ARTICLE11
 
 

mercredi 19 septembre 2012

Vers le papier ?

posté à 10h36, par Article11
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Débat : « L’enquête sociale dans la presse alternative »

C’était il y a six mois, voire un peu plus. Invités à prendre la parole dans une librairie toulousaine, on en avait profité pour impliquer des amis de la revue Z et du journal CQFD. Le thème du débat ? « L’enquête sociale dans la presse alternative ». Ouaip, costaud. Comme s’y sont dites des choses plutôt intéressantes, en voici la retranscription.

Début mars1, une partie de la fine équipe d’Article11 était à Toulouse, avec quelques camarades de la presse alternative, dans le cadre d’une « tournée » intitulée « Sous les rotatives la plage ». Gros busards en matière d’organisation, on n’aurait jamais été capable de mettre ça en place sans la valeureuse implication de joyeux camarades toulousains, que l’on ne remerciera jamais assez2.

Au programme des réjouissances, il y avait notamment un débat organisé à la belle librairie Terra Nova, dans le centre de Toulouse, intitulé : « L’enquête sociale dans la presse alternative  ». Et puisqu’on avait peur de ne pas avoir grand-chose à dire (l’oral, c’est pas notre truc, généralement), on a soudoyé des amis de Z et de CQFD pour qu’ils y participent. Étaient donc présents Gilles Lucas pour CQFD et Ferdinand Cazalis pour la revue Z. Pour Article11, un trio de choc : Antimollusques, Julia Zortea et Lémi. Retranscription des débats3.

*

Ferdinand : L’idée de ce débat est de parler d’enquête sociale, aussi bien de manière générale qu’à travers les canards que nous publions. On aimerait expliquer comment nous voyons les choses, comment nous nous y prenons. Je vais commencer à partir de Z, de ce que je connais le mieux, en essayant d’élargir un peu et de poser certaines questions...

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Le vaillant Gigi

Z est une revue itinérante. À chaque numéro, nous nous déplaçons avec un gros camion qui roule à 30 km/h, « Gigi ». On reste sur le même territoire pendant un mois ou deux et on rencontre les gens qui sont sur place, les luttes qui s’y élaborent. À partir de là et avec les personnes rencontrées, on essaie d’élaborer des textes, des enquêtes ou des reportages.

Les gens participant à Z avaient un point commun au lancement de la revue : nous partagions un engagement militant, qui s’inscrivait dans diverses problématiques. Et on s’était tous rendus compte qu’à force d’être dans l’action, dans la lutte, on finissait par ne plus trop savoir ce qui se passait en dehors de notre quotidien. De manière générale, il y a beaucoup de situations conflictuelles sur lesquels nous n’avons aucune prise ni connaissance. Et comme on ne connaît pas les enjeux, ça crée des méfiances et des conflits au sein même du mouvement social. Il y a des liens qui se perdent, alors qu’ils existaient davantage dans les années 1960 et 1970.
Bref, on s’est demandé ce que l’on pouvait faire à notre petit niveau pour que des liens se recréent. Plutôt que de rester à Montreuil où l’on traîne la majeure partie du temps, l’idée était d’aller là où il se passe des choses, de rencontrer des gens, de prendre le temps... C’est seulement après avoir fait ces rencontres que nous revenons à Montreuil pour plancher sur nos textes.

Derrière notre démarche, il y a effectivement cette idée d’enquête sociale : on va à la recherche de choses précises, de situations. Avec l’idée de ne pas se contenter d’un tract, ou de décrire les choses comme ça se passe dans les médias traditionnels, mais d’aller à la rencontre des gens en posant certaines questions. L’enquête sociale se définit justement en fonction des questions que l’on pose : « Quel est votre quotidien ? » ; « Comment s’organise votre lutte, votre résistance ?  » ; « Quels sont les rapports de force, de domination, vers l’extérieur mais aussi à l’intérieur de votre lutte ? » ; « Qu’est-ce que vous imaginez mettre en place pour que les choses aillent un petit peu mieux dans ce que vous vivez ? ».

Historiquement, on pourrait faire remonter l’enquête sociale à beaucoup d’initiatives. Il y a notamment eu l’enquête ouvrière chez Marx, qui a dit très tôt que le mouvement ouvrier devait se poser lui-même des questions sur sa condition. L’idée était qu’en écrivant, en faisant émerger une parole à l’intérieur même du mouvement ouvrier, ce dernier serait à même d’analyser la situation, et donc de s’armer en vue de la révolution à venir. Il pensait qu’il fallait laisser la place à d’autres discours, différents de ceux proposés par les gens qui ont fait des études et viennent plutôt d’une élite dominante.
On retrouve cette idée d’enquête sociale, ouvrière, dans les années 1970, notamment en Italie. Il est alors encore question dans le mouvement ouvrier d’interroger la lutte, et de le faire de manière plus étoffée. Notamment en se penchant sur le sexisme, les questions de leadership, de genre ou encore de racisme.

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Ce que l’on essaie de faire avec Z s’inscrit dans cet héritage. On arrive dans une situation sans avoir un rapport d’extériorité, sans une volonté d’objectivité. Il y a vraiment un parti pris, un engagement dans ce qui se passe. Et il y a aussi un suivi. On ne se limite pas à venir, poser nos micros, à dire : « Bonjour, au revoir... ce que vous faites, ça nous est égal, on a notre papier, c’est fini, terminé... »
Pour notre premier numéro, par exemple, on s’est posés dans le Tarn, où on a rencontré des bergers qui luttent contre le puçage de leurs brebis. Depuis l’année dernière, les bergers français sont obligés d’installer des puces électroniques sur les oreilles de leurs brebis, et bientôt sous la peau, pour qu’elles soient identifiées et qu’elles passent dans une filière plus facilement industrialisable. L’idée était de leur donner la parole, de leur demander ce dont ils ont besoin, ce qui pourrait les aider. À force de rencontres et d’échanges, on a sorti une enquête d’une cinquantaine de pages sur cette question très précise du puçage des brebis. Un travail qui peut servir d’outil à ces éleveurs pour rencontrer d’autres éleveurs, pour se rappeler où ils en étaient il y a deux ans, pour réfléchir à leurs propres pratiques, pour interpeller des institutions, en disant : «  Vous voyez, il y a cette parution-là qui pointe ces problèmes  »...
Plus que l’absence d’extériorité, il y a la question d’une condition partagée. On ne partage pas toujours toutes les opinions des gens que l’on rencontre, mais on est dans le même bain, et on se sent partager une condition commune. On ne va pas faire des enquêtes sur les gens, on ne va même pas faire des enquêtes pour les gens, on va faire des enquêtes avec . Ce n’est pas simplement une écriture, c’est aussi une participation à un conflit social, en essayant de clarifier les propos, les revendications, les mots d’ordre, les différentes options stratégiques...

Autre exemple : pendant la lutte des Conti, nous sommes allés à la rencontre des ouvriers, sur les piquets de grève, du côté d’Amiens et de Compiègne. C’était un monde que nous ne connaissions pas. Et quand on a débarqué, ça a été difficile : on a mis beaucoup de temps à se faire accepter. Mais on a planté notre camion et on a attendu que, petit à petit, une confiance se crée. On a pu rentrer dans l’usine en lutte au bout de trois semaines. La complicité a mis du temps à s’installer.
Dans cette lutte déclenchée autour de la liquidation pour délocalisation d’une grande usine de 1 100 ouvriers, nous étions très intéressés par l’auto-organisation en assemblées générales, en comités de base. Et par le fait que des syndicalistes décident de casser les liens avec les centrales parisiennes.
En même temps, on voulait aussi orienter le débat sur la finalité de la production. Avec des questions pas simples : « Est-ce que vraiment, pour vous, le but c’est de garder vos emplois de fabrication de pneus qui servent à des voitures qui sont polluantes, dans des conditions de travail qui sont difficiles, où vous êtes de plus en plus montés les uns contre les autres, avec des systèmes de primes, de segmentation des horaires de travail ? » On essayait d’avancer d’autres idées, de poser la question de l’autogestion, ou celle d’un possible détournement des outils de production. C’est une chose qui a été vécue assez violemment, le débat était tendu... Ce n’est donc pas non plus un exercice complaisant, uniquement « au service de ».
L’enquête sociale peut être l’occasion de créer des rencontres entre différents milieux, entre des problématiques diverses, et de créer des contradictions à l’intérieur même d’un mouvement d’émancipation qui est en train de se fabriquer peu à peu..

Lémi : Pour moi, cette notion d’enquête sociale renvoie aussi à une manière de rompre avec les pratiques des médias dominants. Article11 est publié tous les deux mois, CQFD tous les mois, alors que Z c’est plutôt tous les six mois. Mais ça ne fait pas une si grande différence : on fait tous des journaux qui ont une temporalité, qui se donnent le temps de se fabriquer. On se retrouvera sur un point : nous ne sommes pas assujettis à l’urgence de l’actualité. Nos journaux sont tous très politiques à leur manière, mais ne parleront jamais de l’actualité politique telle que la presse dominante en parle. Il n’y aura quasiment pas de mention chez nous, de ce qui va être le cœur des média, politiquement parlant, pendant les quelques mois à venir, c’est-à-dire les présidentielles. On considère que ce n’est pas notre rôle d’entrer dans ces débats à la manière de la presse dominante. Entrer là-dedans, ce serait basculer dans la démarche inverse de ce que l’on essaie de faire.

Les trois publications présentes ce soir se rejoignent aussi en ce qui concerne les personnes auxquelles elles donnent la parole, c’est-à-dire à ces gens que l’on ne croisera pas dans la presse dominante. Par essence, on privilégie des sujets, des angles et des mises en formes délaissés. C’est un moteur.

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Élément de la couverture du bon hors-série que la revue Offensive a consacré à « L’info en lutte ». Sommaire ICI.

Julia Z : Ne serait-ce que dans le format, j’ai néanmoins l’impression que pour le journal Article11, l’enquête sociale se pose moins comme un acte fondateur du journal que pour la revue Z par exemple. La périodicité du journal - un bimestriel - fait que l’on se retrouve davantage avec des formats en « chroniques ». On devrait donc peut-être plus parler de chroniques sociales que d’enquêtes sociales... Ces chroniques reviennent, s’étalent dans le temps, comme une collection de points de vue sur une thématique plus générale – ce peut être une chronique judiciaire, une chronique portuaire, ou autre chose. Les lieux, les sujets, les biais introduits, les supports d’enquête peuvent ainsi changer d’une chronique à une autre, tout en se répondant. Je vois ça comme un ensemble de courtes enquêtes sociales, parties d’une enquête plus large qui se construit sur le long terme... La chronique te permet de jouer avec la temporalité, ce que l’on peut retrouver dans l’enquête sociale, avec des mises en perspective historiques, même si je trouve que la plupart du temps, les enquêtes sociales se jouent sur un mode synchronique. En revanche, et c’est ce qu’on fait avec Article11, la chronique offre la possibilité de revenir et de s’arrêter en plein sur la mémoire et/ou l’histoire des luttes et des lieux, et de ne porter que sur cet angle là. Faire de l’enquête sociale, c’est donc aussi prendre la liberté de respecter une parole en en grossissant un détail, un élément de mémoire...

Antimollusques : La question qui se pose finalement c’est : « comment dire  », « comment raconter  ». La façon dont on choisit de raconter une situation particulière nous tient aussi à cœur, que ce soit une lutte ou autre chose. Vous avez peut-être déjà entendu cette interview de Jean-Luc Godard, dans les années 1960-1970, dans laquelle il parlait de son envie de filmer une lutte. Il disait que son intention première était de donner la parole à des personnes qui avaient eu jusque-là « la bouche cousue. » Lui voulait raconter autrement pour raconter autre chose.

Le lien qui existe entre nos publications, c’est le choix conscient de raconter autrement, avec des formats différents de ceux que l’on connaît dans la presse classique. Dans la temporalité que l’on consacre à l’étude, dans la manière dont nous donnons la parole à un certain type de personnes qui sont sous-représentées, ou caricaturées, ou dont la parole est caricaturée dans une certaine presse. Nous sommes là encore dans le «  raconter autrement pour raconter autre chose  ».

Ferdi : Un truc intéressant, en rapport avec la manière de rendre une parole publique, c’est la question de l’entretien, et de la retranscription de l’entretien, qui est un exercice très difficile, puisque tu dois retranscrire à l’écrit une parole orale. Quel style tu vas adopter ? Il y a l’idée de faire relire, de reprendre l’écrit avec les gens concernés. Par exemple, les bergers du Tarn, quand on leur a donné l’entretien à relire, ils ont dit : « Vous virez tous les gros mots. Y’en a marre que tout le monde pense que les paysans sont des ploucs qui ne font que jurer.  » A l’inverse, d’autres s’insurgent car l’oralité est trop lissée : «  Pourquoi vous avez enlevé tous les gros mots, toutes les expressions un peu spontanées qu’on avait mises ? ». C’est un exercice très difficile. C’est à nous d’avoir une fidélité, un échange, une discussion. Cet élément nous différencie peut-être d’un autre type de presse.... Par rapport à celle où tu torches ta retranscription avant de l’envoyer à ton rédacteur en chef, à la correction, ensuite à l’imprimerie et après on n’en parle plus..

Julia : Par rapport à l’entretien et à la question de l’enregistrement, on travaille sur des sujets pour lesquels il peut être vraiment difficile et peu intelligent d’enregistrer. Les services de police, les services de douanes refusent le plus souvent la présence d’un micro ; mais au delà des « officiels », c’est tout une série de personnes, de travailleurs, de milieux qui n’imaginent pas être enregistrés : toutes les personnes avec qui tu entres dans une relation non journalistique justement. La question de l’enregistrement ne se pose quelque fois pas du tout. Donc tu substitues ton écoute à l’enregistreur : ça passe par soi, tout comme la retranscription des paroles que l’on t’a confiées. C’est là où l’enquête sociale peut-être extrêmement subjective aussi : c’est ma mémoire qui est en jeu, c’est ce que je retiens de ce que la personne m’a dit.

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Gilles : L’enquête sociale, nous la pratiquons d’une manière particulière à CQFD, dans la mesure où nous publions tous les mois. De fait, nous sommes obligés d’être assez brefs. Nous la faisons en cherchant à la nourrir d’êtres vivants, de situations générales, à ramener sur un terrain concret des événements et des situations. En quoi cette enquête est-elle sociale et pas politique ? Quand on va sur un lieu où il y a une lutte, des gens qui s’associent, s’organisent, nous choisissons de zapper les leaders. Par exemple, quand on rencontre les dockers, la première chose qu’ils nous disent est : « Ne bouge pas, on va chercher un responsable ». Et nous répondons : « On ne veut pas parler à un responsable, on veut parler avec toi ! »

Nous nous inscrivons contre ce rapport hiérarchique, car il est en grande partie artificiel. Ces leaders n’existent que parce qu’en dessous il y a des gens de la « base » qui se battent. Ce sont ces derniers qui nous intéressent. C’est un regard social avant d’être politique.

Autre exemple, lorsque j’étais en Tunisie deux semaines après le départ de Ben Ali, le dirigeant du Parti communiste ouvrier tunisien souhaitait me rencontrer. Il y a eu un rendez-vous, avec des « émissaires » qui devaient me conduire à lui. Mais j’ai choisi de ne bavarder qu’avec ces émissaires. Ils ne comprenaient pas que quelqu’un venu de France ne veuille pas parler avec le dirigeant du Parti communiste ouvrier tunisien. J’étais beaucoup plus intéressé par ces deux étudiants qui me parlaient de leur vie concrète.

L’intérêt de l’enquête sociale est vraiment d’incarner une situation. S’il y a des idées, des thèmes, une orientation ou encore un mouvement, on ne va pas le présenter en tant que tel, on va d’abord le nourrir de ce que font et vient les gens. De leurs pratiques, de leurs réalités, afin de faire transpirer à travers un travail rédactionnel l’orientation générale de ce qui se passe en essayant de ne pas plaquer un point de vue idéologique ou programmatique. On part du concret, c’est très prosaïque. Et c’est important.

Ensuite, tout est lié à la dynamique du rédacteur. Les trois journaux présents ce soir ont une grande chance : ils ne gagnent pas une thune. C’est positif... Il y a beaucoup de journalistes, dans la presse dominante, qui, sans être forcément des crapules, vivent, de fait, sous la pression de leur salaire. Comme n’importe qui, ils craignent le chômage et la précarité... Je parle de la moyenne des journalistes, de ceux qui font de la pige dans les canards. Ceux-là deviennent des chiens couchés à cause de leur salaire. Certes, il y a une pression médiatique, le pouvoir des marchands de canon et des banques, mais il y a aussi le bas de l’échelle, à savoir le rédacteur pisse-copie de base et la situation plus générale dans laquelle il est.

Nous avons ce grand avantage de ne pas craindre la précarité puisque nous y sommes déjà. Et c’est un choix, celui de ne pas vouloir collaborer au système général. Ça nous met au même niveau que nos interlocuteurs ou que des gens qui se battent, parce que leur combat c’est aussi le nôtre. On n’est pas des spectateurs qui regardent ça de haut. On sait de quoi ils parlent, parce que nous-mêmes on le vit.

Julia : Cette précarité influence aussi beaucoup les conditions de l’enquête. Elle ne permet pas – pas tout le temps en tout cas – de mener l’enquête comme on voudrait la mener. C’est à dire rester aussi longtemps qu’on le souhaiterait sur un lieu. Avec Article11, on ne peut pas faire des enquêtes de trois mois ou se plonger complètement dans un sujet, ceci par manque de moyens. Dans mon cas, j’ai travaillé sur le port de Tanger, j’y suis restée une semaine, et le fait de ne rester qu’une semaine dans un lieu si différent - même si on a beaucoup lu, pris de nombreux contacts - change les choses. La construction collective du sujet est raccourcie. On repart d’ailleurs avec d’autres perspectives d’enquête en tête sur le même lieu.

Lémi : C’est sûr qu’on est parfois freinés par cette précarité, surtout si on part à l’étranger. Gilles parlait du reportage qu’il a fait dans la Tunisie de l’après Ben Ali. J’y suis allé au même moment et il n’était pas question d’imaginer une immersion sur la longueur : c’était financièrement inimaginable. J’y ai passé dix jours et j’ai essayé de parler avec un maximum de gens. Dans cette même volonté d’éviter les leaders, de faire plutôt parler le quincaillier du coin, les jeunes dans les manif’...

Z est un bon contre-exemple à cette fugacité forcée, avec sa démarche itinérante. Elle donne le moyen de vivre sur les lieux d’un sujet, et c’est intéressant.

Ferdi : Personnellement, je ne partage pas totalement cette idée de précarité « choisie » et délibérée. D’ailleurs, à Z, on se pose la question d’arrêter l’itinérance. Sur la longueur, chacun doit trouver un boulot à côté. Du coup, on ne peut plus se déplacer pendant deux mois comme on pouvait le faire il y a trois ans, quand on touchait assez d’allocations chômage.
Je pense qu’on est pris dans quelque chose qui ne peut pas générer d’argent. On n’est pas dans une logique qui est rentable et sur laquelle il peut y avoir une valorisation capitaliste. Ça, c’est choisi. Mais ce n’est pas le cas de notre précarité - qui n’est pas uniquement financière. Il y a plein d’autres formes de précarité que l’on vit par ailleurs. Et il serait bien d’en sortir en s’organisant, sur les questions de nourriture, de logement, de vêtement, d’éducation... L’idée est d’être un petit peu moins démunis face à cette espèce de grand monde un peu déshumanisé où il n’y a plus de lien suffisamment fort, de liens de communauté entre les gens. Bref, si la précarité financière ne pas peut être ignorée, elle n’est pas la seule : on a une vraie volonté de se battre contre d’autres formes de dépossessions. Et je pense que le choix de faire de l’enquête sociale y participe un peu...

Public : Cette précarité financière met-elle en danger vos publications ?

Lémi : C’est une question importante, qui touche aussi au système de diffusion en kiosque. À ce sujet, rappelons que Z a choisi la diffusion en librairie, plus maîtrisable que la diffusion en kiosques choisie par CQFD, Article11 et pas mal d’autres journaux indépendants. Et c’est de plus en plus difficile de survivre dans les kiosques. À Article11, nous tirons aujourd’hui chaque numéro à environ 13 000 exemplaire. On en garde 2 000 pour nous – pour les abonnements, pour les diffuser nous-mêmes en librairie – et le reste est confié à notre distributeur pour alimenter les kiosques.. Sachant qu’on doit y vendre un certain pourcentage de nos canards, pour qu’en échange de ce qu’on leur a donné – environ 11 000 exemplaires –, on puisse au moins toucher un peu d’argent. Si on n’en vend pas au moins 20%, on leur doit de l’argent.

Il y a deux diffuseurs en France, c’est un duopole : Presstalis4 et les Messageries Lyonnaises. CQFD peut sans doute mieux parler de Presstalis. Nous, on est chez les Messageries Lyonnaises (MLP). Et Presstalis a fait passer cette réforme qui vous rend la vie plus difficile, financièrement parlant. Et a priori, les MLP - dont nous faisons partie – vont bientôt s’aligner aussi là-dessus. Le petit équilibre financier que l’on trouve très difficilement – on ne gagne absolument rien, mais on ne perd pas grand-chose – est menacé à plus ou moins court terme. Je pense que ça va être de plus en plus difficile de survivre dans les kiosques...

Gilles : Il y a un point commun qui rassemble les trois publications qui sont là aujourd’hui, c’est qu’aucune d’entre nous ne prend de la pub. Les journaux vivent quand même massivement de ça. Il y a des canards – comme Le Figaro – qui n’ont presque pas besoin de lecteurs... En région parisienne, dans les cliniques et les établissements hospitaliers, des gars passent et le déposent gratuitement tous les matins pour les gens dans les salles d’attente. Il n’ont même pas besoin de le vendre. Nous c’est « no pub » et « no subvention ».

Comment on fait-on pour continuer à publier ? On arrive – d’une manière très acrobatique - à récupérer plus ou moins sur chaque numéro, la somme représentant le prix d’impression du numéro suivant.

Public : Vous travaillez avec une imprimerie indépendante ?

Gilles : Article11 et CQFD sont imprimés sur rotatives. Et des rotatives qui font du travail comme celui dont nous avons besoin, il y en a très peu. Tous les grands journaux et magazines sont tirés en rotative avec des systèmes extrêmement sophistiqués . Par contre, un travail de fabrication assez basique en roto, ils ne sont pas nombreux à le faire.

Nous ne sommes pas dans un rapport d’hostilité avec notre imprimeur. Par contre, si la boîte avec laquelle nous bossons produisait des trucs vraiment infâmes, on serait emmerdés...

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Lémi : Oui, avec nos tirages, on ne peut pas se permettre, comme on le voudrait, de travailler avec des imprimeurs militants. Il y a une imprimerie parisienne qui s’appelle Ravin bleu, et qui a été fondée par un imprimeur militant qu’on aime bien et avec lequel on voulait bosser. Finalement, on s’est rendus compte que ce n’était pas faisable, c’était trop cher pour nous. Donc on a été obligé de faire appel à quelqu’un qui n’est pas militant, mais qui a une rotative.

Gilles  : Il faut aussi voir les choses d’un point de vue technique. Nous avons aussi pensé à travailler avec le Ravin Bleu, mais pour sortir un journal comme CQFD, ça lui prend quatre à cinq jours. Tandis qu’en rotative, nos 15 000 exemplaires sortent pliés et emballés en une heure et demie…

Ferdi : Z travaille avec le Ravin Bleu. D’ailleurs, il faut noter qu’on a tous les trois cité le même imprimeur indépendant. Ça veut dire qu’en gros, en France, il y en a peut-être deux ou trois, mais pas des masses. C’est quelque chose qui devient très rare. Avec Z, pour baisser les coûts et pour mettre un peu les mains dans le cambouis, on va parfois faire le façonnage de la revue à l’imprimerie. On fonctionne un petit peu comme ça, il y a toujours un peu de débrouille...

Dans le public (Isatis) : Bonjour, je suis abonnée à Article11, désolée pour les deux autres titres (rires). De temps en temps, je dis une connerie sur le site sous le pseudonyme d’Isatis. Je n’ai pas osé amener une caisse de rosé parce que j’ai vu qu’ici ils vendaient à boire. Mais si quelqu’un me donne une adresse, je vous l’envoie5.
Moi je suis vieille, et je suis vachement contente de voir qu’il n’y a quasiment que des jeunes ici... JBB avait dit une fois sur le site « je crois qu’il y a que des vieux qui nous lisent » (rires). Du coup, je suis ravie d’être à peu près la seule de cet âge...

Et en tant que vieille mémé, ça me choque un peu de vous entendre dire : « On ne veut pas de salaire parce qu’on veut rester libre, etc. ». Ce qui induirait que si vous gagnez des thunes vous n’êtes plus libres...

Lémi : Dans un monde parfait, c’est sûr qu’en vivre rendrait les choses plus faciles... Mais on n’a pas le choix. Si on veut sortir le journal qui nous plaît dans les conditions actuelles, on ne peut pas imaginer en vivre, ne serait-ce qu’un tout petit peu. A mes yeux, ça relève du fantasme.

Gilles : Oui, si la condition du salaire c’est de perdre son indépendance, il n’en est pas question. Et en général, c’est comme cela que ça se passe.

Dans le public (Isatis) : En tant que lectrice, j’ai souvent l’impression de me voir en miroir dans ce que vous racontez. Je suis paumée dans une cambrousse à la con ; vachement agréable mais c’est le trou du cul du monde. Et donc le monde me vient grâce à vous, et j’aimerais partager ça. Mais c’est difficile de vous diffuser. Tu vas payer un abonnement, t’en paies un supplémentaire pour quelqu’un d’autre ; c’est très marginal. Je comprends très bien votre façon de voir les choses, mais votre diffusion reste limitée. Et je suppose que le cercle de personnes présentes ici est déjà un cercle de convaincus. Vous imaginez pouvoir briser cette marginalité ?

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Lémi : On ne fait pas ça depuis suffisamment longtemps pour pouvoir être vraiment catégorique sur ce point. En neufs numéros, soit un an et demi, on n’a pas encore une grande expérience. Mais c’est vrai que dès le début l’idée d’être diffusé en kiosque nous semblait indispensable, parce qu’on se disait qu’à partir du moment où tu es en kiosque, tu peux toucher n’importe qui, n’importe quel quidam attiré par ta couverture. Malheureusement, dans les faits ça ne se passe pas comme ça : on est présents dans très peu de kiosques, le reste de la presse ne relaie pas nos articles, bref on a peu de moyens de se faire connaître. Et cette belle idée de pouvoir toucher n’importe qui ne correspond pas vraiment à la réalité.

Public : Sur l’histoire du cercle de convaincus, je lis ces canards-là et je n’y trouve pas un miroir de moi-même. J’y trouve d’autres choses, une réflexion... On est peut-être tous engagés, mais on ne pense pas tous la même chose. Ces canards font aussi le lien à l’intérieur des luttes, et ça fait du bien de partager un imaginaire et des informations sur une série de choses qui permettent de se retrouver sur un discours commun, sur des informations commune.. au-delà de nos petits cercles. Il y a cinq mille personnes qui lisent,CQFD, je sais pas combien pour Z et Article11, mais ce ne sont pas mes cinq mille copains et copines. Même sur Facebook, je n’en ai pas autant...

Public : Dans le dernier CQFD, il y avait deux lettres un peu dingues de lecteurs et de lectrices, et je me suis dis : « Ces gens-là lisent CQFD ?  » Je n’étais pas du tout d’accord avec eux et je me suis dit que le lectorat n’est pas si homogène...
Bien sûr, ce serait intéressant qu’il y ait des tirages de dingues et plein de gens qui lisent ces canards, mais je pense qu’il y a aussi un intérêt dans la création de cet imaginaire commun. D’ailleurs, j’aurais aimé que vous parliez de l’expérience de Jusqu’ici, pendant le mouvement contre la réforme des retraites.

Ferdi : À la base, ce sont des gens de Z qui se sont dit lors de la lutte contre la réforme du système des retraites : « On arrête Z et on lance un appel à créer un journal de lutte qui durera le temps du mouvement.  » On a très vite été rejoints par d’autres personnes, et ça a complètement échappé à l’équipe de Z – ce qui était le but ! En gros, pendant deux semaines, on a fait deux hebdomadaires, de seize pages, très simples, en A4, photocopiables à volonté. L’idée était que partout en France, à Nantes, Marseille ou dans les petits bleds, les gens puissent envoyer des infos, qui étaient ensuite revérifiées par une rédaction à Paris. Des informations sur un piquet de grève, sur un blocage, une AG, etc. On essayait de remettre un peu en forme pour que ce soit partageable, afin que la personne vivant à Brest puisse comprendre ce que raconte le copain qui était à Alès. Ensuite, on diffusait par plein de potes : on mettait ça dans des TGV, en gare parisienne et ça repartait dans les villes où quelqu’un allait les récupérer. Ça n’a pas été un énorme tirage : on a fait ça comme on a pu, mais on a surtout essayé de faire ça en papier photocopié, pour que ce soit re-photocopiable sur place, et que ce soit imprimable, etc.

On tenait beaucoup à avoir un support papier et pas juste un fil internet. Le point de départ, c’était de dire : il y a un tel flux d’informations quotidiennes qu’on ne va pas passer nos journées sur internet pour regarder ce qui se passe ailleurs. Parce qu’on a aussi une lutte à mener sur place. Du coup, on a essayé de faire un tri, de repérer les doublons et de faire ressortir ce qui était spécifique à telle ou telle situation. Type : « Qu’est ce qui fait qu’à Grenoble, on a des gens un peu plus anti-industriels, qui posent aussi d’autres questions ? » Ou « Tiens, à Amiens, il y a les gens de Fakir, ou une contestation ouvrière forte, donc il y a une autre énergie, comment ça se passe ?  »

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On a arrêté à la fin de la lutte en se disant que s’il y avait un autre mouvement social, on recommencerait et que ça partirait sur un numéro 3. Mais il faudrait que l’on soit capables d’être à la hauteur de ce qui se passe. Et on aimerait ne pas être tributaires des mouvements sociaux et de l’actualité politique.

Il se passe tous les jours des choses en France : il y a des luttes, des licenciements, des manifestations. Et il n’y a aucun média aujourd’hui, y compris parmi nous, qui soit à la hauteur de tout ça. Qui soit capable de dire « Aujourd’hui, il y a une France qui lutte, qui se bouge ». Que ce soit Libé, Z ou encore Article11 ou CQFD, personne ne rend cette parole là et ne permet aux gens de se reconnaître et de se dire : « Je suis pas le seul dans mon coin, à Brest, à faire un truc aujourd’hui... Il y a aussi des gens en train de se bouger à Toulouse et à Marseille, et sur un autre truc... » Et j’aimerais bien qu’à terme on arrive à créer quelque chose qui joue ce rôle.

Antimollusques : Personnellement, j’entends aussi l’enquête sociale comme une recherche de témoignages, d’expériences, au-delà même des luttes « spectaculaires », où les gens sont réellement organisés pour lutter. Je parle de ma place de rédactrice au sein d’Article11, où, effectivement, il y a des chroniques qui participent de l’enquête sociale, en allant dans des endroits différents. Par exemple, dans mon cas, ce sont des chroniques judiciaires : se rendre aux comparutions immédiates, assister à des procès qui n’ont absolument rien de spectaculaire et où ce ne sont pas des militants qui sont accusés de telle ou telle chose ; aller voir ceux qui peuvent prendre très cher et très vite malgré le discours politique ambiant sur une justice supposément laxiste ; écouter la parole de celui qui est appelé à comparaître, à défendre en l’espace de cinq minutes son parcours de vie. C’est important.

Je pense par exemple à la chronique sociale d’Ubifaciunt. C’est la chronique d’un éducateur spécialisé qui travaille dans un quartier populaire. Il est donc au contact de classes populaires – des jeunes en l’occurrence, entre 16 et 25 ans. Et pour moi ça participe aussi de l’enquête sociale. On peut dire : « De sa place d’éducateur, il participe à une certaine forme de contrôle social.  » Peut-être, mais de fait, il y a des choses qui arrivent, qui disent quelque chose de la violence qui s’exerce dans ces quartiers, qui disent quelque chose de la justice. Des luttes au quotidien, pas des luttes spectaculaires.

Lémi : Pour rebondir, c’est vrai qu’on est trois journaux qui ont énormément de parallèles et qui s’apprécient, mais il y a aussi des éléments sur lesquels on n’aura pas forcément la même approche. Quand Ferdinand dit « nous on veut relayer les luttes », on le rejoint, mais avec en même temps cette volonté d’avoir une ouverture sur d’autres choses, sur d’autres formes d’écriture. On parle aussi de littérature ou de musique, on ne va pas être dans un rapport uniquement militant. De très loin d’ailleurs. Ça peut nous être reproché, mais il y a cette volonté de laisser entrer beaucoup d’autres éléments, qui ne s’exprimeront pas forcément de la même manière. C’est quelque chose auquel on tient beaucoup. D’ailleurs, pour Article11, le graphisme fait aussi partie de cette volonté d’ouverture.

Gilles : C’est vrai que dans les détails, nous ne sommes pas franchement dans la même démarche. Antimollusques citait Godard et « les bouches cousues », alors que nous on est plus inspirés par Nietzsche, « pousser ce qui s’effondre ». On ne sait pas ce qu’il y aura après, mais en tous cas pousser nous intéresse. À propos de « Pourquoi est-ce que l’on ne vend pas bien ?  », c’est une question récurrente. On pourrait dire que c’est étonnant… Par rapport aux rencontres que l’on fait, aux situations auxquelles on se mêle, on devrait être lus à 500 000 exemplaires... Tu prends un train, une bagnole, tu vas faire un tour dans un bar, tu te retrouves bloqué dans un ascenseur, et c’est à chaque fois le même constat : combien de gens ont les glandes, n’en peuvent plus ? Combien souffrent de leur isolement ?, de ce qu’on leur fait subir ? Combien souffrent de leur isolement ?

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Sur ce point, on se retrouve confrontés à deux types de questions. D’une part on vit dans une époque où le mouvement de circulation des idées est extrêmement compliqué. On sort d’une époque qui a été dominée par une pensée très rigide, très figée, concernant les projets d’émancipations humaine. Nous sommes encore convalescents, même si l’on commence à respirer, depuis quelques mois, quelques années. Avec CQFD, on est très attentifs à ça... Après, il y a la .puissance de feu de la circulation des idées dominantes, avec, entre autres, le bocal à images et les médias dominants. En regard de ces forces, nous sommes extrêmement faibles... D’autre part, il y a encore des choses qui existent, et notamment des gens qui nous soutiennent. Il y a aussi beaucoup de disputes inutiles, de brouilles, d’egos envahissants. On se sent parfois comme des exilés dans notre propre pays. Comme ces révolutionnaires du XIXe siècle qui, confinés, à Londres ou à Bruxelles se foutaient sur la gueule malgré le fait qu’ils avaient participé aux mêmes barricades, qu’ils avaient des points de vue généraux communs… Nous tentons de dépasser cela. Ce qui est aussi le cas pour Article11 et Z.

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Nouvelles du front

Six mois après ce débat, les forces en présence restent remuantes. Du côté de Z, signalons la parution très récente du numéro 6, consacré au nucléaire. Ne pas se ruer en librairie pour le lire serait un crime. Pour rencontrer les protagonistes de la revue, rendez-vous vendredi 21 septembre, pour une discussion publique : « L’industrie nucléaire après Fukushima ». Ça se passe au merveilleux café-librairie Michèle Firk, à Montreuil, 9, rue François Debergue, M° Croix de Chavaux, 19 heures.

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Les aminches de CQFD viennent quant à eux de sortir leur 103e numéro (respect), avec une couverture très inspirée (comme d’hab). Si t’es pas abonné, il est plus que temps. Et comme c’est en quelque sorte nos aînés et inspirateurs, on va pas trop les vanner pour leur toute fraîche page Facebook, qui fait un peu racolage 2.0 (hin hin).

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Côté Article11, on s’est donnés un peu plus de temps que prévu pour réfléchir à notre avenir ; la seule chose de sûr c’est qu’on est pas morts, on bouge encore (y’en a même qui disent qu’ils nous ont vu trinquer). On vous donne des nouvelles très vite.

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Rubrique « Vers le papier » / dans les épisodes précédents :

Entretiens avec la « concurrence »
Premier épisode : Le Tigre, à lire ici.
Deuxième épisode : Revue Z, à lire ici.
Troisième épisode : Le Postillon, à lire ici.
Quatrième épisode : CQFD, à lire ici.
Cinquième épisode : Le Jouet Enragé, à lire ici.
Sixième épisode : La Brique, à lire ici.

_ Septième épisode : Offensive, à lire ici.
Huitième épisode : Entretien avec Steven Jezo-Vannier : « Les années 1970, âge d’or de la presse parallèle ? », à lire ici.
Neuvième épisode : « La « fragile proposition » du Napoli Monitor », à lire ici.

Dixième épisode : « Entretien avec Maxime Jourdan : La presse sous La Commune ». A lire ici.
Onzième épisode : Entretien avec Alvar, de Diagonal : « On garde le même ennemi, mais on l’attaque autrement ». A lire ici.

Made in Article11
Numéro 10 : 11 fragments piochés arbitrairement
Numéro 9 : Sous les pavés, les urnes.
Numéro 8 : Le retour du chevalier noir (et rose).
Numéro 007 : Meurs un autre jour.
Article11.info : et la lumière fut.

Numéro 6 : Dans la jungle, terrible jungle
Numéro 5 : La revanche du malabar fluo
Numéro 4 : l’agent Orange en force !
Numéro 3 : l’Empire A.11 contre-attaque
Numéro 2 : back dans les bacs
Veni Vidi Imprimi
Abonnement Article11 - We need you !!!
Dernier inventaire avant liquidation.
Pause estivale : hiberner pour mieux gronder
Article11 papier : Une histoire de gros sous.
Une ligne éditoriale ? Peuh...

Vers le papier ? Chroniques de presse, pas pressées (vol. 1)
Vers le papier : sexe, presse and rock & roll !

Divers

Tempête dans un verre d’eau : Cassandre nous écrit.
« Un plan Marshall pour La Brique »

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1 Oui, ça fait un bail...

2 Entrez ici, Mathieu K. et Sylvain (entre autres), et recevez nos prosternations.

3 Merci à Manu X pour le gros boulot effectué.

A noter que nous n’avons pas conservé l’intégralité de l’échange. Manque notamment l’intervention initiale et un peu pathétique d’un des tenanciers du Grand Soir, ce site qui s’échine à nous désigner comme à la solde du Mossad (et un peu de la CIA) depuis un article que nous leur avons consacré. Sa version croquignolette (Zorro est venu, il a vu, il a vaincu) est à lire ici. Nous, on s’en tamponne le coquillard. D’autres chats à fouetter.

4 Ancienne « NMPP », Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne.

5 La chose a été accomplie. On en rougit encore de plaisir...


COMMENTAIRES

 


  • mercredi 19 septembre 2012 à 14h46, par fred

    Hello A.11,

    J’ai toujours plaisir à vous lire sur papier, le net, quand bien même j’interviens de moins en moins par post.

    Bien vu :

    il y a un tel flux d’informations quotidiennes qu’on ne va pas passer nos journées sur internet pour regarder ce qui se passe ailleurs. Parce qu’on a aussi une lutte à mener sur place.

    Sinon l’article ressemble à un (presque) adieux ou au revoir, un passage de relais à Z et CQFD.

    Faites au mieux pour la suite, perso je vous fais confiance.

    amitiés



  • mercredi 19 septembre 2012 à 17h24, par wuwei

    Rassurez-moi la librairie « Terra-Nova » n’est pas une officine cachée de la rue de Solférino ?
    Je vois également que la rédaction a su investir dans un camping-car de grand luxe. Bien tous pareil les bourgeois, peuvent pas se passer d’étaler leur pognon !

    « on s’est donnés un peu plus de temps que prévu pour réfléchir à notre avenir ; la seule chose de sûr c’est qu’on est pas morts, on bouge encore »

    Prenez tout votre temps mais surtout ne nous lâchez pas !

    Au fait si vous déplacez votre carrosse du côté de la Gironde, il y a un excellent rosé qui vous attend.
    Bises.



  • jeudi 20 septembre 2012 à 13h39, par Soisic

    Oui, comme le dit wuwei ci-dessus, prenez votre temps mais continuez !
    Les revues citées (et d’autres encore) sont salutaires car, même si elles ne se vendent qu’à peu d’exemplaires, elles participent à l’émancipation de chacun par les sujets qu’elles proposent et par la façon de les aborder. En se positionnant « à côté », « en dehors » du tumulte général, elles permettent à chacun de réfléchir posément sur des thèmes importants. Par petites touches, je suis persuadée que les idées font leur chemin et que la prise de conscience et le regard critique gagnent du terrain. La presse alternative joue un rôle très important en ce sens.
    Alors, c’est sûr, certains ont une meilleure méthode pour épuiser 75000 exemplaires en 2 jours...



  • dimanche 23 septembre 2012 à 14h04, par isatis

    Rhooooo… j’ai dit tout ça moi ? Quelle bavarde :-)
    Je n’ai pas changé d’avis, j’ai toujours besoin de publications comme la vôtre pour voir comment on vit ailleurs et composer ma petite musique perso du monde comme il va.
    Et je râle encore de vous savoir pas rémunérés pour le service rendu !

    Quoi que vous deveniez, devenez-le selon vos aspirations ;-)

    PS : ousqu’il en est le bouquin d’Ubi avec les gamins ?



  • mardi 25 septembre 2012 à 17h31, par pièce détachée

    Même profil-client qu’Isatis : vieille, abonnée à A.11, commentatrice (je m’en mords souvent les doigts trop tard), vivant à l’écart, j’aime bien faire partager le journal, en ai toujours un exemplaire sur la plage arrière de mon auto, en offre ici et là que j’achète en kiosque. Mais c’est presque toujours à des convertis — saltimbanques, anars vintage, losers inspirés — rendus plus malléables encore par quelques canons, et de façon peut-être pas très énergique : contradictoirement (j’assume), faire de la réclame pour quoi que ce soit me rebute physiquement. Bref, avec ce lectorat de mémés (JBB-qui-l’a-dit, c’est comme Mussolini : il a toujours raison) et des démarcheuses de cette trempe, les reportages de trois mois TTC chez les activistes des Seychelles, c’est pas pour demain...

    Et puis, j’abonde dans le sens de Lémi : concevoir une maquette qui n’aplatit pas l’imaginaire, voir aussi ailleurs, s’envoler vers d’autres écritures, d’autres espaces-temps, être à Hambourg et en Bretagne et à Valparaiso, c’est vital, au sens le plus concret — les propos cités en note 2 de ce billet sont limpides.

    Je ne dis rien de CQFD ni de Z, simplement parce que, question de budget, je ne les lis que très sporadiquement et ne les connais pas assez bien pour en parler. Oui, c’est trop injuste ; je serai pardonnée quand je pourrai dilapider mon héritage en vous envoyant des charrettes de chardonnay sublime dans lequel vous mettrez, je n’en doute pas, de la grenadine pour en faire du rosé.



  • dimanche 7 octobre 2012 à 11h52, par Un transfuge de Z à CQFD 2.0

    Béh Putaing ! J’espère bien que vous allez pas nous vanner sur notre fessebouk, cong ! C’est moi qui m’en occupe et franchement, c’est un boulot de dingue ! Fatche !

    Té, d’ailleurs : http://www.facebook.com/journal.cqfd

    2.0 ! Dans ta gueule !

    Et sinon, super article les gars.
    Bisous

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