samedi 18 février 2012
Vers le papier ?
posté à 20h28, par
37 commentaires
Oui, mille excuses, cette fois-ci, on est un peu en retard : le numéro caracole dans les kiosques depuis 24 heures quand est mis en ligne le billet qui l’annonce. Retard à l’allumage, la faute à quelques incursions prolongées à bistrot-land. Mais comme on trouve que ledit numéro pétille méchamment, chevaleresque et rosâtre, on espère que vous nous pardonnerez après lecture.
C’était un soir de cuite, bonne partie de la nuit à écumer quelques rades peu recommandés du Paris d’une autre époque. Dans le dernier de ces lieux de joyeuse perdition, aux petites heures de l’aube, un homme à une table, cheveux grisonnants. Seul devant une bouteille et un verre. Triste. Désabusé.
Il avait besoin de s’épancher, on l’a écouté : entre deux verres, il a conté son histoire. Carrière universitaire lancée sous les meilleurs auspices. Gloire intellectuelle en ligne de mire. Reconnaissance, honneurs, joie et félicité. Et puis... Devenu médiéviste reconnu, bientôt historien célèbre, il avait craqué. Paf, d’un seul coup. Dépression lourde, alcoolisme, questionnement métaphysique et toutes ces sortes de choses.
Le déclic, le basculement - il a essayé de nous expliquer. « Vous comprenez ? Je n’en pouvais plus... Impossible de travailler, je ne supportais plus mon sujet d’étude. » Et encore, entre deux gorgées de vin : « Quand je pense que les trouvais passionnants, il y a vingt ans... Je devais être fou, aveugle et idiot... S’intéresser à ces sombres buses... » Il pleurait presque, nous ne disions pas grand chose - juste essayer de comprendre. Et puis, au fil du soliloque, des pleurnicheries, on a fini par saisir de quelles « sombres buses » il était question.
Les chevaliers.
Ce sont eux qu’il ne pouvait plus voir en peinture - détestation absolue. Ras le bol, plein la cotte de mailles. Une aversion si profonde qu’il en avait abandonné sa carrière, quitté sa femme, plongé dans l’alcool. Et qu’il n’était plus capable de rien d’autre que de ressasser encore et encore sa haine recuite.
C’était la fin de la nuit, on en avait marre et on ne se sentait plus très à l’aise ; on a décidé de mettre les bouts. Quand on lui a dit au revoir, il nous a lâché quelques dernières phrases, ultimes commentaire sur les cavaliers et seigneurs du Moyen-Âge. Comme s’il nous livrait leur vérité profonde... « Prenez deux chevaliers - le modèle de base. Placez-les à deux extrémités d’un même champ, et donnez à chacun une armure respectable, une épée maousse et un cheval fougueux. Vous savez ce qui se passe - immanquablement ? Ils se foncent dessus, à bride abattue. Et ils s’étripent jusqu’à ce que mort s’ensuive. Non, vraiment, ils sont trop cons. Des bouchers... »
Dehors, il faisait frais, le jour se levait. On a soufflé un grand coup. Et puis, l’un d’entre nous a sorti :
« Bourdel, t’imagines s’il avait vu notre dernière couverture ? »
Cet (épique) interlude passé, le vif du sujet : veni, vidi, imprimi again, joie et cotillons. Le numéro 8 galope en rose et bleu, à fond de train, avec son lot de picotin mitonné aux petits oignons : la belle parole d’Arlette Farge croise le témoignage d’un homosexuel en prison, les free parties pactisent avec le projet d’antenne du Louvre à Lens, Ubu s’invite en édito, le port de Liverpool défie le toulousain Collectif pour la Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion (CREA)...
Nous, il nous botte, ce numéro rose. On espère qu’il vous plaira itou.
Taïaut !
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Cadeau bonux
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Le lieu du drame
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Rubrique « Vers le papier » / dans les épisodes précédents :
Entretiens avec la « concurrence »
Premier épisode : Le Tigre, à lire ici.
Deuxième épisode : Revue Z, à lire ici.
Troisième épisode : Le Postillon, à lire ici.
Quatrième épisode : CQFD, à lire ici.
Cinquième épisode : Le Jouet Enragé, à lire ici.
Sixième épisode : La Brique, à lire ici.
_ Septième épisode : Offensive, à lire ici.
Huitième épisode : Entretien avec Steven Jezo-Vannier : « Les années 1970, âge d’or de la presse parallèle ? », à lire ici.
Neuvième épisode : « La « fragile proposition » du Napoli Monitor », à lire ici.
Dixième épisode : « Entretien avec Maxime Jourdan : La presse sous La Commune ». A lire ici.
Onzième épisode : Entretien avec Alvar, de Diagonal : « On garde le même ennemi, mais on l’attaque autrement ». A lire ici.
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