jeudi 15 avril 2010
Le Charançon Libéré
posté à 16h51, par
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On le tait, on le cache mais… les policiers savent s’amuser. Particulièrement dans le 18e arrondissement de Paris, où ils ne goûtent rien tant que de faire danser (sous les coups) ceux qui visitent leurs locaux, qu’il s’agisse de victimes venant déposer plainte ou de très petits délinquants. L’expression d’un sens de la fête original. Après tout, qu’importe : du moment qu’on rigole…
Je fais chaque jeudi une petite chronique sur la radio libre FPP, à 12 h 15. Comme d’habitude, je te la copie-colle ici. Et comme c’est jour de fête, tu peux même l’écouter en version audio, juste ci-dessous.
Je suis sûr que tu es comme moi, Amie : tu aimes faire la fête, danser jusqu’au bout de la nuit, trémousser tes petites fesses et agiter ton corps.
Et je voudrais, puisque nous sommes entre nous, te recommander l’une de ces soirées qui ont fait de la région parisienne ce qu’elle est, un haut-lieu de la fête reconnu dans le monde entier - et même au-delà.
Ce soir, donc, et pour peu que tu sois une fille - il faut que tu aies une paire de seins, sinon ça ne marchera pas… - je te recommande très fortement de gagner Brétigny-sur-Orge, dans l’Essone, et de rejoindre l’Eden’s Club.
Une discothèque qui se trouve être à la fois, selon son site internet, « unique en son genre » et la plus belle des « alternative pour des soirées inoubliables ».
Je te l’assure, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.
Que je t’explique : l’Eden’s Club organise ce soir une « Police-pompiers party » - je te jure que c’est authentique…
L’entrée sera gratuite pour les filles - ça, c’est plutôt classique - tandis qu’elle sera réservée côté mâles aux policiers et pompiers munis d’une carte professionnelle.
Une ségrégation sur l’uniforme que le site internet de la discothèque résume ainsi : « Venez faire la fête avec les policiers et les pompiers les plus sexy ! »
Waouh !
L’ambiance va être chaude, chaude, chaude…
Tout opportunisme commercial mis à part - la soirée, explique Le Parisien, est en fait pour les propriétaires des lieux l’occasion de caresser la police dans le sens du poil, après plusieurs plaintes pour tapage nocturne - , tout opportunisme commercial mis à part, disais-je, l’Eden’s Club a raison : il n’est que temps de combattre cette absurde idée reçue selon laquelle les policiers ne seraient que de désagréables et détestables rabats-joie.
Ils sont comme tout le monde : ils aiment s’amuser et ils adorent danser.
Même s’il est vrai qu’ils ont toujours préféré faire danser les autres.
Et que rien ne les réjouit autant que de voir leurs concitoyens s’agiter, se trémousser et se remuer en tous sens.
Tu en doutes ?
Tu as tort.
Et je voudrais t’en donner pour exemple cette joyeuse fiesta organisée il y a deux jours dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris.
Soirée si endiablée que sur les coups (l’expression est peut-être mal choisie…) de 21 h, un homme - venu pour déposer plainte mais si pris par la chaude ambiance du lieu qu’il a oublié de le faire - s’est tant et tant trémoussé avec les occupants du commissariat qu’il n’a pas vu l’escalier, plongeant bêtement sur les marches avant de tomber dans le coma (ou l’inverse).
Oui : c’est ballot.
La victime aurait ainsi un peu trop dansé - sous les coups des policiers du commissariat.
Et se serait un peu trop agitée - pogo vigoureux avec les uniformes présents.
Bref, ce n’est rien d’autre qu’une danse des canards… pardon : des poulets qui s’est mal terminée.
Et ceux qui parlent de violences policières ont vraiment l’esprit mal tourné, ne voyant que le mauvais côté des choses, ne sachant s’amuser, confondant finalement biture dansante et bavure sanglante.
De tristes rabats-joie, donc, ne valant pas mieux que ceux qui pointent l’étrange répétition des accidents dans les commissariats du 18e arrondissement.
Une litanie en apparence répétitive qui n’est en réalité due à rien d’autre qu’au sens de la fête des policiers.
Prends l’exemple de ce jeune Colombien, venu porter plainte au commissariat de la Goutte d’Or en juin 2009 et qui a été placé en garde à vue, insulté et frappé.
C’est simple : s’il est ressorti du commissariat affligé de lésions à l’oreille interne et victime d’une perte d’audition de 40%, c’est tout bêtement parce que la musique était un peu trop forte…
Prends l’exemple - encore - de ce contrôle policier en novembre 2009 au bar Le Nouveau Carillon, dans le quartier des Abbesses, qui a vu les uniformes multiplier les remarques racistes et les tentatives d’intimidations
C’est tout aussi simple : les policiers du XVIIIe n’ont pas apprécié qu’on puisse s’amuser ailleurs que chez eux, voilà tout.
Un cas de figure qui s’est à l’évidence répété le 12 février dernier, quand un jeune habitant de Barbès s’est fait tabasser par des policiers lui reprochant un tapage nocturne.
Je n’ai - par contre - pas trouvé d’explication festive au cas de ce jeune homme qui, en janvier dernier, a été placé en garde-à-vue à la Goutte d’Or après une remarque moqueuse adressée à des policiers en civils, avant d’être insulté et frappé.
Je n’ai pas trouvé d’explication festive, mais je suis sûr qu’il doit y en avoir une.
Comme je suis certain que les multiples plaintes déposées depuis six mois contre des policiers du 18e arrondissement, ainsi que les nombreux témoignages d’habitants du même quartier déplorant le comportement violent des uniformes, j’en suis certain, n’ont d’autre fondement que l’envie de s’amuser.
C’est que, je te le répète…
On sait rire dans la police.
On aime danser.
Et on adore faire danser les autres.
Tout ça pour dire, histoire de revenir à l’accroche de cette chronique : je serais toi, Amie, Ami, j’irais ce soir à l’Edens Club de Brettigny-sur-Orge.
Et je m’apprêterais à passer la plus plus belle des nuits de folie.
Juste… juste… je ferais bien gaffe aux escaliers.
Un accident est si vite arrivé…