ARTICLE11
 
 

mardi 10 janvier 2012

Sur le terrain

posté à 19h10, par Pierre Souchon
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Tunisie : la révolution n’est pas une randonnée de gala

Un petit village, à deux heures de route de Tunis – autant dire : très loin de ma cambrousse ardéchoise natale. J’étais parti prendre un bol d’air loin de la capitale et de son agitation révolutionnaire, pensant m’aérer les neurones et les poumons, j’en ai ramené une cheville foulée. C’était en mai dernier, avant les élections, mais après la chute du despote. Retour sur randonnée.

Cet article a été publié dans le numéro 5 de la version papier d’Article11, en juillet, soit bien avant les élections tunisiennes.
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On a loué une bagnole, ce matin avec Brahim, étudiant communiste discret à la gueule de salafiste accompli, grande barbe et cheveux abondants. Direction la campagne, pour rendre visite à Momen, jeune campagnard ami croisé à Tunis. On a roulé deux bonnes heures, et ça m’a mis en ébullition. Je suis sorti de la ville, nom de dieu ! Trois semaines que je me farcissais du pot d’échappement et du merdier urbain ! Quand j’ai commencé à voir des montagnes, des oliveraies, j’étais content, et puis de plus en plus. Je voyais pas mal de bêtes, je leur parlais en conduisant. Deux faucons crécerelles, des tourterelles turques, des hirondelles de cheminée, des vaches et des moutons, j’ai vu un tas de merles et à un moment, comme Brahim avait fini par comprendre mon obsession, il m’a indiqué, là-haut ! En haut du poteau télégraphique ! Une cigogne qui nichait et nous regardait passer avec un air de snobisme superbe.

On est arrivés chez Momen. C’est profond, ici, comme campagne. Lui étudie le droit à la fac à Tunis, mais il rentre tous les soirs, à deux heures de route : il ne peut pas s’en passer, de son village. Il faut qu’il garde les moutons, il en a besoin. Ça a tout de suite créé une proximité entre nous. Je me suis senti à la maison, j’ai commencé à regarder partout, les chiens, les poules, et on est partis au café. C’est un fonctionnement tribal, ici, c’est-à-dire que dans le bistrot, il y avait environ quarante types : «  Ils sont tous de ma famille  », dit Momen. Tous liés par le sang, de manière plus ou moins lointaine. Y a pas trop d’Européens qui viennent ici, y en a même pas du tout. Tout le monde alors me salue, c’est un défilé ! Avec Momen et Brahim, on dit bonjour sans arrêt, on n’arrive pas à boire notre café tranquilles. Là, carrément, Azzedine s’installe à notre table sans sommation.

Azzedine a une bonne quarantaine. Il est chauffeur de taxi, et il a une vraie gueule de paysan ardéchois. Je lui demande si c’est bien sa provenance. Non, il est d’ici, il me contredit, mais c’est vrai qu’il est paysan, aussi. Simplement, la terre ne suffit pas pour vivre. Il a des enfants : sa propriété est trop petite. Il essaye de subsister, avec plusieurs boulots. C’est compliqué. Est-ce qu’il a des bêtes ? « J’avais huit vaches pour la consommation de la famille, le lait, le beurre, le fromage. Mais ce troupeau était surtout là pour faire face aux difficultés économiques : chaque fois que c’était trop difficile, on vendait une vache. Ça fait quelque temps déjà que je n’en ai plus. » Azzedine m’explique qu’il est un peu vieux, maintenant, mais qu’il était excellent au foot, lorsqu’il était jeune. Un jour, d’ailleurs, il avait quinze ans, un entraîneur étranger au village le voit jouer dans son club, juste ici, à un kilomètre du café. Ce monsieur l’emmène à la capitale, direction L’Espérance sportive de Tunis, le club le plus prestigieux du pays. Et Azzedine joue, devant le sélectionneur de l’EST. À l’issue du match, le sélectionneur lui dit qu’il le veut dans son club espoirs. Le gratin ! Les jeunes les plus prometteurs du pays ! Rentré au village, Azzedine annonce la nouvelle au patron de son club. « Ah bon ? L’EST te veut ? Il faut que je signe une autorisation, alors. Tu as combien ?
- Combien quoi ?
- Tu me donnes combien, pour que je signe l’autorisation ?
 »

Il en a pleuré pendant trois jours, Azzedine, dans son lit d’adolescent. «  Je n’avais pas un sou, il le savait très bien : mes parents étaient paysans, et on ne faisait qu’un repas par jour… Je n’avais jamais vu d’argent pour de vrai, pas même une pièce, de ma vie…  » La corruption sévit plein pot. On est sous Bourguiba, et le patron du club d’Azzedine est haut placé dans l’administration locale. Ça n’empêche pas Azzedine d’assister, un an plus tard, à la finale du championnat national à Tunis. Et Bourguiba est là en personne ! Il se fait acclamer longuement avant le début du match ! Extraordinaire, pour Azzedine ! Il voit le président ! C’est un Dieu vivant, dans son coeur, à l’époque ! Alors Azzedine acclame celui qui est à la tête du système qui l’opprime quotidiennement. Il ne se rend compte de rien. Il danse de joie dans les tribunes.

Azzedine n’est pas devenu footballeur. Il a continué à travailler à la ferme pour nourrir la famille, sans jamais rien vendre : de l’agriculture de subsistance. Il allait à la mosquée régulièrement après les travaux des champs. Il ne fallait pas trop le faire, ça, sous Ben Ali qui avait déposé Bourguiba : la moindre velléité religieuse est sévèrement réprimée, les islamistes sont pourchassés, torturés. Azzedine, qui déroule son tapis de prière lorsqu’il a le temps, est très vite convoqué au commissariat. Il est islamiste, c’est ça ? Il veut instaurer la charia ? Comment s’appellent ses camarades djihadistes ? Il nie, Azzedine, et longtemps les interrogatoires continuent, poussés. Il proteste de sa bonne foi de croyant. Il ne veut pas céder ? Qu’importe : puisqu’il veut avoir une licence de conducteur de taxi, on ne lui accorde pas en raison de son appartenance politique – imaginaire. Il a un peu plus de vingt ans. Il enrage, et surtout il crève la dalle. Alors il fait le tour de la famille, la grande, la tribu. Il travaille comme un sourd aux champs, réunit un paquet de fric et va voir le patron local du parti présidentiel. Il lui file tout le pognon et adhère au RCD dans la foulée. Ça va très vite : la licence de taxi lui est accordée, enfin. Il peut travailler. Il obtient des facilités administratives. Adhérer au parti unique, qui compte deux millions de membres – il y a neuf millions de Tunisiens –, procure des avantages multiples.

La plupart des membres du RCD l’étaient de façon passive : ils ne savaient même pas qu’ils étaient au parti. Mais il existait un véritable maillage du parti unique à travers tout un tas de mécanismes d’insertion sociale : le parti n’exerçait pas seulement la répression et le quadrillage de la population. Il donnait accès à des emplois, à la possibilité d’ouvrir des commerces, au travail. Si les classes populaires et moyennes ne se heurtaient pas à la prédation des clans mafieux au pouvoir – limitée à la communauté des affaires –, elles avaient affaire quotidiennement, comme Azzedine, à la corruption des agents de l’État. À l’humiliation morale, dont Bouazizi est devenu le symbole – il est racketté, et giflé par une policière1 –, se rajoute une humiliation économique et sociale : le « miracle économique tunisien », fable entretenue par le régime, encouragée par les agences de notations laudatrices et les félicitations du FMI, laisse sur le carreau des centaines de milliers de gens, particulièrement à l’intérieur du pays. Le littoral est un peu mieux loti, avec le tourisme. Le mouvement social qui a renversé Ben Ali est parti des terres : cette révolte des classes populaires marginalisées a rencontré d’autres mécontentements. L’élite intellectuelle, privée de liberté d’expression. Les grands capitalistes, spoliés par la mafia au pouvoir. Les classes moyennes enfin, qui se sont sacrifiées pour leurs enfants sans résultats : fils et filles ont rejoint, pour l’écrasante majorité, les rangs des centaines de milliers de diplômés-chômeurs. Une convergence d’intérêts a eu lieu pour renverser le régime – une alliance de classes, vraiment, de haut en bas.

Maintenant que Ben Ali est tombé, Azzedine est heureux. Son niveau de vie ne s’est pas amélioré, c’est vrai. Mais il y a bientôt des élections, pour l’Assemblée nationale constituante : il faut un système politique démocratique, il m’explique. Avant même les augmentations de salaire. Comment il va obtenir ça, si l’Etat est corrompu ? Parce qu’Azzedine tient à me dire, comme tout le monde ici, que rien n’a changé : les élites politiques et économiques sont les mêmes. Ben Ali a dégagé ? C’était une révolution de palais, menée par l’armée, engendrée par le mouvement social, certes – mais le pouvoir est resté entre les mêmes mains. Il n’y a qu’à voir la quasi totalité des ministres actuels : d’anciens membres du RCD, ex-ministres de Ben Ali, ou ex-hauts fonctionnaires. Ceux qui sont soi-disant indépendants, de la société civile ? Ils ont été conseillers des derniers gouvernements du dictateur, de façon officielle ou officieuse. Le changement, me dit Azzedine, il y en a un seul : c’est la liberté d’expression. Les dizaines de journaux de toutes tendances qui se créent, les opposants qui passent en permanence à la télé, les 82 partis politiques enregistrés...

Cet espace public pluralisé, Azzedine y trouve sa place : il affiche maintenant haut et fort sa sympathie pour Ennahda, le mouvement islamiste. Il va voter pour eux aux élections, parce que ce sont les seuls dont il connaît le programme. Ils sont venus, il n’y a pas longtemps, les militants islamistes. Ils l’ont appelé personnellement, Azzedine, au téléphone, et l’ont invité à venir les voir. Ils lui ont présenté son programme, il a trouvé ça bien. Ce sont les seuls qui l’ont fait, alors il a confiance en eux. Ennahda risque d’avoir un vrai succès électoral grâce à son ancrage social. C’est la seule organisation qui est présente sur le terrain, dans les campagnes, dans les quartiers populaires, partout. De même que le RCD, ou plutôt ses nouvelles émanations – les partis politiques nouvellement créés regroupent nombre d’ex-RCDistes, qui continuent à activer leurs réseaux militants.

Ah ! Encore un monsieur qui vient nous saluer ! Baghera vient de la montagne là-bas, au loin, m’explique Momen. Il a des yeux incroyables, qui partent un peu n’importe où, ce vieux monsieur à la peau tannée, presque noire. Des mains énormes, une poigne d’enfer : il vient travailler le matin au café, faire serveur. Ça lui permet d’avoir un peu d’argent pour la semaine. Sinon il a quelques petites parcelles, pour manger – il ne commercialise aucun de ses produits. En revanche, il vend des serpents. C’est sa spécialité, à Baghera, c’est pour ça qu’on l’appelle comme ça, d’ailleurs, parce que c’est l’enfant de la jungle. Il attrape les serpents les plus dangereux, les saloperies venimeuses qui bronzent sur les calcaires, qui se déplacent en sifflements dans les herbes, Baghera, hop ! À la main seulement, il n’a pas besoin de protection, il les attrape, les tue, et les vend dans les pharmacies. Voilà qui aide sa famille.

On s’en va. La maman de Momen nous a préparé un somptueux couscous avec des produits de la ferme. C’est excellent. On va se balader, pour digérer. Et là, je suis heureux, alors vraiment, à gravir cette montagne. Une bonne pente, des cailloux blancs, des calcaires, du thym partout – c’est la garrigue. Je respire de très grands coups, on monte et on domine bientôt la plaine. Une immense oliveraie étale ses bras réguliers près des maisons. « C’est ‘la ferme de la République’, désigne Momen. Quand Bourguiba était traqué par les Français, pendant la lutte pour l’indépendance, une femme du village l’a caché trois jours dans sa maison. Quand il est devenu président, pour la remercier, il lui a donné ces dizaines d’hectares de terre et a fait planter tous ces oliviers. Elle est morte avant que je naisse, cette dame, mais l’exploitation a été transmise : aujourd’hui, ce sont ses fils qui l’exploitent. L’un d’entre eux est ingénieur agronome. Tu as vu comme ces arbres sont beaux ?  » J’admire. On est en haut, je suis content, alors je dévale un peu la pente, pour rigoler. Je fais trente mètres en courant plein pot. Aïe ! C’est très violent. Le pied droit… Il vient de vriller… Je vois des étoiles… Je marche un peu encore, et je m’assieds. C’est à hurler. J’enlève ma pompe… Douuucement…. Bordel, ma cheville, c’est comme si deux œufs de poule s’étaient greffés dessus instantanément. Elle a triplé. Momen et Brahim s’approchent… Ils regardent en experts… Se concertent… Le diagnostic tombe : je vais mourir sur la montagne, je n’en ai plus pour longtemps. On a bien rigolé, et ils m’ont aidé bras dessus bras dessous à redescendre. Je la jouais indifférent, en fait j’avais vraiment envie de pleurer.

Enfin on est arrivés dans la plaine, et c’est Ali qui s’est avancé vers nous, dans les champs d’amandiers. Il avait entendu dire qu’un journaliste français était là. Est-ce que je peux faire quelque-chose pour lui ? Il était ouvrier pendant 23 ans dans une usine d’équipements automobiles. Payé une misère, d’accord, mais ils étaient deux cents ouvriers, et la boîte procurait un net complément au travail de la terre. Les équipements étaient vendus en France. Ali a participé à une grande grève, fin 2010, pour demander la titularisation des nombreux ouvriers précaires et une meilleure couverture sociale. Le patron a fermé la boîte du jour au lendemain. Lié aux clans, le boss : les deux cents licenciés n’ont eu aucune indemnité, rien. Juste plus de boulot, les grilles fermées, la misère pour les familles, et quelques actions pour tenter de reprendre le travail et être dédommagés. Je vais revenir, je promets, pour rencontrer ses copains ouvriers. Ali était syndicaliste à l’UGTT, mais il n’y accorde pas de valeur : dès lors qu’on était embauché à l’usine, l’adhésion au syndicat unique était automatique. Mais ? Oh ? Votre pied ? Qu’est-ce que… Non, ce n’est rien, je vous assure, Ali, je… Si, c’est important, il me dit, ça n’a pas l’air d’aller… C’est pour ça que vous êtes tout blanc…

Alors Ali frappe très fort à un portail bleu, dans une rue du village. Le portail s’ouvre. Un jeune homme à casquette… Ils se saluent… On me dit de rentrer. Momen m’escorte… « Vas-y !  » Au fond de la cour, on me donne un petit tabouret. Le jeune homme à casquette s’assied. Il me dit qu’il a été licencié, lui aussi. Je commence à lui poser une question ou deux, mais une dame sort de la maison. Elle est très âgée, entièrement voilée, on ne voit que ses yeux fascinants, généreux. Elle balance un tapis à mes pieds ! Elle s’assied dessus, sort une bouteille de Sprite de ses habits. Elle l’ouvre, elle en verse un peu sur ses mains, ça sent bizarre… Ses mains luisent ! Et puis hop ! Elle prend mon pied droit. Elle le masse, il faut voir comment… C’est très agréable… Elle enduit mon pied… Avec le Sprite, enfin cette huile, je ne sais pas ce que c’est… Ah, c’est chaud ! Ça fait du bien. Au bout de cinq minutes, je suis aux anges. Sur un signe de la vieille dame, Momen me regarde et me dit : « Maintenant, il va falloir résister un peu. » La dame me fait un sourire, je lui rends. Ah ! Je hurle ! Et fort, c’est intenable, qu’est-ce qu’elle fait la vieille ? Elle me massacre, c’est sûr, nom de dieu de merde, je vais crever. C’est pas des mains qu’elle a, c’est des battoirs putain, elle me hache !

Elle s’appelle Saïda, elle me dit en m’éclatant les os. Mais on l’appelle Ichria, parce qu’elle est la femme d’Ichri, alors c’est Ichri et Ichria, me traduit Momen. C’est rigolo ! Aaaaaaaah ! Nom de dieu de sorcière, mais pourquoi elle soigne les gens comme ça ? Elle me montre le ciel avec le doigt ! C’est Dieu, il dit Momen, c’est Dieu qui lui a donné ça ! Ah ? Oui, c’est comme ça. Elle parle à Momen maintenant… Elle me déchire ce qu’il me reste de tendons… Momen lui répond… Il est mort de rire, le salaud ! Je vais claquer et il se marre… Il traduit. « Ichria m’a demandé : ‘Momen, ce jeune, c’est le fils de qui ? – De Rimaud’, j’ai répondu. Parce que Rimaud, c’est un ancien colon français dont il existe toujours la ferme, pas très loin d’ici. Le type qui habite dedans maintenant s’appelle Ahmed, mais tout le monde l’appelle Ahmed Rimaud. Si tu parles d’un Ahmed, on te dit lequel ? Tu dis Rimaud, Ahmed Rimaud. Les Rimaud étaient très appréciés. Ils employaient Ahmed comme ouvrier agricole, ils lui ont payé son mariage et son permis de conduire. En plus ils salariaient les gens honnêtement. Tout le monde dit maintenant que les Français payaient beaucoup mieux que les grands propriétaires terriens tunisiens actuels. 
- Mais elle t’a cru, Ichria ? Quand tu lui as dit que j’étais le fils de Rimaud ?
- Oui ! Elle m’a dit : ‘Ah bon, ils sont revenus ?’
 »
Ah, il se marre, Momen ! Le fils Rimaud rien du tout ! Le fils Souchon, surtout, qui défaille ! Elle me travaille le pied, Ichria, si par miracle j’avais pas de fracture avant de venir, maintenant c’est sûr que je m’en paye une bonne. Enfin le grand carnage s’achève, ça a duré vingt-cinq minutes. Ichria donne les consignes. « Tu vas avoir mal encore deux jours et ce sera fini, transmet Momen. Il faut que tu fasses un bandage avec de l’alcool. Ce n’est pas grave, il n’y a pas de fracture, rien de cassé. »

Le diagnostic me rassure. Je serre longuement la main d’Ichria qui me remercie, je sais pas trop de quoi. Ça a quand même nettement plus de gueule, des millénaires de culture, qu’un ahuri qui a fait douze ans de médecine. En attendant, je peux plus du tout poser le pied par terre. Brahim, qui patientait dehors, me voit sortir et me demande inquiet si ça va mieux. Je dis que je suis prêt pour les Jeux Olympiques. Le stoïcisme à cloche-pied, ça impressionne tout le monde. Je remercie chaudement Ali pour son aide médicale. Puis il a fallu y aller, c’était le soir. Rentrer en ville… Tunis… Momen m’a dit qu’il m’attendait quand je voulais, pour l’interview des gens de l’usine, je resterais trois ou quatre jours pour enquêter plus sérieusement que cette fois-ci où j’avais surtout bu des cafés au bistrot. Comme il me tenait pour un grand professionnel, je l’ai remercié. On a pris la bagnole avec Brahim. J’ai laissé un pied, chez Momen, et dans les cailloux j’ai paumé un bout de mon cœur.

***

Post-scriptum de l’auteur

Pour comprendre la Tunisie, il est indispensable de lire le chouette bouquin de Béatrice Hibou, La Force de l’obéissance. Economie politique de la répression en Tunisie (La Découverte, 2006). Directrice de recherche au CNRS (Ceri-Sciences Po), Béatrice Hibou vient également (rappel : article rédigé en mai/juin 2011) de faire une synthèse passionnante de la situation dans le pays (disponible ici) : « Le moment révolutionnaire tunisien en question : vers l’oubli du mouvement social ? » Qu’elle soit chaleureusement remerciée pour son aide et sa gentillesse.



1 La tentative de suicide par immolation du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010, est à l’origine des émeutes ayant conduit à la révolution tunisienne et à la destitution de Ben Ali. Le jeune est mort de ses blessures deux semaines plus tard.


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