ARTICLE11
 
 

samedi 9 février 2013

Vers le papier ?

posté à 21h40, par Lémi et JBB
56 commentaires

Alerte rouge (voire noire) : CQFD n’a plus un rond ! Et il n’est pas le seul...

Cela fait dix ans que le mensuel CQFD montre les crocs en kiosques, la bave aux babines et le drapeau noir à la patte. Dix ans qu’on le lit, qu’on le discute, qu’on le fait tourner. Mais si le journal marseillais fait partie du paysage, ça fait aussi un bail qu’il galère, finances en berne. Aujourd’hui, il en appelle à ses lecteurs. Une démarche qui se généralise dans la presse indépendante.

C’était il y a près de trois ans, en terre marseillaise, une sympathique rencontre avec une partie de l’équipe de CQFD, dans leur antre de la rue Consolat1. Ils parlaient, on écoutait, nos studieux carnets de reporters à la main. Cela avait donné lieu à un entretien publié sur A11, « Ne pas stagner, ne pas s’emmerder, ne pas ronronner ». Entre autres considérations sur la presse libre, les disciples du chien rouge y revenaient sur leurs problèmes de trésorerie, cette caisse presque toujours vide malgré les serrages de ceinture et les économies de bout de ficelle, et sur l’appel aux lecteurs à laquelle cette « pauvreté » chronique les avait contraint.

« En septembre 2008, quand on a lancé l’opération « l’abonnement ou l’abandon » pour décrocher 2 000 abonnements supplémentaires, on était un peu à bout. On fatiguait vraiment, ça faisait six ans qu’on faisait ce canard et on commençait à en avoir marre d’être dans la mouise. Bref : on avait vraiment besoin de ce soutien.
Et ça a marché. Bien marché, même : on a eu à peu près ces 2 000 abonnements supplémentaires qu’on demandait. En trois mois ! [...] À l’époque, ça nous a regonflé. Financièrement, bien entendu. Mais aussi parce que nous avons reçu pleins de mots de soutien, d’encouragements.
[...]
Mais nous n’allons pas non faire tous les ans le coup de « on arrête », ça deviendrait lassant… Ça me rappelle Politis quand j’étais gamin : à une époque, tous les six mois, ils lançaient un appel en disant « Politis va mourir ».
Le truc, c’est qu’on pense faire un canard qui n’est pas trop mal - enfin, on le voit comme ça. Et que ça a un côté désolant de constater, bon an mal an (ou bon numéro mal numéro), que nous plafonnons au mieux à 6 000 exemplaires. Ce n’est pas une question de pognon, mais plutôt d’intérêt suscité. Au fond, la vraie question est celle-ci : pourquoi n’y a t-il pas plus de gens qui s’intéressent à notre journal ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à toucher davantage de gens ? A un moment, cela aussi fait partie de la fatigue, du malaise.
 »

En exhumant ces lignes datant de 2010, on ne cherche évidemment pas à pinailler en les confrontant à celles qui suivent en bas de cette introduction, cet appel aux lecteurs que lance à nouveau un CQFD aux abois. Bien au contraire. Simplement, cette redite a valeur d’illustration parfaite d’une situation dépassant le cas du canard marseillais. Parce que ce qui vaut pour eux vaut pour d’autres canards indépendants, voire pour l’écrasante majorité2. Par la force des choses, ce que souligne François Ruffin dans le dernier numéro de Fakir  : « C’est toute la presse qui en prend plein la tronche, ces temps-ci. Des points de vente qui ferment par centaine, d’autres d’où on est virés parce que trop petits : rude bagarre. »

Ce que dit finalement cet appel lancé par un titre emblématique, réalisé de manière bénévolo-ascétique et disposant d’un lectorat à peu près stable ? Simplement qu’il n’est quasiment plus possible de proposer sur le long terme un canard libre et radical en kiosques sans appeler de temps en temps à la rescousse son lectorat. Parce que l’indépendance ne se paye pas au prix du marché. Ni pour celles et ceux - bénévoles - qui font vivre le journal. Ni pour celles et ceux - payants - qui mettent la main à la poche pour le lire.

La preuve ? CQFD n’est pas le seul à demander à ses lecteurs un petit effort financier. De loin. Il y a un an tout juste, c’était les amis de La Brique qui lançaient un appel au soutien (titré « Pour 3 000 dollars de plus » et relayé notamment sur A11). « La Brique publie aujourd’hui un appel à souscription, forcée de constater que les dernières soirées de soutien ne lui ont pas permis de rentrer dans ses frais. Concrètement, notre vilain petit canard a besoin de 3 000 euros pour poursuivre ses activités », écrivaient les Lillois, désolés d’en arriver à une telle extrémité. Et de souligner : «  Dans notre fonctionnement, seules les ventes du journal nous financent, garantissant ainsi notre indépendance éditoriale. Mais on a beau vendre presque 1 000 exemplaires du canard à chaque numéro, entre les 30 % que nous prennent Prestalis et les frais d’impression, les factures téléphoniques et l’abonnement internet, le compte n’y est pas : les ventes ne sont jamais suffisantes pour payer nos impressions.  »

Semblable problème pour Le Tigre, qui sonnait le tocsin auprès de ses lecteurs en décembre 2011 : « Actuellement, 90 % des recettes du Tigre proviennent de ses ventes, les 10 % restants émanant de subventions publiques (aide aux revues de la Région Île-de-France et du Centre national du livre). Journal sans publicité, sans mécène et sans fortune personnelle (loto, héritage), ces trois « sans » étant revendiqués, Le Tigre ne compte que sur ses lecteurs. Pour combler le trou qui s’est creusé et notamment payer son imprimeur chez qui il a, comme la Grèce, une dette conséquente, Le Tigre doit réunir 20 000 euros.  »
Et la revue de rééditer l’appel en décembre 2012, les mêmes causes appelant les mêmes remèdes (sinon que Le Tigre n’a pas demandé de subventions cette année-là) : « L’année 2012 se termine, et, à vue de nez, il semble presque impossible de tenir sans subvention, en restant évidemment dans une économie de combat (il n’y a qu’un demi-salaire en tout et pour tout au Tigre). Tout étant dans le « presque » : il nous manque un peu moins de 10 000 euros pour finir l’année. Comme l’an passé à la même période, nous nous tournons donc à nouveau vers nos lecteurs, anciens lecteurs, futurs lecteurs, pour leur demander de nous soutenir. »

Jusqu’à L’Impossible qui, après des débuts en fanfare, disait ses problèmes d’argent il y a moins d’un mois. Son fondateur, Michel Butel, dressait alors letableau de ses doutes éditoriaux et interrogations pécuniaires :

« Les difficultés de trésorerie du journal constantes, les terribles soucis quotidiens, les inquiétudes diurnes et nocturnes de dirigeants d’une petite entreprise, à peine créée, créée avec peine, les questions que même des proches doués d’empathie n’imaginent pas mais qui alarment nos vies depuis le 14 mars 2012 : tiendrons-nous jusqu’au mois prochain ? paierons-nous les sommes dues en fin de mois ? pourrons-nous rémunérer les dix personnes qui ont associé aux nôtres leurs savoir-faire, leurs qualités, leurs compétences, leur imagination, leurs énergies, leurs disponibilités, souvent leur gaieté, leur état d’esprit enclin aux principes « moraux », leur folle passion pour L’Impossible ? comment faire ? que faire ? comment approcher puis convaincre un mécène, un sponsor, un actionnaire, voire plusieurs ? comment repousser le diable tentateur et ses multiples venins sucrés : « un peu de publicité peut-être ? un peu de normalité peut-être ? un renoncement peut-être ? » »

Ces différents appels à l’aide recouvrent - il est vrai - des situations différentes. Si Le Tigre demande parfois des subventions lui permettant de plus ou moins boucler son budget, ce n’est pas le cas de CQFD. Si L’Impossible a fait le choix (très ambitieux) de payer ses collaborateurs, ce n’est pas celui de La Brique qui, de même qu’Article11, ne pourrait pas se le permettre une seconde - mais L’Impossible, même quand la revue n’est pas au mieux de sa forme, vend plus d’exemplaires que La Brique ou Article11 réunis. Enfin, si La Brique, CQFD et A11 fonctionnent sur une base associative, L’Impossible est - lui - une entreprise. Reste qu’une même ambition réunit ces titres : se débrouiller seuls. Trouver ce fragile équilibre où les seules ventes financent la survie. Et c’est cela même qui ne fonctionne pas.

Alors ? La presse libre, morne plaine ? Ces réguliers appels à l’aide comme le signe de la fin des haricots, de l’incapacité de nos canards à s’adapter à l’air du temps, à trouver des solutions ? Peut-être, diront les Cassandre. Mais d’autres, et ils auront (au moins en partie) raison, y verront l’inverse : contre vent et marée, alors que les les conditions économiques qui leur sont faites (impression et distribution) devraient avoir précipité leur mort depuis longtemps, les titres de la presse libre tiennent bon. Parce qu’ils ont des lecteurs et lectrices, même si ceux-ci ne sont que quelques milliers. Et parce que ce lectorat les apprécie tellement qu’il est disposé à mettre la main à la poche, même en temps de crise, même quand la multiplication des demandes de soutien pourrait commencer à le lasser.

Que cela plaise ou non, c’est cela qui aujourd’hui fonde la presse libre : l’adhésion de son lectorat. Signe qu’elle ne s’époumone pas en vain, malgré les bâtons dans les roues. Et cela vaut tous les bilans comptables positifs, tous les bénéfices du monde. À sa manière, c’est ce qu’écrit l’ami Ruffin dans Fakir  : « J’en suis convaincu, [...] des canards comme le nôtre [...], c’est pas par le fric qu’on crève. Les journaux normaux, oui. France-Soir, La Tribune, Libération, les pépètes de la pub ne rentrent plus, ça fait des plans de licenciement et la boutique s’écroule. Nous pas. »

Une fois ceci dit, voici - juste ci-dessous - l’appel aux lecteurs de CQFD. Alors, c’est vrai, les copains voient grand (mazette, 100 000 euros ! Z’allez racheter Libé ?). Mais nul doute qu’ils y parviendront. Parce que CQFD doit vivre. C’est comme ça.

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***

CQFD, dix ans, toutes ses dents mais plus un rond !

« Il reste 217 dollars dans les caisses de l’État zimbabwéen », annonçait récemment le site d’informations d’un journal de banquier. Voilà qui nous situe à peu près sur l’échelle globalisée de la fortune : CQFD est aussi riche, à quelques dizaines de dollars près, que le trésor public du Zimbabwe. Les sous qui nous restent ne suffiront même pas à payer l’impression du prochain numéro. Si nous vivions dans un monde raisonnable, les Zimbabwéens se la couleraient douce, les banquiers feraient la manche au feu rouge et CQFD triompherait. Mais nous vivons dans un monde déraisonnable où les flibustiers de la presse libre crèvent la gueule ouverte. CQFD, qui ouvre la sienne depuis dix ans, risque bien cette fois de devoir la fermer, et pour de bon.

En mai 2003, quand nous avons lancé notre premier numéro depuis la tanière marseillaise qui nous sert de vaisseau amiral, nous étions raisonnablement convaincus de ne pas faire de vieux os. Notre idée, c’était de faire le journal qu’on avait envie de lire, un journal sans chefs ni patrons, sans comptes à rendre ni bailleurs à cajoler, un canard d’expression directe pour les insoumis chroniques, les passe-frontières têtus, les aventuriers des minima sociaux, les déserteurs du marché salarial, les artistes de la grève, les bricoleurs de solidarités épiques, les réfractaires à l’ordre des choses. Une équipée collective de débrouillards impécunieux mais gourmands d’utopies, une exploration sociale menée au rire et à la sueur contre les vents dominants. Forcément, un tel journal n’était pas fait pour durer. Dix ans plus tard, pourtant, on est toujours là. Certains ont quitté le navire, d’autres sont montés à bord. On a bravé le mal de mer, le scorbut et les requins. On a tangué, on a morflé, on a tenu bon. On a vu du pays, tissé des réseaux, élaboré un savoir-faire, perfectionné l’art de produire un journal exigeant avec des bouts de ficelle et de belles rencontres. Bref, on y a pris goût. C’est vous dire qu’on n’a pas l’intention de lâcher l’affaire.

Mais, pour que l’aventure continue, on a besoin de vous. Et surtout de vos euros ! Oui, amis lecteurs fidèles ou épisodiques, compagnons d’escale ou camarades au long cours, vous avez bien entendu : le sort de CQFD est suspendu à vos poches, aussi dégarnies ou trouées soient-elles – et, peuchère, elles le sont vraisemblablement autant que les nôtres…

Comment une publication aussi rodée à la mouscaille en arrive-t-elle à la pénible extrémité d’appeler ses lecteurs à la rescousse ? Le cri de détresse pour journal sur la paille va-t-il devenir un genre à part, une discipline enseignée dans les écoles de journalisme, avec ses figures de style et ses trémolos savamment dosés ? Pourquoi la « crise de la presse », cette crise d’affairistes vaniteux et pleurnichards, ébranle-t-elle aussi à des degrés divers la quasi-totalité des journaux non marchands, dits « petits » ou « alternatifs », CQFD parmi tant d’autres ?

Il y a plusieurs explications. La première tient à la démobilisation des lecteurs. Depuis notre campagne d’abonnements de 2008, le nombre de nos abonnés n’a cessé de s’effriter, passant de quatre mille à deux mille en cinq ans. Nos ventes en kiosques ont suivi une pente à peine moins rude, avec deux mille exemplaires écoulés aujourd’hui contre trois mille en 2008. Imputable sans doute aux effets cumulés de la lassitude, des fins de mois longues et difficiles et d’une désaffection générale pour la presse papier, cette dégringolade s’avère d’autant plus funeste pour nous que CQFD – encore heureux ! – ne dispose d’aucune ressource publicitaire, capitalistique ou népotique. À la différence d’une feuille moribonde comme Libération, qui peut toujours se blottir dans le giron moelleux d’un Rothschild, biberonner les subventions publiques (2,9 millions d’euros en 2012) ou éditer un sac à pubs en guise de supplément, le mensuel au chien rouge ne peut compter que sur ses lecteurs. Plus précisément : ses lecteurs payants. Car l’audience de CQFD s’étend évidemment bien au-delà de son carré de fidèles solvables, grâce à ses abonnements gratuits pour les détenus et, surtout, à la mise en ligne gracieuse de ses articles sur son site Internet, auprès duquel des foules innombrables viennent avidement s’abreuver chaque mois. Et c’est très bien comme ça. Mais ce serait mieux encore si nos lecteurs sur écran franchissaient le pas jusqu’au kiosque, au bulletin d’abonnement ou à la bibliothèque municipale, au besoin pour exiger haut et fort que CQFD s’y trouve en bonne place, et en plusieurs exemplaires, s’il vous plaît.

La raréfaction des lecteurs « papier » n’a pas qu’une incidence économique. Elle assèche aussi le terreau social dans lequel un journal comme le nôtre puise sa force. C’est parce que ses exemplaires circulent de main en main que CQFD peut multiplier les rencontres stimulantes, obtenir des informations, s’ouvrir des pistes, être là quand ça chauffe, se faire engueuler, trouver de quoi réfléchir, parler, agir, écrire, dessiner, photographier. C’est pour ça qu’on y tient, à notre version papier : pas question de se recroqueviller sur Internet, outil ô combien précieux mais qui dématérialise et finalement dévitalise le rapport d’un journal à sa matière organique. Sans compter que le vacarme des imprimeries et l’odeur du papier, nous, on aime bien.

Seulement le papier coûte cher, de plus en plus cher. L’encre, les rotatives, tous les coûts de fabrication : hors de prix. Et puis, il y a Presstalis. Le géant de la distribution de presse en France, qui taille à grands coups de serpe dans ses effectifs et impose aux kiosquiers des conditions de vente si retorses qu’elles clochardisent littéralement toute une profession. La « crise de la presse » a bon dos. Les ventes s’effondrent, d’accord, mais la faute à qui ? Outre l’indigence de l’immense majorité des publications dont les Unes malodorantes dégueulent au nez du piéton, la stratégie d’étouffement appliquée aux titres à faible tirage rend de moins en moins attractif le détour par le marchand de journaux. Le cas de CQFD est parlant. En vertu d’une politique commerciale consistant à évincer les petits pour donner encore plus de place aux gros, Presstalis « répercute » sur nous une avalanche de frais dont les modes de calcul écœureraient un capo de la mafia new-yorkaise. Il y a deux ans, nos ventes en kiosques nous assuraient une recette astronomique de deux milles euros par mois, de quoi couvrir les frais d’impression du numéro suivant. Aujourd’hui, à volume égal, ces ventes ne nous rapportent plus que six cents euros. Même pour nous, c’est peu. Quand tous les canards indépendants auront été virés du circuit, quand les kiosques auront été remplacés par des boutiques Relay exclusivement dédiées aux programmes télé, aux DVD sous blister, aux cours de la Bourse, au péril islamique, aux régimes minceur et aux éditos de Christophe Barbier, sûr que la presse française aura fait un grand pas vers la « sortie de crise ».

D’autres facteurs concourent à notre débine actuelle. L’affaiblissement temporaire des mobilisations sociales se traduit mécaniquement par une chute des ventes militantes, lesquelles, à d’autres périodes, nous revigoraient en petite monnaie et bons moments. Si on ajoute à cela la suspension des regrettées éditions du Chien rouge et des revenus annexes tirés de la vente de nos livres, la faillite de notre diffuseur en librairies, Court-Circuit (huit mille euros dans la vue), et les coups de mou qui résultent inévitablement d’une pareille série rose, on comprendra que nos coffres sonnent creux.

Pour nous renflouer à un niveau opérationnel, il nous faut réunir cent mille euros (oui, 100 000 euros). Pour relancer la machine, repartir à l’abordage et éditer de nouveaux livres. C’est jouable avec seulement quelques milliers de chèques de cinq, dix, vingt euros... Par ici la monnaie, souquez les euros ! Abonnez-vous si ce n’est déjà fait. Réabonnez-vous si vous hésitez encore. Incitez vos cousins, vos frangines, vos voisins de comptoir et vos compagnons de bordée à faire de même. Nous comptons sur vous. Gros comme une maison que votre élan de solidarité va encore nous saboter notre droit à la paresse pour les dix prochaines années !

L’équipe de CQFD, le 4 février 2013.

Pour le soutien : CQFD- BP 70054- 13192 - Marseille cedex 20 - Chèques à l’ordre de Rire/CQFD



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2 À deux exceptions notables, Fakir et La Décroissance. Eux s’en tirent mieux, avec des chiffres de vente plus conséquents. Et semblent avoir trouvé un équilibre permettant même de rémunérer les contributeurs. Si c’était le cas de La Décroissance depuis longtemps, c’est une nouveauté pour Fakir, explique François Ruffin dans un article titré « Âme, es-tu là » : « Pour la première fois depuis la naissance de Fakir, la rédaction va être mal payée, mais payée. On change de local, on s’installe ces jours-ci dans une grande baraque tout confort. Les questions de sous, avec les impôts, l’Urssaf, etc, se posent avec plus d’acuité. Et un conseil d’administration se réunit tous les mois pour discuter de tout ça, pour encadrer une gestion jusqu’ici à la trop bonne franquette.  » Si tout ne fait pas rêver dans ce tableau (Urssaf, conseil d’administration ? Quels vilains mots !), il faudrait sans doute se pencher sur le modèle Fakir. Comprendre ce qui permet à ce titre de gagner des lecteurs, quand tous les autres canards stagnent ou en perdent. Ce n’est par contre pas l’objet de ce billet.


COMMENTAIRES

 


  • Cher Lemi, cher J.B.

    en vrac et en vitesse (épuisé, pratiquement pas sorti de chez moi depuis un mois, bouclage assuré par Béatrice Leca) :

    je crois à une communauté des personnes et de leurs oeuvres (en tous genres), je ne la vois jamais se former - là où je suis, là où nos sommes - pour le dire d’une façon que je pense grossière et donc en fait erronnée : à l’extrême gauche.
    La discussion devrait être ininterrompue, porter sur tous les points de discorde.
    Ce qui, non seulement n’interdirait pas les ruses communes, les initiatives communes, mais, au contraire, les justifierait - grâce au respect de la sincérité qui, seul, autorise, les accords , les alliances, les unions.
    Je m’explique :
    je suis en perpétuel désaccord avec tel journal pourtant proche, tel média, tel groupe, telles personnes dont je me sais et me veux solidaire.
    Cela, c’est le sel de la conversation, de la politique, voire de l’amitié.
    Mais je suis persuadé que notre élan vital de création, de pensée, dépend de la folie
    de faire ensemble qui tragiquement manque à la plupart d’entre nous.
    parce que la méfiance, l’amertume, l’envie, le goût du pouvoir, la haine même, parfois, habitent l’âme de ceux et celles qui pourtant espèrent changer le monde.
    Ignorant par là ce que ne cesserai de dire, d’écrire, de « théoriser », d’expliquer, d’illustrer :
    il faut changer l’état d’esprit de ceux et celles qui veulent changer le monde.

    Jusqu’à maintenant, pour des raisons presque arithmétiques d’âge, de manque de temps, je me suis abstenu de proposer une grande délibération des « acteurs » dont je parle, à commencer par ceux du monde des media.
    Je chercherai et proposerai, cherchez vous aussi et proposez :
    réunissons - nous, parlons, décidons.
    au delà des choix de chacun (rémunérer ou pas, statuts des sociétés éditrices, périodicité, prix de vente, etc), il n’y a aucune raison de laisser aux criminels en place le luxe de la ruse, aucune raison de ne pas associer nos réflexions, nos moyens, aucune raison de laisser mourir des proches.
    tant de choses sont imaginables qui faciliteraient nos vies, nos interventions et ne porteraient en rien atteinte à nos singulatités.
    sans compter l’exemple qu’ainsi nous donnerions aux innombrables désespérés que la haine si vigilante, si infernale de presque tous envers presque tous dans nos parages, épuise et détériore.
    d’Acrimed à Rezo.net, du Fakir à l’Impossible, d’Article 11 au Tigre - pour ne pas parler ce soir des éditeurs, des cinéastes, des musiciens, des architectes, des médecins etc. etc. il faut inventer maintenant l’espace commun habitable.
    Amitié à ceux qui me feront l’amitié de me lire et de me répondre avec amitié.
    Michel Butel.

    • lundi 11 février 2013 à 20h11, par FB

      C’est pas une boutade. Le problème de la thune devrait être accessoire mais mange beaucoup de temps et d’énergie. Pourquoi pas une caisse commune de solidarité ? Et à propos de la diffusion, serait-il possible de partager les différents réseaux parallèles existants ? Des liens sont déjà tissés entre quelques titres, est-ce que ça pourrait aller plus loin ? A quelles conditions ?...

      Au fond, la presse libre, indépendante et autonome (qui ne vit que par ses contributeurs et pour ses lecteurs) ne devrait avoir à se soucier que des textes et de l’énergie qu’elle produit.

      • mardi 12 février 2013 à 06h18, par JBB

        @ Michel : c’est très joliment dit. :-)

        «  La discussion devrait être ininterrompue, porter sur tous les points de discorde.  »

        Bien entendu. Avec une limite, toutefois : l’énergie. J’ai l’impression que passer un temps assez conséquent à boucler un canard ne laisse pas tellement d’espace - ni parfois d’envie - pour en plus jeter des ponts, argumenter pied à pied, faire l’effort d’aller vers les autres, sortir de la petite bulle du titre auquel on participe.

        En tout cas, perso, ça me fait ça : dans les trois semaines qui précèdent la sortie d’un numéro, il n’y a guère que celui-ci qui compte ; une fois qu’il est dans les kiosques, j’ai juste envie de m’isoler avec un cubi de rosé et quelques bouteilles de whisky, et ne plus bouger, et ne plus entendre parler de journal. Après, ça passe, bien entendu. Mais quand même : cette façon d’avoir la tête dans le guidon n’aide pas à voir au-delà, plus loin.

        «  au delà des choix de chacun (rémunérer ou pas, statuts des sociétés éditrices, périodicité, prix de vente, etc), il n’y a aucune raison de laisser aux criminels en place le luxe de la ruse, aucune raison de ne pas associer nos réflexions, nos moyens, aucune raison de laisser mourir des proche »

        Oui itou. Mais c’est finalement quelque chose qui existe déjà un chouia, il me semble, même si c’est de façon très informelle. On se voit, on se croise, on se parle, on se connaît, on partage des choses, on boit des coups ensemble - je dis « on » au sens d’une vague quoique réelle famille de la presse libre. Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas des ponts, des discussions, des collaborations croisées, des godets vidés, des amitiés nouées. Bref, ce n’est pas rien, déjà. Même si, tu as raison, cela pourrait être mieux.

        @ FB : «  Au fond, la presse libre, indépendante et autonome (qui ne vit que par ses contributeurs et pour ses lecteurs) ne devrait avoir à se soucier que des textes et de l’énergie qu’elle produit. »

        C’est délicat. Il me semble que ce constat fonctionne aujourd’hui surtout pour le net : là, il est tout à fait possible de ne se soucier que des textes, tant il est facile d’y publier et possible de s’y faire entendre. Mais le papier, c’est différent. Quelque part, sortir un journal aujourd’hui, c’est aller contre l’évolution (technique et financière) des choses, c’est se préoccuper d’autre chose que d’efficacité. Se battre pour faire vivre en kiosques une publication papier, cela relève d’un presque luxe, tout au moins du superflu. Parce que tout pousse aujourd’hui, des conditions financières de la distribution en kiosques jusqu’à la désaffectation des lecteurs pour la presse, à privilégier la facilité et les coûts réduits du net.

        • mercredi 13 février 2013 à 11h31, par FB

          @JBB « Quelque part, sortir un journal aujourd’hui, c’est aller contre l’évolution (technique et financière) des choses » : sortir un journal papier serait donc un combat d’arrière garde perdu d’avance ?

          Je veux croire que la presse libre peut s’en tirer parce qu’elle n’a pas les mêmes contraintes financières et s’appuie presque exclusivement sur ses lecteurs, sur la « rue ». Mais si vous baissez pavillon, vos lecteurs ne pourront définitivement plus faire plus grand chose :)

          • mercredi 13 février 2013 à 12h01, par JBB

            Ah non, mais nul baissage de pavillon dans l’air. Au contraire, on est motivés - et il en va de même dans tous les autres canards : les gens en veulent.

            Ce que je voulais par contre souligner, c’est qu’il y a quelque chose de sentimental, d’irrationnel à se battre encore pour sortir un journal papier. Parce que les contraintes de distribution. Parce que la puissance et la facilité de publication sur le net. Parce que le désintérêt croissant des gens pour les journaux en général. Parce que l’évolution du monde, en somme.

            Mais il en va de même pour plein d’autres domaines, à divers degrés : l’édition indépendante, le cinéma d’art et d’essai, le documentaire engagé, etc... A chaque fois, il n’est pas seulement question d’efficacité, dans son sens le plus évident (comment toucher le plus possible de gens tout en parvenant à équilibrer un bilan comptable), mais de quelque chose d’autre, de plus évanescent. Il y a l’objet, la matière - le journal papier ici, le beau livre ailleurs, ou encore la bobine au lieu du numérique. Il y a une façon de faire perdurer quelque chose de beau qui existait avant, même si l’évolution du monde fait que cela ne sera plus rien d’autre qu’un marché (quel vilain mot) de niche.



  • il faudrait sans doute se pencher sur le modèle Fakir. Comprendre ce qui permet à ce titre de gagner des lecteurs, quand tous les autres canards stagnent ou en perdent. Ce n’est par contre pas l’objet de ce billet.

    Salut à tous, abonnée à la Brique, à Fakir, au Diplo, à l’Impossible, et depuis trois jours à CQFD, j’achète régulièrement Article 11.

    Mais mes finances ne sont pas élastiques, hélas. Chômeuse en fin de droits, ça devient de plus en plus dur. J’écris(bénévolement) pour un journal local, le bimensuel le Lot en action, mais ça ne nourrit pas son homme ... Je ne me plains pas, parce que la dèche, c’est le lot de la plupart de vos lecteurs...

    En revanche, je crois que la question la plus importante est bel et bien de comprendre pourquoi Fakir « marche ». Pour moi, il marche parce qu’il parle un langage clair et compréhensible pour tous. Ce qui n’est pas toujours le cas dans la presse indépendante...

    Dans le Diplo de janvier, il y avait un article remarquable de Thomas Frank (auteur de pourquoi les pauvres votent à droite) qui résumait assez bien la situation :

    http://www.pressegauche.org/spip.ph...

    Dans son commentaire, Michel Butel fait une proposition intéressante : s’allier pour débattre de ce que vous (nous) pourriez faire pour sortir enfin la tête de l’eau. Demander l’avis de vos lecteurs serait aussi un plus...

    Bien cordialement,

    Gavroche

    • «  Mais mes finances ne sont pas élastiques, hélas.  »

      Clair que ça coûte cher, quand on a peu ou pas de thunes, de se fournir en titres de presse. Encore plus de les soutenir à l’occasion.
      C’est là que les choses pourraient s’inverser : il est évident que quelqu’un se trouvant à la fois au chômage et en fin de droit ne devrait pas - entre autres - avoir à payer pour lire un journal. Et donc, il est possible de s’abonner gratos à A11, l’idée étant que les gens qui donnent plus en soutien payent pour ceux qui ne peuvent le faire. N’hésite pas à nous envoyer un mail avec ton adresse, ce sera un plaisir de t’envoyer le canard (et ça vaut bien sûr pour d’autres personnes intéressées). Notre mail : redaction[at]article11.info

      « Dans le Diplo de janvier, il y avait un article remarquable de Thomas Frank »

      Merci pour le lien, c’est en effet passionnant (même s’il y a un petit côté « tirer sur l’ambulance », parce que l’absence de base idéologique et de perspective de lutte du mouvement Occupy n’est pas spécialement une nouveauté). Et cela rejoint la problématique : comment on parle, à qui, pourquoi ? Perso, je n’ai pas vraiment de réponse : parfois, j’aimerais qu’on écoule davantage d’exemplaires de notre journal, non pas pour les ventes mais pour la satisfaction d’être lus ; mais la plupart du temps, je me dis que c’est très bien ainsi et qu’on n’a de toute façon pas vocation à dépasser les trois mille exemplaires, qu’il serait présomptueux de prétendre à plus.

      «  Demander l’avis de vos lecteurs serait aussi un plus... »

      Mais on ne demande pas mieux :-)

      • cela rejoint la problématique : comment on parle, à qui, pourquoi ? Perso, je n’ai pas vraiment de réponse : parfois, j’aimerais qu’on écoule davantage d’exemplaires de notre journal, non pas pour les ventes mais pour la satisfaction d’être lus ; mais la plupart du temps, je me dis que c’est très bien ainsi et qu’on n’a de toute façon pas vocation à dépasser les trois mille exemplaires, qu’il serait présomptueux de prétendre à plus.

        Merci JBB pour ta réponse.

        Mais tu vois, tout le problème est là : vous devriez avoir vocation à dépasser les 3000 exemplaires. Il faudrait que vous en fassiez un million. Que les gens vous lisent, comme ils devraient lire Fakir et les autres, au lieu d’être « informés » seulement par la petite lucarne, la boîte à décérébrer...

        Parce sinon, ça sert à quoi ? A être lu par des gens déjà convaincus ? A rester entre soi ?
        C’est le sentiment que j’ai eu en lisant l’article de T. Franck ... En clair, le pouvoir, merde, il faut aller le prendre.

        Pour en revenir à mon premier message, un exemple : l’idée de Fakir de diffuser des « tchio Fakir » (4 pages) dans les manifs me semble une très bonne idée pour faire connaître la presse vraiment libre ...

        Enfin, merci pour la proposition, mais la propagande du chômeur « assisté » fonctionne parfaitement, même pour des gens comme moi : j’ai beaucoup de mal à accepter d’être aidée, même par les copains. Je veux du boulot.

        Au fait, je suis correctrice d’édition, avis aux amateurs... :-)

        • @ Gavroche

          vous devriez avoir vocation à dépasser les 3000 exemplaires. Il faudrait que vous en fassiez un million. Cette question revient souvent sur le tapis, c’est sûr. Que ce soit Article11 ou CQFD ou Z ou..., il y a toujours le moment où l’on se dit que, sans viser le « million », il y aurait surement moyen d’être un peu plus lu, de modestement sortir du cercle des lecteurs convaincus. C’est d’ailleurs parce qu’on garde en tête cette belle idée de pouvoir « être lu par n’importe qui, par le quidam qui soudain est attiré par une couverture et feuillette et... bim, il lit ! », qu’à Article11 on continue à s’accrocher aux kiosques, qu’on refuse d’envisager d’autres moyens de diffusion (librairies, abo et cercles militants uniquement), alors que financièrement c’est pas la teuf.

          A la marge il y a des moyens pour faire davantage lire un canard, ce qu’a très bien compris Fakir.
          Pour nous, la première étape passerait sans doute par une plus grande implication dans la diffusion, aller voir les libraires, tenter de faire parler de nos journaux dans des médias généralistes, vendre dans les manifs, etc. Mais c’est quelque chose qui demande une énergie et une logistique que nous n’avons pas forcément sous la main, on le sait d’expérience ; on a déjà du mal à sortir notre canard dans les temps...

          Quant à rivaliser ne serait-ce qu’un chouïa avec la force de frappe des grands médias, c’est un doux rêve. Sauf à considérer que c’est une question de contexte et qu’en période de grand chambardement les choses sont différentes (cf. cet entretien autour de la presse sous la Commune)...



  • dimanche 10 février 2013 à 12h03, par cultive ton jardin

    Eh oui, un « espace commun habitable », ce serait pas la solution ? Loin des querelles de chapelles et d’égos, trouver une forme qui conserve à chacun sa liberté de réfléchir et de créer, son originalité, sa ligne directrice mais qui mette en commun les moyens financiers et les moyens de défense contre ceux qui vous grugent.

    Bon, c’est pas facile à construire, mais on peut rêver, non ? Et tenter de réaliser ses rêves.

    • J’aime bien cette idée de faire front commun tout en préservant les différences. Une sorte de fédération, en somme ?

      Le truc, c’est qu’on avait déjà évoqué, à quelques titres, l’éventualité de mener des actions contre les distributeurs (Prestalis et MLP). Et que ça n’a rien donné, parce qu’on n’a pas réellement empoigné les choses. Bref, il faudra sans doute du temps avant de réussir à faire réellement front commun.



  • Une mise en commun des talents, énergies, moyens, ne serait-ce, non pas « LA » solution, mais une solution ? Car comme il est écrit un peu plus haut il se trouve que les gens qui vont acheter ces journaux sont justement ceux dont les finances sont les plus minces et ce n’est certes pas ce que nous réservent les truands de la rue de solférino qui va améliorer les choses. En tout cas je souhaite que ce journal voit le jour car il est déjà indispensable.

    • Yop camarade

      Dans tous les cas, c’est une belle idée - ça aurait de la gueule.

      Mais perso, j’avoue que je n’y crois pas trop. Parce que les envies et conceptions du rôle d’un canard sont trop différentes selon les titres, même si on a conscience d’appartenir à une même famille. Parce que j’aime cette diversité, des journaux réellement différents et avec leur identité propre, des choix graphiques et rédactionnels affirmés. Et surtout parce que je ne crois pas que ça résoudrait les problèmes actuels de la presse libre que de réunir tous les titres en un seul - ça les déplacerait, simplement.

      Par contre, je ne comprends pas trop ce que tu reproches aux gens de Solférino. Voudrais-tu dire qu’ils ne sont qu’une bande satrapes libéraux sans foi ni loi ? Rhôôôô, allons.... :-)



  • « il faudrait sans doute se pencher sur le modèle Fakir. Comprendre ce qui permet à ce titre de gagner des lecteurs, quand tous les autres canards stagnent ou en perdent ».

    En même temps quand on sait que 4 millions de personnes ont voté pour Jean-Luc Mélenchon et que 300 000 personnes écoutent là-bas si j’y suis, on se dit que Fakir et ses 15 000 ventes a encore une belle marge de progression (Le Figaro, par exemple, vend 334 000 journaux pour 9,75 millions d’électeurs de Sarkozy).
    Je rigole, bien sur, je rigole.

    • Non, mais c’est clair que ça joue : les idées que porte Fakir parlent à bien davantage de gens que les nôtres. Mais si ce canard marche, ce n’est pas seulement - je pense - parce qu’il correspond à un mouvement d’idées un peu puissant. Outre la question de la qualité des papiers, il y a celle de l’énergie investie, de la capacité à aller au-devant des gens. Voire une façon de traiter l’aspect commercial des choses comme faisant partie intégrale du journal.
      C’est anecdotique, mais j’ai vu quelquefois François Ruffin vendre Fakir en manif - il était d’une efficacité impressionnante, réussissant à en écouler des dizaines. Perso, ce n’est pas mon truc, je serais incapable de faire ça. Mais je pense que ça dit pas mal de trucs. A commencer par cette idée que la diffusion est un combat, et un combat dans lequel des titres comme A11 ou CQFD ne sont pas spécialement efficaces.

      • Ben ouais, mouiller sa chemise sur le terrain (attention, je ne vous reproche rien, chacun son truc, et on n’a pas dix vies non plus)...

        Aller dire aux gens qui passent dans les manifs, aux gars d’Arcelor devant leur usine « ce qu’il y a d’écrit là-dedans, ça vous concerne ! »

        Bref, avoir une grande gueule, pas seulement sur le papier, mais en direct-laïve... :-))



  • Je suis tout a fait d’accord avec monsieur Butel sur le fait de laisser l’égo de coté, et se rassembler dans le respect afin de se trouver déjà. De se trouver pour visualiser ce que nous sommes.

    j’en suis.

    Archiblad



  • Faut mettre des femmes à poil en couverture, et aussi une page centrale !

    En fait, pour faire de l’audience et du pognon, faudrait que vous trouviez une économiste libérale qui accepterait de se déshabiller au fur et à mesure qu’elle fait des propositions pour privatiser les services publics.

    Mais vous préférez parler de gauchistes et d’usines qui ferment, alors, évidemment, pas de lecteurs ! Si u moins y’avait la météo, des mots croisés ou un sudoku...

    C’est de votre faute !



  • lundi 11 février 2013 à 09h19, par Un partageux

    J’ai écrit ce qui suit sous l’appel de CQFD. Pas seulement les journaux n’ont plus un rond. Aussi bien des gens...

    Faire attention.

    Il y a tous ceux qui ne peuvent pas se payer le luxe de dépenser le moindre sou hors des postes vitaux (alimentation, logement, transports). Aujourd’hui ça fait beaucoup de monde selon Popol-Emploi, selon la Fondation Abbé-Pierre ou selon le Secours Populaire.

    Il y a tous ceux qui doivent « faire attention » parce que leur revenu n’a pas augmenté depuis... on ne sait plus combien d’années. Alors que tout débours se prend des augmentations à donner le vertige. On n’avait pourtant pas l’impression de consommer beaucoup de gaz mais ma douce me faisait remarquer voici peu le montant astronomique de notre facture d’icelui.

    Beaucoup de ceux qui peuvent encore dépenser trois sous doivent « faire attention » et, parfois inconsciemment, mettent des oursins et des cactus sur leur portefeuille. C’est comme ça aussi que CQFD crie famine. C’est comme ça aussi que le fort méritant site Actuchômage vient de lancer un appel de détresse pour avitailler sa machine à cash... et que je suis en train d’écrire — lentement... — pour ne pas être le seul à y mettre quelques euros.

    http://partageux.blogspot.com



  • j’ai lomgtemps rêvé d’un (gros) trimestriel regroupant un CQFD, Fakir,Décroisance,Article11, Diplo, Siné,PlanB et qui serait trois fois plus épais ( et donc trois fois plus cher ? ) et qui regrouperait différente « chapelles ».
    Je fais de la dif pour Fakir (10 exemplaires par trimestre) . Mais même a prix coutant ( 2 euros soit le prix d’un ticket d’autocar ) faut voir comme ça hésite avant d’acheter même chez ceux qui ont du pouvoir d’achat...

    • Clair que ce n’est pas forcément évident de sortir un peu de thunes pour acheter un ou plusieurs journaux - même quand il ne coûte que deux euros. Si t’es ric-rac ou à sec, la presse, alternative ou non, devient clairement un luxe - enfin, perso, je ne la rangerais sûrement pas dans les produits de première nécessité.

      Pour le gros trimestriel regroupant tout le monde, c’est une idée qui ressort de temps en temps. Et dans l’absolu, elle a tout de la bonne idée - pour la « puissance de frappe », les économies induites, la conjugaison des énergies, des motivations diverses et des talents. Mais il y a quand même un hic : il me semble que ces titres, même s’ils sont très proches, recoupent des envies et sensibilités bien différentes. Et personne n’a envie de sacrifier ça, je crois.



  • lundi 11 février 2013 à 11h58, par guillas

    Désolé les ami(e)s mais CQFD c’est quand même pas de la sacrée qualité, il faut arrêter de se voiler la face, non ?

    Je suis très friand de presse « différente » mais là c’est un peu le niveau zéro du truc à mon humble avis...

    Article 11 ok, la revue Z ou encore le très grand Tigre qui reste une référence incontournable d’accord mais cqfd je ne peux pas l’acheter ni m’abonner ce serait une offense à la presse de ce type que de soutenir ce genre de canard pour moi.

    Je vais sûrement me faire jeter mais j’avais quand même envie de le dire et c’est pas de l’animosité juste de la critique.

    • lundi 11 février 2013 à 18h21, par virginie

      Qualité en termes de quoi ?

      tu ne peux pas comparer un « magazine curieux » comme Le Tigre et un mensuel de critique sociale.

      Critique du travail (les chômeurs heureux), insurrection de Oaxaca en 2006, le fraudeur de banque Enric Duran, boulets de canon contre l’adulé Daniel Mermet, les conspis et autres fachos rouges-bruns...c’est tout sauf du « niveau zéro » comme tu dis.

    • lundi 11 février 2013 à 18h48, par Soisic

      D’accord avec Virginie : CQFD est un journal de qualité.

      Là ou les médias dominants sont peu dicernables les uns des autres (ils écrivent peu ou prou tous la même chose, sur les mêmes sujets qui reviennent en boucle), les journaux de la presse parallèle offrent des regards différents, possèdent chacun leur singularité et sont complémentaires tout en étant difficilement comparables.

    • mardi 12 février 2013 à 11h40, par Angela

      @ Guillas.
      Niveau zéro ? On a à faire à un spectateur exigeant. Faut pas éxagérer.
      Tu ne lis pas les articles et te contente de regarder les dessins (qui sont parfois relous et parfois non) pour dire un truc pareil !
      Les articles sur Marseille 2013, sur l’Andalousie, sur Florange, les vieux dossiers, le graph de Popay.

      Lis simplement le dernier numéro,je trouve ça de bonne tenue dans l’ensemble même si c’est jamais parfait.

      • mercredi 13 février 2013 à 13h33, par Lémi

        @ Guillas

        Je ne peux qu’abonder dans le sens des autres réactions : CQFD n’est pas parfait, de loin, comme tous les autres canards cités, mais ça fait 10 ans qu’il lutte pour proposer une info de lutte qui ne soit pas rébarbative, avec pléthore de papiers ambitieux et uppercutants. Bref, niveau zéro, c’est ’achement sévère quand même.

        En plus ils ont Nardo dans l’équipe. Le plus grand dessinateur du monde. Alors hein.

        • mercredi 13 février 2013 à 16h45, par Plantouille

          « Le plus grand dessinateur du monde », ça se discute mais en taille oui.

        • jeudi 14 février 2013 à 01h00, par nardo

          tu veux un bisou Lémi ?

        • jeudi 28 mars 2013 à 16h09, par NG

          Une des grandes réussites de CQFD, c’est leur maquette.

          Et c’était encore plus le pied quand ils imprimaient sur du papier bien épais, mais ça, c’était l’âge d’or !



  • Pour n’oublier personne, je vous recommande...

    (tiens c’est marrant, l’article débute par « à commencer par CQFD », et finit par « à commencer par Le monde libertaire » :) ! _

    L’autre ZAD, celle de papier

    Il y a tant de zones à défendre qu’on en oublie parfois certaines, et non des moindres : la presse alternative et indépendante est en grand danger ! Plusieurs titres sont sur le point de disparaître dans les prochaines jours ou semaines. A commencer par CQFD qui lance un appel aux dons pour faire face à 5000 euros de dettes chez son imprimeur. Sinon, c’est la clé sous la porte et basta ! Toute l’équipe bénévole, principalement composée de chômeurs, espère encore continuer l’aventure d’un journal qui, depuis 2003, démonte sans retenue la mascarade médiatique du capitalisme. Dans la même veine, Article 11 a dû s’interrompre. Zelium et Z Minus ont annoncé « la pause de la publication à durée indéterminée, suite aux méventes successives de ses derniers numéros ». Une publication et des soirées de soutien ont certes permis de rassembler 6000 euros, mais la dette avoisine 15000 euros ! Bien d’autres médias alternatifs et indépendants ne vont pas beaucoup mieux et tous ont les reins fragiles : De Silence à Cassandre et du Ravi à Fakir. Même des institutions comme Politis (qui vient de fêter ses 25 ans) ou Le Monde Diplo ne surnagent pas, de même que les journaux d’associations, comme La Raison pour La Libre Pensée, à l’heure même où les fachos jouent masqués les chantres de la laïcité. Siné-Mensuel est tout juste à la ligne de flottaison, ayant choisi le pari ambitieux du tout en couleur et de collaborateurs payés. A signaler que la ré- cente victoire de Siné contre ses anciens employeurs de Charlie-Hebdo n’a rien à voir avec les comptes de Siné-Mensuel, puisque la somme versée à celui qu’on surnomme Bob correspond à son manque à gagner après avoir été viré comme un malpropre. La victoire du vieil anar est d’autant plus belle que l’ancien porte-voix de Val a du barrer sa une avec le communiqué judicaire, même si Charb, devenu patron, a sournoisement choisi d’égratigner l’ami de Vian et Prévert sur sa maladie. Bref, le seul journal qu’on ne pleurera pas dans la ZAD de papier, c’est peut-être celui qu’est devenu notre bon vieux Charlie-Hebdo, orphelin des Gébé, Choron, Coluche et autres Reiser. Quelques fanzines et feuilles de choux naissent encore ici ou là, Le Sarkophage a dit adieu à sa cible principale en devenant La vie est à nous, mais la situation est chancelante. Alors, plutôt que de se gaver d’Internet, peut-être se- rait-il bon de continuer à soutenir la ZAD de papier en nous abon- nant à nos titres préférés ? A commencer par Le Monde Libertaire.

    Yannis Youlountas - Article paru dans le supplément gratuit du Monde Libertaire du 6 février 2013

    • Il est bien, ce papier. Merci.

      (Mais après, point de détail : si on a fait une pause prolongée, ça n’a rien à voir avec la thunes, plutôt avec l’envie de souffler. Côté fric, on n’a pas un rond, ou presque (juste de quoi payer la prochaine impression), mais ça a à peu près toujours été comme ça depuis qu’on a lancé A11.)



  • Au même moment l’ami Quadru nous parle du « Communard » et de sa participation à Article XI.

    • Yep, le monde est petit.
      Et ce télescopage permet aussi de rappeler qu’en dehors de ceux qui se battent pour survivre en kiosques, il y a énormément de très bonnes publications qui ont choisi d’autres voies de diffusion, soit très localisées, soit par Infokiosques, soit autrement, et que c’est aussi quelque chose qui peut tempérer le propos défaitiste : des gens qui s’investissent pour s’emparer de la parole, il y en a pléthore. Taïaut, quoi.



  • mardi 12 février 2013 à 14h55, par Nous sommes légion

    Autant les ventes au numéro sont par nature variables et très sensibles à la conjoncture, autant les abonnements sont à ma connaissance un indice plutôt stable, ne serait-ce que par l’aspect assez largement identitaire que porte un abonnement.
    Donc quand un journal connaît une importante chute de ses abonnements, il devrait peut-être se poser des questions...

    Je n’ai jamais lu CQFD, la maquette ne donnant vraiment pas envie, mais la Décroissance est quand même largement trop mauvais et sectaire pour être acheté, et si j’ai acheté Siné-Hebdo pendant assez longtemps pour faire rager Val, il faut reconnaître que pour la densité du contenu cela fait vraiment cher le kilo d’information !

    Transformer la presse alternative en produit de luxe pour militant fortuné voulant s’acheter un supplément d’âme n’est pas forcément la meilleure des démarches...

    Même dans Article11 il y a de plus en plus de déchet (articles pas inintéressants en soi, mais anecdotiques) par rapport à ce qu’on ne peut pas trouver ailleurs.

    • Pour la question des abonnements, ce n’est pas forcément si simple. Parce que d’autres éléments jouent : c’est plus difficile de sortir 15 euros d’une traite que de racler ses poches pour rassembler 2 euros 50 (ou 2 euros, ou...). Perso, je lis régulièrement la plupart des journaux évoqués, mais ne suis abonné à aucune (shame on Lémi). Il y a aussi le plaisir du kiosque, qui n’est pas le même que celui de la boîte aux lettres. Et le fait que certaines « campagnes d’abonnement », qui soulignent le besoin de thunes, voient des gens qui ne s’abonneraient pas naturellement faire ce geste, avant de revenir à un achat au coup par coup, un problème qu’a connu CQFD avec leur premier appel.

      Pour La Décroissance, je serais plutôt d’accord, ce n’est à mes yeux pas un canard qui apporte grand chose, ni dans ses textes ni dans sa forme (mais ce sont les seuls parmi les canards indé - avec Fakir un peu - à avoir un lectorat vraiment fourni, alors). D’ailleurs, vilipender la maquette de CQFD tout en ayant acheté La Décroissance me semble assez paradoxal, parce que c’est le jour et la nuit...

      Transformer la presse alternative en produit de luxe pour militant fortuné voulant s’acheter un supplément d’âme n’est pas forcément la meilleure des démarches... On ne transforme rien, je crois. On fait face à une situation. Article11 fait tout pour être le moins cher possible (nouvelle version coûtera 3 euros pour 40 pages, on peut pas faire moins). C’est pareil pour les autres. Et quand il y a un appel à dons, bah c’est vraiment qu’il y a pas le choix. Il y a surement d’autres formules à trouver, jouant avec le prix libre ou la diffusion en manifs (ce qu’avait tenté Jusqu’ici), mais il n’est alors plus question de se frotter aux kiosques. Et pousser le raisonnement jusqu’au bout impliquerait de se contenter uniquement d’un Site Internet, gratos, pratique, mais...

      Même dans Article11 il y a de plus en plus de déchet (articles pas inintéressants en soi, mais anecdotiques) par rapport à ce qu’on ne peut pas trouver ailleurs. Outch, on prend note.



  • Après lecture de certains commentaires, je dirais qu’il faut aussi accepter d’être « surpris » et ne pas vouloir forcément que 100% du journal nous satisfasse à chaque fois. Même dans la lecture d’un livre, il arrive qu’un seul passage nous marque et que l’on oublie tout le reste. Mais ce seul passage, parce qu’il fait écho en nous, mérite à lui seul de conserver le bouquin à porter de main. C’est pareil pour les journaux indépendants : ils ne ressemblent pas aux autres et donc bousculent nos repères ; mais les écrits/dessins/photos que l’on y trouve méritent de s’y attarder.

    • Un commentaire qui fait plaisir à lire, ci-mer, parce qu’il met des mots sur un sentiment pas facile à expliquer. D’ailleurs, je me dis parfois que lancer un « super-journal » indépendant regroupant tous les camarades qui se battent pour publier des journaux singuliers serait une manière d’homogénéiser un univers qui apporte beaucoup par sa diversité. Et qu’à multiplier les pistes et tentatives, on est sans doute plus fort qu’à les rassembler en une seule entité. Mais ça se discute, c’est sûr (on en a beaucoup discuté entre intéressés d’ailleurs, et on en rediscutera beaucoup)

      • Il me semble aussi qu’il est préférable de conserver la multiplicité des publications pour ne pas aboutir à un lissage des originalités. Bien sûr, c’est difficile pour chacun, individuellement, parce que le lectorat est peu important et il est indéniable qu’il faudrait le voir s’accroître. Mais , finalement, rester « petit » permet de garder l’esprit de départ. Il y a un effet de seuil : la tambouille usinée pour de multiples convives n’aura jamais la saveur d’un petit plat préparé (avec amour) pour une tablée plus modeste...



  • Outre le coût du papier, l’aggravation de la situation pour tous les titres alternatifs semble due aux conditions de plus en plus drastiques imposées par les distributeurs. Est-il envisageable de s’en affranchir, en créant une troisième messagerie de presse ? Si c’était possible (légalement je veux dire, sans parler de la faisabilité dont je me doute que c’est un gros morceau), on peut rêver, surtout si ce nouveau distributeur était plus « reglo » avec les kiosquiers, que la presse alternative soit enfin plus ou au moins aussi visible que les torche-cul habituels. D’autre part, toujours pour rester sur la diffusion, on pourrait imaginer, via une pétition ou d’autres actions, exiger du gouvernement et de Filipetti en particulier le droit pour les vendeurs à la criée de journaux SANS PUB de vendre dans le métro. ça pourrait ne pas être un mauvais critère... Désolée pour les éventuelles conneries dues à sa soeur l’ignorance, et salut à tous, H. Ps : d’accord avec Virginie et Soisic, et parmi les trésors trouvés dans CQFD j’ajouterais volontiers les « morceaux volés »

    • C’est une belle idée, mais sans doute totalement irréalisable. Parce que ça a déjà été tenté dans le monde de l’édition indépendante et que ça a planté, alors que c’était un paysage moins complexe, avec beaucoup moins de points de vente. Il y a 36 000 points de vente de presse en France, et imaginer monter une structure en desservant ne serait-ce qu’une partie est illusoire. Enfin je crois. Je ne suis pas un spécialiste.

      Et puis, si l’on n’est pas « visibles » en kiosques, c’est surtout parce qu’on a des tirages et des moyens financiers de minus. On n’existe pas en kiosques, mais pas à cause des distributeurs (qui nous feraient plutôt crever sur les tarifs), parce qu’on représente une goutte d’eau dans la mer des publications à gros tirages.

      Et pour le Métro, je vois pas trop ce que ça apporterait. Il y a déjà tant de lieux de diffusion ou de vie qu’on arrive pas à investir, faute d’énergie et de moyens...

      • I see... En ce qui concerne le métro en revanche, je suis quasi certaine que ça changerait (presque) tout. Il n’y a qu’à voir le nombre gens qui y lisent les gratuits : ce n’est pas uniquement par masochisme, ni par manque de fric, mais parce que, pour peu qu’on n’ait pas pensé à prendre un bouquin, la probabilité de s’emmerder lors d’un trajet en metro est élevée, bien plus que dans un bar, un lieu associatif etc. Et on y est plus disponible que dans la rue pour écouter les trente de secondes de présentation du journal, bref sûr que ça se vendrait comme des petits pains, et toucherait un autre lectorat que celui des manifs. (sans compter que ça permettrait aux lecteurs d’ores et déja acquis mais desargentés de se faire quelques sous).



  • FAKIR, ceci, FAKIR cela, FAKIR me barbe.

    J’aimerais savoir qui va faire l’enquête sociologique sur le public des chippendales ?



  • De toute façon il est clair que faire de la presse papier indépendante est un combat, le public ayant été formater à avaler sans mâcher des feuilles et des feuilles sans contenu. Et c’est sur ça aussi qu’il faut travailler. Les gens aujourd’hui ne prennent plus le temps de lire. De se poser après une dure journée de labeur et de mettre le cerveau dans le bon ordre. Ne prennent plus et ne peuvent pas forcément. Devant l’avalanche d’abrutissement, qu’est ce qui va faire que le public va choisir un journal alternatif( qui plus est payant) ou la complexité du fond des articles est plus difficilement avalable que de l’imagerie people.
    Donc oui c’est un combat et une résistance.

    • Il y a du vrai dans ce que tu dis. Et sans doute du cliché. Il y a cinquante ans, nos aïeux barbotaient dans l’ORTF. Et au Néolithique, le journal de Lascaux donnait toute la place à la chasse au mammouth (mainstream viriliste) sans jamais parler de chasse aux grenouilles (sub-culture pour individus non-normés).



  • La vérité c’est que tout le monde est trop occupé à préparer la révolution et qu’il n’y a pas le temps de lire des journaux.



  • vendredi 15 février 2013 à 08h41, par Jean-Pierre garnier

    Le « modèle Fakir » ? Iol a déjà répondu en partie. Il n’y pas de miracle. Ce journal véhicule de manière à la fois informée et ludique les idées du Parti de Gauche, de Mélanchon, de Daniel Mermet et du Diplo. Cela fait effectivement un énorme lectorat potentiel. Un lectorat non pas anticapitaliste, mais altercapitaliste, pour qui « un autre monde possible » ne pourra être qu’un autre monde capitaliste ou un monde autrement capitaliste, mais certainement pas un monde autre que capitaliste.
    C’est pourquoi ce canard se garde de la moindre critique à l’égard de Mélanchon. Ce qui ne va pas sans contradictions.Ce dernier avait intimé à ses électeurs, sitôt connu le résultat du premier tour de la présidentielle, de reporter leurs voix « sans discuter ni traîner es pieds » sur Hollande, alors que Fakir venait de révéler que celui-ci était le candidat préféré des financiers pour faire avaler aux travailleurs une « rigueur » et une « flexibilité du marché du travail » accrues que Sarko n’osait pas imposer.
    Cela dit, il serait mal venu de reprocher à François Ruffin de verser dans un réformisme mou. C’est un activiste remarquable, non seulement capable de « descendre dans la rue » pour écouler son journal, mais un agitateur de premier ordre pour donner un coup de main sur le terrain, de jour comme de nuit et par tous les temps, aux ouvriers ou aux employées en lutte, ou semer la merde parmi leurs exploiteurs, comme ce fut le cas il y a deux ans lors d’une assemblée d’actionnaires du groupe Casino. Combien de lecteurs de Article 11 en ont-ils fait autant ? Ils ne faut pas s’étonner en tout cas, que Fakir soit lu aussi par des prolos.
    Ce qui pose d’ailleurs un problème de fond. Dans une conjoncture politico-idéologique où le « peuple de gauche » reste aux abonnés absents face à la poursuite de l’offensive néo-libérale sous l’égide, maintenant, de la coalition rosâtre-verdâtre au pouvoir, qui est le plus efficace : un social-démocrate à la Ruffin qui mouille sa chemise ou un « radical » de campus qui pérore dans les colloques et les amphithéâtres universitaires ?

    Jean-Pierre Garnier

    • Tout d’accord presque jusqu’à la fin ^^
      Fakir a un cœur de cible, la locution ne plaira pas, tant pis ; ce sont les prolos comme l’écrit Mr Garnier, les salariés qui bossent dans les grosses boîtes quelque soit le secteur d’activité. Imaginez trois secondes que Fakir commence à s’intéresser à tous les salariés du privé à proportion de leur secteur d’emploi, ça nous ferait quasi 90 % de gens qui triment dans les petites à très petites entreprises sur la misère desquels il faudrait se pencher ! Cette énorme majorité de personnes n’est pas syndiquée, organisée et encore moins remuante. Celui qui se penchera sur ce secteur social n’aura pas un lecteur.
      Ce journal (que j’achète) n’a pas grand chose à voir avec les vôtres à mon humble avis, maqué avec les syndiqués, de la base certes mais syndiqués quand même. Il y a des syndiqués parce qu’il y a des patrons et ça ne le dérange pas le Fakir. Bref il a des clients réels et un potentiel d’expansion.

      Pour vous autres (les titres cités), il en va tout différemment toujours de mon petit point de vue. Plus intellectuels, plus radicaux, plus en profondeur et pas en prise directe avec des préoccupations matérielles (boulot-gamelle-vacances pour faire court) sont vos articles et moins faciles à lire pour une lamba bac-moins-beaucoup comme moi.
      Vos diversités sont des richesses qui ne peuvent pas se synthétiser en un seul titre dans l’improbable hypothèse où vous trouviez un modus operandi. Par contre, une mutualisation des moyens de production serait peut-être un commencement de solution…



  • samedi 16 février 2013 à 15h14, par valentin lacambre

    En ce moment sur le site web de CQFD je peux lire les articles du mois de décembre.

    Les nouveaux abonnés découvrent maintenant nos journaux par l’internet, pas par le kiosque où il est rare de croiser un jeune de moins de vingt ans.

    Alors si le lecteur peut pas lire frais sur internet, plus personne découvrira cqfd, c’est bien ce qu’il se passe la ?



    Mettez les articles en ligne dès leur conception, avant la publication papier, et vous verrez vos abonnements papier augmenter.

    Enfin bon, ça marchera que si on peux s’abonner au journal papier facilement par internet.



  • Et la faute à qui ou quoi ? Devinez ; Suite à l’accusation contre le « FDG » et « rené balme » comme « rouge-brun » et votre rapprochement « même doux » de la sphère « pro-Isralienne » de votre tribune . Ne voyant que de mauvais éléments partout et des antisémites à la place d’anti-sionistes, vous vous êtes sabordés.

    Dommage tout de même. Il vous reste encore un ou deux journaux non ? Sinon le financement par l’Etat est le seul possible.

    Bien à vous et bonne chance.



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