ARTICLE11
 
 

mardi 8 avril 2014

Entretiens

posté à 14h02, par Lémi
33 commentaires

« Est-ce que Dada se souciait d’être reconnu par l’État ? »

Marre de Virgin et de Nova ? De Stromae et de Nostalgie ? Envie de casser les dents aux chroniqueurs musicaux des canards hype ? Pascal, cofondateur du label Et Mon Cul C’est Du Tofu et propagandiste infatigable de musiques azimutées, a la solution : créé ton propre label, morbleu ! Entretien.

Cet entretien a été publié dans le numéro 14 d’Article11

*

Pascal est un genre de croisé musical. Il parle musique, vit musique, boit musique. Dort musique, sans doute. Depuis la formation des bien-nommés Louise Mitchels en 2006, il a tourné et enregistré avec divers groupes plus frénétiques les uns que les autres1, généralement en tant que bassiste. Et son petit appartement déborde littéralement de vinyles – ceux qu’il écoute, ceux qu’il diffuse et ceux qu’il produit.

Comme tous les passionnés, Pascal est très bavard, surtout après quelques pastis. La musique, il pourrait en parler pendant des heures, des jours peut-être. Son ambition ? Faire découvrir les groupes et musiciens qui l’emballent, du blues le plus obscur au noise le plus torturé. Une démarche qui culmine avec Et Mon Cul C’est Du Tofu ? (généralement abrégé en Mon Cul), réjouissant micro-label né en 2009 d’une aventure collective mais qu’il conduit aujourd’hui en solitaire, par la force des choses. Retour sur quatre ans d’activisme musical.

JPEG - 53.4 ko

Naissance de Mon Cul

« Par le passé, je me suis énormément investi dans divers groupes, mais j’ai dû ralentir. Quand tu joues dans des formations qui répètent beaucoup et tournent régulièrement, tu te retrouves vite débordé et sans un sou en poche. Les tournées induisent un rythme éreintant, avec beaucoup de fatigue, d’alcool, de nuits blanches, etc.

C’est au moment où j’ai ralenti le rythme des concerts que les bases du label ont été posées. Ça s’est fait via une caisse commune : avec quelques personnes issues du même coin de banlieue, autour de Gagny et Bondy, nous nous sommes cotisés pour sortir le premier disque des Louise Mitchels. On a rapidement compris que l’équilibre financier n’était pas un problème : il nous a suffi de vendre le disque lors des concerts pour rembourser le coût du pressage.

On s’est donc dit que l’argent de cette caisse pouvait être utile à d’autres projets que les nôtres. Et on a lancé Et Mon Cul C’est Du Tofu en 2009, de façon très artisanale. Notre première production ? Une cassette audio de Lavigna2, le projet d’un pote marseillais. Il était venu passer une semaine chez moi, et profitait du fait que j’étais absent la journée pour enregistrer des chansons dans mon appartement, en prenant comme sujet mon univers. Il y avait un côté potache, mais c’était aussi très étonnant et émouvant. On en a tiré 190 exemplaires.

On a ensuite sorti une compile CD, en demandant à divers groupes dont on aimait la musique de nous confier un morceau. Elle s’appelait La Compile à deux balles3. Rien de mensonger : le disque était effectivement vendu à deux euros. C’était un peu provocateur ; on voulait montrer qu’un CD ne coûte pas plus cher à condition d’éviter tout superflu.

JPEG - 114.9 ko

Aujourd’hui, après cinq ans d’existence, le label compte soixante productions à son catalogue, tous supports confondus – cassettes, CD et vinyles. Mais pour beaucoup d’entre elles, on a eu recours à la coproduction : il suffit que plusieurs micro-labels mettent une petite somme sur un même disque pour réduire les risques financiers et diffuser le support plus facilement. »

Influences de Mon Cul

« J’ai beaucoup appris des Potagers Natures, un label né à Bordeaux à la fin des années 19904. Ceux qui l’ont fondé jouent dans un groupe que j’adore, Api Uiz. Quand je les ai rencontrés, ils gravitaient dans un milieu punk gangréné par une certaine codification du contenu et de l’esthétique, mais gardaient une approche totalement originale, dans leur musique comme dans ce qu’ils sortaient sur leur label. Ce côté électron libre m’a beaucoup plu.

Une fois Mon Cul lancé, on a tout appris sur le tas, avec une approche très proche du punk. On voulait que les albums soient vendus au plus bas prix possible sans que ce soit de la musique au rabais. Les vinyles Mon Cul coûtent à sept ou huit euros, alors qu’à la FNAC le prix moyen tourne plutôt autour de vingt euros – et en plus, c’est de la merde. »

Diffusion de Mon Cul

« Les tirages n’ont guère évolué depuis les débuts du label : 500 exemplaires pour les vinyles, 1 000 pour les CD et entre 50 et 200 pour les cassettes. On ne s’est jamais posé la question d’en produire davantage. Par contre, le rythme des sorties s’est intensifié. Aujourd’hui, le label sort environ un album par mois.

Ces tirages peuvent paraître faibles, mais ils reflètent une réalité avec laquelle on compose : Mon Cul reste forcément cantonné à un public de connaisseurs. On vit dans une société aux principes incompatibles avec nos manières de faire, ce qui restreint drastiquement notre diffusion. D’autant qu’on n’a pas de distributeurs – tout le travail de diffusion repose entre nos mains. Dans ces conditions, pas facile de sortir d’un petit cercle de passionnés. Sinon via Internet : toutes les productions Mon Cul sont ainsi disponibles en téléchargement gratuit5.

Pour les fondateurs de Mon Cul, le net a toujours été synonyme de gratuité. Personnellement, je me contrefous de l’idée de propriété intellectuelle, et je trouve aberrant que tout se marchandise sur Internet. Et cette diffusion rend service aux groupes : elle leur permet notamment de remplir des salles de concert. Ce sont les grosses boîtes qui pâtissent du téléchargement, pas nous. Et quand celles-ci auront coulé, ce qui est inéluctable, on sera toujours là. »

Solitude dans Mon Cul ?

« Je me retrouve aujourd’hui un peu seul à gérer le label. Le collectif de départ se charge encore de certaines tâches, à l’occasion, comme le graphisme des disques, l’organisation des concerts ou l’assemblage des pochettes. Mais pas davantage. Et je m’occupe désormais en solo de tout ce qui a trait à la partie disque.

Le label, nous l’avons lancé à trois : Snug6, Geoffroy7 et moi. Quand on recevait une proposition musicale, chacun l’écoutait ; si l’un de nous était conquis, on la sortait. Cette méthode permettait de désamorcer un éventuel conflit et de diversifier le contenu. Mais au fil du temps, le collectif s’est effrité : les deux autres n’avaient plus tellement envie de se frotter à la logistique, de faire les paquets, de gérer les disques, etc. C’est compréhensible, ce n’est pas toujours passionnant de s’en s’occuper. Mais moi, j’adore ça. J’en profite pour personnaliser les envois, en ajoutant aux paquets des petits objets récupérés dans la rue. »

Et Mon Cul, c’est du vinyle ?

« Je suis très nostalgique des anciennes manières de faire. La disparition des vieilles technologies me rend triste, tandis que les ’’réseaux sociaux’’ et les téléphones dernier cri me débectent. C’est pour ça que je glisse des morceaux de pellicule cinéma dans certaines pochettes de disques de Mon Cul. Une manière de dire : ’’Pensez-y, ça a existé.’’

Avec le vinyle, on touche à quelque chose qui me tient encore plus à cœur. Ce format est en train de disparaître, même si l’industrie du disque essaye de nous vendre son soi-disant retour. Il est pourtant beaucoup moins obsolète qu’un fichier MP3 ou qu’un CD. Et un vinyle dure plus longtemps qu’un disque dur ; c’est en réalité le moyen le plus sûr pour stocker durablement une information sonore.

JPEG - 79.3 ko

Je suis aussi attaché à l’objet, à ce format qui permet de faire des créations magnifiques. Mais, outre son prix, il y a un hic : tu ne peux pas maîtriser tout le processus. Pour l’étape du pressage, je suis obligé de recourir aux services d’une entreprise. Soit des grosses boîtes, généralement en République Tchèque. Soit un artisan d’Aix-en-Provence, le dernier à faire ça en solitaire. Avec ce dernier, il ne faut pas être pressé : il ne travaille pas dans l’urgence. Je jongle donc entre les deux solutions, sachant que la première n’est pas politiquement satisfaisante.

Le marché du pressage vinyle en France s’est vraiment détérioré. Les dernières entreprises spécialisées ont fait faillite vers 2005 et la plupart ont été rachetées par MPO, une grosse boîte qui a des liens avec l’extrême-droite. Si tu veux presser en France, tu n’as finalement que deux choix : MPO ou l’artisan d’Aix-en-Provence. Et beaucoup de petits groupes finissent par presser leurs disques en République Tchèque ou chez MPO, sans réfléchir à ce que ça implique.

Il y a un positionnement politique évident dans le fait de privilégier le local plutôt que le lointain, l’artisan plutôt que la grosse entreprise. Ce sont pourtant des choses qui nous échappent de plus en plus. Souvent, tu n’as plus le choix. Par exemple, tu ne peux plus faire dupliquer des cassettes par des usines en France, ça n’existe plus. C’est rageant. »

La politique de Mon Cul

« Quand on a lancé Mon Cul, certains principes nous semblaient évidents – entre autres, le téléchargement gratuit et le refus d’une approche spectaculaire. Mais on n’était pas forcément d’accord sur d’autres points, notamment sur le fait d’afficher ouvertement notre positionnement politique. Le jour où j’ai posté une vidéo de Pierre Carles sur le site du label, Geoffroy n’a pas apprécié. Lui qui ne s’intéresse pas à la politique estimait que ça ne rimait à rien. Que notre démarche parlait d’elle-même, en quelque sorte (même si je ne suis pas certain que lui pose son point de vue en ces termes).

C’est un débat qui a aussi existé au sein des Potagers Natures. D’un côté, il y avait ceux qui voulaient mettre des mots sur leur radicalité et leur démarche ; de l’autre, ceux qui pensaient que le label se suffisait à lui-même, qu’il n’y avait pas besoin de sous-titres. Personnellement, j’oscille entre les deux. Il m’arrive souvent de mettre des mots sur notre démarche, notamment via la newsletter de Mon Cul, mais j’estime aussi qu’un disque sans discours explicite peut être profondément subversif. »

Vivre de Mon Cul ?

« Le label est autonome financièrement, mais la question de vivre de Mon Cul ne s’est jamais posée. La plupart des gens que je connais qui vivent de leur musique sont au RSA et font quelques concerts au black pour mettre du beurre dans les haricots. Certains s’en sortent mieux, comme Geoffroy qui joue dans Jessica 93 et accepte l’idée d’une professionnalisation. Je n’y suis pas opposé par principe. Et puis, Geoffroy est quelqu’un qui ne peut pas faire autre chose que de la musique – il y a un moment où il faut bien qu’il trouve de l’argent quelque part.

De mon côté, je viens d’accepter un emploi stable et peu prenant : agent d’accueil au Centre Pompidou. J’en avais marre de galérer pour joindre les deux bouts. Et je n’ai aucune envie de faire des compromis avec Mon Cul ou mes groupes ; mes choix sont donc restreints.

De toute manière, la sphère marchande de la musique est fondamentalement dégueulasse et mafieuse, des maisons de disques aux magazines fonctionnant au copinage. Je ne veux rien avoir à faire avec eux. Je préfère ne pas me soucier de l’économique pour la musique et le label. C’est toute ma vie, et je ne me vois pas la mettre en péril pour quelques euros. En un sens, j’ai acheté ma radicalité avec un boulot. »

La scène « noise » et Mon Cul

« Cette scène qu’on qualifie de noise a toujours été remuante, avec plein de groupes underground faisant des trucs intéressants dans leur coin. Mais j’ai l’impression qu’elle monte en puissance, et un certain nombre de groupes s’amusent à jouer avec les codes du genre. Comme cela reste une petite scène, nous sommes aussi très connectés les uns aux autres, via quelques places fortes géographiques.

Prenons l’exemple d’Amiens. C’est une ville qui bouge bien, notamment avec Headwar, un groupe important, plein de rage, qui a marqué beaucoup de gens et dont on a sorti plusieurs disques. Ses membres ne cherchent pas à se faire connaître : ils se contentent de faire un maximum de concerts et de sortir de disques. Tout le monde est fauché dans le groupe ? Qu’importe, il reste la musique, les copains, les copines et les odeurs de pieds.

Amiens est une ville à la créativité musicale étonnante. Au regard du marasme social qui pèse sur l’endroit, cette vitalité a quelque chose d’encourageant. J’avais même proposé au journal Fakir une chronique sur un squat très vivant de la ville, alors en instance d’expulsion : les Marmottes. Le canard est basé à Amiens, je pensais donc que ma proposition pourrait intéresser la rédaction. Mais on ne m’a jamais répondu. Sans doute parce que son fondateur, François Ruffin, a du mal à voir ce que la musique peut porter de subversif quand il ne s’agit pas de Jean Ferrat. Ce préjugé est très répandu dans le milieu militant et je trouve ça dommage. Parce qu’un micro-label ressemble finalement beaucoup à un petit journal alternatif : il remue les choses, crée des liens, des structures parallèles. Il me semble qu’on ne peut produire de contre-proposition politique sans contre-proposition culturelle ; se contenter de nullités comme Zebda ou Tryo se révèle en tout cas plus qu’insuffisant. »

Mon Cul vous dit merde !

« Réduire les intermédiaires et privilégier les réseaux de diffusion alternatifs impose de se donner beaucoup de mal. La structure n’est sinon pas viable. Par exemple, il faut tenir des tables lors des concerts, puisque c’est là qu’on vend le plus de disques. Ça prend beaucoup de temps, mais c’est la règle du jeu si on ne veut pas trahir nos principes de départ. On le disait d’ailleurs dans un de nos premiers textes : ’’Nous créons notre propre label pour ne pas avoir à déléguer notre travail.’’

Ce texte est intéressant parce qu’il mêlait sérieux et déconne. Il commençait par ’’nous sommes totalement indépendants’’ et se concluait par ’’allez vous faire foutre’’. Ça nous faisait marrer, mais ça correspondait aussi à une réalité : créer Mon Cul était une forme de bras d’honneur. Façon : ’’Qu’ils aillent tous se faire foutre ! On va sortir des bons disques, et peu importe si on ne fait pas ça dans les règles !’’

JPEG - 106.2 ko
Pochette signée Snug

Le fait que le maire de ma ville me menace de poursuites judiciaires parce que je l’ai insulté dans la newsletter8 découle de cette même logique. Il s’agit de foncer sans se soucier de la dimension légale. Mon Cul n’a même pas d’existence officielle, et on a toujours refusé de se constituer en association. La création ne doit en aucun cas se mélanger aux papiers officiels. Est-ce que Dada se souciait d’être reconnu par l’État ?

On refuse donc tout rapport avec le pouvoir. Dans l’idéal, il faudrait aussi n’avoir aucun rapport avec une structure marchande. Finalement, le pressage est le seul point sur lequel on transige ; on n’a malheureusement pas le choix. Tant qu’on vit dans une société capitaliste marchande, ce rapport à l’argent ne peut totalement disparaître.

C’est là mon grand désaccord avec pas mal d’autonomes qui me regardent de haut parce que je ne pratique pas le prix libre. J’y vois un dogmatisme radical face à des structures pourtant intéressantes. Par exemple, je ne peux pas tenir une table de distro dans certains squats comme le Transfo à Bagnolet, parce qu’ils imposent le prix libre. Sauf que je ne vends pas seulement les productions de Mon Cul, mais aussi des disques qui viennent de l’autre bout de la planète, notamment ceux du label Mississippi Records. Je ne peux aucunement les proposer à prix libre (même si je m’adapte quand quelqu’un n’a pas assez d’argent). Ce n’est pas une question de bénéfice – je n’en fais aucun – mais de survie de Mon Cul. »

JPEG - 67.8 ko

En rapport sur A11 :
Les Potagers Natures : « Archiver l’effervescence musicale »
Entretien avec Fantazio : « Ce qui m’intéresse, ce sont les formes bâtardes »
Des images vagues aux idées claires - Entretien avec les Wave Pictures
Entretien avec Loran, des Bérus : « Les politiciens font tout pour annihiler dès la naissance le germe de l’insoumission. »



1 Par le passé, il a notamment joué dans Unlogistic, Ghost Mice ou Micropénis. Aujourd’hui, il continue à se produire avec La Fraction et Besoin Dead (le petit dernier).

2 Lavigna, La Voie Lamarque, TOFU 01, 2009.

3 Les ami-e-s de Mon Cul, Compile à deux balles, TOFU 03, 2009.

4 Les Potagers Natures ont accordé un entretien à Article11 : « Archiver l’effervescence musicale  ».

5 Tous les disques sont téléchargeables gratuitement sur http://moncul.org.

6 David Snug est dessinateur de BD et le principal graphiste du label. Cet ancien chanteur de Dr Snuggle & MC Jacqueline officie aujourd’hui dans Trotski Nautique.

7 Geoffroy Laporte a joué dans de nombreux groupes, dont Jessica 93 – son projet solo – et Missfist.

8 Cette newsletter faisait suite aux prises de position du maire UMP de Neuilly-Plaisance, Christian Demuynck, favorable à l’expulsion d’un camp rom à Rosny-sous-Bois et plaidant pour l’installation de caméras de surveillance pour qu’elle demeure « la ville la plus sûre du 93 ».


COMMENTAIRES

 


  • Ça fait du bien de lire un article comme celui là !



  • mardi 8 avril 2014 à 20h13, par 44débiles

    Vous êtes trop bien les copains ! Merci !

    un autre groupe du label qu’il ne faut pas louper

    http://hopopop.bandcamp.com/track/p...

    « encore ma mère qui se dit que j’fais un Bad Trip de trop »

    FUCK LOUIS GARREL



  • Vous n’avez pas encore compris que dans le monde de la marchandise triomphante, votre zique, qu’elle qu’elle soit, c’est la vaseline qui vous fera in fine supporter votre condition de producteur/consommateur. Surtout celle qui prend la pose rebelle et vous donne la bonne conscience de la contestation. La question aujourd’hui n’est pas de choisir son branchement mais de se débrancher. Virgin, Nova, mon cul sur la commode, tout ça c’est du pareil au même : un enfumage pour décérébrés.

    • La musique peut très bien être autre chose qu’une marchandise. Beaucoup de musiciens le sont avant tout par amour du son, pas pour se donner une posture rebelle qui leur donnerait bonne conscience en leur permettrant d’esquiver la réalité ou de tomber dans le piège du spectacle...
      Je ne consomme pas au sens stricte quand j’écoute de la musique. On peut toujours parler des conditions de production des CD’s, ce que fait d’ailleurs Mon Cul, mais il y a l’art au-delà du support. Puis acheter des disques à un label comme celui-là ça permet à des groupes de continuer à faire de la musique. En plus, elle est aussi écoutable gratuitement, c’est pas non plus pensé comme de la marchandise absolue...
      Et moi cette musique, elle me donne de l’énergie, du baume au coeur, et une raison de plus de vivre, de lutter. Et au-delà du son, de partager des moments forts avec des proches ou des inconnus le temps d’un concert ou d’un disque pépère à la maison. Il y une a beauté a éprouver dans l’art qui n’a rien à avoir avec une perversion spectaculaire façon Guy Debord. Elle n’enlève rien à ma vie ni à ma lucidité, elle ne fait qu’ajouter du sens et du plaisir. C’est une beauté nécessaire au bonheur, ça n’a rien d’un enfumage, je vais pas attendre le Grand Soir pour profiter de la vie ; et mieux, ça me donne souvent envie de vivre encore plus et de me révolter tout cet art, ouais, c’est très sain.

      Bref, penser Mon Cul en temps que simple produit de consommation, c’est vraiment ne pas connaître ce label.
      De plus, ton propos vindicatif n’est pas très respectueux, surtout la dernière phrase, ça fait très donneur de leçons tout ça... un peu dommage.

      • jeudi 10 avril 2014 à 08h31, par Coltrane

        Le seul problème mon cher, c’est l’uniformité de vos styles arc-en-ciel : toujours la même rengaine, variations interminables sur le même thème...et en plus, cette idée chez vous, prétentieuse, que la musique pourrait être meilleur que ce monde alors qu’elle n’en est que le pâle reflet binaire ou ternaire, machinal, déjà entendu partout, tellement envahissante, et même plus ce substrat populaire qui devient substance, production de la psyché mais pratique sociale pour petits bourgeois de gauche...Voir les bouffons qui jouent aux mauvais garçons rappeurs en singeant la rue...de la merde...de gauche. Silence siouplaît !

    • mercredi 9 avril 2014 à 10h40, par Bostan

      Ah bah oui oui oui bien sûr. La musique en général c’est le suppôt de l’outil de la main invisible du capitalisme oppresseur. J’y avais pas pensé, tiens.

      Et puis aussi, on a qu’à se parler comme des chiens et balancer des affirmations-slogan de manière péremptoire, ÇA c’est de la révolution en marche, de la vraie.

    • jeudi 10 avril 2014 à 09h18, par vazymaisquestceturacontes

      Si le seul fait de produire quoi que ce soit est intrinsèquement mal, vous devriez carrément vous abstenir de produire ne serait-ce que des commentaires aussi minables.

    • jeudi 10 avril 2014 à 23h42, par Dahlia

      et le spectacle, il commente pas sur internet par hasard ? vas psalmodier Debord en te flagellant avec des orties fraîches, mécréant !



  • Mais mon cher Tom, il faut apprendre à écouter des propos véhéments sans considérer pour autant qu’on te manque de respect ou qu’on veuille te donner des leçons. La réflexion avance aussi à coup de gueule et de provocation. Et c’est précisément ce que faisait par exemple Dada auquel cet article se réfère. Mais bon, te dire ça, tu vas encore penser que je te prends de haut... Bref, je n’en veux pas particulièrement à ce label ou à cette musique, etc, mon point de vue visait seulement à pointer une des fonctions sociales contemporaines de l’art et de la culture dont la musique marginale fait également évidemment partie. Nous ne sommes plus à l’époque de Dada. La domination a aujourd’hui intégré toutes les formes culturelles de sa contestation, elle les génèrent même pour sa propre pérennité. Il faut juste le savoir et ne pas se faire d’illusion là dessus. Maintenant, bien sûr que la musique peut te rendre heureux comme beaucoup d’activités qui relèvent de la création, mais arrêtons d’en parler comme un acte politique sous prétexte qu’elle se pratiquerait ou diffuserait aux marges du système. Si tu fais un bon plat que tu auras aussi du plaisir à faire ou à manger, tu ne vas pas revendiquer ça politiquement. C’est pareil pour la musique. Fais-en, écoute-là, mais ne prétends pas à autre chose que te faire plaisir. L’enfumage dont je parlais il se rapporte à ce qui prétend le contraire. Et les décérébrés sont tous ceux qui ont intérêt à le croire.

    • Mais oui, je ne suis pas d’accord avec toi. La provocation c’est très bien parfois, mais là j’ai trouvé que c’était stérile et pas forcément très malin. Avant de me dire ce que je vais penser, essaye de me comprendre aussi, et de ne pas passer à côté du propos.

      Je suis d’accord avec cette fonction de l’art que tu dénonces, justement, c’est de ça qu’on parle ici. Encore une fois, un label comme Mon Cul cherche justement à sortir de cette appropriation marchande des formes subversives. C’est écrit dans l’article. Car effectivement, beaucoup de démarches qui se vivent comme subversives ne le sont pas, c’est un syndrome particulier de notre ère. Ce petit label tente de proposer autre chose, à sa façon, mais il propose, et je trouve ça intéressant. A son échelle, il tente, ça ne veut pas dire qu’il a la vérité absolue et que parfois il ne se plantera pas, il n’en a pas la prétention visiblement.

      De plus, on peut très bien revendiquer une pratique de la musique et de l’art subversive, moi je le pense. Et ça n’enlève rien à la recherche d’autres démarches radicales bien nécessaires évidemment, ça ne veut pas dire qu’on se voile forcément la face.
      Changer sa façon de faire dans chaque petits détails de la vie, ça me semble nécessaire pour créer une autre société. Il faut à la fois détruire et construire pour proposer une alternative. Certes c’est pas un chemin facile, sinon on serait déjà loin de tout ça. Des fois on se plante, mais il y a l’urgence d’essayer, de voir ce qui marche, ce qu’on peut faire.
      Oui, réinventer de nouvelles formes, repenser l’art, voir le dépasser, c’est un sacré chantier. D’autant plus depuis que Guy Debord a si bien pointé la faculté du capitalisme actuel à faire de l’art une composante du spectacle et à neutraliser le subversif, et à générer des illusions de subversion.

      Je comprends ce qui t’énerves. Mais je pense qu’il appartient aussi aux artistes de dénoncer les pratiques faussement subversives, et de tenter d’élaborer des alternatives nouvelles. On ne peut pas empêcher des musiciens d’avoir envie de libérer leur art alors qu’ils sont confronté de plein fouet à cette marchandisation de la musique. C’est aussi voir notre créativité aliénée par cette société qui nous donne furieusement envie de sortir de là et de repenser les choses. Les avant-gardes du XXe se sont nourries de ce moteur puissant. Mais oui, il faut faire attention aux illusions de subversions, on est d’accord.

      Et au passage, je pense d’ailleurs que le point faible de Dada, c’était quand sa véhémence flirtait avec l’égocentrisme de certains individus du groupe. Chaque artiste construit aussi son mythe, et malheureusement la démarche de Duchamp s’arrêtait là où commençait son envie d’écrire l’histoire de son seul point de vue, à sa seule gloire. Il en va de même pour beaucoup de ces gens du XXe, du surréalisme jusqu’à Debord.
      Une partie de la critique d’art des années 1990 à bien pointé ce problème aussi.

      Bonne journée.

      • Tom, je ne vais pas reprendre toute l’histoire de l’art pour arriver à cette conclusion (qui n’est évidemment pas de moi mais qui s’impose il me semble aujourd’hui par son évidence) que le rôle subversif des avant-gardes artistiques a fait son temps, c’est à dire que depuis le début des années 60, elles ne peuvent plus, en tant que telle, être le vecteur d’aucune subversion. Si tu connais un peu l’histoire de la dernière avant garde de ce type qui a été l’Internationale situationniste, c’est précisément ce constat et cette analyse qui a été à l’origine de la scission en 62 entre les « artistes » et les « politiques ». Évidemment ça ne veut pas dire que tout ce qui relève de l’expression sensible (musique, peinture, etc) doive être jeté aux orties, mais ça veut dire qu’en soi, l’art quel qu’il soit ne peut plus rien subvertir. (Et je ne parle même pas des cas où sa fonction délibérée est d’endormir). Bien sûr il peut contribuer à éveiller des sensibilités individuelles qui participent alors à la « construction » de personnalités révoltées ou de caractères critiques à l’égard de la domination. Mais comme tout ce qui contribue à former le goût des individus, pas plus. On peut même très souvent développer une sensibilité critique en découvrant et en aimant des choses qui n’avaient absolument aucune prétention subversive. Je vais te faire une confidence : moi c’est à travers la découverte de la musique baroque que j’ai vraiment commencé à comprendre « sensiblement » les raisons de la révolte qui m’habitait. Tu admettras que la musique baroque n’est en soi pas particulièrement subversive.
        Donc pour revenir au label Mon Cul dont tu me dis qu’il « cherche justement à sortir de cette appropriation marchande des formes subversives », tu comprendras je pense pourquoi je ne peux pas être d’accord avec cette affirmation car il n’y a pas là pour moi de formes subversives à protéger d’une appropriation marchande. De même que si je peux trouver sympathiques les choix de vie que tu évoques (et que je pratique en partie pour ce qui me concerne), je peux bien sûr prétendre que c’est un choix politique, mais je m’abuserais en pensant que c’est un « acte » politique et qu’il a une quelconque efficacité sur ce terrain là. La subversion si elle se lève un jour, se développera collectivement dans le cadre d’un mouvement social qui se donnera les moyens de balayer le vieux monde, mais pas par des pratiques culturelles ou des modes de vie individuels. En un mot, contrairement à ce que pensent certains, il n’y a pas de désertion possible. Il n’y a qu’un monde à détruire.

        • Oui, en fait je suis d’accord avec toi sur ces points. Je me suis sans doute exprimé de façon maladroite.
          Je n’ai juste pas compris pourquoi tu te mettais à parler de vaseline et de dire « qu’on avait pas compris ». J’ai trouvé ça un peu brut de nier toute réelle compréhension du monde à l’auteur de l’article et à la personne interviewée. Il y a tellement de donneurs de leçons pseudo-révolutionnaires sur les commentaires des sites « alternatifs » du web, que bon...

          Cet article porte simplement sur un petit label qui diffuse de la musique sans plonger dans le « tout marchand », sans prétendre être une avant-garde révolutionnaire à la pointe de la subversion. Et il ne fait pas partie non plus, il me semble, de cette fausse alternative qui se donne bonne conscience. Il s’attache juste à trouver une façon la plus alternative possible de fonctionner tout en composant difficilement avec ce que lui impose le système capitaliste. Bah oui, le temps qu’on aura pas détruit cette merde, on en sera toujours de près ou de loin prisonnier. C’est des limites que Pascal soulève lui-même dans l’article.

          Néanmoins, c’est moi qui est qualifié cette démarche de subversive. Car pour moi la subversion, ça commence déjà par contester un mode de fonctionnement et s’attacher à d’autres valeurs que les valeurs dominantes. C’est ce que fait ce label, modestement. Au moins c’est une démarche qui pense dans un nouveau paradigme par rapport au reste du monde de la musique.

          Je pense qu’un mouvement social germera en partie de ce genre de redéfinition des pratiques culturelles, et d’un développement des pratiques alternatives à celles qui dominent actuellement dans tous les domaines de la vie. Dans toutes les strates de notre vie, il me semble important qu’on réinvente et qu’on se réapproprie les choses autant qu’on le peut, en gardant la tête froide sans se faire d’illusions.

          C’est difficile de s’engager dans un mouvement social conquérant quand la majorité des gens pensent qu’un autre monde n’est pas possible. Serons-nous assez nombreux un jour pour détruire ce qui est en place ? Et pour faire quoi à la place si personne n’a pris le temps d’y penser avant ? Je caricature, mais je pense que beaucoup de gens ont peur de l’inconnu, on se résigne vite sans perspectives nouvelles. C’est pas se mettre de la vaseline ni se donner bonne conscience que de tenter de faire autrement. Imparfaitement peut-être, mais ça permet de commencer à se projeter ailleurs.
          Même si c’est galère et limité évidemment, on se réapproprie un peu sa vie dans le « Do It Yourself ». Mettre sa révolte dans la musique (sans pour autant écrire des paroles révolutionnaires) et dans la façon de la diffuser me semble déjà subversif, ou du moins porter les germes d’une plus grande subversion.
          Je pense que c’est dans des choses aussi anodines que l’art qu’on plante les germes d’un changement radical, ça permet de s’habituer à penser d’une autre façon et d’ébaucher le changement, de trouver l’énergie pour changer les choses. Et de ne pas se suicider sous le poids de la laideur de ce système, aussi. C’est pas de la vaseline, ça reste libérateur, ça redonne du sens à la vie.

          • En tous cas, même si nous ne sommes pas entièrement d’accord, merci de ton ouverture d’esprit qui nous permet d’échanger des idées de fond plutôt que des jugements réducteurs qui visent à empêcher toute remise en cause des postulats admis. (Du genre ironique : « Ah bah oui oui oui bien sûr. La musique en général c’est le suppôt de l’outil de la main invisible du capitalisme oppresseur » ou alors moralisateur : « puisque produire c’est mal, pourquoi est-ce que tu viens produire ton petit commentaire »).

            Pas la peine d’insister, je pense, tu auras compris que pour moi la culture « teuf et musique rebelle » qui se développe dans les marges du système n’est pas plus subversive ou émancipatrice que la musique baroque, pour reprendre mon exemple. Tout est affaire de goût, c’est tout. Je n’ai donc rien contre cette culture ou cette musique, (même si personnellement elle n’est pas à mon goût, mais ça ça ne concerne que moi, tous les goûts sont dans la nature, comme on dit) mais j’ai par contre tout contre les illusions qu’elles peuvent véhiculer.

            Voilà. Bonne journée à toi aussi.

            • jeudi 10 avril 2014 à 13h05, par Remugle

              Ce qui est intéressant dans le cas justement de la musique baroque, c’est que la re-découverte de ce répertoire a justement été le fait de « subversifs », remettant en cause les dogmes d’interprétation de ce que l’on peut appeler « l’appropriation bourgeoise » de cette musique...
              les « baroqueux », en tous cas à l’origine, étaient pour la plupart des musiciens en rupture et en recherche, et qui ont rudement ferraillé avec les tenants de la bien-pensance en musique...
              et parmi elles et eux, un grand nombre de soixante-huitards...
              Vivaldi par les baroqueux, ce n’est pas Vivaldi par Von Karajan....
              et patati, et patata...

            • …ou alors, réducteur à une fin de non recevoir « Tout est affaire de goût, c’est tout » ou « tous les goûts sont dans la nature, comme on dit ». Bien vu aussi comme jugements réducteur qui visent à empêcher toute remise en cause des postulats admis, JJ. Je crois que tu oublie plein de choses par rapport à cet article. Non seulement que cette forme musicale possède une existence contemporaine, qu’elle est ancrée dans le présent dans sa forme d’écriture et de pratique, qu’elle se remet en cause perpétuellement pas comme les musiques périmées dont tu est friand. Et surtout tu oublie que ici la musique n’est pas seule mais accompagnée de toute une pratique l’entourant comme les concerts et le choix des lieux, le prix… mais aussi les moyens de productions, de ventes, de participations… de décision, de refus de certains compromis. Bref, va voir un peu comment certaines choses se passent dans cette scène et tu y trouvera peut-être réponse à certaines de tes affirmations réductrices.

              • samedi 10 mai 2014 à 11h35, par Remugle

                Tu pourrais nous expliquer ce que tu entends par « musiques périmées » ???... c’est assez curieux comme formule ...

                • samedi 10 mai 2014 à 18h03, par jp

                  Honnêtement y’a eu pire comme formule dans tous les commentaires. Entre considérer que toute proposition musicale aujourd’hui est un « enfumage pour décérébrés » et y répondre par une petite provoc’ comme celle-ci, bon, hein, ça va...

        • Mon cul n’est pas l’avant garde mais l’arrière train !



  • jeudi 10 avril 2014 à 23h12, par NoKowTow

    Superbe article. Je n’ai pas lu tous les commentaires, désolé si le sujet y est déjà évoqué. Il est possible de survire en proposant un prix libre. Il suffit simplement de faire prendre conscience aux personnes du prix que ça a couté. De leur expliquer qu’ils ont le choix et que ce choix va déterminer la survit de ta structure. De les sensibiliser, de les informer, de communiquer avec eux. C’est même primordiale si on veux changer les choses ; ouvrir le dialogue. S’ils comprennent les tenants et les aboutissants de cette démarche, nécessaire, essentielle, indispensable, urgente, alors ils paieront le prix et mon cul survivra. Courage mec et grand respect pour tout cela.



  • vendredi 18 avril 2014 à 11h13, par Jojo

    J’ai une vraie sympathie pour les initiatives de ce type, ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Article 11 en fait l’écho (revenons par exemple sur l’entretien avec Till du groupe Guerilla Poubelle).

    Quoiqu’il en soit, les réflexions provocatrices de JJ me semblent quand même perspicaces et judicieuses afin peut-être de ne pas surévaluer des pratiques de production-consommation artistiques qui n’ont (et n’auront) que très peu d’effets en matière d’émancipation collective et politique.

    Contrairement à ce qui est développé dans l’essai Noise & Capitalism, je pense que le capitalisme (subventionné ou pas par l’État) ingurgite et recycle facilement tous les bruits, aussi subversifs soient-ils.

    Je conçois quand même qu’un petit vernis romantique apporte toujours une plus-value morale qui évite d’être uniquement dans des luttes aux objectifs purement rationnels. On a nous aussi besoin de parcours édifiants, d’éveiller nos sens et de croire à des histoires.

    Mais bon... Rien ne vaut une petite manifestation où l’on casse tout et de bonnes occupations où l’on bloque les appareils productifs et la planche à billets...

    • L’un empêche pas l’autre !
      Je trouve ça triste que certains commentateurs n’arrivent pas à regarder ces artistes et ces musiciens autrement que comme des naïfs. Comme si on ne pouvait pas en même temps faire de l’art et savoir descendre dans la rue, occuper, détruire, construire l’avenir !
      Vous savez, ce n’est pas parce qu’une personne est interviewée sur son activité artistique qu’elle ne fait rien d’autre à côté...

      C’est vraiment trop demander de concevoir que l’art puisse être un des maillons de la révolte pour certaines personnes ?
      C’est une pratique naturelle chez l’humain, source de connaissance, de réflexivité. Je pense que ça contribue à notre émancipation, autant individuelle que collective. C’est un bon langage, bien complémentaire à d’autres. L’art devient chimère quand il se prostitue au capital, ça oui. Encore faudrait-il savoir s’il est encore « art » à ce stade de dégénérescence, où la création et le langage artistique sont gangrénés par le pognon et la reproduction d’un système dévitalisant.

      Je ne pense donc vraiment pas que ce genre d’initiatives viennent de gens qui conçoivent leur musique comme une porte unique vers la sacro-sainte « révolution »... On est bien loin de ce genre de propos, on est en 2014, faudrait pas prendre les gens comme des nés de la dernière pluie. L’ambiance de dehors, vous n’êtes pas les seuls à la ressentir.

      • Personne n’a dit qu’ils étaient naïfs, ils se font plaisir ; au contraire, ils ont probablement raison.

        Les discours d’auto-légitimation autour des pratiques artistiques (contre-culturelles ou non) ont été largement étudiés dans les sciences humaines et sociales.

        D’ailleurs, l’inflation des publications le domaine de l’art et de la culture (approches critiques ou pas) et leur visibilité mises en balance avec les travaux sur d’autres réalités du monde social (pauvreté, ouvriers, migrants, etc.) interpelle indéniablement. L’art, quelle que soit sa fonction, est bon public.

        Ce discours de l’art pour l’art (même politique), quel qu’il soit, est très récent dans l’histoire humaine, donc affirmer que l’art est une « pratique naturelle chez l’humain », ça fleure à la fois l’essentialisme et l’ignorance.

        Si tu vas piocher dans cette fameuse histoire de l’art, tu pourras opérer un déplacement cognitif, culturel et temporel qui pourra te permettre d’éviter de raconter des conneries.

        • Comme dans le domaine de l’art contemporain : quel artiste aujourd’hui ne prétend pas « interroger », « critiquer », remettre en cause", etc, la réalité sociale ? Ils ont tous plus ou moins un discours militant qui est aussi creux que leur prétention intellectuelle est démesurée. Même leur humour revendiqué (2e, 3e, énième degré) est triste à pleurer. Qu’ils passent leur temps comme ils le veulent, ça ne me dérange pas, mais qu’ils ne prétendent à rien d’autre que de se faire plaisir.



  • dimanche 27 avril 2014 à 14h34, par Rkat

    Mon commentaire va être un peu simpliste mais un des types d’Headwar s’est représenté comme tête de liste aux dernières élections municipales à Amiens sous la houlette du Parti Sans Cible. C’est vachement humoristique (faut écouter l’entretien qu’ils ont eu sur France Bleu Picardie) mais y’a un aspect quand même politique dans tout ça, dans le sens où ça m’a fait re-réaliser que tout le monde est sensé pouvoir se représenter à pas mal d’élections, mais que néanmoins, ils disent dans une interview que pas tout le monde peut le faire dans les faits puisqu’on est obligé de payer ses bulletins de votes, ce qui leur a couter à peu près un millier d’euros.

    Je dis pas que c’est un acte totalement subversif qui va ébranler les fondations de notre société, mais ça l’est un peu, subversif tout de même... Je ne sais pas si ça veut dire du coup que la démarche du label et des musiciens peut être qualifié comme telle par contre.

    • mardi 20 mai 2014 à 11h14, par Cavalier Chinois

      je sais même pas si un commentaire s’impose à propos du parti sans cible.

      Outre qu’une manifestation d’un ego surdimensionné, cette candidature était simplement un moyen pour obtenir d’une façon ou d’une autre une salle un tant soit peu légale... Rien de subversif.

      C’est justement cela. Un groupe comme HeadWar qui n’a en soit, jamais brillé par une véritable subversion, devient nuisible dès lors qu’il se place sur le terrain légal.



  • mardi 29 avril 2014 à 14h42, par Pascal

    Mais la question que tout le monde se pose c’est : JJ, c’est quoi que t’écoutes comme musique ?

    • Seuls ceux qui n’ont pas lu le fil de cet échange se la posent, cette question. Il suffit de le lire et tu le sauras mon cher Pascal...

    • La question du goût, de la distinction et du supposé plaisir qui l’accompagne - c’est-à-dire du « T’écoutes quoi comme musique ? » - est assez récente. Elle est largement redevable à l’émergence des industries culturelles, à la profusion de l’offre de produits artistiques.

      Imagine-toi au XVIIIe siècle (par exemple), dans n’importe quel village d’Europe (ou ville), du pourtour méditerranéen, ou d’ailleurs : tu ne choisis pas la musique ! Des musiciens jouent au sein de la communauté, tout le monde chante un répertoire commun, les gens dansent, sont en transe, parfois dans un cadre ritualisé, et personne ne se pose la question du goût, parce que dans cette situation, elle n’aurait pas de sens. C’est la fête, pas le spectacle !

      Dans 70 % des concerts de noise aujourd’hui, plus personne ne danse (ce sont mes statistiques personnelles, à l’emporte pièce), le public est aussi inerte que des connards de grands bourgeois qui écoutent le jazz agoniser dans des clubs. Personnellement, je préfère une soirée où l’on se roule parterre sur du Balavoine qu’un putain de concert peuplé de zombies distingués qui passent des heures à se toiser avant de commencer - éventuellement -, en fin de course, à bouger leurs orteils ankylosés.

      • C’est fou Jojo on est même plus au 18e siècle. Ben écoutes, pendant que t’iras t’éclater en boite (ce qui est ton droit le plus strict), on continuera à aller à des concerts dans des lieux qui ont du sens pour nous, pour aller écouter ces gens qui représentent la culture locale aujourd’hui (que tu le veuilles ou non). On y dansera peut-être, peut-être pas, mais il me semble qu’on ne mesure pas la qualité d’une musique au nombre de pas de danse qu’elle entraîne. En tout cas, la majorité des concerts que je fréquente ne répondent pas à ta description et en général je m’y sens bien.

        C’est bon, j’ai le droit de bien m’y sentir ? On a ton approbation ou va falloir passer devant un tribunal révolutionnaire et une commission universitaire d’histoire de l’art ?



  • jeudi 22 mai 2014 à 19h00, par franckstacatto

    la musique c’est du bruit qui pense.victor hugo

  • Répondre à cet article