront là, comme les autres, avec tous les autres. Tous ceux qui ne parviennent plus à dissimuler tout le mal qu’ils pensent du monde tel qu’il va. Tous ceux qui constatent que dans la machine sociale, cela explose à bas bruit, et parfois à si bas bruit que cela prend la forme d’un suicide. Tous ceux qui feront ce mouvement de masse, qui, parmi tant d’autres choses, les dissoudra, eux, ces valets du pouvoir et autres rustines policières.
Si élan il y a, il sera vaste et populaire, protéiforme et pluriel. Et trouvera tout autant ses racines - si ce n’est plus - dans les colonnes du Monde que dans de confidentiels collectifs si pressés de définir l’unique ligne à suivre qu’ils ne se rendent même plus compte à quel point ils ont perdu tout lien avec le joyeux espoir d’un monde meilleur.

Ils écrivent : Mais ce que nous désertons d’abord, c’est le rôle d’ennemi public, c’est-à-dire, au fond, de victime, que l’on a voulu nous faire jouer. Et, si nous le désertons, c’est pour pouvoir reprendre la lutte. Cette lutte qu’il mènent n’est pas solitaire. Elle palpite. Elle s’articule avec toutes celles menées par les dégoutés du monde présent, les déroutés du 21e siècle. C’est tellement mieux que rien.



1 Pratique consistant à tirer une balle dans la jambe d’un désigné ennemi de classe, contre-maitre, homme politique, journaliste etc., très usitée durant les années de plomb italiennes, y compris contre des journalistes progressistes.

2 Ces révoltés d’opérette sont allés jusqu’à commettre un communiqué de revendication.

3 Même si bien souvent tiré droit au but.


COMMENTAIRES

 


  • vendredi 4 décembre 2009 à 15h47, par Liliane, fais les valises, on rentre à Paris !

    Je me réjouis en tout cas moi aussi qu’ils aient délaissé –dans le texte du moins- la dimension « programmatique » et prophétique qui se mêlait auparavant à leurs écrits (dont les constats sont justes par ailleurs).

    Ils ont fait le choix de l’exposition (cf. tribunes précédentes dans le même journal). Ils s’exposent donc, aussi, à quelques critiques.

    Aujourd’hui, ils ont droit au micro (grâce ou « à cause » de la nature de cette affaire minable), ils s’en servent, d’une façon qui me semble –heureusement- un peu moins grandiloquente que dans les textes précédents. Peut-être selon moi parce qu’ils prennent beaucoup plus en compte qu’auparavant des éléments extérieurs. Je ressens moins à la lecture le côté « entre-soi » pénible qui ne donnait franchement pas envie de les inviter à bouffer, en gros.

    Néanmoins je continue à penser qu’il est intellectuellement difficile de faire un grand écart digne des meilleures prouesses du Bolchoï s’agissant de l’application du discours sur le « S »pectacle : conchier ardemment la société du même nom et choisir Le Monde pour en faire part me paraît un peu surprenant.

    Je crois qu’adresser une telle critique (cf. votre article) ne relève pas tant de la « pureté » que d’un minimum de cohérence dans le cadre du choix de l’exposition (dans les publications et dans les médias ensuite). De toutes façons, comment donner des « leçons de révolution » quand la première est surtout celle qu’on peut (doit ?) opérer en soi ?

    Et dernière remarque : je note qu’ils s’étaient adressés au Monde il y a quelques temps justement pour dire qu’ils ne s’exprimeraient plus… dans la presse. Le procédé était déjà drôle.
    Mais comme dirait le gros bon sens : « A l’absurde, nul n’est tenu ».

    • vendredi 4 décembre 2009 à 19h34, par lémi

      @ Liliane et ses valises

      Avec le temps va, tout s’en va, même nos divergences et le prophétisme sauce Tarnac. Pour ce qui reste d’inconciliable, on réglera ça au ping-pong (sans compter les points, évidemment, on est pas des monstres).

      « Néanmoins je continue à penser qu’il est intellectuellement difficile de faire un grand écart digne des meilleures prouesses du Bolchoï s’agissant de l’application du discours sur le « S »pectacle : conchier ardemment la société du même nom et choisir Le Monde pour en faire part me paraît un peu surprenant. » : Depuis qu’ils ont déraillé (smiley barbichu), ils sont projetés dans les médias sans l’avoir demandé. De TF1 au Point, tous les plus gros colporteurs de saloperies médiatiques dressent leur portrait et les déguisent à leur guise. Pour rétablir la vérité, leur vérité, ils n’ont pas le choix. Se replier sur leurs canaux habituels aurait exactement le même effet, vus qu’ils seraient repris. Sauf que là ils contrôlent. Quoi qu’ils fassent, ils seront dans le spectacle. Autant que ce soit le leur, qu’ils le gèrent à leur manière.
      Après, on en revient toujours à la même question : trahit-on en faisant le choix du grand public ? En s’exportant chez les marchands (et pas les pires) ? Debord, à sa manière, sur le tard, y avait répondu en choisissant de se faire éditer par Gallimard, ce que pas mal de gens perçurent comme une trahison. Dans son cas, comme dans celui de Tarnac (sans faire de rapprochements oiseux, hein, je prends juste un exemple), ça m’apparait secondaire. A mon sens, dans le cas de personnes habitées par leurs convictions, c’est toujours le contenu qui l’emportera, le médium passant après le message (dans ta face, McLuhan), en tout cas tant que l’on reste dans la sphère la moins pire (Gallimard, Le Monde, plutôt qu’Hachette ou Direct Soir). Enfin bon. Ca mériterait d’être plus développé. On a encore de quoi discuter, en fait...



  • vendredi 4 décembre 2009 à 15h54, par Soisic

    C’est clair, c’est net : plutôt que d’attendre un hypothétique soulèvement emmené par un escadron charismatique, cessons de nous raccrocher aux branches de la médiocrité quotidienne par peur d’un avenir pire encore et tentons une autre appréhension du monde.
    Soyons « autonome », au plus pur sens du terme.

    • vendredi 4 décembre 2009 à 21h01, par JBB

      La pureté dans ce sens-là, j’approuve. C’est même le seul qui me botte vraiment.



  • vendredi 4 décembre 2009 à 17h21, par Guy M.

    Vous avez eu raison de faire un billet sur ce très beau (car très limpide et lucide) texte des 10 du groupe dit « de Tarnac ». Ça m’évitera de me torturer l’esprit pour en faire un qui soit à la hauteur.

    On a beaucoup reproché à Julien Coupat, et par suite au groupe tout entier, sa superbe (style, citations, allusions, références, détournements)... On peut voir, à lire cette déclaration, ce qu’est, en vrai, et comme au naturel, la superbe insoumission de la vie et de l’intelligence face à la médiocrité générale.

    Et votre billet le fait bien sentir, évidemment.

    Voir en ligne : http://escalbibli.blogspot.com

    • vendredi 4 décembre 2009 à 18h17, par Karib

      Permettez que j’en rajoute une couche, camarades inconnus, Lémi et JBB, que je commence à connaître depuis que je vous lis, et avec qui je me sens des affinités de frangin. J’ai éprouvé le même agacement face à la prose des invisibles, agacement qui n’était là que parce qu’au fond j’étais en accord, que parce que nous sommes pétris de la même détestation de ce monde détestable. Et puis l’agacement a fait place à plus de sympathie, de connivence (tiens, je les aurais même invités à dîner) en lisant leurs textes dans Le Monde. Un peu couillon, que voulez-vous, je lis Le Monde. Depuis le temps, j’ai appris à le lire. Entre les lignes, comme on dit. Et moi, non seulement ça ne me gêne pas, mais je trouve même indispensable qu’ils écrivent dans la grande presse. Ca change de l’entre-soi. Je connais bien le dandysme des petits marquis pro-situs, qui se pâment à afficher sur les murs de banlieue de longs pensums dans le style du cardinal de Retz, à distribuer des tracts dans le style de Debord que seuls leurs auteurs auront l’esprit de goûter. Je me suis fatigué des tenants impeccables de la ligne juste, style Non Fides, prosateurs remarquables, j’en conviens, mais qui à force de faire la leçon à la terre entière finissent par se retrouver tout seuls.
      Julien, Yildune et les autres nous confortent dans nos refus, dans nos bagarres, dans nos haines et nos amours. Ils n’appellent pas à la rescousse, ils ne jugent pas du haut de leur Vérité révélée, ils annoncent pourquoi ils refusent désormais de jouer à leur jeu truqué. Nous commençons à faire nombre.

      • vendredi 4 décembre 2009 à 18h33, par wuwei

        J’ai beaucoup aimé moi aussi et je suis ravi que les deux tauliers soient du même avis. Alors comme tu le dis si bien c’est vrai que « Nous commençons à faire nombre » et ce n’est pas la moindre des satisfaction.

        • vendredi 4 décembre 2009 à 21h30, par JBB

          @ Guy M : je ne sais pas si on a eu raison, mais je trouve en effet ce texte très classe (et Lémi aussi). Très belle façon de dire merde, c’est la seule chose qui m’importe.

          Pour les gentillesses, joliment dites, je botte en touche (de la main, comme Henry)

          @ Karib : « et avec qui je me sens des affinités de frangin. »

          Eheh, tu prends des risques :-)
          (Moi, je suis encore plutôt cool. Mais Lémi, comme frangin, c’est une catastrophe…)
          ((Mais sinon, quand même : je suis tout d’accord, pour les affinités.))

          Pour le reste, j’adhère. Évidemment. Tout ce qui peut pousser à sortir de l’entre-soi est positif. Tout ce qui peut contribuer à élargir le socle des luttes l’est tout autant.
          On se retrouve sur la méfiance des sectes politiques qui n’ont d’autre finalité qu’elles-mêmes. Non-Fides a un peu ce côté-là, en effet. Ou avait, plutôt.
          C’est dommage. Ils m’énervaient, souvent. Mais je trouve quand même regrettable qu’ils passent l’éponge.

          « Ils n’appellent pas à la rescousse, ils ne jugent pas du haut de leur Vérité révélée, ils annoncent pourquoi ils refusent désormais de jouer à leur jeu truqué. Nous commençons à faire nombre. »

          Rhââââ… lovely _ :-)

          @ Wuwei : pour le « même avis », on a fait semblant pour la galerie. Au fond, on est incapable de tourner deux phrases ensemble sans se taper sur la figure. Sauf quand il y a suffisamment de rosé…

          • vendredi 4 décembre 2009 à 22h43, par André

            Vous aimez ce texte, mais après ce texte, il va y avoir la répression, et là, on fait quoi..? On continue à causer... sur la répression...?

            • dimanche 6 décembre 2009 à 10h51, par jide

              De la répression, tu es sur ? Si j’étais juge, mouillé jusqu’aux couilles dans ce merdier, je profiterai de cette désertion publique pour lâcher du leste et éviter de trop passer pour une truffe...

              Voir en ligne : http://jide.romandie.com

      • vendredi 4 décembre 2009 à 23h00, par SL

        Non fides, on peut en dire ce qu’on veut, mais il y avait quand meme un travail de fourmi derrière. ils ont contribué au débat à leur manière, et ca me parait pas tres cool de les jeter des pierres. il y avait bien pire qu’eux.

        On est tous dans le meme sac apres tout

        • vendredi 4 décembre 2009 à 23h09, par JBB

          Il ne s’agit pas de leur jeter la pierre (En ce qui me concerne, je suis réellement admiratif du travail qu’ils ont fourni, tout autant que de leur plume ; et je suis prêt à parier que Karib est plus ou moins sur la même ligne), mais simplement de prendre acte d’une divergence intellectuelle. Ou plutôt : politique.

          Dans tous les cas, leur décision de fermeture est simplement dommage.



  • samedi 5 décembre 2009 à 09h12, par fred

    je salue l’initiative du groupe des 11 qui, à l’inverse des hommes politiques, font ce qu’ils disent.

    Ils prennent à nouveau l’initiative, en choisissant de ne plus subir.

    Balayant les détracteurs et les accusateurs qui les voyaient “dérailler”, je constate qu’au contraire, il y a quelque chose qui est en train de se mettre sur les rails (facile) : « Et rien ne doit plus nous empêcher de reprendre, et plus largement sans doute, qu’auparavant, notre tâche : réélaborer une perspective capable de nous arracher à l’état d’impuissance collective qui nous frappe tous. _ »
    La simple défense va faire place au combat de fond. Mais il ne s’agit pas/plus de détruire, raser, brûler :

    « Non pas exactement une perspective politique, non pas un programme, mais la possibilité technique, matérielle, d’un chemin praticable vers d’autres rapports au monde, vers d’autres rapports sociaux ; et ce en partant des contraintes existantes, de l’organisation effective de cette société, de ses subjectivités comme de ses infrastructures. »

    En « partant des contraintes existantes »...il ne s’agit plus de faire table rase.

    Il me semble qu’on nous demande honnêtement de faire partie de l’initiative : « Car c’est seulement à partir d’une connaissance fine des obstacles au bouleversement que nous parviendrons à désencombrer l’horizon. Voilà bien une tâche de longue haleine, et qu’il n’y a pas de sens à mener seuls. Ceci est une invitation. »

    Pour ma part, je défendrai coûte que coûte ce soyeux “désencombrement”.

    Amitiés

    fred, autonome coureur des bois et villes

    et merci à Lémi et JBB !

    Voir en ligne : Probe

    • samedi 5 décembre 2009 à 13h12, par Lémi

      Oui, il y a bien quelque chose de plus ouvert, moins sectaire, qui se dégage de ce texte. En reprenant la main et en refusant ce statut de victimes, ils semblent inviter plutôt qu’exclure, encourager à l’initiative, quelle qu’elle soit. « Créer non pas un, mais deux, trois, une multitude de Tarnac » aurait dit un certain Ernesto Che G. (smiley viet-minh).

      D’où ta conclusion fort adaptée : « Pour ma part, je défendrai coûte que coûte ce soyeux “désencombrement”. » Pas mieux...



  • samedi 5 décembre 2009 à 14h09, par Gedeon

    UV “Stratégies politiques, auto-connaissance des groupes et temporalités”

    Commentaire de texte.

    Une citation de “l’Insurrection qui vient” :
    « La visibilité est à fuir. Mais une force qui s’agrège dans l’ombre ne peut l’esquiver à jamais. Il s’agit de repousser notre apparition en tant que force jusqu’au moment opportun. Car plus tard la visibilité nous trouve, plus forts elle nous trouve. Et une fois entré dans la visibilité, notre temps est compté. Soit nous sommes en état de pulvériser son règne à brève échéance, soit c’est lui qui sans tarder nous écrase. »

    Rapporté à la situation présente, que peut-on en conclure, notamment en termes d’évaluation de la situation, d’estimation des rapports de forces, des perspectives possibles, etc. ?

    Vous avez deux heures.

    • samedi 5 décembre 2009 à 14h39, par Karib

      Lénine, en son temps, et à sa façon, avait posé la même question : « Que faire ? » Et y avait répondu de la pire façon. Je résume, à ma façon aussi, et en essayant de ne pas trop trahir : Lénine et les léninistes partent du constat qu’il existe un fossé entre les révolutionnaires, dépositaires de la conscience révolutionnaire, et un prolétariat qui semble de façon immédiate la proie de l’idéologie dominante, et qui, livré à ses propres forces, ne peut s’élever qu’à une conscience « trade-unioniste », c’est à dire syndicalo-réformiste. Il faut donc, toujours selon Vladimir Illitch, que les communistes, dépositaires de la conscience de la classe, s’organisent dans un parti séparé et entraînent les larges masses à la conquête du pouvoir d’Etat. Une fois balayé l’Etat bourgeois, la classe ouvrière, donc le parti, édifie l’Etat ouvrier, jusqu’à ce que les conditions internationales et l’élévation du niveau de conscience du prolétariat en permette le dépérissement. Vous me suivez ? Ou plutôt, vous le suivez ?
      Si l’on écarte le destin cataclysmique de la révolution russe, qui a vu ce schéma appliqué à la lettre, parce que les interprétations sur ce cataclysme peuvent être multiples et qu’on a affaire de toute façon à des contingences historiques, il reste que ce beau raisonnement pèche dès le départ par une conception idéaliste de la conscience. Celle-ci est vue comme pur système de représentation, extérieur à l’existence même de la classe. D’où vient cette conscience de classe que seuls quelques révolutionnaires providentiels sont censés posséder ? Du royaume des idées plus ou moins mêlées à la réalité immédiate. Le lien intrinsèque entre la pratique, l’existence sociale, et leur conscience réflexive est aboli.
      Reste dès lors une caste de révolutionnaires chargés d’introduire la conscience de classe comme on introduit un suppositoire. Le moins qu’on puisse dire est que le malade n’en a pas été guéri pour autant. Ou plutôt, il semble avoir été durablement guéri de toute idée même de changer sa condition.
      Le syndicalisme révolutionnaire (dont on aura peut-être compris que je me réclame) a une toute autre vision. De même que le courant dit de la « gauche communiste » (qualifié de façon péjorative d’ultra-gauche ou de « gauchistes » par les léninistes puis les staliniens) les syndicalistes révolutionnaires (et les anarchosyndicalistes) ne voient la conscience de classe que comme praxis, soit comme unité indissoluble de la pratique et de la théorie. Ce qui veut dire que tout appareil séparé qui n’aurait pour but que la prise du pouvoir, en partant du constat que le prolétariat est trop abruti pour l’exercer lui-même, cet appareil-là n’aurait pour destin que d’exercer la dictature sur le prolétariat. Par la force des choses, et quelle que soit la sincérité ou le dévouement de certains voire de la majorité de ses membres.
      Il s’ensuit qu’il faut partir du quotidien de l’exploitation, des mille et une luttes qui forment la lutte des classes pour organiser petit à petit ce « parti historique » (au sens de « prendre parti ») qui mettra peut-être un jour un terme au capitalisme, à la crétinisation massive du genre humain, à son formatage généralisé, aux guerres mondiales, à la course imbécile à l’accumulation élargie du capital, et probablement à la destruction de la planète.
      Je ne vois guère d’autre perspective que la reconstruction d’un syndicalisme révolutionnaire qui prenne en charge à la fois l’actuel de la lutte, c’est à dire qui ne se limite pas aux rêveries de bistrot sur le grand soir, et la perspective d’une transcroissance vers la communisation du monde.

      • samedi 5 décembre 2009 à 18h36, par Matthieu

        heu.... je dis ça, je dis rien mais :http://www.article11.info/spip/spip.php?article532

      • samedi 5 décembre 2009 à 18h41, par Elka

        J’aimerais ajouter un grain de sel belge à ce débat en partageant avec vous quatre citations d’un auteur qui me touche beaucoup : le poète Louis Scutenaire. Il me semble qu’elles ne sont pas hors propos...

        « C’est que, au fond, les mots demeurent toujours quelque part dans l’enfance où ils jouent. Quand ils se mettent à devenir secs, graves, sérieux, tranchants, à mentir ou à travailler, ils avouent simplement avoir perdu la vie. »

        « Les étiquettes n’adhèrent qu’à la peau de ceux que rien n’attache à eux-mêmes. »

        « Les révolutions ne foireraient pas si les révolutionnaires étaient gais. »

        « Si, si, il y a une question à se poser : merde, ou merde ? »

        • dimanche 6 décembre 2009 à 12h29, par Eugène

          Personnellement j’ai pris le texte paru dans le monde comme un communiqué de presse et à ce titre si on veut qu’un communiqué soit largement lu autant le faire paraitre dans le monde plutot que dans le monde libertaire.Donc rien de choquant sur ce point.
          Le texte est touchant et nous a manifestement profondément touché sur article 11. Les abrutis de fascistes qui ont monté cette affaire de toute pièce vont peut être obtenir un résultat opposé à celui esconté. En tous cas le texte publié dans le monde a forcément touché des gens qui nous sont idéologiquement éloigné.
          A part ça je trouve qu’il y a une ambiance fraternelle sur article 11 et ça fait du bien

          • lundi 7 décembre 2009 à 10h28, par lémi

            @ Gédéon

            Deux heure ? Gosh, je m’y mets à l’instant. J’imagine qu’une structure thèse / Anthithèse / synthèse, serait malvenue...

            En tout cas, merci pour la citation, elle est en effet plutôt parlante : « plus tard la visibilité nous trouve, plus forts elle nous trouve », je crains dans ce cas que la mise en visibilité n’ait été prématurée, mais bon, elle n’était pas de leur ressort...

            @ Karib

            « Reste dès lors une caste de révolutionnaires chargés d’introduire la conscience de classe comme on introduit un suppositoire. » : Joli...

            Pour le reste, raisonnement limpide. Je partage volontiers ta vision de la révolution russe et du dévoiement d’icelle par la dictature du prolétariat. Le suppositoire n’est pas accepté par le patient dans ces conditions, il le rejette. Il faudrait qu’il se l’introduise lui même. Après, pour qu’il se l’administre de lui même, je ne suis pas sûr que le syndicalisme révolutionnaire soit la solution. Mais il peut au moins en être une possible composante, à condition de ne pas pactiser avec le pouvoir en place.

            @ Mathieu

            Je ne crois pas que Karib parle des mêmes syndicats. Ceci dit, c’est vrai que le raisonnement de Péret s’applique à l’ensemble du mouvement syndical (si mes souvenirs sont bons), perverti à la base. Alors quoi ? Mh, wait, act and see ?

            @ Elka

            Ah, Scutenaire le magnifique. Ravi de le voir débarquer ici (j’en parlais il y a longtemps, ici, mon enthousiasme à son égard point n’ai perdu).
            « Les révolutions ne foireraient pas si les révolutionnaires étaient gais. » : oh que j’adhère...

            @ Eugène

            Suis d’accord avec ton raisonnement. Il s’agissait de faire connaitre une position, pas de pointer en tant que salarié. Aucune trahison là-dedans, simple affaire de logique et d’efficacité.

            « A part ça je trouve qu’il y a une ambiance fraternelle sur article 11 et ça fait du bien » : ouaip, c’est vrai qu’on est pour l’instant presque épargnés par les trolls et les hordes UMPistes. Prions pour que ça dure...



  • dimanche 6 décembre 2009 à 12h49, par Catherine

    Nausée originelle générée par le capitalisme qui nous bousille ...
    Nausée additionnelle occasionnée par toutes les guerres de tranchées stérilisantes de ceux qui pensent, croient, prétendent ainsi enrayer la première ...

    La déclaration des insoumis du plateau de millevaches c’est du frais plaisir.
    A sa suite, TARNAC AGAIN, redonne de l’air et fait du bien.

    Merci

    • lundi 7 décembre 2009 à 10h34, par lémi

      Ouaip, face à l’empilement des nausées et dégoûts, à la multiplication des petits pains réactionnaires et stérilisants, une déclaration d’insoumission de cette trempe est une goulée d’air frais, we persist & sign...
      « Merci » : De rien, nous on ne fait que relayer en prenant position, l’étincelle est ailleurs.



  • dimanche 6 décembre 2009 à 14h31, par nicocerise

    C’est vrai qu’ils pourraient choisir article 11 pour la diffusion des mises aux points. Que faire ? il faut tenir. Les forts ne veulent pas que les petits fassent front ne se courbe pas. A Tarnac comme pour les Conti. Non ?

    Voir en ligne : ceriselibertaire

    • lundi 7 décembre 2009 à 10h41, par lémi

      « C’est vrai qu’ils pourraient choisir article 11 pour la diffusion des mises aux points. » : d’autant qu’on est aussi lus, voire plus... (smiley mass média)

      Pour le reste, tout d’accord : le processus, des conti à Tarnac, est le même, ils n’aiment pas quand on ne courbe pas l’échine...



  • dimanche 6 décembre 2009 à 14h58, par un-e anonyme

    Je lis ici « Julien, Yildune et les autres », et là « la dimension /../ qui se mêlait auparavant à leurs écrits » « et plus haut »appelons-les ainsi - Tarnaciens".

    Non, on ne les appelle pas ainsi JBB. Je ne pense pas.

    A moins d’avoir louper un épisode, et dans ce cas je m’en excuse par avance, il ne me semble pas que ce groupe en fut un, qu’il est exprimé qque revendication que ce soit à cet égard, ni qu’il ait été question de qques écrits que ce soient et en tout cas revendiqués comme tels par leurs auteurs ou reconnu formellement comme tel. En dehors de l’interview de Coupat dans le Monde, où se trouve les écrits, où se trouve le groupe ?

    Ne faites pas le jeu du gouvernement s’il vous plait. De nombreuses personnes ont été arrêtés (19e, à Paris) car présumés appartenir au groupe, avoir lu ou « publié des écrits » et ce dans des conditions dignes des méthodes de la stasi d’avant 89.

    Jusqu’à preuve du contraire, ce prétendu « groupe » n’a jamais existé, et ces prétendus « écrits » sont peau de balle. Et ceci, çà change tout

    Cdt, v/

    ps :
    Le Monde.fr, 25/05/2009 - 12h33, extrait :

    LM - La police vous considère comme le chef d’un groupe sur le point de basculer dans le terrorisme. Qu’en pensez-vous ?

    JC - Une si pathétique allégation ne peut être le fait que d’un régime sur le point
    de basculer dans le néant.

    • lundi 7 décembre 2009 à 11h35, par lémi

      Euh, oui mais le texte dont on parle ici est signé « Aria, Benjamin, Bertrand, Christophe, Elsa, Gabrielle, Julien, Manon, Mathieu et Yildune » et donc clairement identifié.

      Pour le reste, concernant les textes précédents, nous accuser de faire le jeu du gouvernement est un peu stupide. Jusqu’à preuve du contraire, ce prétendu « groupe » n’a jamais existé, et ces prétendus « écrits » sont peau de balle. Et ceci, çà change tout : ils sont peau de balle au sens qu’ils ne devraient jamais mener à la moindre accusation et ne recèlent rien d’illégal, quelles que soient les personnes qui les ont écrits. La réponse de Coupat me semble aller dans ce sens : il parle d’allégations de terrorisme, ça n’a rien à voir. Le combat est ailleurs : pas dans le fait d’identifier les auteurs (secret de polichinelle) mais dans le fait de voir que ces écrits puissent être utilisés (et ô combien maladroitement) comme preuves judiciaires et s’intégrer au démentiel appareil répressif.

      • lundi 7 décembre 2009 à 20h52, par v/

        pardonne moi d’insister, mais cette confusion des genres et des textes n’est pas acceptable ; le texte dont tu parles ici est celui du groupe formé par des individus illégalement enfermés, les textes dont je parle sont ceux que nos embastilleurs aimeraient pouvoir attribuer au même groupe, certes, mais identifié tout à fait différemment.

        Secret de polychinelle (au placard ... :o) ) ??? Cites tes sources stp. Devant un agent de la BAC-t’arnaque ambiante, appartenir à « ce groupe » non identifié, ou ne pas y appartenir change bcp,, comme ton délais de détention, les baffes qu’on te donne, etc.. Non, je ne crois pas que l’on puisse parler de cela dans le genre « on sait bien, aller ... », car c’est exactement ce que font ceux qui te privent de tes droits « aller, on sait bien, au trou ». Rien jusqu’à présent ne permets de soupçonner qui que ce soit d’appartenir ’au groupe’ tel que définit par le gouvernement, ni d’identifier les auteurs « des textes » idem.

        Au final, cette confusion/association prête une forme de légitimité aux exactions commisent, et alimente toute une panoplie de fantasme de part et d’autres, tel qu’on le lit dans certains commentaires ici. Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes dans le fantasme et le délire total.

        C’est tout de même hallucinant de se retrouver accuser d’un crime qu’on n’a pas commis, de sortir de taule, et d’être applaudit par la foule précisemment pour ce crime non ? Le sketch de Coluche sur l’élection du pape, c’est exactement ça.

        Ce qui se passe dans ce pays, c’est que tout le monde croit à l’existence d’un groupe anarcho truc, et que, finalement, ce gouvernement de parano a bien le droit de s’en inquiéter. De fil en aiguille, être anarchiste te mène directement dans la case « criminel ». La boucle est bouclé, merci pour le spectacle, rideau.

        Cdt,

        v/

        • jeudi 10 décembre 2009 à 09h13, par Ilan Amar

          Tout est dans le biais par lequel on aborde la notion de « groupe ». Il faut écouter l’interrogatoire^Hinterview de Benjamin Rosoux et Matthieu Burnel dans l’émission des Grandes Gueules, hier sur RMC, pour se faire une idée du gouffre sémantique insondable qui séparait sur ce point les deux jeunes et les deux inspecteurs^Hanimateurs...
          _ http://podcast.rmc.fr/channel36/20091209_gg_3.mp3

          • jeudi 10 décembre 2009 à 14h36, par v/

            édifiant ..., merci bcp,

            • jeudi 10 décembre 2009 à 23h04, par JBB

              @ v/ : yep, désolé de ne pas avoir répondu plus tôt.

              Tu pointes évidemment quelque chose de justifié : rien sinon le « c’est de notoriété publique et pas que chez les flics » ne permet d’attribuer l’IQV à ceux de Tarnac.
              Ce n’est par contre pas le cas de Tiqqun, à l’origine clairement identifiée. Si tu as lu les deux, ce dont je ne doute pas, tu conviendras de l’évidente filiation entre eux.
              Mais je conçois tout à fait qu’une très forte présomption ne suffit à établir l’affirmation. On en reste donc là, sauf que je te ferais quand même remarquer que là n’est pas la question : la machine judiciaire ne s’échine pas à prouver que ceux de Tarnac sont les auteurs de l’IQV, mais qu’ils sont coupables des prétendus actes de sabotage. Si le producteur Marin a feint (et réalisé pas mal de propagande en s’appuyant sur ce point) d’appuyer un temps son acte d’accusation sur la rédaction du bouquin, la question s’est très rapidement déplacée sur les voies ferrées proprement dites. Et aujourd’hui, tout le montage policier et juridique (bidon, à l’évidence) de l’affaire repose sur les prétendues preuves de l’implication matérielle des gens de Tarnac dans la commission des délits. C’est là que se joue « le fantasme et le délire total » que tu évoques, pas dans l’IQV.



  • lundi 7 décembre 2009 à 17h39, par Huh huh huh

    Après avoir constaté à quel point certains de cette affaire ont pu s’installer autrefois dans la posture de celui qui sait face au reste du monde, il est pour le moins cocasse de voir leurs mots ou noms dans la presse honnie autrefois. Encore plus cocasse d’en voir certain traverser la rue comme un robot pour faire des plans de coupe pour la caméra, ce genre de choses...

    « On peut continuer à passer sa vie à décrire la réalité dans des articles » fut notamment une sentence disqualifiante. La décrire dans Le Monde semble à présent un acte valable.

    Retour sur terre sans doute. Retour du sentiment humain, et de l’envie de communication et de rapport social ? Un peu tout cela sans doute.

    Mais bon, cela dit, ne rien dire eut été jouer le jeu du spectacle, parler l’est également. Le principal dans l’opération de l’Etat est de montrer qu’il emprisonne et emprisonnera, quoiqu’il arrive. Et quelle que soit la réaction, en parler, médiatiser l’affaire est quelque part faire circuler le message.

    A la prochaine

    • mercredi 16 décembre 2009 à 19h46, par un-e anonyme

      Evidemment qu’en faisant ça, ils font ce que l’Etat désire ! Diffuser le bazar et les actes possibles des autorités le plus largement possible fait évidemment partie du projet, Le Monde est encore un moyen pour ça !

      Hah hah hah ! Effectivement, après avoir vécu le mépris de Coupat and Co dans les débats ou manifestations publiques, voir aujourd’hui le petit fifils mettre son nom dans Le Monde, c’est très très très très très très bon !

      Coupat dans la presse du système ? Bientôt la liste TIQQUN aux législatives ?



  • mardi 8 décembre 2009 à 00h57, par user.von

    mondialisation _

    lucratives décompositions contemporaines... un sentiment général du monde,

    trop de corps sont niés, où s’installe la production d’une délétère latérite humaine.

    impression obsessionnelle, comme une douleur dans un membre

    qui retentit longtemps composant à elle-même un commentaire entortillé sans fin.

    on ne sait plus bien, après, où on se trouve ; on est là, tout est familier

    d’une certaine façon, tout est encore là dans la cathédrale désertée...

    mais pas de ça chez nous, on sait bien que l’endurance est autre chose,

    de moins mécanique, la liberté autre chose encore.

    les répartitions de forces sont imprévisibles, ce n’est pas de patience

    qu’on a besoin seulement, mais d’intuition. l’indécidable.

    e-m g

    • mardi 8 décembre 2009 à 15h29, par Liliane, fais les valises, on rentre à Paris !

      Au secours, Francis Lalanne a avalé Guy Debord !



  • mercredi 9 décembre 2009 à 17h49, par Dr Maboul

    J’ai beau vous lire régulièrement (preuve que j’aime vos textes et vos idées), là je m’avoue un peu perdu.

    Premièrement, je dois chercher presque la moitié des mots dans les commentaires (et quelques uns dans l’article). Ce qui me fait dire que pour des gens fêtant l’ouverture de l’idéologie d’extrême gauche à la réalité de notre monde (désolé si j’utilise mes mots et que je na parle pas de ’praxis’ ou ...), et en particulier à toutes les couches de la population (et plus seulement aux révolutionnaires et/ou autonomistes), vous ne faites pas beaucoup d’effort de votre côté semble-t-il.
    J’aime la grandiloquence de la dialectique d’extrême gauche, mais n’aurait-il pas fallu l’abandonner au moins pour cet article ?

    De mon modeste point de vue, j’ai l’impression qu’un an après les évènements grecs et les premières arrestations à Tarnac, il ne s’est pas passé grand chose pour rendre l’insurrection ou même la contestation plus populaire, plus simple ou plus accessible là où on aurait pu s’y attendre.

    En tous cas, on a vu en un an, des grosses manifs (même les flics s’y sont mis la semaine dernière) et de violents affrontements qui suivent souvent, la timide prise de possession de l’espace public par les internautes (ça faisait bien depuis le CPE que ’la rue’ ou ’le peuple’ n’avait pas fait fléchir le gouvernement, quelques caricatures plus tard, Jean Sarkozy n’est pas nommé à l’EPAD).

    Tout ça (et c’est pas tant que ça face aux diatribes enflammés, et plaisantes à lire, d’auteurs forts prolixes qui peuplent article XI), pour vous dire que peut-être l’insurrection que vous attendez, vous feriez mieux de la vivre (en suivant vos propres conseils), parce qu’elle est déjà là. Que les tarnaciens ne se sont pas fourvoyés ou trahis en faisant paraître un article dans le Monde (peu importe le verre tant qu’on a l’ivresse), qu’il est Indispensable qu’aujourd’hui vous utilisiez les formidables outils de communication qui sont mis à la disposition de tous pour communiquer des projets et des critiques dans un langage et sur des média accessibles à tous.

    Sortez de vos sphères où tous sont déjà acquis à votre cause, sortez de votre ergotage, de votre intellectualisme pompeux. Pas pour distribuer des tracts sur les marchés, non ; mais pour faire la guerre de l’information et la gagner !

    (Même si ça ne se voit pas, ceci est un message de soutient à tous ceux qui réfléchissent, critiquent et cherchent de nouvelles règles pour un nouveau monde, continuez !)

    • jeudi 10 décembre 2009 à 00h31, par JBB

      « J’aime la grandiloquence de la dialectique d’extrême gauche, mais n’aurait-il pas fallu l’abandonner au moins pour cet article ? »

      On se laisse sans doute aller à un petit côté pompeux. Mais je ne pensais pas qu’on versait du côté hermétique de la force. On fera attention, à l’avenir. Parce qu’en effet, le but est pas de parler à un petit entre-soi disposant des mêmes mots et idées.

      « il ne s’est pas passé grand chose pour rendre l’insurrection ou même la contestation plus populaire, plus simple ou plus accessible là où on aurait pu s’y attendre »

      On est d’accord. Mais sur ce point, je ne me faisais pas trop d’illusion. Le vrai mouvement de contestation, si mouvement il y a, viendra du peuple, pas de quelques isolés, tous respectables qu’ils soient. Eux sont d’abord un symptômes, finalement.

      « pour vous dire que peut-être l’insurrection que vous attendez, vous feriez mieux de la vivre (en suivant vos propres conseils), parce qu’elle est déjà là. »
      « Pas pour distribuer des tracts sur les marchés, non ; mais pour faire la guerre de l’information et la gagner ! »

      J’aime bien
      Je ne te suis pas totalement, mais j’aime bien. Ce que tu évoques pèse d’un grand poids, je crois, sans doute le seul point positif d’une époque assez démoralisante. Mais je reste de la vieille école, un brin romantique : la bataille du net, si bataille il y a, ne peut être gagnée que si elle amène à un soulèvement réel. Révolution numérique, d’accord, mais révolution d’abord.

      « Même si ça ne se voit pas, ceci est un message de soutien »

      Si, ça se voit :-)



  • dimanche 13 décembre 2009 à 06h27, par damncalifornia

    ... un groupe de lecture compose de 8 individus de 25 a 60 ans discute d’un ouvrage titre « The coming Insurrection », par « the invisible commity »...

    plus de 10 000 exemplaires vendus aux etats unis, trouvable dans de nombreuses librairies, lu sous capes sur les campus...

    Fox News est a remercier bien entendu, pour son action exemplaire soutenant les evenememts a venir :

    http://www.youtube.com/watch?v=ZKyi...

    Sans rire, « terrorisme » hier soir a Berkley par des college kids qui commencent a se poser quelques questions :

    http://www.seattlepi.com/national/1...

    J’y suis en ce moment, c’est plutot amusant d’assister a la naissance d’un quelque chose dans un milieu en manque de contexte et de references autres que les videos grecques de youtube et les gentilles annes 60 ...

    desole pour les accents, ils sont trop bien caches dans les claviers americains.



  • mercredi 16 décembre 2009 à 03h25, par un-e anonyme

    100% d’accord.

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