Stopper la grève ? « Plutôt manger de l’herbe ! » Voilà le cri de rage d’une femme de mineur évoquant sur la BBC les violents mouvements sociaux anglais de 1984-1985. Un épisode trop souvent méconnu, que l’écrivain anglais David M. Thomas s’échine à faire revivre, lui qui a largement et intensément participé à ces grèves. Entretien.
Cet entretien a été publié dans le numéro 15 de la version papier d’Article11
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« Hier matin, de gros camions sont venus chercher de la marchandise destinée aux centrales électriques de Trent Valley. Un piquet de grève massif les attendait. Mais ils sont entrés et sortis sans problème. Cependant, ça montre que les stocks sont très bas. Puisqu’ils viennent chercher du combustible ici ― quinze camions géants. Ils prendront la totalité. Les sept mille tonnes ― Oui, on restera jusqu’à la fin de la semaine. Jusqu’à ce qu’ils aient terminé ― On criera et on poussera. On poussera et on jurera ― Mais, merde, j’aurais bien voulu les voir laver et transporter le charbon si on était restés solidaires ― J’ai compris alors qu’on aurait pu gagner. Compris qu’on aurait pu battre cette salope et tous ses putains de larbins. Ses brutes de la Sécu et des médias. Compris qu’on aurait pu les battre parce qu’ils auraient manqué de putain de charbon. »
David Peace – GB 84 (Payot & Rivages, 2006)
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Lecteur, tu n’auras pas la voix, celle qui hésite, se tait, se contient, explose de rire par moments. Tu n’auras pas non plus le regard, celui qui se voile derrière une volute de Gitane ou qui se perd à l’intérieur de lui-même1. Mais tu auras les mots.
Il y a quelques années, j’ai lu Un plat de sang andalou22 premier tome d’une trilogie contant le combat d’une poignée d’utopistes dans l’Espagne en guerre contre la horde franquiste, avant de se poursuivre dans le camp de Mauthausen puis de revenir en maraude dans les terres castillanes. Le plat de sang, je l’ai bu jusqu’à plus soif, jusqu’à la lie. Pétrifié par les dernières pages, il a fallu que j’écrive à l’auteur. Un dividende à reverser. De là est née une amitié épistolaire, à l’ancienne, avec stylo et enveloppe timbrée.
Plus tard, nous nous sommes donné rendez-vous. Dans le hall de l’hôtel de la Paix de Limoges, David M. Thomas est apparu. Nous nous sommes reconnus, même si je suis nul en foot et lui supporter de Manchester City. Nous avons parlé. Après quelques verres, il a abordé cette douloureuse période de sa vie, qui l’a finalement poussé à quitter sa terre natale. La longue grève des mineurs anglais de 1984-1985.
Quelques mois plus tard, David M. Thomas a accepté de se livrer à mon magnéto. La bobine s’est dévidée, trente ans après ce quasi épisode de guerre civile entre prolétaires et forces thatchériennes.
Ce témoignage est le sien.
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Dans quelles conditions en es-tu venu à l’engagement politique ?
« Je suis né en 1959, dans le sud de l’Angleterre. Et qui dit sud de l’Angleterre dit climat conservateur, monarchiste et pas mal raciste sur les bords. C’est le tissu social et politique de la région, et il n’a pas évolué ces dernières décennies. Tout me prédestinait donc à devenir comme mes semblables : réactionnaire et lecteur du Sun, ce tabloïd de merde. Ce qui m’a fait basculer dans le camp du diable, c’est l’étude des langues et de l’histoire contemporaine. Dans une région pas vraiment cosmopolite, ça a vite contribué à faire de moi un “sale marxiste”. Je me souviens de la première fois où j’ai voulu acheter le Morning Star, le journal du Parti communiste anglais. La brave dame derrière le comptoir s’est exclamée : ”Ah, le Daily Star !” Le Daily Star est du même acabit que le Sun. ”Non, le Morning Star”, j’ai rectifié. J’ai eu l’impression que les rouages de sa cervelle s’affolaient : Ah merde, il parle du journal communiste ! C’était comme si Staline en personne était apparu dans sa boutique.
À l’époque, il régnait en Angleterre une véritable hystérie. Les gens étaient convaincus que le pays était au bord de l’anarchie. L’inflation - galopante - atteignait les 25 % et le secteur industriel était présenté comme insuffisamment rentable par rapport à ses homologues autrichien, suédois ou allemand. Et puis, les grèves, de mineurs notamment, avaient déjà fait chuter deux gouvernements conservateurs, en 1972 et 1974. Beaucoup de gens estimaient donc que la révolution marxiste était aux portes de l’Angleterre. »
- Thatcher visitant une mine avant la grève de 1984-1985
C’est ce qui a permis à Margaret Thatcher de devenir Premier ministre après les élections de 1979 ?
« Les gens ont voté pour Thatcher parce qu’ils la voyaient comme ”l’homme providentiel” qui allait nettoyer la nation, la purger de ses éléments corrompus - les syndicalistes en premier lieu. Elle le martelait : ”Les syndicats sont trop puissants.” À l’en croire, ce n’était pas l’armée britannique, le Stock Exchange ou les banquiers, mais eux qui prenaient le pays en otage.
Thatcher a aussi séduit une partie des classes populaires en proposant aux habitants des HLM d’acquérir leur appartement à un prix bon marché. C’était une idée de génie : en sécurisant ces gens, elle les fidélisait à vie à son parti. Pour eux, cela représentait un semblant d’ascension sociale vers la middle class, quand bien même ils continuaient d’aller bosser en bleu de travail. »
Comment a-t-elle entamé sa croisade anti-syndicale ?
« Au cours des années 1970, elle avait rallié autour d’elle les ”durs” de la droite, des gens comme Keith Joseph3, partisans d’une politique monétariste inspirée de Milton Friedman et visant au laminage de la classe ouvrière. Elle a ensuite imposé sa vision politique au sein du Parti conservateur. Une fois cette nouvelle direction en place, c’était gagné : l’électeur lambda de droite se fichait pas mal de ce glissement tectonique et idéologique des conservateurs. Lui n’avait pas l’impression de voter pour un projet de quasi guerre civile contre la classe ouvrière ; il voulait juste accéder à la propriété.
- Pendant les grèves de 1984-1985
Alors qu’ils étaient encore dans l’opposition, les conservateurs avaient préparé leur coup en établissant un plan détaillé de guerre frontale contre les syndicats. En 1976, ils ont conçu le célèbre Ridley Report4 : l’idée était de s’en prendre d’abord à un syndicat peu combatif, puis de monter en puissance. Une fois au pouvoir, en 1979, le gouvernement thatchérien a ainsi commencé par attaquer un syndicat mollasson de fonctionnaires, celui de la base de renseignements de Cheltenham, spécialisée dans le contre-espionnage. Il a suffi aux conservateurs de prétendre que les syndicats n’avaient pas leur place dans une structure aussi sensible parce que les syndicalistes étaient avant tout… des soviétiques de mèche avec l’URSS. Pour des raisons de sécurité nationale, il fallait donc les virer. Ce qui a été fait. Ayant pris la température du mouvement social et constaté l’absence de réaction, les conservateurs sont passés à l’étape suivante, en visant un bien plus gros morceau : le syndicat des sidérurgistes.
À l’époque, les corporations des sidérurgistes, des cheminots et des mineurs étaient réunies au sein d’une triple alliance : si un syndicat était attaqué, les deux autres étaient censés se mettre en grève pour le défendre. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé quand les sidérurgistes furent pris pour cible au début des années 1980 : les mineurs ont fait grève pour les soutenir. Sauf que les sidérurgistes ont finalement capitulé et accepté la fermeture de certains sites.
Une fois leur cas réglé, il était temps de passer à l’ultime étape. Soit le syndicat le plus puissant et le plus riche, le vrai ennemi : le National Union of Mineworkers (NUM). Un plan de fermeture d’une vingtaine de puits jugés déficitaires a lancé les hostilités. Le 5 mars 1984, les mineurs ont réagi en se mettant en grève. »
C’est alors que tu as rejoint le mouvement ?
« Oui, et ils m’ont très vite accepté. Je faisais office d’agent de liaison entre les mineurs des puits de Parkside et Bold (Ouest de Manchester) et le Miners’ Support Group de l’Université de Manchester. Une de mes fonctions était de convoyer les mineurs d’un puits à l’autre en minibus, parfois sur des centaines de kilomètres. J’ai aussi intégré les colonnes mobiles, constituées de gens d’horizons divers venus jouer le rôle de ”bouclier humain” devant les puits : le picketing (piquet de grève). Je n’avais au début aucune idée de l’intensité de ce conflit - quatre ou cinq mineurs s’étaient pourtant déjà fait tuer sur les piquets. Mais j’ai vite pris conscience du risque d’y rester, ou d’être gravement blessé. Nous, on avait juste nos godasses et deux manteaux pour parer au froid – en face, les flics portaient des boucliers, des matraques, des casques, et leur impunité était garantie par le gouvernement.
- Piquet de grève, South Yorkshire
Les actions se déroulaient la nuit. La plupart du temps, je quittais Manchester vers trois heures du matin, pour arriver au puits d’adoption vers quatre heures. Après un petit-déjeuner très simple, on recevait notre feuille de route. Ensuite, c’était l’inconnu : tu ignorais généralement tout du niveau de dangerosité du foyer de conflit où tu étais envoyé. Et il se trouve que j’ai eu droit aux plus ”chauds”.
Début 1985, je me trouvais ainsi aux abords de la centrale électrique de Carrington, où les picketers essayaient d’arrêter, avec le seul rempart de leurs corps, un convoi de gigantesques camions. Quelques temps avant, Joe Green, un mineur, était mort à Ferrybridge dans une action de ce genre. Il avait été écrasé sous les roues. Le danger était réel. Pourtant, personne n’hésitait à participer aux actions. À Carrington, nous nous sommes ainsi placés face aux camions qui arrivaient. Tous ensemble, on a poussé. Nous avions la chance d’être en surnombre, et on a finalement réussi à repousser les flics.
En règle générale, nous étions moins nombreux que les uniformes. Ça ne nous empêchait pas de foncer, d’essayer de nous tailler un passage dans leurs rangs pour les virer des portes des puits. Mais dans la plupart des cas, c’était perdu d’avance. Ils étaient plus nombreux, mieux équipés, mieux organisés. Et nous prenions des coups. Récemment, j’ai retrouvé mon journal intime daté de 1984 ; pour la première fois depuis trente ans, je l’ai relu. Je suis tombé sur ce passage : ”Aujourd’hui, j’étais à Goldthorpe et j’ai pris un gros coup de poing dans la tronche de la part d’un flic.” Je n’avais gardé aucun souvenir de cet incident. Normalement, quand on se fait taper dessus, on se souvient de la personne qui vous a frappé, de la date et du lieu, des circonstances. Mais ce conflit est ensuite devenu tellement intense que recevoir un gros coup dans la figure n’avait rien d’extraordinaire. »
Il y a eu une montée en puissance des hostilités ?
« L’hiver approchait et la demande de charbon augmentait, ce qui aurait dû favoriser les mineurs. Mais le camp d’en face a augmenté la pression. Par exemple, dans le charbonnage de Fitzwilliam (Yorkshire), les flics menottaient dos à dos leur prise de guerre, les mineurs interpellés ; puis, ils les passaient à tabac, jusqu’à l’inconscience. Ou encore, ils les rouaient de coups dans les paniers à salade.
- La police assiège la ville minière de Cortonwood, South Yorkshire, en 1985
Les policiers de Londres, les ”Mets” de la Metropolitan Police, étaient les pires. Chaque fois qu’ils passaient un mineur à tabac, ils collaient une étoile sur le plafond de leur camionnette. Comme une collection de trophées. Le Nord était devenu une sorte d’État policier et il y avait des barrages partout. Les flics nous considéraient plus ou moins comme de la vermine, et ceux venus du Sud nous lançaient régulièrement des ”Northern scum !”. ”Scum” est encore plus péjoratif que ”racaille” ; à leurs yeux, nous étions une sorte de race inférieure. »
Comment qualifierais-tu ces mineurs qui ont été capables de tenir un tel siège pendant un an ?
« Hargneux. Honnêtes. Déterminés. Résolus à tenir le temps qu’il faudrait. Avant de rejoindre le Nord, je me souviens avoir vu, dans un reportage de la BBC, l’interview d’un mineur et de son épouse. Je n’oublierai jamais le visage de la femme, sa détermination quand elle a dit : ”We’ll eat grass first !” Plutôt bouffer de l’herbe que reprendre le travail.
À la Noël 1984, les étudiants de Manchester ont monté un spectacle pour les enfants de mineurs, qui souvent ne mangeaient pas à leur faim. L’étudiant en arts dramatiques qui avait mis en scène le spectacle me connaissait, nous étions tous deux membres du comité de soutien, et il m’a montré les cadeaux empilés au pied de la scène et destinés aux enfants. Ils étaient emballés, bien sûr, mais la forme de ce qu’ils contenaient se lisait facilement. Il s’agissait de boîtes de conserve. De quoi manger. »
Comment s’est comportée la presse à l’égard du mouvement ?
« Elle n’a cessé de le diaboliser. En mai 1984, par exemple, s’est tenu un congrès des mineurs à Mansfield, dans le Yorkshire. L’occasion pour Arthur Scargill, président de la NUM, de remercier ses ”soldats” de base. Il a donc salué le courage et la détermination des mineurs, les a exhortés à tenir bon. À la fin, il a été rondement applaudi par ses fidèles, et à son tour il a levé le bras pour dire ”Bravo, les gars !”. La presse a transformé ce geste en salut hitlérien, et le Sun a même légendé la photo de Scargill bras tendu par la formule ”Mine Führer”. Ce sale marxiste était aussi un nazi… Voilà un parfait résumé du climat idéologique et médiatique de l’époque. »
À quel moment le rapport de force a-t-il définitivement tourné en défaveur des mineurs ?
« C’est difficile à dire. Un peu comme pendant la guerre d’Espagne : jusqu’à la fin, les Républicains pensaient qu’ils pouvaient l’emporter. Parce que dans ces moments-là, on se retrouve tellement pris dans l’action qu’on se dit qu’on va gagner parce qu’on ne peut pas perdre. Je crois que c’est ce que pensaient les mineurs. Du moins ceux qui continuaient à lutter, car au bout de longs mois ils étaient de plus en plus nombreux à reprendre le travail. Pas autant que ce qu’affirmaient les médias, cependant. Ces derniers diffusaient en boucle des chiffres maquillés de reprises de travail. Une vraie manipulation. De mon côté, c’est seulement quelques semaines avant la fin du conflit que je me suis dit : ”Là, on a perdu.”
En fait, je crois que le tournant s’est joué en novembre 1984 dans le sud du Pays de Galles. La grève y était suivie à 100 %, mais les autorités ont finalement réussi à dégoter le tout premier scab (jaune) prêt à retravailler. Elles ont mis un taxi et une escorte policière à sa disposition, pour l’accompagner au boulot. Mais lorsque les trois véhicules sont passés sous un pont, deux mineurs ont largué un poteau de béton, qui a tué le chauffeur de taxi. Il était père de famille et sa femme était enceinte. Ensuite, les mineurs ont été présentés partout comme des terroristes – ils comptaient pourtant déjà six morts dans leur camp. En fait, la haine, une haine à l’état pur, avait gagné tous les protagonistes du conflit. »
Quand la grève s’est-elle officiellement terminée ?
« Un an et un jour après avoir commencé, soit le 6 mars 1985. Le syndicat avait donné des consignes pour que la reprise s’effectue avec fierté et dignité, derrière les bannières syndicales de chaque puits et en présence des brass bands (fanfares de cuivres). Nous étions censés applaudir les mineurs qui passaient devant nous pour reprendre le travail, mais je n’ai pas réussi à le faire : j’étais paralysé. S’il y a eu des applaudissements, je ne les ai pas entendus.
- Mars 1985 : les mineurs de Maerdy Colliery reprennent le travail
Ce jour-là, j’ai vu arriver un mineur assez jeune, entre 25 et 30 ans, avec casque sur la tête, lampe frontale, gamelle, et aux pieds des bottes énormes. Nos regards se sont croisés et ce fut comme une sorte de fusion, l’espace de quelques secondes, juste le temps pour moi de voir qu’il avait les larmes aux yeux. Moi aussi, certainement. Puis il a craché dans l’éclat des phares : il ne voulait pas pleurer. Je me souviens de ce gros mollard qui étincelait dans le noir, vers cinq heures du matin. C’est une image déchirante pour moi. Difficile à raconter, aussi… »
Un conflit d’une telle durée et intensité doit laisser des traces…
« Des traces énormes ! Parce qu’on sait que c’est la fin de la mine, la fin du boulot. Et parce que c’est aussi la fin de la communauté. Dans les familles, les dégâts ont été immenses : séparations, alcoolisme, suicides… Il n’y a pas eu de plan de reconversion, comme en France. Il ne fallait pas compter sur les conservateurs pour proposer des alternatives aux mineurs ; la mine disparue, place au désert industriel.
Une fois le NUM anéanti, le thatchérisme avait un boulevard devant lui. Les privatisations des fleurons publics de l’industrie anglaise se sont alors enchaînées : British Telecom, British Gas, British Airways… Cette liquidation est allée de paire avec la vente des HLM, histoire que les ouvriers prétendument transformés en middle class puissent devenir à la fois propriétaires et actionnaires. Un mouvement était enclenché, que personne ne pourrait plus arrêter. »
Trente ans après, quelle place occupe cette grève dans l’histoire sociale anglaise du XXe siècle ?
« Elle est reconnue comme l’un de ses moments charnières. Je suis fier d’avoir participé à ce mouvement, de m’être prouvé que je pouvais m’engager à la hauteur de mon propre discours intérieur. Rien à voir avec ces mollassons de sociaux-démocrates, aux abonnés absents quand il fallait passer à l’action.
Ce fut la plus longue grève d’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je crois qu’on tient là un record. Pour ce que ça vaut… À défaut de bataille, on aura au moins gagné une médaille. »
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Photo S. Navarro
2 Un plat de sang andalou et Nos yeux maudits sont les deux premiers tomes de la trilogie ; ils ont été publiés chez Quidam Éditeur. Le dernier volume, Un horizon de chien, en attente d’un nouvel éditeur, est uniquement disponible sur liseuse Kindle. De même pour ses autres ouvrages : Au pays des bras de même longueur (The Land of the Arms of Equal Length), Dieu, tout ça (God, and things) et The Voices of Oradour.
3 Keith Joseph (1918 – 1994), idéologue à l’origine du thatchérisme, plusieurs fois ministre et créateur du think tank libéral Center for Policy Studies.
4 Du nom de son concepteur, Nicholas Ridley (1929-1993), ancien secrétaire d’État thatchérien et président du Selsdon Group, lobby ultralibéral.