jeudi 26 janvier 2012
Vers le papier ?
posté à 10h46, par
8 commentaires
On croit toujours que la presse alternative roule sur l’or. Qu’elle tourne à la coke, aux biftons de 500 et aux colloques à Marrakech... Bah non. En fait, elle galère, pauvre comme Job, voire plus ; rogne sur chaque dépense, chaque boutanche de Villageoise. Aujourd’hui, c’est les camarades et amis de La Brique, excellent canard lillois, qui auraient bien besoin d’un petit coup de pouce.
Sur le fil, toujours. Quelques centaines d’euros d’avance, parfois ; quelques milliers, rarement - lorsque des réabonnements arrivent en masse1 ou quand on nous envoie un chèque de soutien conséquent2. Mais le plus souvent, la trésorerie est dans le rouge : à sec. Une économie de l’urgence, où il importe uniquement d’avoir suffisamment en banque pour financer l’impression du prochain numéro. Ensuite ? Ensuite, tout recommence.
À ce petit jeu, Article11 est nouveau venu. La plupart des canards de la sphère alternative pratiquent depuis beaucoup plus longtemps cette économie de la guerre permanente - se battre pour quelques centaines d’euros par-ci par-là, surveiller le compte du coin de l’œil, faire patienter l’imprimeur qui espère son chèque, chopper des sueurs froides en attendant les chiffres de vente du dernier numéro en date, et toutes ces sortes de choses. Pratique de bouts de ficelle.
Souvent, un vague équilibre se crée - celui du fil du rasoir. Mais il suffit d’un rien pour que les finances basculent du côté obscur de la force, que la balance penche du mauvais côté. Dans le rouge. C’est le cas de l’enthousiasmant canard lillois de contre-information, La Brique. Les joyeux camarades qui le réalisent ont eu beau scruter leurs relevés bancaires, recompter encore et encore leur menue monnaie, faire les yeux doux à leur banquier... Las, rien n’y fait : le compte n’y est plus.
Bref, les amis de La Brique ont besoin d’argent. De flouze. De thunes. Ils l’expliquent en un papier publié dans leur dernier numéro en date et reproduit ci-dessous : il leur manque 3 000 euros, l’équivalent de plusieurs factures accumulées de leur imprimeur3. L’économie de la guerre permanente est devenue état d’urgence ; l’argent ou la mort, quoi. Alors, si toi aussi tu pries pour qu’il y ait « Another Brique in the wall », et bien d’autres ensuite, tu sais ce qu’il te reste à faire...
POUR 3 000 DOLLARS DE PLUS
La Brique publie aujourd’hui un appel à souscription, forcée de constater que les dernières soirées de soutien ne lui ont pas permis de rentrer dans ses frais. Concrètement, notre vilain petit canard a besoin de 3 000 euros pour poursuivre ses activités.
La Brique, c’est de la bonne. Tous les deux mois, pour deux euros, vous avez 65 grammes de critique sociale bien servie, emballée dans seize pages noir et blanc, garanties sans OGM ni Bisphénol A. Livrée à domicile, directement du producteur au consommateur. Alors ce serait dommage de s’en priver. Aujourd’hui, le canard a (vraiment – vraiment) besoin de thunes pour continuer à dealer ses enquêtes cultivées localement par une dizaine d’artisans-journalistes. Concrètement, 3000 euros ça représente l’impression de deux numéros.
LA BRIQUE, ENFIN UN JOURNAL PAYANT
Dans notre fonctionnement, seules les ventes du journal nous financent, garantissant ainsi notre indépendance éditoriale. Mais on a beau vendre presque 1 000 exemplaires du canard à chaque numéro, entre les 30 % que nous prennent PRESTALIS et les frais d’impression, les factures téléphoniques et l’abonnement internet, le compte n’y est pas : les ventes ne sont jamais suffisantes pour payer nos impressions. Et c’est notre imprimeur qu’on doit remercier de ne pas nous presser de le rembourser (spéciale dédicace Mév.).
En réalité, et depuis toujours, ce sont les soirées de soutien et les ventes à la criée sur les marchés qui nous permettent de survivre (d’ailleurs, à l’occasion, si vous voulez organiser une petite vente sauvage, vous avez notre mail). Mises à part des kilos de pâtes et quelques (hecto) litres de bière pour nos (trop) longues nuits de bouclage, tout l’argent est réinvesti dans l’impression du numéro suivant. Mais notre déficit est structurel. Aucune soirée de soutien ne nous a jamais vraiment permis de nous remettre à flot. C’est pour ça qu’aujourd’hui on s’adresse à tous ceux et celles qui pourraient et voudraient allonger un peu de thunes pour nous aider à continuer.
ENFIN UNE PRESSE LIBRE
Depuis le printemps 2007, La Brique est tout simplement le seul journal indépendant, « sans pub et sans pitié », face au monopole-régional-de-production-quotidienne-de-papier-à-caractère-décérébrant qu’est La Voix du Nord. Ce travail, nous le faisons bénévolement, à jongler entre RSA, études, esclavage salarial, et le reste de ce que comprend une vie : les amours, les ami-es, parfois la famille. Tout ça sans standardiste ni rédac’ chef. Toutes les heures sont supplémentaires, et ne rapportent aucun point retraite. Et puis, un peu d’humilité n’a jamais tué personne : La Brique est le seul journal qui puisse dire que La Voix du Nord et Nord Éclair ne sont que des torchons publicitaires, et le démontrer. La seule qui enquête sur des pollutions au plomb en plein quartier populaire à Lille Sud. La seule qui écrive sur des bavures policières ; le racisme ordinaire ; les expulsions des pauvres de leur quartier ; l’écologie citoyenne à la mords-moi-le-noeud ; la lesbophobie institutionnelle ; l’absurdité des politiques migratoires ; l’histoire ouvrière et la culture populaire face à la machine de guerre Lille 3000 ; d’autres manières de concevoir l’habitat, l’éducation… C’est aussi la seule qui se revendique comme subjective et partisane : le sens qu’elle met à son travail participe ouvertement à une lutte politique.
Si vous n’avez pas entendu les violons sur cette dernière envolée et que vous n’avez pas la larme à l’œil, c’est qu’on ne peut plus rien faire pour vous. La Brique c’est pas cher, et on accepte les chèques, les virements bancaires, la petite monnaie et toute votre ferraille4.
A lire : Nous avions rencontré quelques-uns des rédacteurs de La Brique à l’occasion d’une de leurs soirées lilloises : ils nous avaient tout expliqué sur leur canard, leurs démêlées avec La Voix du Nord et leur fonctionnement. L’entretien a été publié le 22 janvier 2011 sur Article11.info, sous le titre « Le journal est l’un des aspects de la lutte - parmi d’autres ». A lire ici.
Rubrique « Vers le papier » / dans les épisodes précédents :
Entretiens avec la « concurrence »
Premier épisode : Le Tigre, à lire ici.
Deuxième épisode : Revue Z, à lire ici.
Troisième épisode : Le Postillon, à lire ici.
Quatrième épisode : CQFD, à lire ici.
Cinquième épisode : Le Jouet Enragé, à lire ici.
Sixième épisode : La Brique, à lire ici.
Septième épisode : Offensive, à lire ici.
Huitième épisode : Entretien avec Steven Jezo-Vannier : « Les années 1970, âge d’or de la presse parallèle ? », à lire ici.
Neuvième épisode : « La « fragile proposition » du Napoli Monitor », à lire ici.
Dixième épisode : « Entretien avec Maxime Jourdan : La presse sous La Commune ». A lire ici.
Onzième épisode : Entretien avec Alvar, de Diagonal : « On garde le même ennemi, mais on l’attaque autrement ». A lire ici.
Made in Article11
Numéro 007 : Meurs un autre jour
Article11.info : et la lumière fut.
Numéro 6 : Dans la jungle, terrible jungle
Numéro 5 : La revanche du malabar fluo
Numéro 4 : l’agent Orange en force !
Numéro 3 : l’Empire A.11 contre-attaque
Numéro 2 : back dans les bacs
Veni Vidi Imprimi
Abonnement Article11 - We need you !!!
Dernier inventaire avant liquidation.
Pause estivale : hiberner pour mieux gronder
Article11 papier : Une histoire de gros sous.
Une ligne éditoriale ? Peuh...
_ Vers le papier ? Chroniques de presse, pas pressées (vol. 1)
Vers le papier : sexe, presse and rock & roll !
1 Merci à vous.
2 Merci à vous.
3 Qui se trouve être le même que celui d’Article11. Le monde est petit.
4 Chèques à l’ordre des « Amis de La Brique » / 14 rue des Tours, 59 000 Lille
Ou par virement bancaire. Les amis de la Brique IBAN : 76 4255 9000 6141 02200 0056 820 / BIC : 42559 00061 4102000056 820
Contact : journal.labrique@gmail.com