ARTICLE11
 
 

samedi 25 septembre 2010

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posté à 19h17, par ZeroS
23 commentaires

A votre service ! Quand civisme et idéologie républicaine colmatent les brèches de l’État-Nation
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1997, fin du service militaire. Une catastrophe pour les jeunes générations, désormais dispensées des corvées idiotes et gueulantes hiérarchiques censées donner le goût de la patrie. Sauf que… l’institution du service civique a pris le relais. Et permet, outre la perfusion républicaine, l’exploitation d’une main d’œuvre jeune et corvéable. Pour en parler, l’objecteur ZeroS.

Le 28 mai 1996, le président Jacques Chirac annonçait sa décision de professionnaliser les armées et de suspendre le service national. Incantations performatives puisque, le 28 octobre 1997, le gouvernement de Lionel Jospin donnait corps aux annonces dudit Président.

Outre l’impérieuse nécessité de défendre la Nation avec des contingents de réservistes, le service militaire jouait un rôle central au sein de l’idéologie républicaine, de droite comme de gauche. En 2002, comme le soulignait lors d’une émission sur France Culture l’ancien directeur de la Bibliothèque nationale de France, Jean-Noël Jeanneney (un brin nostalgique ?), « c’est tout un système d’intégration nationale et sociale qui disparaît, un temps où l’armée constituait, avec l’école, l’un des creusets essentiels de la société française ». La question qui s’est posée par la suite fut la suivante : comment reconstituer « une machine à forger non seulement des soldats, mais des hommes et des Français »1 ?

La réponse fut assez simple : en créant un service civil/civique volontaire. Ces deux termes ont alterné pour qualifier les « essais » de dispositifs représentant deux « sensibilités ». « Civil » serait celle partagée par ceux pour qui le volontariat part d’une démarche d’engagement dont l’objectif n’est pas d’avoir une armée de réserve pour pallier aux déficiences du feu État « providence » et à l’urgence sociale. « Civique » serait la conception inverse. Ligue de l’enseignement vs Croix rouge ? Prévention vs curation ? En pratique, les lignes de démarcations sont floues et renforcées par les incuries de notre régime politique.

Une remise en situation historique globale est indispensable à la compréhension de l’émergence de ce nouveau dispositif. Un élément central de la thèse développée dans l’ouvrage Murs. Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique2 de la philosophe Wendy Brown permet d’éclaircir l’émergence du volontariat, non sans négliger d’autres perspectives d’analyse. Cette dernière suggère en incipit de son essai que « c’est l’affaiblissement de la souveraineté étatique, et plus précisément, la disjonction entre la souveraineté et l’État-Nation, qui a poussé les États à bâtir frénétiquement des murs ». Certains argueront que ce postulat tient de la prophétie, cependant substituons quand même le volontariat civil/civique aux murs tout en conservant une problématique analogue.

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À la disparition du service militaire, les républicains convaincus revendiquaient déjà la nécessité de trouver un nouvel enduit3 pour colmater les brèches d’un État-Nation poreux transcendé de haut en bas, tant par la globalisation qu’au local par un renforcement de la concurrence territoriale et des réaffirmations communautaires4 et identitaires. Au-delà du primat incontesté de la dimension économique d’un capitalisme financiarisé décomplexé, le « faire société ensemble » s’est en apparence dilué, fragmenté et individué – ce que d’aucuns appellent le tournant post-moderne. Là n’est point le sujet, mais notons seulement que malgré des analyses de gauche pertinentes de la complexité et des multitudes, les inégalités socio-économiques persistent voire même s’accroissent considérablement depuis trente ans.

Le service civil/civique – dont nous balayerons succinctement les diverses appellations et la brève chronologie plus tard – apparait dans le contexte d’une « crispation » identitaire de l’État-Nation français, traduite par une surenchère xénophobe largement instrumentalisée5 et corrélée, dans une tradition républicaine liftée, à la recherche d’un substitut au « bidasse » pour alimenter le « vivre en France ». W. Brown relève dans l’édification des murs un même processus : d’un côté, un effacement des frontières à l’unique profit du néolibéralisme, que ne pallie réellement jamais la construction d’obstacles physiques ; et d’un autre côté, une explosion des discours conservateurs6… souvent racistes. Les deux faces ne sont pas contradictoires mais s’alimentent réciproquement, sans que l’on ne sache vraiment où se situe le point de rupture.

La nouvelle formule du volontariat ratifiée par la loi du 10 mars 2010 marque le triomphe de la sensibilité « civique » – plus marquée à droite qu’à gauche – et entre en vigueur en mai de la même année avec la création de l’Agence du Service Civique dont Martin Hirsch, récent ex-Haut commissaire à la Jeunesse, est le premier directeur. Le volontariat fait la quasi-unanimité de part et d’autre du Parlement et chez les principaux concernés : les grandes fédérations et réseaux associatifs. Les dissensions portent davantage sur la forme – par exemple, l’obligation pour tous – et les moyens que sur l’existence même du dispositif et sa fonction symbolique – nécessairement performative. La Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA7) est favorable à un tel projet depuis la fin du service militaire.

En 1997, au début du « quinquennat » de Lionel Jospin, nait le volontariat de défense, sécurité et prévention, celui de cohésion sociale et solidarité et de coopération internationale et d’aide humanitaire8. Le nombre de volontaires est resté incroyablement ridicule jusqu’à la fameuse « crise des banlieues » de 2005. Jacques Chirac fit alors de grandes déclarations d’intention sur le sujet. Il fallait transmettre les valeurs républicaines et inculquer un « sens civique » à tous, notamment pour se prémunir de certains débordements dérangeants9 . Le Service civil volontaire (SCV) fut ainsi créé, de nouveau sans réels moyens financiers, pour atteindre les objectifs annoncés, c’est-à-dire 60 000 jeunes. Ce furent le fast thinker philosophe Luc Ferry10 et le technocrate « apolitique » Martin Hirsch, ersatz d’Abbé Pierre polytechnicien11, qui s’engagèrent, en concertation avec leurs partenaires associatifs, à esquisser les traits de ce que serait la mouture idéologique et pratique d’un nouveau service à la Nation « généralisé ». Lors des élections présidentielles de 2007, les deux principaux candidats – Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy – portaient tous deux le renforcement du volontariat dans leurs programmes respectifs. L’un certainement à la solde de « l’ordre juste » et l’autre de l’Ordre tout court. Par conséquent, à moins d’une banqueroute de l’État français, ce dispositif n’est pas prêt de disparaître.

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Le Code du service national existe donc toujours et l’engagement de Service civique (SC) est une composante du dernier essai de volontariat en date. Il faut savoir que le dispositif actuel inclut l’engagement de SC12 (16-25 ans) et le volontariat de SC (+ de 25 ans). La formule majeure à laquelle je vais me référer via l’acronyme SC est la première, celle qui est centrale dans le dispositif – elle en est la synecdoque et l’enjeu principal (notez tout de même les jeux incompréhensibles de (ré)agencement des mêmes termes depuis 1997). Pour des raisons de digestibilité, je ne m’engonce pas dans la description précise des formes de volontariat et des conditions de leurs usages. Par conséquent, nada sur le volontariat dans les armées, le volontariat pour l’insertion, le volontariat européen et autres volontariats internationaux dépassant le cadre législatif français – qu’ils soient coordonnés ou non par la nouvelle Agence.

L’analogie avec une réflexion en philosophie politique comme celle de W. Brown n’est pas fortuite puisque l’essentiel des approches sociologiques – absolument nécessaires – portent sur la qualité de l’épanouissement individuel que génère un engagement volontaire, l’émergence du fait associatif institué comme pilier d’une société civile – voire civique13 – forte et sur les effets probables qu’aura le SC sur le marché du travail14 et les chiffres du chômage si les objectifs rehaussés des 70 à 80 000 jeunes étaient atteints à horizon de quelques années (10% de la tranche d’âge). Les deux premières sont principalement celles des acteurs associatifs impliqués, de leurs partenaires institutionnels et de laboratoires universitaires en manque de contrats pour boucler leurs budgets. La dernière s’inscrit dans une approche assez classique de sociologie du travail, avec parfois quelques accents marxistes pragmatiques et salutaires. En dépit de cette once de cynisme, force est de constater qu’acteurs comme universitaires pointent régulièrement dans leurs réflexions les limites du dispositif, notamment financières15, dont les répercussions ont un impact direct sur les jeunes concernés. Malgré tout, un seul mot d’ordre : « Continuons ! » Comme toutes les transformations depuis près de trente ans, souscrivons d’abord au nivellement par le bas et négocions à la hausse par la suite… ou pas.

D’ores et déjà, malgré la félicité des volontaires soldés par l’État, les offres de sous-emplois se multiplient. Explosent même. Associations et collectivités bénéficient d’une main d’œuvre peu coûteuse : environ 480 euros pris en charge par l’État, 100 supplémentaires par la structure associative d’accueil et une bourse de 100 euros pour 25 % du contingent sur des critères sociaux peu lisibles et pas très fins16. Les collectivités paient un peu plus cher, sauf lorsqu’elles obtiennent des volontaires par le biais des associations en délégation de service public. L’exemption des cotisations sociales est tout bénéf’ pour la structure d’accueil, l’État les prend en charge. Et un volontaire coûte nettement moins cher qu’un stagiaire, même rémunéré a minima !

Par soucis de distinction avec le bénévolat et le travail, le volontariat a essayé de trouver sa propre place, notamment avec l’usage d’artefacts discursifs et légaux plutôt élaborés comme en atteste le Référentiel des missions de SC. La définition négative du volontaire voudrait qu’il ne soit pas indispensable au fonctionnement de la structure qui l’accueille, qu’il n’exerce pas de tâches administratives et logistiques liées au fonctionnement et que sa fonction ne s’inscrive pas dans un lien de subordination avec les bénévoles et les salariés. Dans la pratique, ces trois conditions sine qua non sont toujours enfreintes, cependant cela ne l’empêche pas de répondre aux tâches (presque poétiques) qui le qualifient : être « accompagnateur », « ambassadeur » et « médiateur ». En fait, certaines structures n’existent que parce qu’elles ont des volontaires, l’administratif et le logistique sont moteurs dans le monde associatif institué et la subordination est inhérente à toute organisation où certains décident et d’autres exécutent. De plus, le Code du service national n’étant pas le Code du travail, un litige entre un volontaire et sa structure d’accueil ne mène pas aux prud’hommes mais devant un tribunal d’instance. Il n’existe pas de corporations de défense des volontaires17 – comme les syndicats pour les travailleurs.

Les bilans individuels doivent être mitigés entre ceux qui s’engagent réellement et ceux qui souscrivent parce qu’ils ne trouvent pas d’autres alternatives. Certaines missions peuvent être intéressantes, d’autres nettement moins. Etc. Au-delà des aspirations de chacun à mener sa vie comme il l’entend ou comme il le peut18, très rapidement les annonces pour des SC se sont mises à transiter par tous les canaux de diffusion d’offres d’emploi, sans réelle distinction. Il faudrait par exemple mesurer l’inflation des offres de SC et l’évolution des CDD sur la liste Coordination Sud. Inversement proportionnelles ?

Quelques annonces glanées contestables, les pdf sont téléchargeables ci-dessous :

Alors qu’en théorie la démarche doit être de type « bottom-up », la politique de l’offre a tout simplement dénaturé l’ontologie même du terme « volontaire ». A cela s’ajoute de nombreuses annonces avec des profils recherchés très spécifiques – sur compétences ou niveau d’étude requis élevé. Quid de la volonté d’engagement et de la motivation ? Elle se cantonne surtout aux déclarations d’intention et à la documentation de référence. À battre ces sentiers, être senior advisor pour British Petroleum a aussi une utilité sociale… et écologique.

Depuis plusieurs années, des associations ont mis les pieds dans le plat de l’économie de marché concurrentielle, abandonnant la bataille des idées et de vagues concepts tels que l’intérêt général et l’éducation populaire au profit de la traduction de toute leur activité en terme économique, par exemple avec l’utilité sociale19. Le décret Fillon du 18 janvier 2010 sur le financement des associations n’est que la traduction de cette dynamique et… d’un atelier du MEDEF de 2008 sur « le capitalisme à but non lucratif »20… pour lequel les associations doivent s’immiscer dans des interstices non lucratives, les structurer puis les intégrer au marché. Comme souvent, le Prince impose, les sujets disposent. Dans leur grande diversité et en toute autonomie…

À la thèse rappropriée de W. Brown, nous pouvons agencer quelques bribes de pistes réflexives. Dans le contexte économique actuel, le volontariat apporte un supplément d’âme à un État-Nation phagocyté par les impératifs néolibéraux de hauts rendements des profits et de croissance économique comme seul horizon de richesse. Tentative de reconquête d’un fragment de souveraineté, c’est-à-dire de cohésion dans la légitimité propre de l’État-Nation21, le volontariat échoue à essuyer les plâtres car, contrairement au service militaire, il récuse l’uniforme. Malheureusement, le brassage et la mixité – appelez ça comme vous le souhaitez – peinent à émerger entre un SC high level, héritier de l’aristocratique gap year britannique, pour les étudiants de la classe moyenne et quelques transfuges, et un SC low cost pour mettre au travail les «  jeunes issus des quartiers sensibles »22.

Bien entendu, jouer d’un dualisme manichéen classiste est réducteur ; malheureusement, celui-ci semble être l’apanage des hautes instances politiques et des structures bénéficiaires aux faibles velléités revendicatrices. Un dispositif qui n’adapte pas très finement son indemnité en fonction d’un calcul annuel du coût de la vi(ll)e (alimentation, habitat, transport, etc.) et de l’âge, qui compte très approximativement les heures, qui néglige la qualité de la demande, qui n’offre aucune protection du volontaire et qui omet de prescrire des moyens suffisants pour suivre les jeunes engagés et contrôler son application ne répond pas aux exigences de complexité arguées par certains thuriféraires. C’est parce que les expériences volontaires sont fragmentées et multiples qu’elles n’assumeront pas le rôle du service militaire passé, pilier de l’idéologie républicaine, et en même temps peineront à faire émerger de véritables revendications en matière d’égalité socio-économique. Elles font mais sont défaites. Le terreau de la xénophobie reste fertile23. Il n’y aura jamais une culture du volontariat24 mais des volontariats cultivés soumis aux aléas climatiques. Du bon grain et de l’ivraie. Bon gré, malgré tout.

Certains prophètes universitaires25 inscrivent le chômage de masse structurel dans l’émergence du capitalisme cognitif post-fordiste, de la société de la (mé)connaissance, de la crise du salariat voire de la « fin du travail ». La précarité serait le produit d’une mauvaise analyse de la crise actuelle – au moins par nos dirigeants et quelques autres partenaires sociaux archaïques. À savoir – comme pour W. Brown – si nous avons affaire à des élucubrations absconses de clercs dégagés des affaires du monde matériel, il est difficile de s’avancer. Qui suivre ? Les marxistes pragmatiques ou les prophètes marxiens ? Quoiqu’il en soit, à tous les écouter, nous serions tentés d’abolir le travail ou, du moins, lui imposer de radicales transformations. En partant d’en bas ?



1 « Le service militaire », Informations diverses, Calenda, publié le mardi 29 janvier 2002, à voir ICI.

2 Édité par les Prairies ordinaires, 2009, P. 208 ; Article11 parlait de l’ouvrage en question ici.

3 Quelques rares propositions originales ont émergé, rapidement évincées.

4 À l’étranger : plutôt novatrices en Bolivie ; carrément réactionnaires en Belgique ou en Italie.

5 Lire l’article de Jacques Rancière, « Racisme une passion d’en haut ».

6 Thomas Franck illustre ce « paradoxe » Pourquoi les pauvres votent à droite ?, Marseille, Agone, 2008, 368 p.

7 Les positions/réflexions de la CPCA sont à lire sur son site.

8 Ces éléments « historiques » sont issus de l’Enquête sur le Service Civil Volontaire publiée en 2008 par l’Agence pour le Volontariat Étudiant, qui regroupait un certain nombre d’acteurs intéressés.

9 Qui en disent long sur la prétendue « égalité républicaine »… et qui ont été vidé de tout sens politique. Cf. l’interview d’Alèssi Dell’Umbria par A11.

10 Un « intellectuel » de gouvernement qui a écrit en 1992 que le philosophe norvégien Arne Næss, père de l’écosophie, de la deep ecology et résistant, développait une… « écologie nazie », peut-il être réellement crédible lorsqu’il conceptualise des changements à opérer dans la société française contemporaine ?

11 Quand la base s’exprime, photo prise dans la communauté Emmaüs de Lavilledieu-du-Temple (82) :

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12 Visitez le Code du service national par ici et feuilletez les textes de référence d’institution du SC par .

13 L’historien indien Partha Chatterjee récuse le concept occidental bourgeois hérité du XIXe siècle de société civile au profit de celui de société politique.

14 Colloque de la CPCA : vous distinguerez les diverses approches. Le seul charlatan est Licio Palazzini qui vend bien le SC à l’italienne alors que les perspectives économiques des jeunes sont là-bas, surtout de Rome à Palerme, proprement désastreuses. Lisezla remise en perspective de Matthieu Hély sur l’économie sociale et solidaire, dont les préconisations se discutent.

15 Une baisse de quelques dizaines de points (en %) des subventions aux associations a été enregistrée.

16 Baisse de 100 euros par rapport à 2009-2010. Faites le calcul : nous sommes en dessous du seuil de pauvreté. Beau projet d’émancipation pour la jeunesse !… Il est quand même possible de cumuler un emploi. Alors, étudiant le matin, volontaire l’après-midi et serveur chez Subway soir et week-end ?

17 Des syndicats commencent à s’intéresser à la question. Lentement.

18 L’ouvrage de Frédéric Lordon récemment publié à La Fabrique, Capitalisme, désir et servitude, croisant structuralisme marxien des rapports et anthropologie spinoziste des affects, peut offrir des lignes de fuite pour analyser sous un angle original les relations schizophrènes volontaires/volontariat.

19 Ce concept soutenu par le secteur de « l’économie sociale et solidaire » est pertinent, cependant il a le défaut de traduire en valeur du système dominant, i.e. économique, des apports et relations humains, sociaux et culturels. Il légitime les associations professionnelles instituées (qui le portent) mais est inadapté à la qualification des richesses des secteurs dans l’entre-deux et plus informels.

20 Feuilleter sur le sujet l’ouvrage pénible et laborieux (dans le style et l’agencement) de Jean-Louis Laville, Politique de l’association, Paris, Seuil, 2009.

21 Les États-Unis seraient un contre-exemple puisque le SC existe depuis les années 1930, cependant G. W. Bush a augmenté les moyens du dispositif durant son mandat… ce qui en dit long sur la teneur idéologique de ce qu’ont importé en France les créatrices d’Unis-Cité.

22 Dans le Référentiel …. Aussi, la sociologue Maud Simonet note dans ses travaux qu’il existe un SC à double vitesse aux États-Unis.

23 Relire l’article de Jacques Rancière, « Racisme une passion d’en haut ».

24 Déjà, le langage usuel des volontaires est tout entier emprunté à celui du monde du travail (et pour cause !). Certains parlent de « salaire », « nombre d’heures », « RTT », etc. au lieu de jouer avec le novlangue SC « indemnité », « mission », etc.

25 Des gens aussi divers que Robert Castells, Roger Sue, Yann Moulier-Boutang, Jean Zin, etc.


COMMENTAIRES

 


  • dimanche 26 septembre 2010 à 09h51, par un-e anonyme

    Précision supplémentaire : Unis-Cité va obtenir des volontaires pour promouvoir le service civique, c’est un peu comme si Article XI achetait des encarts dans 20 minutes ou sortait un premier n° spécial sur... Article XI.

    • dimanche 26 septembre 2010 à 12h01, par un-e anonyme

      t’aurais dû en profiter pour en remettre une couche sur le gros Daubresse avec ses yeux de fou.

      • dimanche 26 septembre 2010 à 12h12, par ZeroS

        Très franchement, Daubresse est un guignol incompétent parachuté là qui ne sert vraiment pas à grand chose. Il prend le train en marche et tombera rapidement dans l’oubli le plus complet de l’histoire de la Ve République. Le genre de gars qui passe puis qui trépasse. Je concède tout de même qu’il est libidineux et carrément dégueulasse. Peut-être à l’image des francs-maçons qui se refilent les postes à la tête de la CPCA depuis 25 ans ? Ils doivent certainement très bien s’entendre. Entre vieux gorets...

    • dimanche 26 septembre 2010 à 12h04, par un-e anonyme

      Une antenne de la Ligue de l’enseignement s’inquiète de l’arrivée des volontaires civiques dans le monde de l’éducation. La crainte porte sur la déqualification et la déprofessionnalisation des métiers de l’éducation.

      Elle vise juste, cependant : ces derniers auraient peut-être dû réfléchir davantage avant de promouvoir le service civique dans un concert à l’unisson de voix peu dissonantes. L’unique projet de ces grosses structures ce ne sont plus des objectifs « sociétaux » ayant attrait à l’éducation populaire ou l’intérêt général mais bien le fonctionnement et la reproduction de l’entreprise et des emplois - même s’ils ne servent plus à grand chose et que des multinationales comme Véolia proposent les mêmes services, moins onéreux, aux collectivités.

      • dimanche 26 septembre 2010 à 13h54, par un-e anonyme

        ceci dit si l’objectif de Ferry, la tête de con, c’est d’accompagner l’essor des entreprises, faudrait peut-être commencer par le réconcilier avec son environnement.
        et là, que glande Veolia ?

        • dimanche 26 septembre 2010 à 14h21, par ZeroS

          Luc Ferry est une étape, l’intellectuel au service des pouvoirs (pécuniers et exécutifs), qui légitime quelques politiques à caractère faussement solidaires. D’un côté on sabre à grand coup de lames bien aiguisées, et de l’autre on panse les plaies béantes avec des mouchoirs en papier. Le corps médical est unanime (les partis) et les aides-soignants bénissent la proposition (les associations - même militantes*) d’où l’absence de nécessité d’un discussion sur le sujet. Le silence médiatique est assourdissant et la critique sociale ne se réveillera que trop tard lorsque peu ou prou nous commencerons à faire les comptes des dégâts occasionnés sur le marché du travail (un peu comme la rupture conventionnée de CDI).

          Le volontariat en entreprise à de grandes perspectives devant lui. Les républicains, parce qu’ils sont ré-publicains, sont encore un peu timorés par rapport au développement de cette perspective. Pour le moment, c’est bien uniquement pour les étudiants en école de commerce... mais d’ici quelques décennies nous pouvons espérer que ça prenne, et puis public/privé c’est peu ou prou la même chose, non (il suffit de regarder le conseil d’administration de LVMH) ? Le contrôle de gestion chez Ernst & Young n’est-ce pas d’intérêt général ? Est-ce que ça ne permet pas à la société d’aller de l’avant en produisant beaucoup beaucoup de croissance ?

          * Certains pas très futés en sont à se demander pourquoi leurs subventions sont revues à la baisse...

          • dimanche 26 septembre 2010 à 14h38, par un-e anonyme

            OK, alors tu as voulu dire
            Abolition du salariat.

            c’est ça, proposons carrément l’abolition du salariat à ces marioles.
            prenons prétexte de la lutte contre l’esclavage
            sinon, ils vont pas comprendre.

            • dimanche 26 septembre 2010 à 15h11, par ZeroS

              Non, clairement le travail. Étymologiquement, ce terme porte en lui les germes de ses maux propres* et, très franchement, les politiques et économies néolibérales se chargent très bien de disloquer le salariat. Les observateurs marxiens de la fin du salariat ne font qu’entériner l’observation d’un processus en cours en essayant de proposer des lignes de fuite qui prendront éventuellement dans le corps social et contestataire au moment où les paradigmes néolibéraux auront déjà changé. Commençons par substituer un autre terme au travail (en tout cas pas volontariat), avec une étymologie plus positive, en le conceptualisant en dehors du champ de l’entreprise capitaliste. Le fonctionnement de cette dernière étant exclusivement vertical et radicalement anti-démocratique, aucune perspective n’est envisageable de ce côté-là. De toute façon, un échantillon plus fin de termes ne se passe pas d’une transformation des pratiques.

              * Pour quelques raccourcis étymologiques. Le mot français ou espagnol est beaucoup plus violent que l’anglo-saxon (work : racine de énergie) ou l’italien (lavoro : labeur)... ce qui, certes, n’en change pas réellement le contenu... L’allemand a une certaine classe (arbeit : valet), il a le mérite d’être clair sur le rapport de subordination. Mon préféré reste tout de même le napolitain assez explicite : faticare.

              • dimanche 26 septembre 2010 à 17h13, par un-e anonyme

                tu cherches une perspective moins mortifère

                c’est comme si tu congelais ton bébé
                en te disant que comme y’a des miracles,
                il va se réveiller quand tu ouvriras le frigo.

                c’est génial !

                • lundi 27 septembre 2010 à 09h44, par ZeroS

                  Le congélateur s’il-te-plaît ! Dans le frigo il mourra plutôt d’une pneumonie à sa sortie.



  • lundi 27 septembre 2010 à 16h18, par Dr Maboul

    une machine à forger non seulement des soldats, mais des hommes et des Français

    Magnifique citation avec tout ce qu’elle a de présupposés sexistes derrière (et c’est une femme qui le dit) : faut (savoir) se battre pour être un homme, seuls les mâles peuvent faire de bon français (enfin des « Français » tout court : pourquoi respecter les règles du français pour décrire ce qu’il faut pour en être un ?! Et si on destituait de leur nationalité tous les hommes, toutes les femmes, qui n’ont pas fait leur service ?)...

    Plus tous les non-dits qui vont avec : les hommes sont des produits (issus d’une « machine ») qu’on façonne(qu’on peut « forger ») et donc qu’on pourra vendre et enfin utiliser/exploiter (suites logiques du cycle de vie d’un produit fabriqué)...

    Il aurait fallu tout un article rien qu’à démolir cette citation. (dommage que l’émission ne soit plus en ligne d’ailleurs)


    Le concept même d’un service (qu’il soit civique, civile ou même militaire) basé sur le volontariat me fait immédiatement pensé à la « servitude volontaire » de La Boétie qui en plus d’avoir un joli prénom avait de jolies idées. Pour lui, le concept même d’Etat implique la création d’un rapport de subordination maître/esclave incompatible avec le désisr individuels et naturels de liberté, de bonheur (en gros, j’ai jamais été très fort en explication de texte). Sans « désir volontaire » de se soumettre à l’autorité de l’Etat DONC à l’autorité d’autres individus : pas d’état ou de nation possible ! (que c’est beau)

    Or, je ne comprends pas comment ces SC(sévisses civiques) sont censés compenser la « fabrique à consentement » qu’était le service militaire dans l’armée où plus qu’ailleurs on apprend à obéir et surtout à ne pas réfléchir (ainsi qu’à haïr « les ennemis de la nation »). C’est ça qui manque à mon sens : des ordres incontestables aboyés à longueur de journées pour s’habituer à l’obéissance aveugle et à son confort au point d’y devenir dépendant et de la rechercher ensuite.

    De plus en plus d’associations remplissant le rôle de l’Etat auprès de population qu’Il a abandonné, ces serviteurs(euses) volontaires ne sont-ils pas amené(e)s au contraire à constater les manquements de l’Etat que seule la bonne volonté de quelques individus tente aujourd’hui de compenser ?

    On leur apprend tout juste à être exploité(e) et même pas à quel point c’est formidable et nécessaire de l’être.

    Mais peut-être qu’en leur donnant l’illusion que l’Etat leur permet d’exprimer leur volonté de changer les choses (tout en restant parfaitement dans le carcan étroit des règles imposés par ce même Etat qui est aussi le responsable de cette situation), on leur donne la possibilité de rejoindre volontairement le projet étatique-national (dont on ignore la réelle teneur), en ne gagnant qu’une portion de smic, donc en étant volontairement exploité, donc en devenant volontairement le serviteur de l’état, voir même en devenant son esclave puisqu’ils doivent gérer ses déchets, ses erreurs, avec le sourire et pour une misère.

    (Je n’ai pas bien compris comment tu liais service civique et tentative de colmater les brèches de l’état-nation en fait, alors je tente une explication.)

    PS : Même si j’ai pas tout compris sur ce point, je suis content de continuer à te lire sur A11, ZéroS !

    • lundi 27 septembre 2010 à 16h58, par ZeroS

      A propos de la question de genre, je ne l’ai pas précisé mais il me semble que le service civil/civique est plus féminin que masculin... le social est féminin par essence (boutade)... mais il faudrait des recherches beaucoup plus précises pour connaître les types de missions attribuées et voir si comme pour le monde du travail, nous trouvons une différenciation sexuée en fonction des missions, les unes plutôt masculines, les autres plutôt féminines (pas d’approche queer sinon on ne s’en sortira pas !). Pour le moment, le dispositif n’étant pas encore « monté en puissance », il est difficile de tirer des conclusions hâtives. La première perspective qui se dessine en terme d’inégalité est avant tout socio-économique.

      Sur la question de l’État-Nation et de sa souveraineté, je pointe le paradoxe entre l’idéal républicain - celui finalement d’entretenir une « identité nationale » (provocation) ou du moins une certaine « cohésion » - et une économie néolibérale assise sur le mythe de l’individu qui se joue des frontières nationales (les deux s’alimentent). Je pense que symboliquement et idéologiquement certains promoteurs du service civique pensent qu’il est nécessaire d’avoir des référents communs pour entretenir la légitimité d’un État-Nation qui fuit de toutes parts. Le service civique devrait théoriquement tenir en partie ce rôle. Personnellement, je pense que la Seconde guerre mondiale a achevé ce paradigme hérité du XIXe... l’agitation civique ne sert qu’à enrôler quelques électeurs conservateurs en manque de France et des citoyennistes naïfs qui aiment l’ordre juste.

      De son côté le mouvement associatif est schizophrène (ou lâche). D’un côté, en partie à gauche, il conspue la précarité, mais d’un autre, entièrement tributaire des subsides publics, il la boucle !

      Le bouquin de Frédéric Lordon Capitalisme, désir et servitude revient sur la notion de « servitude volontaire » de La Boétie d’une manière tout à fait intéressante.

      • lundi 27 septembre 2010 à 18h26, par Dr Maboul

        Ca y est j’ai compris : ce sont « le capitalisme non lucratif » et « l’utilité sociale » qui sont des tentatives pour concilier l’idéal collectif républicain avec l’utopie économique individualiste du capitalisme.

        En fait c’est la République qu’on tente d’adapter au capitalisme (et pas l’inverse) en faisant croire que l’individu est nécessaire à son bon fonctionnement (le volontaire civique) au lieu de dire que la République est la « transcendance » de tous les individus, de la communauté, qu’elle est presque automatique quand on fait vivre des gens ensemble (c’était déjà le propos de la Béotie).

        Et si la République et la nation(ne mérite pas de majuscule alors que la « chose publique » si) ne sont pas plus qu’une simple addition d’individus, il devient « normal » que les règles de l’individualisme capitaliste s’appliquent à toute la société, à l’organisation même de l’Etat, normal qu’on attribue à tout une valeur pécuniaire. (fuite colmatée)

        Comme tu le dis, en revanche le paradoxe spatial n’est pas résolu : Etats, nations et Républiques ont toujours une dimension locale finie (dans l’idéologie capitaliste) alors que l’économie capitaliste, elle, est globale (et la finance americano-européenne). Quid de la souveraineté nationale pourtant chère aux « électeurs conservateurs en manque de France » ?
        Elle est devenue le crédo du borgne bas-du-frontiste, donc un sujet tabou, donc une fuite presque colmatée.

        Ils restent notamment les trop voyantes inégalités entre citoyens pourtant « nés libres et égaux », or d’après TF1 ils sont égaux devant la loi et si certains ont les poches si bien remplies c’est parce qu’ils le valent bien. (fuite soi-disant colmatée)

        ...

        Bon, je vais lire ce bouquin de Lordon, direction la bibliothèque(s’il y est).

        • lundi 27 septembre 2010 à 18h46, par ZeroS

          Il paraît que l’association Article XI va demander 200 volontaires à l’Agence du SC pour avoir des petites mains pour vendre dans la rue le canard papier. Une demande d’obtention de conventionnement avec le Ministère de la Culture et de la Communication est partie...

          Franchement, la servitude volontaire... entre le iPod ou pas de iPod, la servitude c’est la deuxième option ? Est-ce que sans iPod je peux consulter mon compte Facebook dans le RER ? Jouer à Final Fantaisy XV ? Manger des carottes ? Etc.

          • lundi 27 septembre 2010 à 20h10, par un-e anonyme

            c’est ainsi qu’ article XI rentra dans le cadre
            (de l’épidémie de dengue.)

          • mercredi 29 septembre 2010 à 17h52, par Dr Maboul

            Pour avoir un iPod il faut des iThunes.

            Mais pour manger des carottes t’es pas obligé d’avoir du blé ou de l’oseille !

            PS : On distribuera articleXI pendant les manifs, pas besoin de volontaires civils car vous avez à la place plein de volontaires pas aussi vils.



  • Deux choses : sur la main d’oeuvre pas chère, il faut relativiser : accueillir quelqu’un qui ne sait rien faire ni ne connaît le contexte dans lequel il travaille, d’abord ça le rend peu efficace, ensuite ça oblige à prendre du temps pour l’accueillir, lui expliquer, voir avec lui ce qui l’intéresse dans tout ça, etc. Et dans un certain nombre d’associations, quand même, les gens essaient de bien faire leur boulot, surtout sur ce genre d’aspect, et ils ne sont pas aidés pour ça. Donc en termes économiques, ça dérange et ça n’est pas sans coût ni effets sur la productivité de l’ensemble. Je ne dis pas que les jeunes volontaires ne valent pas plus, je dis que le discours : « ça arrange bien les associations » est un peu vicieux, parce qu’au prétexte qu’elles auraient cette main d’oeuvre à pas chère, on s’abstient de leur donner les moyens de payer correctement leurs salariés en général.

    Deuxièmement, on peut détester l’obligation, mais rendre obligatoire quelque chose, c’est en assumer la responsabilité. En l’occurrence, celle de proposer quelque chose de pas trop lamentable en ressources et en contenus aux jeunes qu’on convoque de cette façon. Donc réclamer que ce soit obligatoire obligerait peut-être la société à se poser la question : quel sort je fais aujourd’hui aux jeunes qui arrivent à l’âge adulte et ont besoin : de quitter le domicile parental, de trouver des sous, de déterminer une place qui fasse un peu sens...
    En ce moment, la question n’est pas débattue du tout. on laisse le jeune bien enferré dans son école d’ingénieur du nucléaire ou dans son « insertion sur le marché du travail » qui va lui prendre dix ans. C’est pas de la liberté, c’est du libéralisme.
    Je ne dis pas qu’il n’y a pas des abus et même plein, comme il y en avait avec les objecteurs de conscience. Mais à mon avis, c’est une bonne raison pour penser que le service civil obligatoire n’existera jamais : trop vaste question.

    Et puis il reste le grand truc : un volontariat organisé par l’Etat, et à destination des associations, c’est bizarre. Le tout laisse une impression étrange. Mais dans le bon grain, il y a aussi beaucoup de gens qui travaillent réellement pour autre chose que pour l’argent. L’Etat peut bien manipuler le truc et le faire passer pour quelque chose qui lui soit favorable, on peut penser que beaucoup de ces initiatives se passent bien de ses fantasmes.

    En tout cas merci pour cet avis solide sur une question rare et maltraitée. Pour ma part, les volontaires m’ont bien aidé sur le chemin d’« A bas le salariat » !

    • Il faut arrêter de prendre les volontaires pour de jeunes incompétents qui ne savent rien faire. Quand certains ont 23 ans, un bac +5, des stages et plein d’expériences bénévoles à leur actif, il faut pas se foutre de la gueule du monde et parler de coût à la structure. Pour 100 euros, elle devrait être nettement moins bien lotie ! Et même si les volontaires n’avait aucune qualification universitaire, cela ne signifie aucunement qu’ils soient inaptes et inefficaces, il faut arrêter de prendre les gens pour des cons.

      Aussi, en matière de droit du travail, le milieu associatif qui joue sur le côté affectif « t’inquiètes, t’es engagés, tu peux bien faire 45h par semaine » n’a de leçon à donner à personne. Je ne vois pas pourquoi, on lui accorderait d’outrepasser certains droits alors que d’un autre côté le non-respect de ceux-ci par des entreprises nous exaspère profondément.

      • Effectivement, j’ai tort de dire que les volontaires ne savent rien, je n’ai pas fait attention à ce bout de phrase parce que je voulais insister surtout sur le fait qu’ils arrivent dans une organisation qu’ils ne connaissent pas, qu’il faut les y accueillir pour qu’ils puissent comprendre comment s’y prendre. Et que lorsque c’est fait avec attention, ça prend de la place. Depuis les objecteurs et les emploi-jeunes et toutes sortes de dispositifs de ce genre, l’Etat considère comme parfaitement évident que les associations, parce qu’elles auraient bon coeur et seraient militantes, vont faire cet important travail pour rien et avec le sourire. Sans cesser de leur demander une plus grande « professionalisation » de l’autre côté. Je crois que ça n’est pas incompatible avec ce qui est dit dans l’article, concernant des associations Janus, d’un côté généreuses et de l’autre instruments du système. ça donne autant de motifs de les tenir à l’écart soit, dans un cas, parce qu’elles ne seraient pas sérieuses ou compétitives, soit dans l’autre parce qu’elles seraient des profiteuses...

        Au niveau des salariés, c’est bien la même ambivalence : d’un côté il faut être disponible et motivé, et accepter d’être sous pression, au nom de la Cause ; de l’autre il faut accepter d’être mal payé parce que « ya de l’argent nulle part » et que le syndicalisme est complètement inexistant.

        Dans les deux cas, la démesure des causes et des principes peut effectivement servir à maintenir la domination. C’est vrai. Mais on ne peut pas non plus ne rien faire… Ne pas être dupe, c’est déjà un début, c’est pour ça que je viens lire des trucs ici.

        • Je suis d’accord avec toi. L’objet critique de l’article était d’esquisser avant tout une piste de réflexion sur la dimension symbolique du service et évidemment pointer quelques éléments d’abus socio-économiques clairs. Pourquoi mettre quelque chose à la place du Service militaire ? Qu’est-ce que ça peut produire au moment où la souveraineté de l’État-Nation semble bien mal en point ? Etc. Nous ne sommes plus sous N. Bonaparte ou en pleine Troisième république...

          Sur la question de la protection des salariés de ce secteur des initiatives syndicales émergent. Sont-elles pertinentes surtout quand le syndicalisme n’est pas au meilleur de sa forme ? Il existe aussi des Collectifs de lutte qui s’organisent avec des perspectives de prospectives sur comment les rapports notamment économiques doivent être régulés sur le plan associatif, malheureusement en face il y a la tête de la CPCA où les mêmes mecs se refilent des postes depuis 25 ans. La base militante n’ose pas trop bouger justement parce qu’on reste sous tutelle des collectivités et de l’État, qu’on s’en remet aux directions politiques des structures et qu’on peut difficilement mettre en péril nos actions et les emplois salariés. Malheureusement, en ne bougeant pas, il se produit exactement ce que l’on craint... baisse des subs, disparitions des postes, précarité, etc. La question est la suivante : mieux vaut crever la bouche ouverte au risque de gagner ou mieux vaut rester coi jusqu’à l’agonie sans perspective ?

          Pour le moment, le dispositif SC est ridicule... les objectifs chiffrés n’ont jamais été atteints faute de moyens. A voir de quoi il va en retourner pour la nouvelle mouture mais les économies sont déjà faites sur l’accompagnement des volontaires, les pseudo-formations civiques, etc.



  • Dans le même genre, ce que je trouve inquiétant, c’est cette tendance à faire appel aux militaires.

    Pour des problèmes dont, avant, des personnes s’occupaient pour qu’ils n’arrivent pas, ou, pour gérer ces problèmes quand ils arrivaient quand même. Et par logique financière (à très court terme, parce que ça finit par coûter plus cher), ces personnes sont supprimées. Mais le problème (ou le risque qu’il survienne) lui est toujours bien présent.

    Et, quand il n’est plus possible de faire comme si de rien n’était, c’est les militaires qui sont mobilisés. Comme s’ils étaient là pour ça, des « bons à tout faire ». Le souci, c’est qu’ils sont souvent incompétents... c’est des débutants par rapport à ceux qui s’en occupaient avant (et qui ont été supprimés).

    Les militaires, c’est un peu les derniers des fonctionnaires qu’il est possible d’utiliser, quand toutes les personnes ont été supprimées... c’est l’impression que cela donne.

    Après, quand les militaires auront été (eux aussi) supprimés, qu’est-ce que ça sera ? Des sociétés privées, ou de « braves » bénévoles ? Ou alors tout simplement, plus rien du tout... « On n’a plus les moyens ».



  • Pour le plaisir et sans censure aucune voici une offre de Service Civique glanée et hors la loi-même. Une perle en mode sous-emploi.

    Chargé de mission communication

    * Offre publiée le : 15 novembre 2010
    * Validité de l’offre : 31 janvier 2011
    * Pays : France
    * Ville : Paris

    Mission

    En charge des opérations de communication, et en appui à la direction de l’association, responsable devant la direction du développement :
     × Création de supports de communication interne/externe (newsletter et brochure)
     × Suivi des événements (organisation d’un concert en mars)
     × Animation des réseaux sociaux blueEnergy
     × Veille active et rédaction de notes de synthèses

    Profil du candidat

    * Expériences : Excellentes qualités rédactionnelles et relationnelles. Notions de marketing et d’organisation d’événements (dans des associations étudiantes par exemple). Bonne connaissance du pack office-Photoshop, In Design et Acrobat Reader. Expériences : en communication ou organisation d’événement, en entreprises ou en association. Idéalement bac +3, +4, +5 Formation : IEP, école de commerce, communication/marketing, événementiel
    * Langues : anglais espagnol souhaitables
    * Qualité : Dynamique, autonome et force de proposition Rapidité, souplesse et conviction Intérêt pour les programmes de développement internationaux et les thématiques environnementales/ énergies renouvelables

    Conditions

    * Statut : CDD Stage
    * Durée du contrat : 2 mois (pour un stage avec convention) ou 6 mois (Service Civique)
    * Salaire / Indemnité : tickets restaurants ou carte navigo à négocier.
    * Documents à envoyer : cv + lettre de motivation
    * Contact : Anne-Cécile MAILFERT
    * Email : anne-cecile.mailfert@blueenergygroup.org

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