mardi 5 août 2008
Le Charançon Libéré
posté à 11h41, par
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Ça n’a pas traîné… Sitôt connue l’identité du principal suspect du meurtre du petit Valentin, Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie se sont empressées de se rendre à Lagnieu, histoire de se faire bien voir devant les caméras. C’est la règle des mois d’été : il ne faut jamais se priver d’instrumentaliser un macabre faits divers… Une recette que les deux ministres maîtrisent à la perfection.
Dites ?
Vous sentez ?
Oui : il flotte quelque chose dans l’air.
Un goût rance et un peu écœurant.
Comme…
Comme une odeur de sang.
Bon : moi, je suis comme vous.
Ça ne me plaît pas plus que ça.
Plutôt moins, même.
Beaucoup moins…
Mais certains politiques n’éprouvent pas les mêmes réticences devant cette funeste fragrance.
Et accourent au triple galop quand ils en hument le parfum.
Alléchés et émoustillés.
Enfin… je dis « certains politiques »…
Je devrais écrire : certaines ministres.
En l’occurrence, Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie.
Si vite débarquées à Lagnieu, là où a été poignardé le petit Valentin, qu’elles font davantage penser à deux vampires en maraude, pressées de se pourlécher les babines devant les caméras, qu’à deux membres du gouvernement.
Hier donc, à l’heure où ne blanchit plus la campagne, Vampirella et Cruella se sont payées un tour d’honneur dans le village de l’Ain.
Se poussant du coude pour se mettre en valeur.
Sans que l’on sache s’il s’agissait surtout de réconforter la famille, rencontrée l’espace d’une demi-heure.
De parader devant les caméras, occasion inespérée de se faire voir en un début de mois d’août peu propice aux gros titres des journaux télévisés.
Ou de surfer sur ce macabre faits divers pour titiller la fibre répressive de nos concitoyens, encouragés à pousser la chansonnette en chœur sur une vieille mélodie bien connue, « Ces salauds on les aura, la peine de mort elle reviendra… »
Euh…
Ça ne vous rappelle rien ?
Non ?
Cherchez bien…
Un certain 15 août de l’an passé, même période médiatiquement creuse.
Un petit garçon enlevé et abusé par un vieux monsieur sans âme ni conscience.
Souvenez-vous : Rachida Dati, déjà, était partie à la rencontre de la famille.
Avant de promettre un durcissement de la loi envers les délinquants sexuels récidivistes.
Et ?
La promesse avait été tenue.
Et la loi, mettant à bas le principe de légalité des peines et instituant la rétention de sûreté pour les criminels multirécidivistes promulguée.
Dont Robert Badinter : « Priver quelqu’un de sa liberté sans infraction, au nom de sa dangerosité supposée, c’est une idée qui remet en question les fondements même de notre justice pour se rapprocher des régimes totalitaires. »
Et Patrick Marest, délégué national de l’Observatoire international des prisons : « La rétention de sûreté, parce qu’elle ouvre la possibilité d’une relégation éternelle et assujettit la liberté individuelle à l’arbitraire d’un pronostic, constitue un renoncement aux valeurs qui fondent notre tradition humaniste. »
Ce qui n’avait pas empêché Rachida Dati d’user des fondements de notre justice comme d’un paillasson.
Tout ça pour dire…
Les faits divers en plein mois d’août sont souvenu néfastes à la démocratie.
Et celui-ci ne devrait pas déroger à la règle.
Que voulez-vous ?
Vampirella et Cruella ne se déplacent pas pour rien…