lundi 22 juin 2009
Sur le terrain
posté à 09h56, par
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Ce devait être le grand rassemblement contre les lois anti-terroristes, une réponse logique au barnum sécuritaire de Tarnac. Ça a été un peu décevant : une affluence réduite (en comparaison de la mobilisation de janvier) au rendez-vous de la Fontaine des Innocents, hier, 1 000 personnes à vue de nez, et une manif qui s’égaille rapidement dès les premières lacrymos tirées. Photos.
On se disait que ça avait un petit air de « tout est possible ». Les Halles, rendez-vous des lascars, et Beaubourg, celui des touristes : les lascars pour alliés et les touristes pour bouclier. La géographie du quartier, avec ses rues piétonnes et ses petites places blindées de monde. Un 21 juin aussi, l’atmosphère plus avinée et joyeuse qu’à l’ordinaire, fête de la Musique susceptible de constituer le plus joli des terreaux pour une manif résolument revendicatrice. Comme un condensé des promesses du rassemblement, il y avait cette fin de Deux ou trois choses que j’avais à vous dire, texte d’Yildulne Lévy paru dans Le Monde : « Certains se retrouveront à la fontaine des Innocents à Paris, ce dimanche 21 juin, à 15 heures. Toutes les occasions sont bonnes pour reprendre la rue, même la Fête de la musique. »
Soit. Mais le truc, c’est qu’on ne l’a pas reprise longtemps la rue… Quelques dizaines de minutes, à tout casser, et puis s’en va. Pourtant… les cagoules étaient de sortie, les présents à l’évidence résolus, l’ambiance façon y-a-l’Insurrection-qui-vient-je-me-demande-même-si-ce-n’est-pas-elle-qui-tourne-au-coin-de-la-rue. Mais l’ensemble n’aura pas duré au-delà des premiers affrontements avec les CRS1, quelques minutes après que le cortège se soit ébroué de la place des Innocents : la troisième ou quatrième charge des uniformes aura suffi à séparer les manifestants en plusieurs groupes, lesquels se sont rapidement égaillés. Dès lors, le quartier était aux mains des policiers, en uniforme et en civil, ces derniers - surtout - présents partout, les yeux fureteurs et l’allure louche, décidés à sauter sur le premier qui songerait à bouger le petit doigt. Fin des festivités.
Conclusion ? Pas grand chose. La manifestation aura au moins permis de se compter et de se parler. Mais on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec les camarades allemands, si bien organisés en ce type de circonstances : en cette situation très favorable, nul doute qu’ils auraient tenus le pavé pendant plusieurs heures, restant groupés, unis et offensifs. La prochaine fois ?
1 On ne s’étendra pas sur l’origine des affrontements et sur la question de savoir à qui en incombe la responsabilité. Disons que les CRS paraissaient décidés à en découdre, ainsi qu’un certain nombre de manifestants. Les premiers nous horripilent, les second ont tout notre sympathie, mais on n’ira pas jusqu’à écrire que les policiers sont seuls responsables des échauffourées.