ARTICLE11
 
 

samedi 26 mai 2012

Vers le papier ?

posté à 19h56, par Article11
14 commentaires

Averse dans un verre d’eau - Cassandre nous écrit

On n’a pas toujours l’occasion de se marrer quand on fait un canard. Parfois, c’est chiant. On s’engueule. Ou on se demande à quoi bon. Et puis il y a les rayons de soleil : rencontrer des lecteurs motivants. Sabrer le rosé quand un bouclage est fini. Ou... recevoir notre premier droit de réponse - tout ce qu’il y a de plus officiel. Glorieuse reconnaissance.

Enfin ! Notre premier ! Plus de doute : à nous la cour des grands. De plein pied dans la jolie caste des vrais journaux qui reçoivent de vrais droits de réponse avec de vrais accusés de réception. Waouh, ça fait drôle...

Soyons justes, ce n’est pas tout à fait la première fois : d’autres ont déjà demandé à s’épancher sur nos pages en réponse à nos sournoises attaques. Les tristes drilles du Grand Soir l’ont fait, et avec eux toute une galaxie de sites tarés et de troubles personnalités. Mais les bougres n’avaient jamais été capables d’y mettre les formes prévues par la loi, à commencer par l’envoi d’une lettre très officielle au domicile du dit directeur de la rédaction. Donc : leurs demandes sont parties direct à la poubelle1. Tandis que, cette fois, les contraintes légales sont parfaitement respectées. Tout dans les règles. Chouette !

Et donc, ce droit de réponse ? Il vient tout droit de la revue Cassandre, publication pour laquelle « nous avons beaucoup de sympathie a priori »2. Oui : Cassandre. Ça surprend, tant on ne pensait pas que celles et ceux animant cette revue prendraient la mouche pour si peu. En l’occurrence, pour un très court passage d’un entretien avec Alain Brossat publié le 17 mai sur notre site et titré « La culture est devenue un moyen de gouvernement comme les autres ». L’auteur du Grand Dégoût culturel y évoquait la réception de son ouvrage dans les milieux dits culturels, précisant notamment : «  Je pense par exemple aux personnes animant la revue culturelle Cassandre qui ont tenu à faire un entretien avec moi, alors même qu’ils sont installés au cœur du dispositif mis en place par Lang, nourri aux subventions et aux niches culturelles : j’ai aligné ce genre de personnages dans le livre, mais ils tiennent quand même à présenter mes positions.  »

Pas vraiment l’attaque du siècle. D’ailleurs, nous n’avons pas songé une seconde à demander à Alain Brossat d’amender ses propos. Parce que ce ne sont pas nos pratiques : essayer d’aplanir les éventuelles aspérités d’une parole, très peu pour nous. Et parce qu’il nous semble que toute critique peut avoir, à l’occasion, quelque chose de salutaire. Nous sommes trop conscients de nos propres faiblesses et incohérences (yep, Article11 n’en manque pas...) pour ne pas estimer sain qu’elles puissent être pointées et discutées ; il devrait logiquement en être de même pour nos camarades de la presse alternative, Cassandre compris.

Pour être francs, on trouve cette demande de droit de réponse un brin contestable, tant l’entretien en question a donné naissance, en commentaires, à un débat riche et nourri. Des membres de la rédaction de Cassandre sont d’ailleurs intervenus pour discuter - et contester - les propos de l’auteur du Grand Dégoût culturel.
Quant au procédé lui-même, il nous paraît un tantinet ridicule - tant de formalisme pour si peu... Il se trouvera sans doute des langues perfides pour voir dans cette réaction somme toute assez bourgeoise une forme de confirmation des propos d’Alain Brossat...

Une dernière précision, avant que de mettre à votre disposition ce droit de réponse si attendu (si, si...) : on n’a évidemment rien contre Cassandre. Et même, on serait plutôt pour. D’abord parce que, même si on la lit rarement, il nous semble que la revue se situe globalement du bon côté de la barrière. Mais aussi, en mode mauvais esprit, parce qu’on sait bien que ce n’est pas les copains de CQFD, La Brique ou Z qui nous offriraient semblable occasion de nous poiler un peu en invoquant « l’article 13 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 et la loi pour la confiance dans l’économie numérique et ses décrets d’application de 2007 »... À tel point qu’on espère que ça va continuer, avec la réaction d’Alain Brossat à la réaction de Cassandre, puis la réaction de Cassandre à la réaction d’Alain Brossat à la réaction de Cassandre, puis etc etc... On les publiera toutes, ce sera une très jolie façon de faire passer l’été.

À mort l’esprit de sérieux, et que fleurissent mille droits de réponse sur notre route avinée !

*
***

Droit de réponse de Cassandre à l’interview d’Alain Brossat dans Article11

« Dans une interview légère (bien que touffue) d’Alain Brossat contre une culture devenue « un moyen de gouvernement parmi d’autres », la revue Cassandre/Horschamp (et plus particulièrement « les personnes qui l’animent ») se voient dénoncées comme « installées au cœur du dispositif mis en place par Lang, nourri aux subventions et aux niches culturelles ». De la part d’un universitaire qui a fait toute sa carrière dans une institution financée par l’argent public, l’attaque manque singulièrement de cohérence et d’élégance.
Elle manque de finesse aussi, en assimilant toute relation à la puissance publique comme compromettante, là où nous défendons au contraire qu’elle peut, et doit, être dialectique. Au risque sinon de voir la chose publique laissée aux mains des industries culturelles, et le champ du sensible et de la connaissance relégué à la frange radicale-chic, lui ouvrant un champ certes libre, mais vain, celui de se perdre dans une errance infinie vers les limbes romantiques...

Et elle manque surtout son but en témoignant d’une profonde méconnaissance de notre travail éditorial.
Nous tenons à votre disposition, si vous souhaitez approfondir le sujet, quelques exemplaires de notre revue, afin que vous vous fassiez par vous-mêmes un avis sur la façon dont nous portons l’offensive à ce sujet.
On aurait espéré voir l’esprit critique de la sympathique équipe d’Article11 porter le fer là où il le faut, dans nos causes communes, ou du moins mettre en abîme la pensée de cet universitaire, plutôt que de se laisser égarer avec lui dans un « dégoût » complaisant. »



1 Soyons francs : ces gens auraient-ils respecté à la lettre les obligations légales qu’on n’aurait pas non plus passé leurs droits de réponse. On ne se refait pas...

2 Pour reprendre les termes, à l’endroit d’Article11, du directeur de publication de la revue, dans la gentille lettre qui accompagne le droit de réponse en question.


COMMENTAIRES

 


  • samedi 26 mai 2012 à 22h39, par el mexicano

    Pour de bon ?! un droit de réponse !

    Qu’a donc dit Brossat ? que la revue Cassandre se trouve au coeur du dispositif mis en place par Lang, autrement qu’elle touche des subventions publiques. Il n’a rien dit de plus. A partir de là, de deux choses l’une : ou Cassandre ne touche pas, et dans ce cas le droit de réponse devrait porter là-dessus, ce qui n’est pas le cas puisqu’il porte sur le contenu de l’interwiew donnée par Brossat, ou bien Cassandre touche et dans ce cas ils n’ont pas à faire valoir un droit de réponse vu que Brossat n’aurait alors dit que la vérité. Et le fait que Brossat touche, de son côté, un salaire d’enseignant n’y change rien.

    Ceci dit, vous avez bien fait de publier leur droit de réponse, parce qu’aussi bien ils auraient été capables de vous traîner devant les tribunaux (au risque de se faire évidemment débouter...). Car je viens d’aller voir sur leur site, porca miseria ! Je n’ai jamais vu autant de fatuité et de prétentions s’étaler en si peu de ligne. Des gens aussi imbus de leur fonction peuvent être très mêchants si l’on vient à la contester.

    Il suffit de voir le débat, effectivement plutôt intéressant, qui s’est développé en suite de l’interwiew : les trois commentaires émanant de Cassandre ne font que récriminer, drapés dans leur dignité outragée d’acteurs culturels. Et vous estimez être du même côté de la barrière que ces gens-là ?



  • dimanche 27 mai 2012 à 15h18, par argl

    Brossat ne touche pas son salaire du public, alors ? Peut-il avoir un regard critique ? Non. Peut-être faudrait-il balayer devant sa porte...
    Le fond du problème vient d’une attitude puriste-ridicule : si vous avez touché vous êtes foutus. Or, on peut et toucher de l’argent du public et avoir une pensée un peu autonome. Ce n’est pas une règle, plutôt un exception, mais ça mérite d’être souligné.

    • dimanche 27 mai 2012 à 18h08, par B

      à mon avis, Brossat est quelqu’un de très distingué. Ce que j’ai préféré sur Article 11, c’est quand il se moque de la poire des indignatos et qu’il dit que c’est dingue qu’ils se limitent comme ça.
      C’est vrai, on dirait une classe de 4 ème où ça gueule je t’encule toutes les cinq minutes.



  • lundi 28 mai 2012 à 11h57, par Samuel W

    Un supplément d’été... riche idée, et le titre est tout trouvé : Article 13 !
    On espère y retrouver des contributions des respectables rédacteurs de la revue Vacarme, bien silencieux pour une fois, alors qu’ils trouveraient sans doute, dans les incriminations que leur adresse le catatonique Brossat, matière à exercer leur esprit critique bien acéré.
    Conseil amical pour finir : plutôt que d’accorder crédit à « la loi pour la confiance dans l’économie numérique », procurez-vous la version papier (expurgée de cette interview mal ficelée), bel objet à partager !



  • lundi 28 mai 2012 à 13h56, par isatis

    Et ben ça alors ! C’est de la consécration, du baptême et de la communion dans la foulée :-) Vous êtes servis en bondieuseries diverses… je me marre joyeux ! quelle aventure… un droit de réponse… holala……… yep c’est la gloire MDR

    En vrai, je suis très estourbie par ce droit de réponse ; j’avais eu la même sensation quand le gars du Grand Soir était venu me (nous ?) pomper l’air avec sa looooongue intervention sans queue ni tête… ni rien du tout d’autre, lors de la rencontre de Toulouse.
    Après avoir été estourbie, je devrais me sentir très con. Quand des gens s’autorisent à produire des écrits sous forme de droit de réponse, c’est qu’ils prennent les lecteurs pour des crétins incapables de réflexion quant à ce qu’ils lisent que ce soit chez Article 11 ou ailleurs et ça, moi je dis que c’est vexant, nom d’une pipe !



  • lundi 28 mai 2012 à 18h49, par articlensolde

    “« »”lui ouvrant un champ certes libre, mais vain, celui de se perdre dans une errance infinie vers les limbes romantiques...“« »”

    C’est pourquoi j’aime tant Antoine Blondin !



  • lundi 28 mai 2012 à 21h43, par B

    ce qui est top aussi, c’est quand Brossat parle de Xavier Mathieu.
    Xavier Mathieu, il a compris c’est quoi un patron.

    Un patron, c’est mec qui est heureux, seulement si il se sent supérieur à son voisin...

    Depuis, on en entend plus parler. Il est sans doute parti vivre dans un endroit où il est pas emmerdé par ces cons d’humains.



  • mardi 29 mai 2012 à 00h37, par Adrien

    Vous êtes sûrs que Cassandre touche des subventions ? En tout cas on peut être sûrs que l’argent n’est pas jeté par les fenêtres en payant des gens pour la mise en page. (Ha oui c’est pas le sujet, désolé.)



  • mardi 29 mai 2012 à 07h33, par B

    Brossat n’a pas parlé des pompiers.

    C’est bien simple à comprendre, on a eu la preuve récemment que les corps d’élite n’existent pas.

    • mercredi 30 mai 2012 à 12h27, par Carambole77

      On se demande si Acte 11 a lu les écrits de Brossat avant d’interviewer cet aigri. Depuis longtemps, Brossat a une fâcheuse tendance à tout mettre dans le même sac de dégoût pour justifier le fait qu’il n’y aurait que lui qui soit pur et exempt de toute compromission. C’est un spécialiste de la méthode fourre-tout, il mélange des choses qui sont très différentes en misant sur le fait que ses lecteurs ne feront pas l’effort de se documenter et se laisseront abuser par ses jugements à l’emporte-pièce. Il est évident qu’il ne sait pas vraiment de quoi il parle, qu’il se fait plaisir mais qu’il ne travaille pas beaucoup ses sujets. Dans l’entretien d’Article 11, on voit bien qu’il n’a pas lu attentivement les publications qu’il attaque. Disons que ça manque beaucoup de sérieux. Dommage.



  • jeudi 7 juin 2012 à 19h10, par vincent

    Il y a une loi pour avoir le droit de répondre ? Vous croyez que j’ai le droit de répondre que je trouve très gentil et polis les propos des deux parties qui se répondent, et que l’arrivée prochaine des vacances n’est pas une excuse pour les animateurs de revue, pour ne rien faire, non mais, bande de buveurs d’eau !

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